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EAN : 9782817705422
288 pages
Sud Ouest (01/11/2017)
4.08/5   6 notes
Résumé :
Jean-Marie est paysan-boulanger, comme Stéphanie et Cédric. Jean est éleveur, Édouard est cultivateur comme Emmanuel, Dominique et Maryline sont maraîchers… Leurs fermes sont situées dans une plaine où les arbres se font rares, entre La Rochelle et le Marais poitevin. Certains sont passés à l’agriculture biologique il y a 20 ans. Ceux qui s’installent aujourd’hui ont souvent exercé d’autres métiers auparavant. Ils et elles ont entre vingt et soixante ans. Confrontés... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
On parle beaucoup en ce moment de cette classe sociale qu'est le monde paysan, extrêmement majoritaire il y a quelques dizaines d'années, aujourd'hui totalement minoritaire. le remembrement, les grands céréaliers, les maxi-élevages sont passés par là avec des conséquences désastreuses sur le monde d'aujourd'hui. C'est manifestement l'analyse de l'auteure, Véronique Duval, qui livre ici le résultat d'une enquête journalistique et empathique à la fois, réalisée en Charente maritime.

Cinq exploitations agricoles, cinq équipes de fermiers désireux de se tourner résolument vers des techniques agricoles respectueuses du monde végétal et du monde animal. Ne plus nourrir les animaux pour engraisser des maxi-exploitants avides du toujours plus et à n'importe quel prix, pour plutôt nourrir les hommes de ce que proposent un élevage et une agriculture raisonnés et raisonnables.

Cinq familles sont observées, ou plutôt cinq équipes, car s'adjoignent au couple support de l'exploitation, des salariés, des conseillers, des parents et grands-parents qui ont fait la passation.

Ce qui unit ces cinq familles ? Tout d'abord le fait de n'être pas des citadins en mal d'expériences nouvelles mais des gens du cru, des enfants et petits-enfants de cultivateurs dits « conventionnels », gentil mot pour désigner les utilisateurs de techniques très mécanisées, de pesticides et d'engrais chimiques aussi. Peut-être pas au point des grands céréaliers des plaines de Beauce ou d'ailleurs, mais tout de même, des gens qui ont eu le souci d'obtenir un meilleur rendement.
Ces jeunes ont fait le choix de la qualité et pour y parvenir se font aider par des spécialistes, étudient le sol, pratiquent la jachère et l'assolement (exactement comme sous l'Ancien Régime, mais de façon plus scientifique) et visent le label bio, véritable, attribué au prix d'efforts conséquents, par des bureaux de contrôle.

Ensuite, ces nouveaux paysans sont souvent jeunes, mais certains arrivent déjà au moment de transmettre. Ils sont souvent actifs en dehors de leur travail, engagés dans la société, au travers d'associations et même parfois dans la politique locale. Autre point commun, ils forment une famille soudée, pas forcément symbiotique mais sur laquelle on peut compter. Ils sont aussi soucieux de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Travailler aux champs 60 à 70 heures par semaine comme leurs parents, non merci. Donc, ils se restreignent sur les besoins, embauchent, se donnent le droit d'être fatigués et de tenir compte de leur bien-être. Ils pratiquent entre eux une solidarité réconfortante et font passer la qualité avant la quantité. Produire moins pour nourrir mieux et vivre heureux. Ce qui est frappant c'est leur fierté de nourrir des gens qu'ils connaissent, puisqu'ils pratiquent la vente en circuit court, et leur souci de BIEN les nourrir. L'argent ici compte bien sûr mais n'est pas le moteur numéro 1.

Voilà donc des rencontres extrêmement intéressantes, sympathiques, rassurantes sur l'avenir de ce qui nous construit, à savoir la nourriture. Tout semble non pas rose bonbon mais tout de même sacrément encourageant. Pourquoi alors ai-je cette impression de « trop bien » ? L'auteure est attentive, empathique, positive, est-ce ce qui lui fait ne pas imaginer les désastres que vont produire les changements climatiques, l'utilisation toujours massive des produits chimiques par les voisins de nos agriculteurs bio ? Suis-je trop pessimiste ? Peut-être. le bio est à la mode, les prix vont forcément diminuer, que deviendra alors le revenu de l'exploitant bio ?

Elle met en avant des observations, par ailleurs, qui me plaisent bien, notamment l'idée de l'exploitant du paysage devenu paysagiste, car c'est lui qui façonne champs restreints, haies vives et bandes enherbées qui dessinent le paysage qui permet la vie des animaux..J'aime bien aussi cette idée qu'ont nos jeunes agriculteurs d'assurer toute la chaîne, de la culture du blé à la livraison d'un pain tout frais. (encore que là, il faille se heurter au goût des citadins pour un pain croustillant à 8h du matin, impossible sauf à faire trimer la boulangère toute la nuit...)

La première moitié du livre est une véritable mine, (notamment pour une Parisienne comme moi...), la seconde, est plus technique mais ne manque pas d'intérêt. On y parle, entre autres, de rotation des cultures, de la mémoire de la terre et de l'influence de la lune, des notions que je suppose étrangères aux forcenés de la rentabilité...

Un livre instructif qui nous fera regarder nos producteurs de légumes d'un autre oeil et rêver, un jour, de pouvoir n'acheter que des produits frais fournis nos agriculteurs et voisins...
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Merci à Babelio et aux éditions Sud Ouest pour ce remarquable ouvrage éclairant notre lanterne sur la culture bio.
Au début de ce livre, Véronique Duval présente cinq fermes, meuneries ou boulangeries ou les trois animées par des personnes convaincues et très convaincantes.
Ils parlent de culture bio et de paysages, d'animaux domestiques et d'insectes, d'oiseaux et de fleurs des champs. Ce sont de beaux portraits , de beaux projets portés par de vrais militants.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, Véronique Duval n'est pas sur un petit nuage pur dans une atmosphère d'oxygène pure, elle souligne, évidemment sur paroles des personnes rencontrées, les difficultés matérielles, financières, politiques et psychologiques qu'une telle démarche implique.
Des amis engagés comme ceux de Charente Maritime, en Basse Bretagne, et c'est avec un grand plaisir que je partagerai avec eux ce livre, qui, sans aucun doute, va circuler.
La deuxième partie du livre est plus technique, plus analytique, elle s'adresse à ceux qui, comme ces paysans remarquables, s'engagent à "faire le deuil du xxème siècle".
Pari risqué, mais pari tenu. Avec le temps de plus en plus de consommateurs avertis cherchent la qualité. C'est plus facile en milieu rural, mais c'est plein d'espérance.
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Véronique DUVAL. Rencontre avec des paysans remarquables.

Dans ce documentaire, Véronique DUVAL nous présente cinq familles d'agriculteurs exerçant leur profession en Charente-Maritime, dans la plaine de l'Aunis, plaine sédimentaire composée de calcaire et de marne, propice à une culture maraîchère diversifiée, céréalière, et d'élevage : une polyculture familiale. Cependant avec l'évolution et même la révolution dans le domaine agricole, cette agriculture paysanne cohabite de nos jours avec un système agro-industriel mondialisé dû à la mécanisation, la modernisation et surtout l'appât du gain….

Les cinq familles affichées à notre jugement , tiennent toutes les mêmes propos, et critiquent l'utilisation à outrance des produits phytosanitaires, des herbicides, des fongicides, des insecticides qui, non seulement touchent les cultures hors sols, mais s'infiltrent dans les sols, atteignant les cours d'eaux, les nappes phréatiques. On les retrouve ensuite dans l'air, le sol, l'eau, dans tous les éléments naturels. Ces hommes et ces femmes, au contact quotidien avec la terre, leur instrument de travail, nous rappellent à l'ordre, il faut la respecter, l'utiliser à bon escient et ne pas l'user, en abuser, en la maltraitant. C'est elle qui nous nourrit…. Cela implique de nouvelles normes, il faut se diversifier, apporter un plus, introduire des compléments de ressources, fabriquer le pain, le livrer, transformer les récoltes sur place pour éviter les intermédiaires, et ainsi diminuer les charges. Nos cinq familles ont réussi leur mutation.

A la suite de la seconde guerre mondiale, l'agriculture a subi d'énormes transformations, d'où une mutation. Il y a eu une gigantesque modernisation, une mécanisation disproportionnée sur certains terroirs, l'emploi accru des engrais, pour un soi-disant meilleur bénéfice , il faut produire davantage, au détriment de la qualité. C'est la course au profit, au rendement, au détriment de la qualité gustative et de la santé humaine et animale. N'est-ce pas l'homme qui est à l'origine de l'ESB , ou vache folle…. Mais enfin quelle idée de donner à des ruminants des produits carnés ! ! ! ! Mais ce n'est pas le sujet du jour. Je suis issue de la masse paysanne de la France profonde et je me permets de donner mon avis….

Il faut à tout prix augmenter les productions pour nourrir l'humanité et les laboratoires, Monsanto, l'américain, Bayer, l'allemand et d'autres recherchent à améliorer par tous les moyens la productivité. Mais à votre avis, quel est celui qui s'enrichit le plus…. Non ce n'est pas l'exploitant agriculteur, utilisant les engrais, les fertilisants, les herbicides qui accroît le plus son capital….. Oui ce sont ces grands consortiums qui ruinent petit à petit nos sols. Combien de temps faudra-t-il pour changer les mentalités. Les familles ayant participé à cette étude l'ont bien compris. Il faut vite réagir, et peut-être est-t-il déjà trop tard ?

La protection de l'environnement, l'utilisation d'énergies renouvelables, et moins polluantes, l'introduction ou la réintroduction de cultures moins consommatrices d'eau, les assolements, l'alternance des cultures, la mutualisation des équipements devraient nous permettre de retrouver un monde agricole plus écologique, et permettre aux sols de se régénérer. Les cultures protéiques ne nécessitent ni arrosage, ni pesticide. Cela permettrait de réduire la pollution du sol, de la terre arable, celle qui nous apporte la nourriture et donne la vie. Mais déjà les grands groupes, fournisseurs exclusifs des semences freinent cette avancée : il est quasi impossible de se procurer des graines non enrobées de néonicotinoïdes. Ces laboratoires détiennent le monopole et les agriculteurs sont soumis à des quottas de semences non traitées. Lorsque j'étais enfant, mes parents, agriculteurs conservaient un part du grain produit pour l'ensemencement de la future récolte…. C'est presque interdit, enfin limité….

Et le paysage rural change…. Les fermes familiales, à échelle humaine disparaissent les unes après les autres. Il est onéreux de reprendre une ferme, les terrains agricoles sont vendus trop chers, les bâtiments existants désuets.... Les fermes-usines apparaissent. Fin de la polyculture, les champs immenses sont aux portes des villes. Parfois lorsque je vois des fermes abandonnées et à demi-détruites, mordues par la végétation, des jachères, des ronces envahissants d'anciens champs cultivés, je deviens nostalgique. Je me souviens avec beaucoup de tendresse des petites parcelles emblavées où les bleuets, les coquelicots, la nielle et le liseron se mêlaient allègrement aux épis blonds de l'avoine, du froment ! ! ! . Mais c'était hier….., ce temps est révolu…..

Véronique Duval dresse un beau tableau de l'agriculture raisonnée. Un ouvrage à donner aux futures générations d'agriculteurs-paysans, restaurateurs, maraîchers, arboriculteurs : une belle leçon de vie. Merci à Babelio de m'avoir sélectionnée et je suis ravie de partager cette étude avec vous. Bonne journée à vous tous. Je glisse mes pas vers d'autres horizons. Je repars aux États-Unis. Oui je vais lire « Betty » de Tiffany McDaniel. Je vous promets ma critique pour la semaine prochaine.

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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agréable à découvrir et convaincre que la vie est plus importante que le gain forcé…
Des familles, des paysans qui triment pour le bonheur de produits sains et de qualité exemplaire, remarquables c'est bien de cela qu'il s'agit ici, Véronique Duval nous emmène découvrir tout ce petit monde qui essait d'oeuvrer au bonheur et à la beautée du monde
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Préserver la qualité de l'eau plutôt que dépenser des milliards en traitement et filtration semble le bon sens. En France, sur le podium depuis des années pour la consommation des "phytos", cette solution existe, mais elle est encore trop peu appliquée. "Le jour où le citoyen va voir sa facture et ne pourra plus payer son eau, peut-être que ça va changer? interroge Karine Trouillaud. Pour l'instant, ça ne fait qu'augmenter. Le citoyen paye pour tout : le traitement de l'eau, l'agriculteur, les mesures de la PAC. Mais il ne le sait pas.
Page 254.
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La réflexion avant l'action, c'est essentiel. Et la cohérence. A partir du moment où tu réfléchis à pourquoi tu le fais et dans quel but, c'est ce qui donne le sens et le lien...Ne pas utiliser de produits chimiques c'est une chose essentielle. Avoir une agriculture autonome, faire des produits sains, c'est important,
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Un paysage s'écrit dans la terre. Il se trace avec des graînes, avec des racines, avant de pointer au ras du sol. Dans la plaine légèrement vallonnée, des jours, des saisons et des années seront nécessaires avant qu'il ne s''élève entre la terre et le ciel. Avant d'accompagner l'horizon, de se faire ombre, volumes et formes. Celui qui veut écrire un paysage le compose d'abord en pensée. Il s'agit de bien connaître le terrain. Jean peut le parcourir de tête. visualiser les accès, les sols, les pentes, l'eau sous-jacente. Il prend le temps de la réflexion avant de choisir les essences propices à l'installation d'hôtes sauvages : oiseaux, insectes, batraciens ...
page 79
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Jean-Louis Demarcq, président de SOS Rivière et membre de la commission locale de l'eau:
"Je ne peux accepter qu'on subventionne à 70 % un gigantesque stockage d'eau au seul bénéfice de 67 irrigants et avec les conséquences que l'on imagine sur le bassin de la Boutonne, toujours déficitaire en "t" et à l'automne. Il faut qu'on arrête avec cette politique du roi maïs. Que les pratiques agricoles s'adaptent à la nature et non l'inverse."
page 248
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" Certains considèrent la terre comme un patrimoine, mais on ne l'emmène pas avec nous dans notre tombe, constate jean. Il la voit comme un outil de travail, qu'on peut louer à long terme."
" La terre, on la cultive, mais l'idée de la posséder, j'estime que c'est plutôt une bêtise. Il faut plus de 20 ans, si tu achètes les terres, pour les rentabiliser."
page 77
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Video de Véronique Duval (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Véronique Duval
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0:16 Introduction 0:50 **Le Journal d'Olga et Sasha** d'Olga et Sasha Kurovska et Élisa Mignot 16:44 **Derrière la clôture verte** de Richard Glazar 21:35 **La Chine ou le réveil du guerrier économique** d'Ali Laïdi 28:13 **Earth for all/Terre pour tous. Nouveau rapport au Club de Rome** 32:20 **La Fabrique des animaux** avec Yann Arthus-Bertrand / L'Art faber 33:54 **Les 7 Cabanes** de Lionel Astruc 35:58 **Paysans et citoyens. Enquête sur les nouveaux liens à la terre** de Véronique Duval 39:20 **Invasives, ou l'Épreuve d'une réserve naturelle** de Céline Curiol 45:00 **Le vivant et la révolution. Réinventer la conservation de la nature par-delà le capitalisme** de Bram Büscher et Robert Fletcher 47:52 Cahier militant **Refaire le monde avec Jane Goodall** 49:50 **Naviguer sur les sentiers du vent** d'Olivier le Carrer 57:25 **Énergie ! Comment sortir du labyrinthe de la fatigue** du Dr Anne Fleck
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#rentréelittéraire #essais
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