AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Cet autre amour (13)

Que la séance ait été douloureuse ou joyeuse, que j’en ressorte frustrée ou au contraire emplie de satisfaction, entre le moment où je descends les escaliers du cabinet de mon psychanalyste et celui où je pénètre dans ce café, je ne suis liée à personne, ni affectivement ni socialement, mais ne suis définie que par mon vécu et mes émotions.
Commenter  J’apprécie          220
J’ai accompagné ta sortie de l’hôpital avec crainte. J’avais l’impression d’avoir un vieil homme à mon bras. En quelques jours, tu avais pris dix ans et perdu cinq kilos. J’accueillais ton retour à la maison presque sans joie. J’étais anesthésiée. Les semaines suivantes, j’ai eu l’impression de vivre et de dormir avec un mort. Tu m’avais toujours donné l’image d’un homme fort et voici que cette image avait volé en éclats. Mon amour, mon héros qui avait consacré sa vie à sauver celle des autres, était vulnérable, et pendant toutes ces années, je l’avais ignoré.
L’appétit te revenait vite et tu croquais à pleines dents les repas que je te préparais. Pourtant, j’avais toujours le sentiment de dîner avec un fantôme, un vieil homme édenté. Je ne pouvais rien avaler.
Je ne supportais plus l’odeur de son eau de toilette, celle dont je parsemais le gant à l’hôpital. Cette senteur que j’avais tant aimée, ce parfum que je recueillais sur sa peau à chacun de mes baisers et qui demeurait longtemps après sur mes lèvres me donnait à présent la nausée.
Commenter  J’apprécie          80
A force d'inventer des vies, je ne suis plus capable de penser la mienne. Je peux m'immiscer dans la tête de mes personnages, les faire parler, pleurer, rire, mais dès qu'il s'agit de moi, j'éprouve une sensation de vide.
Commenter  J’apprécie          30
C’est dans ce café, sur les notes de mon iPhone, que je consigne mes séances. L’écriture me sert d’exutoire et m’aide à classer et clarifier mes pensées. Et ce n’est qu’une fois la séance couchée sur le papier et mes émotions calmées que je peux m’en aller, avec l’impression d’avoir laissé sur la banquette un autre de ces anciens vêtements dont le poids m’encombrait. Que la séance ait été douloureuse ou joyeuse, que j’en ressorte frustrée ou au contraire emplie de satisfaction, entre le moment où je descends les escaliers du cabinet de mon psychanalyste et celui où je pénètre dans ce café, je ne suis liée à personne, ni affectivement ni socialement, mais ne suis définie que par mon vécu et mes émotions. Et cela aussi est une nouvelle plage de liberté intemporelle que je découvre et savoure.
Commenter  J’apprécie          20
Chaque fois que ma fille cadette, alors âgée de quinze ans, me voit me maquiller, elle me soupçonne par exemple de vouloir « me faire belle » avant de me rendre à mes séances. Elle n’en connaît pourtant ni les jours ni les horaires et oublie que je mets toujours au moins du rouge à lèvres avant de sortir, même pour acheter du pain. Sa jalousie m’interpelle. Que peux-tu bien lui dire ? ne cesse-t-elle de me demander. Elle me dit vivre la présence de cet homme comme une intrusion dans notre intimité, ma démarche comme une trahison, l’aveu que je ne lui fais plus confiance puisque j’ai des choses à lui cacher. Elle perçoit les premiers effets de ma psychanalyse comme un danger, et lui comme un élément perturbateur qui risque de rompre l’harmonie familiale. Il demeurera longtemps un objet de défiance pour elle, jusqu’au jour où elle me fera savoir, non sans humour, qu’elle a changé d’avis à son propos et considère désormais la psychanalyse avec beaucoup d’intérêt. Quant à mon fils, il est plutôt dubitatif et peu bavard : Tu vas si mal que ça ? Toi qui nous as pourtant toujours donné l’image d’une mère forte et équilibrée…Ma fille aînée est la seule à demeurer placide et discrète vis-à-vis de celui qui rompt malgré lui l’équilibre d’une famille dont je reste le pilier rassurant et modérateur. Mes parents, enfin, semblent redouter une sorte d’effet boomerang dont ils ne savent pas très bien qui, de mon couple ou d’eux, pourrait bien être la cible. Plus tard, je mesurerai, par un rêve que ma mère m’a raconté et une discussion que j’ai eue avec eux.
Commenter  J’apprécie          10
A ce moment-là, j'ai encore la naïveté de croire qu'il est possible de mener deux vies bien distinctes, une vie personnelle et une vie d'écrivain, et que jamais l'une n'interférera sur l'autre si tel n'est pas mon désir.
Commenter  J’apprécie          00
En apprivoisant cet autre amour, en m'y habituant, en cessant de vouloir le maitriser et le combattre, en l'écoutant et en cherchant au plus profond de moi ce qui le provoquait, en l'acceptant tout simplement, j'ai diminué l'intensité de son étreinte.
Commenter  J’apprécie          00
Septembre 2014. Morges est une charmante petite ville qui s’étend le long des rives du lac Léman, à quelques encablures de Lausanne. Son salon du livre, très prisé des écrivains, est convivial et chaleureux. La saison précédente, j’avais eu une conversation avec une camarade journaliste qui ne parvenait pas à venir à bout d’un état dépressif dont elle ignorait l’origine. Les médicaments n’y font rien. Je n’arrive plus à travailler. J’émets l’hypothèse que la traduction qu’elle s’apprête à faire du livre de sa mère n’est pas étrangère à son état et lui suggère la psychanalyse. Lorsque nous nous croisons cette année, la jeune femme tient à me dire qu’elle a suivi mes conseils, entrepris une thérapie et se sent parfaitement bien. Mais il y a quelque chose qui m’inquiète… Oui ? Mon corps est tendu à l’extrême. Toutes mes antennes sensorielles sont en marche. Je sens qu’elle a quelque chose d’important à me dire. Tu crois que c’est normal d’être amoureuse de son psy ?La brise du lac Léman chatouille mes narines. J’ai des acouphènes dans les oreilles. Je ne m’attendais pas à cette question.
Commenter  J’apprécie          00
M. est démuni face à mes larmes. Ce qui le bouleverse le plus, me dit-il, c’est mon regard. Le regard de terreur d’un animal blessé. Car j’ai été traquée, débusquée, chassée, jour et nuit. J’étais la proie d’un prédateur. Je me pose des questions, évidemment. À cette période si cruciale de mon adolescence où je découvrais et expérimentais le désir, le fait d’avoir été rejetée par cette amie puis harcelée par ce pervers aurait-il pu avoir des conséquences sur les premières années de ma sexualité ? Aurais-je pu associer abandon et violation avec mon désir naissant ? Les uns auraient-ils pu être la punition de l’autre? Pourquoi n’ai-je pas réagi?
Commenter  J’apprécie          00
Je situe l’élément déclencheur de cet accident à la parution du numéro 544 du Magazine littéraire qui avait consacré son dossier ce mois-là aux Fictions de la psychanalyse. Si auparavant je ne m’autorisais à lire que ce que je pouvais comprendre, j’essaie à présent de lire ce que je ne comprends pas. La corrélation étroite entre psychanalystes et écrivains me fascine car les premiers détiennent la matière qui fait parfois défaut aux romanciers (j’aimerais voler leurs notes et leurs cahiers), tandis que quelques-uns parmi les seconds mettent en scène et donnent à lire les fêlures de la vie et les tourments de l’âme avec un instinct de la chose psychologique et une liberté d’imagination que n’ont pas, ou que ne s’autorisent pas à avoir les psychanalystes, entravés par leur savoir théorique et peut-être aussi par un souci du secret professionnel qui les tient à l’écart de la tentation. Je relis d’abord certains livres de Stefan Zweig. La Confusion des sentiments s’impose à moi comme une évidence : il s’agit d’un magnifique récit de transfert. Je découvre ensuite la correspondance entre Zweig et Freud et m’imprègne de l’admiration de l’auteur pour le maître. Puis j’assiste à une conférence donnée par Edmundo Gomez Mango autour de son livre Freud avec les écrivains, coécrit avec Jean-Bertrand Pontalis. Je suis avide d’apprendre mais également très frustrée de l’étendue de mon ignorance. J’aimerais tant rattraper les années que je vais dans tous les sens.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (44) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Freud et les autres...

    Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

    3
    4
    5
    6

    10 questions
    434 lecteurs ont répondu
    Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}