Étrangement, je me languissais de leur contact alors qu’en général, j’avais horreur que les hommes se montrent tactiles dès le premier rendez-vous. D’un autre côté, il est vrai que je n’avais pas l’impression qu’il s’agissait d’un premier rencard. Au contraire, c’était comme si je retrouvais un ami de longue date, voire quelqu’un avec qui je sortais depuis longtemps. Allez comprendre !
La plupart du temps, j’avais le problème inverse : devoir repousser les sales porcs qui se croyaient tout permis. Mais Tony, je voulais qu’il m’embrasse, sentir sa langue sur la mienne. Il me suffisait de le regarder pour deviner qu’il s’y prendrait bien. Et au lit ? Serait-il aussi doué ? Mais non enfin, ce n’était pas le moment de penser à ça. En même temps, il y avait plus d’un an que je n’avais pas couché avec quelqu’un. Autant dire que je traversais une sacrée période de disette sexuelle... Et Tony avait vraiment l’air d’être quelqu’un de bien. Il me plaisait. Deux désirs contradictoires me tiraillaient à présent : celui de prendre mon temps et celui, un brin plus déplacé, de lui sauter dessus.
Pour une raison que j’ignorais encore, je me sentais parfaitement à l’aise avec lui. J’affectionnais autant sa personnalité que la perspective de me retrouver sous les draps avec lui, ce qui était une première. Jusque là, jamais je n’avais apprécié quelqu’un que je désirais également. Généralement, c’était l’un ou l’autre. Peut-être était-ce ce qui avait poussé mon dernier copain à me quitter ? Mais à quoi bon broyer du noir ? Il n’en ressortirait rien de bon.
Même quand mon boulot lui plaisait vraiment, je ne recevais en guise de félicitations qu’un modeste hochement de tête. Comme si mon labeur ne valait rien.
Je plongeai mes yeux dans les siens, attendant qu’il m’étreigne, ou qu’il m’embrasse. Qu’il fasse quelque chose. Mais à mon plus grand dam, il ouvrit la porte et sortit en me saluant. Alors, la mort dans l’âme, je poussai un soupir et la refermai doucement.