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EAN : 978B085F2P4HV
238 pages
Aux forges de Vulcain (07/05/2020)
3.92/5   555 notes
Résumé :
Issu d'une famille de pêcheurs, Liesse doit quitter son village natal à la mort de son père. Fruste mais malin, il parvient à faire son chemin dans le comptoir commercial où il a été placé. Au point d'être pris comme secrétaire par Malvine Zélina de Félarasie, ambassadrice impériale dans l'Archipel, aristocrate promise aux plus grandes destinées politiques.
Dans le sillage de la jeune femme, Liesse va s'embarquer pour un grand voyage loin de ses îles et deve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (150) Voir plus Ajouter une critique
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La magie a opéré.

Pourtant, ce n'était pas gagné : je ne lis pas de fantasy, je ne suis pas attirée par un livre décrit comme « un conte merveilleux ».

Oui, mais j'ai quand même tenté ma chance : David Meulemans, l'éditeur des Forges de Vulcain, fait actuellement des vidéos sur YouTube pour parler de son métier. Or, elles m'ont donné envie de lire toute sa collection les yeux fermés. Il parle de ses auteurs comme de ses Brancusi, dont il serait le forgeron qui travaille à rendre leurs textes parfaits… il parle de son idéal en littérature : non pas produire des livres qu'on fabrique en série pour les vendre à tout prix, mais forger de beaux objets dans l'espoir que l'un d'eux, peut-être, changera un jour la vie de quelqu'un.

Or, en ce printemps très particulier, sa maison d'édition sort un livre, un seul, un premier roman écrit par une autre éditrice, Claire Duvivier. C'est certainement la garantie d'une intertextualité riche (sur Babelio, elle a déjà suscité une référence à Ursula K. le Guin) : n'étant pas du tout familière du genre, je ne peux pas y être sensible, mais la simple idée que ce « conte merveilleux » est situé au carrefour d'un riche réseau de références fait partie de celles qui m'ont donné envie de le découvrir.

Et la magie a opéré. Pourtant, j'ai résisté pendant tout le début du texte. Parce que je me sentais étrangère à ce monde, et aussi parce qu'un conte merveilleux, c'est un livre qui se construit lentement, dont on ne comprend pas tout de suite où il nous emmène ni pourquoi. Il faut s'approprier les personnages, se laisser intriguer par le nom de Gémétous, l'inconnu.e à qui Liesse conte son histoire, et dont on ne saura qu'à la fin quelles émotions contradictoires suscite l'idée que c'est à cette personne, et pas à une autre, que le livre est adressé.

J'ai accepté tout cela, j'ai persisté au-delà des premières pages qui ne me ressemblaient pas, et quel souffle m'a alors rattrapée ! J'ai adoré l'évidence avec laquelle j'ai accepté la manière dont le surnaturel donne la clé de l'expérience extraordinaire et insoupçonnable qu'a vécue Malvine Zélina de Félarasie. J'ai adoré ne pas me demander si c'était l'enfant en moi qui s'était laissée pénétrer de cette évidence, ou la lectrice qui reconnaît les mots qui parlent à son inconscient. J'ai adoré voir le nom poétique de Malvine écrit in extenso tout au long du roman. J'ai adoré que le livre soit parcouru de leitmotivs récurrents (autour de la fonction du toucher notamment), semés légèrement, qui permettent de faire déboucher l'ouvrage sur une des plus belles dernières pages de roman que j'aie jamais lues, peut-être même la plus belle (vraiment).

Pourquoi cette magie a-t-elle finalement opéré sur moi ? Peut-être parce que Claire Duvivier a créé un monde dont le surnaturel n'est pas convenu : elle n'affuble pas ses personnages de chapeaux pointus, de formules magiques et de titres bizarres. Son surnaturel ressemble à celui qui est dans la tête de chacun, d'une manière informe, désordonnée, semi-invisible à nos propres yeux, et qu'elle a rendu cohérent et visible, incarné dans un monde qu'elle a bâti.

Dès lors, son monde ressemble au nôtre, sauf qu'il abolit les frontières entre ce qui est réputé réel et ce qui est réputé imaginaire, et sauf qu'il en profite aussi pour redéfinir les rapports entre les êtres. J'ai particulièrement apprécié que la question du féminisme ou de la place des femmes ne se pose pas : simplement parce que c'est un monde où les femmes occupent une place qui ne dépend ni dans un sens ni dans l'autre du fait qu'elles sont femmes. Pourtant, le viol existe, l'exploitation sexuelle aussi ; mais ils n'essentialisent rien, ils ne créent pas des destins limitants. Ça, c'est intéressant, et c'est peut-être la position de la fantasy qui le permet, puisqu'il est bien entendu que l'auteur crée un monde avec des règles qui n'ont pas de raisons d'être les mêmes que d'habitude.

Est-ce que je lirai encore de la fantasy, pour que la magie opère de nouveau ? Je ne sais pas. Je continue à ne pas avoir envie de naviguer dans un monde de mages et de sorcières. En revanche, s'il existe un pan de littérature qui se situe sur cette ligne étroite de l'imaginaire à la fois clairement imaginaire et pourtant totalement crédible, alors oui, je demande à voir ! En attendant, je répète volontiers les paroles de l'éditeur de Claire Duvivier sur les réseaux sociaux, maintenant que j'ai vérifié par moi-même que je pouvais aimer ce roman : « plus que de la fantasy : un des meilleurs romans de cette année, tous genres confondus ».

Merci aux Editions des Forges de Vulcain et à #NetGalleyFrance pour cette très belle découverte.
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Placé très jeune à la mort de son père, Liesse s'est si bien débrouillé dans ses fonctions au sein du comptoir commercial de son île que, remarqué par la brillante et aristocratique ambassadrice impériale Malvine Zélina de Félarasie, il en devient le secrétaire attitré : un poste qui va le placer aux premières loges des événements qui mèneront l'Empire à sa perte.


Dystopie mâtinée de science-fiction, le récit nous transporte dans un empire imaginaire, dont les hauts fonctionnaires n'ont pas encore pris la mesure des transformations que d'étranges péripéties récemment survenues ont déjà initiées. Ce bouleversement à première vue incompréhensible tant il remet en cause leur référentiel, va finir par secouer si durement les fondations de leur monde qu'un nouvel ordre verra bientôt le jour, à l'issue d'une éprouvante et dramatique transition.


Après un long démarrage qui pourra sembler rébarbatif et risquer de désorienter un lecteur assez longtemps en mal de repères, l'histoire sort enfin du seul thème de l'administration d'une province reculée d'un vaste et puissant empire, pour s'incarner de manière plus vivante dans les aventures, cette fois captivantes, de Liesse et de Malvine. Tandis que les personnages gagnent en épaisseur et en humanité dans leur confrontation à l'adversité et à l'écroulement de leur univers, puis dans leur acharnement à reconstruire un avenir pour les êtres qui leur sont chers, l'intrigue maintenant en place se développe dans des directions surprenantes qui font apprécier l'imagination de l'auteur et l'habile construction d'un récit original et bien pensé.


Douloureuse fin d'un âge mais aussi début d'un nouvel ordre qui, au passage, aura, quasi par accident, permis l'éradication de l'esclavage, cette épopée aux allures de légende illustre à la fois la fragilité d'une société et son inépuisable capacité d'adaptation et de réinvention, selon l'adage maintes fois vérifié que les crises favorisent les plus grandes transformations. Un grand et long voyage donc, pour les personnages perdus dans l'épaisseur du temps, entre un passé et un futur qui ne cessent de s'entremêler, mais aussi pour l'humanité, dont les progrès s'effectuent parfois par de bien violents soubresauts.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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En lisant ce livre vous serez comme ces marcheurs infatigables en quête de leur vérité. Vous suivrez à pas lents le dénommé Liesse qui raconte à « Gémétéous la hiératique » la vie de l'extraordinaire Malvine, et à travers elle, la sienne.
J'ai beaucoup aimé cette longue itinérance auprès de Liesse, cet opportuniste débrouillard, chanceux, toujours en mouvement, et de la déconcertante Malvine, ambassadrice impériale promise à un grand destin politique.
Les 150 premières pages sont déconcertantes. Où nous mène Claire Duvivier dans ce monde onirique ? Vers les inénarrables amours de Liesse ? Vers la froide efficacité de Malvine ? Vers la description d'un monde de marchands et des limites effrangées d'un immense empire ?
Deux personnages très proches car tous deux considérés comme des étrangers et mis à l'écart. Liesse pour ses origines lointaines ; Malvine pour le pouvoir qu'elle détient et son déconcertant anticonformisme.
Un monde aux abois, même si personne n'en prend réellement conscience. Ce monde de marchands aux idées carrés va bientôt s'effondrer, et l'empire n'est en réalité qu'un géant agonisant.
Malvine sera l'héroïne malheureuse de cette brutale glissade vers une étrange guerre. Tout commence par la disparition de tous les habitants sans exception d'une ville. Ils se sont évanouis tout bonnement un jour d'hiver. Et Malvine avec eux qui réapparaitra quelques semaines plus tard, hagarde, épuisée, changée physiquement, et reconnaissant à peine des personnes qu'elle avait pourtant côtoyé.
Surgit alors du diable vauvert une armée inconnue et aux motivations insaisissables pour l'esprit rationnel de nos marchands. Seule Malvine comprendra, et essaiera de sauver ce qui peut encore l'être.
Je ne vous raconterai pas cette histoire tarabiscotée et pourtant si bien construite. Pour ceux qui ont découvert la porte d'entrée, l'espace et le temps n'ont plus guère d'importance, et c'est ainsi que nous voyons ressurgir des fantômes du passé.
Drôle de livre, à l'ambiance lourde et grise, à la tristesse insondable. le récit d'une grande dame passée à côté de la Grande Histoire ; d'une bâtisseuse oubliée de tous, à l'exception de Liesse.
Un roman à lire, assurément.
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Cette année j'ai commencé pas mal de livres sans jamais les finir. Il y en a ou cela sera un abandon mais pour d'autres juste une pause plus ou moins longue. le moment où je les ai ouverts n'était pas le bon, je ne parvenais pas à rentrer dedans. Ce fut le cas dernièrement pour ce one shot de Claire Duvivier.

Je l'ai commencé le 17 décembre, j'en ai lu quelques lignes encore le 18 avant de le reposer sans avoir dépassé la page 40. Un long voyage est un roman qui prend son temps. C'est un récit très calme que propose l'auteure durant toute la première partie du roman. Autant le dire, ce début de roman ne m'a pas plu. Long et classique je ne voyais guère d'intérêt à poursuivre ma lecture. C'était trop lent pour moi, il n'y avait pas assez d'action, pas assez de rythme pour me captiver tandis que le personnage de Liesse me laissait assez indifférent. Ne voulant pas me forcer je l'ai laissé de côté pour commencer une autre lecture.

Cela aurait pu en rester là pour ma part. Je ne suis pas sûr que je l'aurais repris un jour du moins dans tous les cas pas aussi rapidement si la fin de l'année n'était pas aussi proche. Je m'étais en effet fixé comme défi de lire 5 lectures bons plans du challenge multi auteures de SFFF 2021 et la fin d'année approchant à grands pas je me suis replongé dedans hier.

Je l'ai alors dévoré d'une seule traite. Je ne saurais vraiment expliquer pourquoi c'est mieux passé hier qu'il y a 10 jours, probablement une histoire d'humeur et de concentration ou tout simplement parce que j'avais déjà lu la partie la plus calme du récit se déroulant sur l'archipel avant le début du voyage que nous promettent le titre et la couverture. Dans tous les cas cette fois-ci je me suis complètement immergé dans ce dernier et je peux vous dire que le voyage fut beau.

Je n'en ai pas lu beaucoup des romans de fantasy se rapprochant de celui que propose ici Claire Duvivier. Les one shots en fantasy sont déjà nettement minoritaires par rapport aux séries, ceux de 240 pages seulement qui s'avèrent au final excellents demeures quant à eux des espèces rares. Vous ne trouverez pas de magie dans ce récit, pas de magicien, sorcière ou tout autre créature magique. Vous n'y lirez pas non plus de passage épique avec des combats hors normes et démesurés ou encore toutes sortes de complots politiques tordus.

Non ce roman de Claire Duvivier n'est pas de cela, il va vous plonger au coeur d'un récit qui une fois réellement démarré s'avèrera passionnant. Son narrateur Liesse s'adresse à une inconnue dont on ne connaîtra l'identité qu'à la fin, il lui raconte sa vie et le chemin qu'il a parcouru auprès d'une femme d'exception. oh quelles histoires il lui raconte ici : la sienne, celle d'une cité, de peuples qui traversent le temps, d'une société qui se transforme, s'adapte, se reconstruit. C'est beau, c'est fort, original et touchant. En bref, c'est une totale réussite.

Une fois entraîné dans ce récit hier il m'a été impossible de le lâcher, bien écrit, bien construit, envoûtant l'auteure nous embarque dans le récit de Liesse qui vous surprendra assurément à certains moments, vous touchera peut-être à d'autres mais qui ne pourra dans tous les cas pas vous laisser totalement indifférent.

Autant vous dire que je ne regrette vraiment pas d'avoir repris ce roman qui s'est avéré être une très belle lecture, d'ailleurs je pense que je le relirai. le seul défaut de ce roman est pour moi son début, l'histoire peinant malheureusement un peu à démarrer. C'est dommage car le reste m'a plus que plu et je ne peux que vivement vous encourager à découvrir ce petit roman qui mérite le détour. Je vais pour ma part rapidement acheter Capitale du Nord que je lirai en 2022 afin de continuer de découvrir ce que propose cette auteure.
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Ce roman m'a retourné.

Au début, je suis tombé dans le piège du roman plébiscité et dont on attend trop. Mon plaisir, alors que le héros Liesse grandissait dans l'Archipel (qui a des airs de Tahiti je trouve), n'était pas à la hauteur de mes attentes. Je trouvais que cela manquait de descriptions du décor, que l'on survolait les péripéties.
Ce sentiment a évolué quand Liesse, devenu secrétaire de la « gouverneuse » Malvina, atteint la cité-état de Solmeri (avant cela même). Je me suis régalé à la description de la ville, y retrouvant des lieux que j'ai eu l'occasion de visiter en randonnée : les levadas de Madère, les villes accrochées aux pentes de la côte amalfitaine. Et la pénétration était plus marquée, un peu.
Revenant sur mon ressenti initial, j'ai conjecturé que les descriptions collaient en fait à l'âge de la personne qui les faisait. Car ce roman n'est rien d'autre que le récit de la vie de Liesse, écrit par Liesse. Ses mémoires en quelque sorte. Les descriptions du Liesse gamin ont la profondeur qu'un enfant peut leur accorder. le Liesse devenu vieux n'essaie pas d'analyser rétroactivement les événements de sa jeunesse ; il se replonge dans l'état du Liesse enfant.
Au passage, Liesse ne cesse de nous teaser par de petites phrases du genre « si j'avais su ce qui allait arriver par la suite », entretenant fermement l'intérêt du lecteur.

Liesse est surtout un observateur. Il est proche, du fait de son travail, des gens qui vont compter dans l'histoire. Lui, il va surtout les subir. Subir le rejet de ses compatriotes de l'Archipel, le mépris des Solméritains. Mais aussi faire son trou, se faire des amis, des amours. Celle qui compte vraiment, c'est Malvine Zélina de Félarasie, gouverneuse de l'Empire, chargée d'abord de gérer l'Archipel puis représentante de l'Empire dans la cité de Solméri. Une administratrice donc, et une politique, mais visiblement pas adepte de la communication. Même à travers la voix de Liesse qui est son secrétaire et, osons le dire, son ami, elle conserve une énorme part de mystère et de secret.
Mais comment pourrait-il en être autrement ? On finit par le comprendre quand elle finit par se livrer. C'est l'un des ressorts les plus stupéfiants de ce récit.
L'autre stupéfaction est liée à des disparitions mystérieuses, et des apparitions aussi. En gros blasé, j'ai pensé que Claire Duvivier nous resservait le plat des Marcheurs Blancs (cf. le Trône de Fer de G.R.R. Martin). Mais la vérité est ailleurs, et elle a participé à mon retournement et à mon énorme plaisir.

Pas de grosses batailles ou d'abominables complots. En fin de compte le récit nous montre des gens de différents horizons qui essaient, obligés ou non, de vivre ensemble, qui se méprisent ou s'accordent, s'affrontent ou se lient, que le lecteur déteste ou adore. C'est parfois violent, en paroles ou en actes. C'est parfois aussi très beau, très encourageant. Un large spectre de la nature humaine est déployé avec beaucoup de vraisemblance et de naturel.

Je vais arrêter là. le sentiment de voyager sur un matelas moelleux m'est revenu à l‘écriture de ce billet. Je ne peux que vous recommander d'entreprendre ce – ou ces – longs voyages à ma suite.
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critiques presse (2)
Syfantasy
16 juillet 2021
Claire Duvivier est une autrice à suivre car avec un seul roman elle fait déjà montre des qualités des plus grands. Ses personnages sont attachants et ont ce goût de réel qui manque parfois à la fantasy. Elle a su écrire une fantasy douce et fascinante.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Elbakin.net
15 mai 2020
Avec son héros et narrateur, Claire Duvivier sait rendre son texte vivant pour des événements déjà passés et trouve de quoi dynamiser le récit de temps à autre lorsque Liesse s’adresse à son mystérieux interlocuteur pour déjouer ses attentes, tout comme au lecteur que nous sommes, qui, lui, ne sait pas à quoi s’attendre…
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Si le grandiose t'intéresse tant, Gémétéous, prends la peine de te pencher également sur le trivial ; rappelle-toi que ce n'est pas à l'ombre des légendes qu'on trouve le bonheur, mais auprès de la chair et du sang. Personne ne le sait mieux que nous deux.
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Nous fûmes généralement bien accueillis, mais le quatrième jour, alors que nous aurions dû poursuivre vers l'est sur la piste côtière avant de reprendre le bateau pour Tanitamo, Vilherbe annonça que nous allions renoncer aux derniers peuplements et embarquer depuis le hameau de pêcheurs où nous avions passé la nuit. Une des régisseuses lui demanda s'il y avait un problème et il répondit que nous avions effectivement pris du retard. En réalité, il voulait éviter mon village natal : l'un des pêcheurs avait dû le prévenir que je risquais une pluie de pierres pour être revenu alors que j'étais frappé de tabou, propriété impériale ou pas.
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— Je n’arrive pas à croire que vous n’ayez rien dit de tout cela avant.
— C’est que nos supérieurs… voulut intervenir Dalione.
— Au diable vos supérieurs ! Si chacun décide que c’est la faute de son supérieur, nous pouvons aussi bien nous en prendre à l’Empereur Ravi en personne. Avec vos dissimulations, vous faites de moi une esclavagiste du simple fait d’avoir ce jeune homme comme secrétaire. Je suis une Zélina, bon sang ! Mes ancêtres se sont enrichis sur ce commerce avant l’abolition, ce que personne n’ignore sur le continent ; vous rendez-vous compte de ce que je risque si toute cette histoire se sait ?
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Pendant les années qui suivent, elle étudie avec ténacité rhétorique et logique, histoire des peuples et civilisations antiques, géographie politique, économie, droit ; tout ce qui peut la préparer à devenir une servante efficace et obéissante de l’Empire. Malvine a une capacité d’abstraction qui la détourne aisément des divertissements de Grande-Quaïma ; la solitude ne lui fait pas peur et elle sort peu de sa chambrette de l’internat. Sa vie ne diffère alors pas vraiment de celle de son frère. Quelques professeurs lui font remarquer que l’enjeu de l’Académie est d’emmagasiner, outre des connaissances, des relations qui lui seront utiles dans sa future carrière ; on l’encourage à se mêler aux autres étudiants, constitués en majeure partie de la petite noblesse impériale, mais aussi d’une proportion toujours plus grande d’enfants de la bourgeoisie quaïmite, voire guimpalaise ou bauriquoise, afin que les provinces les plus importantes de l’Empire soient également représentées. Sans oublier les symboliques rejetons des classes laborieuses qui permettent d’entretenir l’illusion méritocratique… Malvine finit par forger quelques alliances et amitiés, mais son frère lui manque tellement qu’au lieu de profiter de ses congés pour les renforcer, elle préfère sauter sur un cheval et galoper vers Haute-Quaïma, ou plus précisément le monastère des Tempérés. Une fois réunis, Cosime et elle partent pour de longues excursions dans la montagne, jusqu’au lac Maiora qui est gelé la moitié de l’année, ou bien à la grotte de Trace où, quelle que soit la saison, une goutte d’eau tombe de la stalactite centrale toutes les sept secondes exactement. Ils passent des journées entières dans la nature, dormant dans les petits refuges qui accueillent ceux qui savent où les trouver. Et Malvine revient de ces escapades le teint rouge et les yeux brillants, reprenant sa place en salle d’étude au milieu de ses camarades livides.
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La nature d’une société sera toujours plus forte que celle des individus qui la composent.
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Vidéo de Claire Duvivier
Extrait du livre audio « Mort aux geais ! Capitale du Nord, T2 » de Claire Duvivier lu par Aurélia Poirier. Parution numérique le 24 janvier 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/mort-aux-geais-9791035412654/
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