Histoire des cathares

Avant tout, Merci à Jean Duvernoy pour l'attitude et l'attention qu'il a démontrées et portées envers le Catharisme. En faisant le choix de l'Histoire, certes, car il fallait en "passer par là" coûte que coûte pour faire connaitre la religion dite "cathare" et familiariser le lecteur avec non pas une "patrie" occitane au coeur duquel elle aurait trouvé origine, mais avec toutes les "haltes" vraisemblables de son périple parmi les nations et pays traversés.
C'est intentionnellement que je choisis son nom, ses livres (tous) pour faire, depuis son si modeste repaire sur Babelio une critique adressée à d'autres en prenant son oeuvre en exemple.
En effet, je n'ai jamais rien trouvé d'amer dans son oeuvre. Au contraire: une volonté quasi religieuse de désigner l'horizon de la mer, de parler de ses fonds, d'aller même les débusquer, noyés sous des vagues d'archives... tout en mettant en évidence les frontières de l'écume. Mais pour en montrer les limites et non pour s'offusquer de facon répétée, voire obsessionnelle, du gluant reflux de ses inévitables crachats.
Jean Duvernoy pour L Histoire avec un grand H et René Nelli pour sa haute Poésie sont les deux seuls auteurs du Catharisme que je conserverais dans une bibliothèque Babeleenne s'il fallait absolument faire un choix imposé par la tyrannie électronique.
J' ai trouvé à la fois chez eux équilibre et bonté.

En réalité, je n'ai jamais pu entièrement goûter, ou complètement digérer un ouvrage sur le "sujet" dont il est question ici. Et s'il fallait résumer mon "ressenti" face à l'abondante littérature qui lui a été consacrée c'est peut-être avec ces mots, paraphrasant une parole fameuse :
"Lu tous les livres sur le catharisme.
Leur chair est triste"
...
Et elle n'est pas simplement triste à cause de l'Histoire elle-même: cruelle, insupportable, mais parce que les lacunes de celle-ci, volontairement transmises par les partis vainqueurs sont des lambeaux déchirés autant que déchirants ... Et que c'est avec eux que se construisent les livres que beaucoup d'auteurs semblent se disputer, plus ou moins savamment.

Ce n'est pas parce que je fais le choix, ici, d'honorer la mémoire de Jean Duvernoy que j'oublie d'autres passionné(e)s ayant consacré une grande partie de leur vie à cette marquante Histoire et dont j'ai lu les livres jusqu'au moment où... je n'ai pu aller au-delà des premières pages. Car leur étude, souvent magistrale, était entachée de critiques acerbes trop souvent réitérées.
Et si l'on peut comprendre qu'une forme d'acidité puisse suinter par l'échancrure de cicatrices mal fermées, témoignant, je crois, d'authentiques souffrances, présentes ou passées, il est plus difficile de supporter cet écoulement déversé dans les pages qu'elles signent... au nom d'une religion ayant souffert D'INTOLÉRANCE.
Lorsque c'est à l'entrée d'un livre qu'un auteur ou autrice met en garde contre les errances des esprits imaginatifs du catharisme et autres amateurs de trésors fantômatiques... on peut le comprendre, louer même cette volonté de ne pas trahir le "message" de celles et ceux qui se nommaient "bonnes chrétiennes" et "bons chretiens"...
Mais lorsque cette mise en garde est systématique, que son leitmotiv semble devenir le seul motif d'écrire un livre pour se mettre à la poursuite des "illuminés" ou autres "incultes historiques" ... cela devient une forme d'inquisition à la fois cruelle et crétine qui n'a plus rien de commun avec la forme de Christianisme qu'on prétend vouloir défendre et servir.
...
Encore une fois, je ne prends pas la défense de ces colporteurs de sottises ou d'élucubrations qu'on peut trouver exaspérantes, mais au lieu de les "laisser courir" ou de grimper en prenant plus encore de "hauteur" on se livre à des sortes de ratonnades contre de petites souris affamées de jolis contes dans le Comté d'Ariege et qui croient que la montagne de Montsegur est un gruyère ! Ou sont persuadées que dans une de ses cavités se trouve la dépouille miraculeusement conservée d"Esclarmonde de Foix, ou la secrète partie des "nourritures parfaites" d'une non moins parfaite Communauté de bonshommes et de bonnes femmes. (un peu mises en-deçà des plus-que-parfaits quoiqu'on dise, ces dernières)

Une "Bonne Humanité" chrétienne idéalisée finalement, bien qu'à des degrés différents d'idées plus ou moins hautes, par toutes celles et tous ceux portant un regard aimant, avisé, simplement aimanté ou encore bizarrement émoustillé vers Montsegur.
Nul ne pourra légiférer sur les conditions et les limites de cet indeniable "attrait". Et c'est tant mieux !
Car nul n'a le droit de s'approprier ce "lieu". Que l'on soit à la recherche de ses fondations archéologiques ou d'un hypothétique graal dans le labyrinthe qui nous fut laissé.
Et les "bornés" dans leurs limites ne sont-ils pas aussi nocifs que les autres dans leurs délires, quand ils se réfugient dans le déni ?...
Oui c'est "pénible" de le constater ! Et c'est également condamnable quand ceux qui ont concrètement découvert des indices ou intuitivement compris une vérité, éprouvant sa logique, retournent vers ces questions résolues pour en faire des constructions nouvelles ou des légendes en partance...
de quelque bord qu'ils soient ils diffusent des mensonges prémédités.

Cela dit je plains sincèrement les auteurs et autrices ayant côtoyé Duvernoy, Nelli, Roquebert... et regrettant peut-être de s'être moqués du "trop lyrique Peyrat" de "l'utopique Niel" et d'autres encore au temps béni d'une recherche commune ... sans commune mesure avec ce qui leur est servi aujourd'hui dans notre époque de complotistes (!) Où le catharisme qu'ils défendent est confronté, d'une part, à un mordant révisionnisme , et d'autre part, aux dérives ésotériques et aux amalgames qu'ils n'ont de cesse de dénoncer !
Car sous la nouvelle haleine de vieux ou souterrains courants, la "Marie-Madeleine" de fausses mémoires risque de quitter, bientôt, Rennes le Chateau et son père Noël attelé pour se retrouver dans une des grottes d'un Mont-Segur plus sûr du tout, ou sur ses sommets, jusque-là, protégés.

Enfin, il faut lire avec attention Jean Duvernoy, sa précieuse quête et sa minutieuse enquête menées avec un incontestable "souci de Vérité" et une "intuition" reçue en récompense. Vérités prises pour des "détails" qu'on passe sous silence ou sur lesquelles des auteurs qui lui doivent tant oublient de s'attarder...
Or c'est toujours ce qu'on "met de côté" inconsciemment ou de façon délibérée qui a de l'importance.

La mienne d'attention portée, est emplie de GRATITUDE, envers l'immense tâche qu'il a accomplie... et malgré ce que je pense et partage avec de trop rares personnes.
Ce qu'on ne soulève jamais, dans l'oeuvre de "défense du Catharisme" : le fardeau qui retient ses adeptes prisonniers du passé.
Ils refusaient l'attachement à la croix, ils rejetaient le crucifix... et nous faisons des bois d'un Bûcher la commémoration de leur vie sacrifiée !!!

Peut-être est-il temps, après les avoir justement dressées et rappelées, d'abandonner les sempiternelles listes de monuments aux morts du catharisme, en ayant conscience qu'on ne fait qu'égrener les noms de personnalités historiques qu'ils voulaient fuir !
Jamais, certainement, n'ont-ils imaginé, au cours de martyres endurés, que cette forme de persécution parmi d'autres viendrait au long des siècles ou au bout de sept cents ans !
Et de nouveau "pour leur bien" selon toutes sortes de livres et d'auteurs publiés... Et toutes sortes de débats aux contradictions aiguisées.
Non. Ils ne pouvaient imaginer que leur "vêture" passagère avec ses maux et mots d'un "moment" voire d'une "croyance temporellement adoptée" allait être, des siècles durant, et pour d'autres siècles, retissée, recousue et, pis encore, vénérée comme autant de suaires qu'un faux devoir de Mémoire a transformés en reliques perpétuées.
...
Sachons les rendre à l'Âme et à L'ESPRIT dont les "noces" des sommets étaient d'une autre nature que les prétendus mariages de Jésus et Marie-Madeleine en partances imaginaires vers de Wisigothiques descendances...
Et que PAIX leur soit rendue !
Ne serait-ce que par notre Respect.