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Jean-Luc Piningre (Traducteur)
EAN : 9782213623405
316 pages
Fayard (04/05/2005)
3.95/5   205 notes
Résumé :
« Chroniques, volume I est, sans conteste, le livre de l'année. »The Observer« Epoustouflant? Ce livre révèle les premiers éveils de la créativité de l'auteur avec une urgence incroyable. »The New York Times« Ce livre est au rock n'roll ce que la découverte du journal secret de Shakespeare serait à la littérature. C'est sans doute l'autobiographie la plus intime et la plus extraordinaire jamais écrite par une légende du xxe siècle. »The Daily Telegraph« Nous savions... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 205 notes
A l'annonce du prix Nobel 2016, la surprise fut grande. Récompenser un auteur compositeur de chansons en la personne de Bob Dylan était vraiment inattendu, alors que l'Académie nous avait plutôt habitué à un certain classicisme, couronnant des poètes, des dramaturges, des romanciers. C'était oublier qu'en 1953, c'était un homme politique qui fut le lauréat, Churchill : les Nobels pouvaient donc parfois sortir des sentiers battus.

Les Nobels ont déclaré lui avoir attribué ce prix "pour avoir créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d'expression poétique". C'est donc bien à son art d'auteur compositeur que l'Académie rend hommage. Cependant, avant d'aller explorer les textes de ses chansons (que je connais mal, à part les grands succès comme Blowing in the wind ou Like a rolling stone), j'avais envie de mieux connaitre l'homme, et son volume 1 de Chroniques m'autorisait à le faire par le biais de sa propre écriture, ce qui me permettait de juger sur pièces son style. Au-delà du prix Nobel, j'avais également un intérêt personnel puisque Springsteen, dont je suis fan, est souvent assimilé à un mélange entre Dylan et Presley.

Les Chroniques sont partagées en 5 parties, deux d'entre elles s'attachant chacune à la genèse d'un album et les trois autres évoquant les débuts du chanteur, un peu de son enfance et beaucoup de ses premiers pas à Minneapolis puis New York. La chronologie est totalement bouleversée, Dylan ne suivant aucun ordre et sautant d'un sujet à un autre ou d'une époque à une autre, guidé juste par ses envies d'aborder telle ou telle partie. On y retrouve notamment ses engouements littéraires, ses réflexions politico-philosophiques mais surtout de nombreux portraits des différents grands musiciens qu'il a pu croiser.

Si une certaine vanité point parfois et montre que l'image d'auto-suffisance qui lui colle souvent à la peau n'est pas totalement usurpée, on découvre finalement beaucoup d'humilité dans ce livre, notamment face à ces modèles qu'il évoque, Guthrie, Pete Seeger , d'autres bien moins connus mais qui l'auront aidé à forger son style, et pour finir Rimbaud, qu'une petite amie actrice lui fait découvrir. Il est plaisant de l'entendre parler de tous ces musiciens et la lecture est forcément émaillée de recherches internet pour aller écouter les chansons dont il parle, on ne peut que faire une lecture en musique de cet ouvrage.

Les deux parties concernant les albums New Morning et Oh Mercy sont également très intéressantes, pour leur description de la recherche d'inspiration, de la création et jusqu'aux sessions d'enregistrement pour Oh Mercy avec tout le travail de groupe avec les différents musiciens et arrangeurs pour réussir à obtenir un résultat qui sonne le plus proche de ce qu'on voudrait, sans jamais vraiment y parvenir.

Au final, on n'est pas très sûr de pourquoi Dylan a obtenu le prix Nobel. Lui-même n'apprécie pas trop les récompenses et a beaucoup tardé à envoyer son discours nécessaire pour obtenir le prix... certains ont dit surtout pour obtenir la somme d'argent qui allait avec. On ne peut dénier la parenté avec la poésie de l'art de la chanson tel que le concevait Dylan, un art mineur selon Gainsbourg dans un célèbre passage télé avec Guy Béart, mais un art tout de même. Il restera de cette lecture un voile soulevé sur le mystère Dylan, incontournable dans la musique de notre époque et pourtant méconnu de la plupart des gens.


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Comme un prélude à la lecture, comme une invitation à celle-ci, un concert d'adieu d'un groupe – The Band - à son public et à la vie nomade qui avait été la sienne, filmé par Martin Scorsese, "The last Waltz" convoquait sur cette scène, fin 1976, quelques invités comme van Morrison, Neil Diamond, Muddy Waters, Joni Mitchell, Neil Young, et Bob Dylan pour n'en citer que quelques uns. Histoire de créer une atmosphère musicale à la lecture… C'est d'ailleurs en écoutant ce concert fantastique que j'ai eu envie de connaître davantage Bob Dylan.



Les Chroniques invitent le lecteur à "écouter" Bob Dylan se raconter. Plusieurs thèmes construisent le livre. Si on apprend presque tout de la "fabrication" d'un disque, on comprend que l'enjeu de la création est aussi de faire travailler ensemble nombre de personnes pour qui le mot "musique" n'a pas la même signification et qu'accorder les caractères n'est pas d'une réelle évidence.

Bob Dylan raconte aussi son arrivée à New York, son désir de jouer de la folk sur les pas de celui qu'il admire par dessus tout, Woody Guthrie. Il est tout jeune, il faut se faire connaître, s'il espère vivre de sa musique, sa motivation première reste le désir de partager les rythmes Folk, de jouer, beaucoup, partout, avant celle de devenir un nom reconnu.
Il raconte aussi que bien que ne se rattachant ni à la country, ni au blues, il n'en a pas été moins subjugué le jour où il a entendu pour la première fois la voix et le jeu de Robert Johnson. Charmé par l'aura de celui-ci comme il l'avait été par celle de Woody Guthrie, il n'était pas loin d'être prêt à accepter de vendre, lui aussi, son âme au diable, mais pour quel but : il écrit des textes proches de la poésie ancrés dans la réalité qu'il met en musique, sa création musicale est intuitive. Se détachant des engagements de l'époque, des modes, de la notoriété, il n'aspire qu'à une vie tranquille de famille, loin de ceux qui l'admirent et lui volent son intimité.

Il lui a été reproché de ne pas se prononcer ouvertement sur les événements qui secouaient L Histoire des Etats-Unis durant ces années, il explique, de façon très claire et sans détour, les raisons de son désengagement, de son retrait devant une prise de position qui était attendue de sa part. Lors de ces explications, il se montre d'une très grande honnêteté avec lui-même.

On comprendra ainsi pourquoi Bob Dylan, que le public regardait comme une icône de sa génération, ne voulait en aucun cas endosser le rôle de meneur, ni dans les idées, ni dans l'art musical. Pourquoi alors qu'il aurait été si simple de jouir de l'adulation, il avait choisi la discrétion, refusant de s'engager notoirement pour telle ou telle cause.


Le livre est prenant, avec beaucoup de références au monde artistique de l'époque évoquée : beaucoup de noms, beaucoup de recherches à faire en lisant pour en connaître davantage sur tous ces personnages cités. C'est le reflet d'une époque, d'une génération, des attentes d'une jeunesse. C'est surtout la rencontre avec un homme humble, sincère, tout en discrétion que le succès n'a jamais ébranlé, ni corrompu dans ses idées.

On referme le livre et on ne peut qu'éprouver la nécessité d'écouter l'homme chanter…

"D'une dimension plus éclatante, la folk-music dépassait la réalité et l'entendement. Elle vous tirait par le petit doigt, et elle était capable de vous engloutir complètement. Je me sentais chez moi dans ce royaume mythique."

Juin 2021
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J'adore Bob Dylan, bon nombre de ses chansons continuent à me scotcher comme la première fois que je les ai écoutées, je trouve que c'est une personnalité fascinante,j'ai le plus grand respect pour l'indépendance d'esprit dont il semble avoir fait preuve à l'époque où, déifié alors que sa vie s'ouvrait à peine, il a tourné le dos aux méga concerts, au succès mondial,( mais aussi à la drogue pour tenir le coup il faut voir sa maigreur et sa nervosité au cours du fameux tour européen, au cours duquel un spectateur anglais l'a traité de Judas), à la mort certaine qui l'a d'ailleurs frôlé,quitté les feux de la scène pour épouser une fille de l'ombre,et vivre avec elle à la campagne près de Woodstock et lui faire une demi douzaine d'enfants en essayant vainement de se débarrasser des dizaines d'intrus qui allaient jusqu'à grimper sur la toiture de sa maison…Pas toujours pour lui demander des autographes, mais plutôt des comptes sur sa "désertion"
Comme on le prenait pour une figure christique, en bonne logique il a été crucifié. Comment comprendre qu'il refuse une telle consécration? Lâcheur, va.
Etranges les photos de cette époque où il vécut quasiment reclus en père de famille, ce n'est plus le même homme, on ne retrouve pas non plus un peu de l'adolescent joufflu débarqué à New York sous la barbiche de patriarche yiddish coiffé d'un chapeau melon ou faisant de la balançoire avec deux ou trois de ses mioches.
A côté de lui, une femme magnifique, au port de reine, au regard lointain et au sourire de Joconde…
Puis la renaissance où on ne le reconnaît pas plus, les cheveux plus courts, la barbe plus longue, c'est Zelig, cet homme là, on ne sait jamais quelle forme il va prendre.
Des dizaines de disques et de CD plus tard, on le retrouve à la radio, et puis sur les routes encore et toujours, avec maintenant une drôle de voix grave d'ancien trachéotomisé. Les musiciens ont l'âge de ses petits enfants, ils nous font un récital de toute la musique américaine depuis 60 ans, et de temps en temps on aperçoit sa silhouette près d'un clavier, c'est celui qui a le plus grand chapeau, en général. On connait une quinzaine de chansons sur le set , mais on ne les reconnaît pas toutes. Et on voit des septuagénaires dans la salle…

Donc ce livre, ah oui. Je l'ai trouvé illisible, mais je l'ai lu de bout en bout. Je l'ai trouvé confus, fouillis, mais d'une richesse extraordinaire. Mais il ne m'a rien appris sur Dylan, bien qu'aucun fait, auciune anecdote ici contés ne me soit antérieurement connus.Cela ne concerne que lui, cela pourrait s'appeler petite histoire de ma grande histoire. Il se souvient du nom de tous les producteurs, ingénieurs du son, barmen, amis d'amis d'écrivains maudits, chanteurs dont l'Amérique ne se souvient plus, et il chronique, chronique, en effet. Avec une sorte de distanciation et en même temps beaucoup de présence, comme s'il parlait au micro dans une émission de nuit pour une radio de campus...
Sacré Zim, comme disent les chroniqueurs rock.
Ses chansons sont un mystère, cet homme est un mystère, ce livre est un mystère: il est écrit comme Dylan parle, mais j'ai toujours aimé entendre sa voix, il est incompréhensible comme beaucoup de ses textes, mais j'ai ses oeuvres complètes quelque part. Allez comprendre. Je l'aime, c'est tout.
Et je lirai le volume deux.
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Je l'avoue, je connais très mal Bob Dylan et ses chansons, et ce que j'en ai entendu m'ennuie assez vite. Donc pour découvrir le récent prix Nobel j'ai tenté ces Chroniques, pour peut-être un peu mieux comprendre le personnage et entrer dans sa création.

Je ne peux vraiment pas dire que cela ait été une rencontre réussie. Je dois confesser que j'ai trouvé le personnage assez suffisant, et pas très sympathique. Entre le jeune homme qui veut percer, sans doute pas à tout prix, parce qu'il a une idée de la « bonne » musique à laquelle il n'est pas prêt à renoncer, mais enfin qui aimerait bien faire carrière, et l'homme arrivé, qui veut rester anonyme, échapper à ses fans, et vivre une vie toute banale en famille, on a du mal à saisir l'évolution.

Les pages qui évoquent la musique qu'il aime, les artistes qu'il a rencontré ou/et qui l'ont inspiré m'ont parues interminables, à la fois parce que je ne les connais pas, parfois juste de nom, et que ce qu'il en dit, m'a paru assez plat et répétitif. de même les lectures ou musiques que je connais et dont il parle, méritent à mon sens un peu mieux que ce qu'il en dit.

L'aspect le plus intéressant était pour moi la description du bouillonnement culturel à New-York lorsque l'auteur y est arrivé à 20 ans, entre clubs, cafés, qui proposaient de voir et entendre des artistes en vrai, les livres et films qui sortaient, les échanges, rencontres etc. Mais j'ai été heureuse de terminer enfin le livre.
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Tout l'intérêt de ces chroniques est de nous faire remonter le temps et de nous emmener en immersion dans un univers plus fantasmé que réel. On connait la tendance de Bob à raconter des histoires, à faire en sorte de sublimer la réalité. Pas pour frimer ou pour nous mystifier, mais parce que la mémoire de cet homme ressemble à un film de Wim Wenders. Comme dans Paris Texas ou les Ailes du Désir, il nous promène dans l'hiver glacé de New York ou dans la moiteur de New Orleans avec un réalisme poétique, mais sans fioritures.
Comment naissent les chansons? autant essayer de comprendre comment on fait les bébés! Conception, gestation, avortement parfois, accouchement avec ou sans forceps...Tout vient du désir, celui de l'âme et des tripes, qui va prendre forme dans un rythme, des mots, une mélodie, devenir blues ou rock, ballade ou chant de révolte.
Je dois avouer que j'ai été séduite par le ton souvent ironique du récit, la distance et en même temps la passion qu'on ressent chez ce personnage qui recherche la grâce plus que la gloire.
Carry on, Bob, don't give up the fight.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Une chanson ressemble à un rêve qu’on essaie de réaliser. Ce sont des pays inconnus où il faut s’introduire. On peut en écrire n’importe où, dans le compartiment d’un train, sur un bateau, à cheval – le mouvement aide toujours. Des gens qui ont un merveilleux talent d’auteur-compositeur n’en écrivent jamais parce qu’ils restent immobiles.
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Cette nuit me plaisait. Les choses grandissent la nuit, mon imagination ouvre ses portes, les idées préconçues s’évanouissent. On cherche parfois le paradis aux mauvais endroits. Alors qu’on l’a à ses pieds. Ou dans son lit.
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J'ai vu et entendu des trains depuis ma petite enfance, c'est pourquoi leur bruit, leur présence me rassuraient toujours. Les gros fourgons, les tombereaux, les trains de marchandises, de passagers, les Pullman. Là où j'ai grandi, il était impossible d'aller quelque part sans, à un moment ou un autre de la journée, s'arrêter devant un passage à niveau et voir passer de longs train. Les voies du chemin de fer croisaient les routes de campagne - ou les longeaient. Le bruit d'un train dans le lointain, c'était le sentiment d'être chez soi, là où rien ne manque, où on a pied, où il n'y a pas de danger réel, où tout s'assemble - comme les wagons.
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"Les ténors de la presse continuaient de faire de moi l'interprète, le porte-parole, voire la conscience d'une génération. Elle est bien bonne. Je n'avais fait que chanter des chansons nettes et sans détour, exprimant avec force des réalités nouvelles. Cette génération, je partageais fort peu de choses avec elle et je la connaissais encore moins."
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Il ne forçait pas sa voix, il n'en avait pas besoin ; il était détendu, il émanait de lui une puissance naturelle. Brusquement, sans aucune sorte d'avertissement, ce type-là a ouvert une fenêtre au fond de mon âme. C'était comme s'il me disait : " Tu devrais faire pareil. " Et j'ai compris quelque chose plus vite que jamais dans mon existence. Je voyais où il trouvait, cette puissance, ce qu'il faisait pour l'obtenir. Je voyais à quelle source il puisait, et ce n'était pas la voix en soi, cette voix qui me regardait droit dans les yeux. Je me suis dit, mais je faisais ça avant, moi. Certes, il y a longtemps, mais ça venait automatiquement. Personne ne m'avait appris. Comment oublier une technique aussi simple, aussi élémentaire ? Est-ce que je savais boutonner mon pantalon ? Je me suis demandé si j'y arrivais encore.
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