Demain les puces : science-fiction et micro-informatique : une anthologie

Les vendredis étaient de bons jours pour la rêverie et il espérait bien que ne viendrait pas à l’idée d’Harold de modifier cet emploi du temps. Le vendredi était suivi du samedi, jour où les associés ne travaillaient pas ; et le meilleur moment du samedi était le samedi soir, quand Éva, son épouse, accomplissait son expédition hebdomadaire à Houston pour rendre visite à ses parents à l’hospice.
Elle l’appelait rarement à la maison et n’avait jusqu’alors jamais abrégé une de ses visites à Houston. Elle se fiait toujours à la parole de Paul que les gosses allaient très bien, les quelques fois où elle prenait la peine de téléphoner pour s’en assurer.
Son entrée dans le monde de l’adultère s’était opérée de manière aussi accidentelle que fortuite. Il n’était pas dupe, bien entendu. Il savait que ce qu’il faisait était à la fois socialement inacceptable et criminel, mais il comptait sur sa capacité à brouiller suffisamment bien les pistes pour ne pas se faire prendre.

Ce sont les relais qui font le travail dans le réservoir. Lui, c’est un grand bâtiment plein des événements en cours et de toutes les émissions jamais enregistrées – il est branché sur les réservoirs de tous les autres pays – et vous n’avez qu’à pianoter pour obtenir tout ce que vous voulez savoir, voir ou entendre. C’est bien commode. Il fait aussi tous vos calculs et tient votre comptabilité, vous pouvez le consulter en chimie, en physique, en astronomie, il vous tire les cartes et il a, en prime, un programme « Conseils aux cœurs solitaires ». La seule chose qu’il ne fasse pas, c’est de vous révéler ce que votre femme veut dire lorsqu’elle s’exclame, avec ce ton de voix particulier, « Ah ! tu crois vraiment ? ». Les logiques ne sont pas efficaces en ce qui concerne les femmes. Il faut que les choses aient un sens.

Les logiques peuvent faire tout un tas de choses qui n’ont pas encore été découvertes. Alors Joe, en apprenant ça, a été pris de la démangeaison d’agir. Il a sélectionné des choses auxquelles nous, ces bêtas d’humains, n’avions pas encore pensé et il s’est débrouillé pour que les logiques puissent les faire lorsqu’on le leur demanderait.
C’est tout. Rien d’autre. Mais croyez-moi, les amis, ça suffisait largement !

Les logiques ont changé la civilisation. Les logiques sont la civilisation. Si nous éteignons les logiques, nous reviendrons à un type de civilisation que nous sommes incapables de gérer ! Je deviens, moi aussi, très nerveux et c’est pour cela que je parle comme ça ! Si ma femme découvre que je suis payé trente crédits de plus par semaine que ce que je lui ai dit, et soupçonne l’existence de cette rousse… »

Il y a certains faits, les hommes espèrent que leurs épouses ne font que les soupçonner, et c’est justement ceux-là qu’elles ont le plus envie d’apprendre. Aussi lorsqu’une femme compose : « Comment savoir si Oswald m’est fidèle ? » et que son logique le lui dit… vous vous imaginez combien d’hommes, ce fameux soir, se sont fait sonner les cloches en rentrant !