Un conte qui devrait charmer le jeune public par son joli jeu de découpes et par sa faune décoratives, ce qui contrebalancera, vous en conviendez bientôt, avec sa moralité finale d'une issue juste très rigoureuse et sa justice implacable.
C'est un conte étiologique qui nous racontera comment les oiseaux de cette forêt devinrent des volatiles de sublimes couleurs.
Cette beauté se sera gagnée.
"... Il était une fois, il y a très longtemps, un jeune indien qui aimait par dessus tout chasser les oiseaux...".
À observer l'allure de ce petit indien, à la faune locale, nous serons peut-être en Amazonie.
On le devinera à l'avertissement de sa mère, que ce jeune garçon décimera les oiseaux d'avantage pour le sport que pour se nourrir.
Il est évident aussi qu'il faudra tout de même respecter la nature.
Nous ne saurons pas qui mais peu importera, une force magique le métamorphosera en ce qu'il était devenu : un prédateur.
Ironie du sort : il deviendra même le pire de cette jungle, un long serpent aux écailles sublimes et multicolores, qui s'en donnera doublement à coeur joie.
Devra t-on comprendre que la punition ne se montrera finalement pas très pédagogique?
Du grand serpent de couleurs, les animaux en auront terriblement peur mais ils voudront néanmoins lui ressembler.
Une amusante contradiction.
Qu'il est beau avec ses écailles de pierres précieuses!
Ainsi va commencer l'épreuve de bravoure.
Le chef des indiens proposera à celui qui saura débarrasser sa jungle de ce serpent qui décime le gibier, sa peau de couleurs.
Qui osera?
Tandis que la panthère, le crocodile ou même la grenouille à la peau venimeuse se chercheront des excuses, le cormoran déclara fièrement qu'il allait le faire (nous remarquerons que c'est le seul volatile qui sera doté d'un peu de couleur).
La suite sera étonnante et le conte tiendra encore à dépeindre l'homme comme un voisin malhonnète ou peu fiable (vous verrez).
C'est un conte de courage et de solidarité où le cormoran saura récompenser les oiseaux qui l'aideront à transporter la peau du long et lourd serpent.
Ces couleurs, ces oiseaux ne l'auront pas récupéré tout cuit dans le bec, comme l'on dit, ils auront gagné le privilège d'être aussi ravissants.
Cette dimension ajoutera de la noblesse à ses volatiles et nous invitera sans doute à les respecter (à ne pas les chasser).
Rien ne sera dit ouvertement pour les jeunes lecteurs mais nous pourrons conclure ces morales par nous mêmes, à croire sans doute que l'auteure
Pippa Dyrlaga estimera les jeunes enfants suffisament intelligents ou la suite de cause à effets dans cette mésaventure assez claire sans avoir à se montrer plus démonstrative.
Ce conte est aussi une version du conte suivant : "
Tiri l'enfant-serpent", d'
Isabelle Cadoré, un conte d'Amazonie (An timanmay ki tounen sèpan), chez
L Harmattan.