Voici un livre proprement extraordinaire , un essai historique d'une rigueur et d'une érudition incomparables. Maria Dzielska, historienne de Cracovie, y a d'évidence mis tout son coeur et toute sa rigueur d'universitaire passionnée ; son lumineux "Hypatia of Alexandria" fut publié en anglais en 1995 pour la premère fois à Cambridge (Massachusetts).
Traduit en français par Marion Koeltz en 2010 pour les éditions Des Femmes : un ouvrage très bien présenté, avec sa couverture au papier somptueux [16,25 euros, 174 pages].
Et comme l'écrit si brillamment Aloysius Block du site "Culturopoing" [dont il vous faudra découvrir l'article-fleuve INTEGRAL : 5 belles pages denses à s'imprimer en petits caractères 10 aux petits oignons, à savourer à la veillée... ] : "UN VERITABLE JEU DE PISTE"...
Car nous partons ici à la découverte d'une femme philosophe, fille du pieux Théon et disciple du sage Plotin ["Ploutinos" et des 54 "Ennéades"], héritière de la sagesse bienveillante de Platon et Aristote... Mathématicienne et astronome, de surcroît...
A la découverte d'un monde disparu, que les siècles qui tristement suivirent l'an 415 ont éradiqué puis trahi, avec mille approximations et cette fabrication d'une légende vivante...
Intègre et vertueuse Hypatie... Morte sous les coups de cette foule manipulée d'ignorants : de véritables chiens qui se sont saisi d'elle, l'ont souillée puis mutilée à coups de tessons de poteries dans l'église où il l'ont amenée, l'ont démembrée puis ont brûlé ses restes.... C'est qu'ils la prenaient pour une sorcière, une enchanteresse... Bien sûr, aucun de ses disciples n'a eu le courage d'affronter la meute : on préfère sauver sa peau !
Un certain Cyrille n'avait eu qu'à en faire courir la rumeur... "Une enchanteresse est parmi nous, qui va attirer le malheur sur Notre Cité"... Triste époque ! Avait-elle 45, 50 ou 60 ans au moment de son martyre ? Peu importe...
Un lâche l'a abandonnée : son soi-disant "protecteur", le préfet Oreste, détenteur du [soi-disant] pouvoir temporel, a bien vite mis les voiles...
Pendant qu'un arriviste quelconque au cerveau gélatineux, ce foutu "patriarche" Cyrille - évidemment jaloux de la notoriété de la philosophe - la faisait éliminer par sa meute de "parabolans", sorte de milice de "daëchiens" de l'époque, massacreurs décervelés déchirant la chair et l'esprit "sur ordre"...
"Saint" Cyrille de m... : oui, et tout ça sans se salir les mains ! Triste sire, oui - comme le chantait Trénet [dans "La Polka du roi"].
On sait que ce Cyrille fut le triste neveu - et continuateur - de "l'oeuvre" de cet abominable incendieur de bibliothèque [aux 700.000 rouleaux manuscrits] que fut Théophile, le destructeur du Serapeion, soit l'andouille qui occupa "le poste" avant lui... Bref, une triste famille de minables qui se grisaient du "Pouvoir pour le Pouvoir" !
Car c'est ainsi que l'église apostolique s'est bâtie à partir de 415 à Alexandrie : sur le cadavre mutilé puis brûlé de la sage et pacifique Hypatie - mais aussi sur ceux de Maître Eckhart et Giordano Bruno [comme nous le rappelle Aloysius de Culturopoing] , ou ceux des Cathares de Montségur [1244] : tout cela au nom de "L'Amour" christique, bien sûr, et d'une triste accumulation de calembredaines (monothéisme éradicateur de toutes autres formes de spiritualité, Sainte Trinité, virginité de Marie, condamnation de l'arianisme, et j'en passe...). Bref, "Allâhou akbar" comme le gueulait l'autre folle qui voulait faire sauter ses bonbonnes de gaz : "Dieu est grand", meuh oui, tu parles !
Oui, découvrez vite ce livre fascinant organisé en 3 parties principales :
- (1) La légende littéraire d'Hypatie.
- (2) le cercle d'Hypatie
- (3) La vie et la mort d'Hypatie
Et, si ce n'est déjà fait, procurez-vous vite le DVD de l'excellent 5ème long métrage d'Alejandro Amenabar : "Agora" [2010] qui conte avec pas mal d'envergure (sur le plan scénaristique) et d'ambition (sur le plan artistique) l'histoire de la belle et chaste Hypatie incarnée à merveille par la diaphane Rachel Weisz, dont on n'oubliera pas le regard tragique au moment où elle est menée à son supplice... devant l'Autel d'une église bâtie sur les ruines du Serapeion ! Artisan de 6 long métrages passionnants, A. Amenabar interroge sans cesse la superstition et le fanatisme : ce poids d'irrationnel (ou de "pure" folie) en nos sociétés, grand cimetière permanent des consciences humaines.
Découvrez donc allègrement (et si possible dans l'ordre chronologique) ses excellents : "Tesis", "Abre los ojos"["Ouvre les yeux"], "Les Autres", "Mar adentro", "Agora", "Regression"... oeuvres toutes disponibles en DVD ou Blu-Ray.
Ben voilà, c'est tout ! A la r'voyure...
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