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EAN : 9782721005922
173 pages
Editions des Femmes (18/03/2010)
4.24/5   17 notes
Résumé :

" Quiconque demande qui était Hypatie se verra probablement répondre: "C'était une belle philosophe païenne qui s'est fait mettre en pièces par des moines (ou, plus généralement, par des chrétiens) à Alexandrie en 415." [...] Embellie dans les arts, déformée par les affects et les partis pris idéologiques, la légende d'Hypatie est extrêmement populaire depuis des siècles; mais jusq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le grand public, auquel j'appartiens, a pu, grâce au film - Agora - de Alejandro Amenabar, faire connaissance il y a quelques années avec la figure mythique d'Hypatie d'Alexandrie ( interprétée par la belle Rachel Weisz ).
C'était un excellent péplum, intégrant quelques vérités biographiques, mais surtout beaucoup de fictionnel.
Or cette aristocrate née entre 355-370 ( là, les historiens divergent ) et morte assassinée en 415 est réellement une grande figure de l'Empire romain arrivé à son déclin.
C'est ce que nous montre et nous démontre dans cet essai historique rigoureux, minutieux, pédagogique jamais rébarbatif l'historienne polonaise Maria Dzielska "internationalement reconnue pour ses travaux sur l'Empire romain."
Hypatie, fille du mathématicien ( mais pas que...) Théon se révèle dès sa jeunesse être une femme d'une intelligence supérieure, qui rivalise très vite avec les grands cerveaux masculins de l'époque... et les surclasse.
Elle devient une brillante philosophe ( au sens contemporain du mot ), une grande mathématicienne, une formidable astronome... entre autres... et va créer autour d'elle un cercle d'élèves venus de villes, de régions et de pays différents, auxquels elle enseigne les multiples disciplines qu'elle maîtrise parfaitement.
Mais cet enseignement ne serait que peu de chose en définitive s'il n'avait pour but de faire de ses élèves ( tous hommes ) de "belles et sages personnes"... un peu au sens bouddhique du terme.
Hypatie est leur maître(sse), leur guide "spirituel", leur modèle.
Car la vie de cette femme exemplaire est totalement en accord avec les disciplines qu'elle enseigne, et leurs très grandes et très hautes exigences.
Politiquement son chemin va croiser, hélas, la rivalité violente entre le patriarche Cyrille et le préfet Oreste.
La notoriété d'hypatie et son ou ses influences vont amener l'évêque Cyrille et ses moines assassins à voir en elle une menace, un danger, une rivale pour ces "fous de Dieu" et l'éliminer.
La légende d'Hypatie est née.
Dans cet ouvrage structuré de manière très didactique, Maria Dzielska nous fait prendre connaissance de la figure et de la place d'Hypathie dans " les grandes mémoires", de ce IVème-Vème siècle à Alexandrie, du cercle des élèves et disciples d'Hypatie, de la vie et de la mort de cette figure qui a traversé les siècles en dépit du peu de documents relatifs à sa vie. Elle nous expose, sans beaucoup de doutes, sa mort, les circonstances et les coupables, et dans sa conclusion rapproche la figure de sainte Catherine d'Alexandrie et celle d'hypatie dont les destins ont effectivement de troublantes analogies.
Un essai "exigeant" mais qui se lit avec beaucoup d'intérêt.
Pour preuve de l'impact qu'a eu et qu'a encore Hypatie sur l'imaginaire collectif, ces vers de Lecomte de Lisle :
-Le vil Galiléen t'a frappée et maudite,
Mais tu tombas plus grande ! Et maintenant, hélas !
Le souffle de Platon et le corps d'Aphrodite
Sont partis à jamais pour les beaux cieux d'Hellas !
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Voici un livre proprement extraordinaire , un essai historique d'une rigueur et d'une érudition incomparables. Maria Dzielska, historienne de Cracovie, y a d'évidence mis tout son coeur et toute sa rigueur d'universitaire passionnée ; son lumineux "Hypatia of Alexandria" fut publié en anglais en 1995 pour la premère fois à Cambridge (Massachusetts).

Traduit en français par Marion Koeltz en 2010 pour les éditions Des Femmes : un ouvrage très bien présenté, avec sa couverture au papier somptueux [16,25 euros, 174 pages].

Et comme l'écrit si brillamment Aloysius Block du site "Culturopoing" [dont il vous faudra découvrir l'article-fleuve INTEGRAL : 5 belles pages denses à s'imprimer en petits caractères 10 aux petits oignons, à savourer à la veillée... ] : "UN VERITABLE JEU DE PISTE"...

Car nous partons ici à la découverte d'une femme philosophe, fille du pieux Théon et disciple du sage Plotin ["Ploutinos" et des 54 "Ennéades"], héritière de la sagesse bienveillante de Platon et Aristote... Mathématicienne et astronome, de surcroît...

A la découverte d'un monde disparu, que les siècles qui tristement suivirent l'an 415 ont éradiqué puis trahi, avec mille approximations et cette fabrication d'une légende vivante...

Intègre et vertueuse Hypatie... Morte sous les coups de cette foule manipulée d'ignorants : de véritables chiens qui se sont saisi d'elle, l'ont souillée puis mutilée à coups de tessons de poteries dans l'église où il l'ont amenée, l'ont démembrée puis ont brûlé ses restes.... C'est qu'ils la prenaient pour une sorcière, une enchanteresse... Bien sûr, aucun de ses disciples n'a eu le courage d'affronter la meute : on préfère sauver sa peau !

Un certain Cyrille n'avait eu qu'à en faire courir la rumeur... "Une enchanteresse est parmi nous, qui va attirer le malheur sur Notre Cité"... Triste époque ! Avait-elle 45, 50 ou 60 ans au moment de son martyre ? Peu importe...

Un lâche l'a abandonnée : son soi-disant "protecteur", le préfet Oreste, détenteur du [soi-disant] pouvoir temporel, a bien vite mis les voiles...

Pendant qu'un arriviste quelconque au cerveau gélatineux, ce foutu "patriarche" Cyrille - évidemment jaloux de la notoriété de la philosophe - la faisait éliminer par sa meute de "parabolans", sorte de milice de "daëchiens" de l'époque, massacreurs décervelés déchirant la chair et l'esprit "sur ordre"...

"Saint" Cyrille de m... : oui, et tout ça sans se salir les mains ! Triste sire, oui - comme le chantait Trénet [dans "La Polka du roi"].

On sait que ce Cyrille fut le triste neveu - et continuateur - de "l'oeuvre" de cet abominable incendieur de bibliothèque [aux 700.000 rouleaux manuscrits] que fut Théophile, le destructeur du Serapeion, soit l'andouille qui occupa "le poste" avant lui... Bref, une triste famille de minables qui se grisaient du "Pouvoir pour le Pouvoir" !

Car c'est ainsi que l'église apostolique s'est bâtie à partir de 415 à Alexandrie : sur le cadavre mutilé puis brûlé de la sage et pacifique Hypatie - mais aussi sur ceux de Maître Eckhart et Giordano Bruno [comme nous le rappelle Aloysius de Culturopoing] , ou ceux des Cathares de Montségur [1244] : tout cela au nom de "L'Amour" christique, bien sûr, et d'une triste accumulation de calembredaines (monothéisme éradicateur de toutes autres formes de spiritualité, Sainte Trinité, virginité de Marie, condamnation de l'arianisme, et j'en passe...). Bref, "Allâhou akbar" comme le gueulait l'autre folle qui voulait faire sauter ses bonbonnes de gaz : "Dieu est grand", meuh oui, tu parles !

Oui, découvrez vite ce livre fascinant organisé en 3 parties principales :

- (1) La légende littéraire d'Hypatie.
- (2) le cercle d'Hypatie
- (3) La vie et la mort d'Hypatie

Et, si ce n'est déjà fait, procurez-vous vite le DVD de l'excellent 5ème long métrage d'Alejandro Amenabar : "Agora" [2010] qui conte avec pas mal d'envergure (sur le plan scénaristique) et d'ambition (sur le plan artistique) l'histoire de la belle et chaste Hypatie incarnée à merveille par la diaphane Rachel Weisz, dont on n'oubliera pas le regard tragique au moment où elle est menée à son supplice... devant l'Autel d'une église bâtie sur les ruines du Serapeion ! Artisan de 6 long métrages passionnants, A. Amenabar interroge sans cesse la superstition et le fanatisme : ce poids d'irrationnel (ou de "pure" folie) en nos sociétés, grand cimetière permanent des consciences humaines.

Découvrez donc allègrement (et si possible dans l'ordre chronologique) ses excellents : "Tesis", "Abre los ojos"["Ouvre les yeux"], "Les Autres", "Mar adentro", "Agora", "Regression"... oeuvres toutes disponibles en DVD ou Blu-Ray.

Ben voilà, c'est tout ! A la r'voyure...
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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On a pu dire qu'il était presque impossible de faire la biographie d'un homme ou d'une femme de l'Antiquité, tant nous manquons d'informations ou de documents. C'est d'autant plus difficile quand la légende s'en est emparée. le plus souvent, on pourra retracer quelques événements saillants de sa vie, mais presque tout le reste nous est définitivement inaccessible. La biographie que Maria Dzielska consacre à la philosophe et mathématicienne Hypatie n'échappe pas à ces écueils.
Le premier chapitre montre, de façon pertinente, comment s'est construit tout un mythe littéraire autour de la figure d'Hypatie : les Lumières, notamment avec Voltaire, en ont fait la victime du fanatisme du christianisme devenu religion officielle ; la tradition romantique, avec Leconte de Lisle, ont vu dans sa mort la fin de l'idéal grec antique, qui repose sur l'harmonie de la sagesse et de la beauté (Maria Dzielska montre également que tous ces auteurs modernes soulignent la beauté physique d'Hypatie, que n'atteste aucune source antique).
Le deuxième chapitre essaie, après la critique du mythe Hypatie, de donner une idée de l'Hypatie historique. La thèse de Maria Dzielska est qu'elle est morte moins pour des questions religieuses que parce qu'elle faisait obstacle aux ambitions politiques de Cyrille en soutenant le pouvoir laïc d'Orestes. Son travail est dans l'ensemble convaincant, et se fonde sur une bibliographie importante et de très nombreuses notes de bas de page.
Cependant, j'aurais aimé que son livre aille plus loin dans la vulgarisation pour le non-spécialiste que je suis. Ainsi, beaucoup de points importants ne sont pas justifiés dans le livre lui-même, mais font l'objet d'une simple référence en note, et il n'y a malheureusement presque aucune chance que je consulte les ouvrages ou articles très spécialisés mentionnés. Par exemple, l'autrice suggère que contrairement à ce que l'on pense, nous aurions la trace de quelques écrits d'Hypatie, qui auraient été attribuées par la postérité à son père Théon. C'est une information capitale, mais l'on devra se contenter d'une référence au travail du chercheur qui a formulé cette hypothèse, sans que son raisonnement soit réellement développé. C'est très frustrant, d'autant plus qu'à d'assez nombreuses reprises, des suppositions de l'autrice sont peu étayées et présentées comme des faits attestés. Ainsi la distance qu'elle semble montrer à son ancien élève Synésios et dont il se plaint est expliquée par des hypothèses sur la psychologie d'Hypatie et le souci de celle-ci de protéger son disciple des tensions politiques d'Alexandrie : nous n'en savons rien, nous ne savons rien du caractère d'Hypatie, du degré d'affection qu'elle portait à Synésios, et il aurait fallu l'admettre plus explicitement. D'ailleurs, on peut regretter que les lettres de Synésios, souvent mentionnées ne soient presque pas citées. de même, une thèse importante Maria Dzielska est qu'Hypatie entretenait des liens très ténus avec la religion païenne traditionnelle, et que par conséquent sa mort ne relève pas d'un conflit religieux mais davantage d'intrigues politiques. Or elle justifie cette indifférence supposée de la philosophe et mathématicienne par le fait que rien n'atteste qu'elle ait pris la défense des païens lors du siège du Sérapéion, et que son intervention aurait sans doute donné lieu à des témoignages. Je ne sais si l'on peut donner autant d'importance à l'absence de données, et cela rejoint le problème que j'ai eu avec cette biographie : on fait dans une grande mesure confiance à l'érudition et l'expertise de l'autrice, mais on n'a pas toujours les éléments qui permettraient de juger par soi-même. Même la préface de Monique Trédé semble indiquer une certaine réserve quant à certaines prises de position de l'autrice.

Enfin, j'ai lu cette biographie d'Hypatie après avoir vu Agora, le beau film qu'Alejandro Amenabar a consacré à cette figure de la fin de l'Antiquité, et je le recommande fortement. En lisant le livre, on se rend compte qu'il est assez fidèle à la réalité, car beaucoup de ses péripéties sont des événements attestés dans les textes.
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Je ne peux pas expliquer pourquoi Hypatie d'Alexandrie m'interpelle. Depuis que j'ai appris son existence, au détour d'une recherche sur les erreurs de l'Eglise, je n'ai eu de cesse que d'être intéressé par cette "vierge philosophe, martyre païenne face à l'ignorance de l'Eglise".
Aussi, lorsque je suis tombé sur l'ouvrage de Maria Dzielska, je fus très heureux de pouvoir en apprendre plus sur cette figure de l'Antiquité tardive.
Et je peux dire que j'en ai vraiment beaucoup appris !

le premier chapitre a exposé mon erreur flagrante: avoir succombé à la légende littéraire autour d'Hypatie. Aussi aies-je été quelque peu désarçonné en voyant mon héroïne romantique être passé au peigne fin, désacralisée de son statut de martyre.
Mais cela m'aura permis de mieux comprendre la nécessité du travail de l'autrice, et la reconnaissance absolue que mérite la "vraie" Hypatie. La philosophe mais aussi la scientifique.

Pourquoi avons-nous oublié son nom ? Selon les documents que rapporte Maria Dzielska, l'influence d'Hypatie sur les mathématiques et l'astronomie, en plus de la philosophie, est aussi importante que l'influence que sa personne exerçait sur les Hautes-Sphères de l'Alexandrie du Vème siècle.
Une influence qui, hélas, la conduira à sa perte, en raison de l'avidité et de la jalousie de l'évêque Cyrille.
Cela peut-il avoir un lien avec sa naissance païenne, son meurtre politique gênant pour l'Eglise victorieuse, ou tout simplement son statut de femme ?
Ici, il n'est pas question de répondre à ces interrogations. Maria Dzielska ne peut pas lancer un débat sur la responsabilité du meurtre.

Pour elle, tout ce qui compte, demeure la mémoire d'Hypatie d'Alexandrie.

Aussi, bien que la grande question précédente me soit venue naturellement, bien que je sois outré à bien des égards par la fin de son histoire, je veux juste témoigner pour Hypatie d'Alexandrie à sa juste image.

"Hypatie d'Alexandrie, philosophe, scientifique, ayant perçu une vérité au-delà des différences de religions. Enseignante pour l'élite culturelle, reconnue pour son savoir et sa tempérance. Assassinée par des manoeuvres politiques. Victime de la jalousie d'un évêque et de l'ignorance du peuple."
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J'ai lu quelques livres sur Hypatie mais cet ouvrage reste de loin le meilleur sur le sujet. Il a le mérite de dénouer le mythe qui entoure le personnage d'Hypatie depuis le XIXème siècle grâce à une approche véritablement scientifique des différentes sources historiques. Bref, un livre novateur et intéressant!
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'entreprise de reconstitution de la vie d'Hypatie à partir des fragments historiques nous permet de voir plus clairement le dénominateur commun des constructions littéraires et des portraits d'Hypatie conçus dans les deux derniers siècles : tous ont utilisé la figure d'Hypatie pour exprimer leur opinion sur le christianisme, l'Eglise, le clergé, le patriarche Cyrille, etc.
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Réservez-vous le droit de penser, car même penser mal vaut mieux que de ne pas penser du tout.
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Au nom de la licence artistique, les poètes, romanciers et historiens vulgarisateurs n'ont fait que multiplier des images subjectives en accord avec leur époque et leur but personnel.
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