Tout d'abord je souhaite remercier Babelio et les éditions Hors d'Atteinte que je découvre par l'intermédiaire de ce livre.
Un livre formidable fini en moins de trente-deux heures ! C'est très simple : je ne pouvais pas le lâcher.
Féminisme et réseaux sociaux est une enquête sur les liens entre ces deux sujets, le thème est donc très contemporain et peu classique, c'était la première fois que j'abordais l'une et l'autre des notions mises en relation avec l'autre.
Malgré les sujets graves et importants qui sont nécessairement abordés par la question du féminisme : harcèlement sexuel, invisibilisation des femmes, sexualisation et sexualité (entre beaucoup d'autres), le ton d'
Elvire Duvelle-Charles reste léger et tout à fait bienveillant, ce qui rend la lecture agréable. de même, je n'ai pas eu l'impression que c'était une enquête, avec des codes formels et un peu barbante ; j'avais plutôt l'impression de discuter avec une amie qui me racontait ses débuts en temps que féministe et son parcours. L'auteure utilise des mots qu'on a plutôt l'habitude retrouver dans nos conversations quotidiennes comme "meuf" alors même au bout de cent-cinquante pages, on est toujours happé.
Il y a de nombreuses transcriptions d'interview de féministes utilisatrices des réseaux, ce qui permet de montrer la diversité des points de vue et des façons de vivre l'expérience féministe ou en ce qui concerne les réseaux sociaux. Cela permet à notre vision de ne pas s'arrêter à un point de notre réflexion mais plutôt à déconstruire la démarche et se questionner soi-même : est-ce que j'ai déjà vécu ça ? Est-ce que je suis en accord avec cette pensée ? Qu'est-ce que je pense, moi, en temps que femme avec telle expérience de la vie ?
Elvire Duvelle-Charles, introduit aussi la nuance dans son enquête : les réseaux sociaux ne sont pas uniquement bénéfiques ou négatifs. En effet s'ils permettent de donner du poids à certains témoignage, de communiquer des expériences et des connaissances, de ne plus se sentir seul face à une situation définie ; c'est également un support fragile sur lequel on peut être muselé, harcelé et devenir dépendant.e (la nomophobie notamment).
De même quand elle parle de la division des féministes sur certaines questions, elle nous fait remarquer qu'à présent être féministe est plus adopter un dogme sans forcément le comprendre plutôt que de faire une démarche réflexive, on ose pas forcément poser des questions alors qu'on en a besoin pour comprendre en profondeur la situation ou encore qu'on est obligé de prendre un certain parti alors qu'on a pas forcément d'avis tranchée sur une question. C'est donc aussi un livre d'enseignement qui nous lance de multiples pistes pour réfléchir comme chaque débutant.e féministe.
Pour se lancer ou poursuivre notre réflexion, l'autrice fait appel à de nombreuses références, que ce soit l'histoire personnelle de femmes qui nous la raconte, des articles de journaux, des livres, le tout est très bien documenté, à chaque fois nous avons la référence complète en bas de la page. Mais le plus, c'est qu'il y a aussi une rubrique "pour aller plus loin" de plusieurs pages qui compile de nombreuses références : vidéos, podcasts, livres, articles,... J'en ai cherché quelques uns, puis de fil en aiguille j'en ai découvert d'autres et j'ai appris énormément de nouvelles choses en l'espace de peu de jours, je compte d'ailleurs continuer à (s)explorer.
Il y a aussi de nombreuses mentions de comptes Instagram (entre autres) (à aller regarder si vous êtes intéressé.e) notamment ceux des féministes influenceuses qui sont interviewées. Notons que l'
Elvire Duvelle-Charles est elle-même derrière le compte instagram @clitrevolution.
Je pense que la plus grande qualité de ce livre est son accessibilité. On ne nous balance pas des termes spécifiques (féministe ou en ce qui concerne les réseaux sociaux) dont on ignore l'existence sans nous l'expliquer. L'auteur ne nous prend pas de haut de par sa science, elle ne parle pas que d'une seule femme, elle parle de toutes. On nous indique donc la présence d'un lexique à la fin du livre, ressource très précieuse lorsqu'on lit le livre mais qu'on peut également survoler pour apprendre quelques notions. Ainsi, que vous soyez novice en féminisme ou que les réseaux sociaux soient un domaine tout à fait obscur,
Féminisme et réseaux sociaux vous est aussi adressé.
Dans le domaine plus matérialiste, j'aime beaucoup la couverture du livre, que je trouve à la fois simple mais efficace et significative, elle interpelle tout en restant relativement neutre.
En bref, un livre accessible, nuancé, qui nous pousse à nous interroger, plein de bienveillance et d'amour pour tous.
Des femmes actrices et pas seulement des victimes, est rafraîchissant et permet de ne pas perdre espoir.
Une lecture féministe importante en ces temps où les droits des femmes prennent de l'ampleur mais subissent simultanément des reculs massifs comme l'illégalisation de l'avortement aux Etat-Unis.
"Evidemment qu'on devrait brandir nos corps dans la rue, crier fort, s'habiller comme on veut, ne pas avoir peur d'appeler un violeur un violeur, un agresseur un agresseur et un harceleur un harceleur. Ce n'est pas à nous de nous faire petites, discrètes, de cacher nos corps, de nous adapter à eux : c'est à eux de s'adapter à nous et de se faire à l'idée que nous sommes là, que nous existons, que nous sommes la moitié de l'humanité et que nous sommes ici pour y rester."
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