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EAN : 9782501090537
416 pages
Marabout (25/02/2015)
4.34/5   16 notes
Résumé :
Une plongée fascinante dans le fonctionnement de notre cerveau pour révéler la machinerie complexe du subconscient.Notre cerveau travaille incognito. En effet, ce que nous faisons, pensons, croyons, émane souvent de parties de notre cerveau auxquelles nous n'avons pas accès, d'une activité dont nous ne sommes pas conscients. Mais si la conscience n'est que la partie émergée de cet iceberg, qu'y a-t-il en dessous ?David Eagleman sonde dans cet ouvrage les profondeurs... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Incognito fait partie de ces livres passionnants dont a pas envie de voir la fin. A chaque page, on fait une découverte sur soi car il décrit la façon insoupçonnée dont notre cerveau fonctionne. Comme l'écrit le neuroscientifique, l'homme est le seul animal à avoir décodé son propre langage de programmation, à être capable d'aller voir dans cet organe à consistance de gelée rose qui est logé dans notre crâne. Tout comme Galilée a montré que la terre n'est pas le centre de l'univers, notre conscience n'est pas le centre de notre cerveau, elle n'en est que le passager clandestin.

Sa façon d'écrire est très efficace: il nous présente des expériences, des études scientifiques dont les résultats surprennent toujours. du coup, cette vulgarisation de neuroscience contient autant de péripéties et de rebondissements qu'une série télé. C'est un bouquin très "américain", à la fois dans ses références et dans sa façon d'envisager l'existence.

Qu'est-ce-que j'ai appris ?
Au moment où je me pose cette question, je regarde le jardin par la fenêtre ouverte. L'herbe est verte et de multiples formes et couleurs (fleurs, salade, tomates, potiron) rendent cette vision estivale très agréable. Et bien, tout ce que je vois n'est qu'une reconstruction de mon cerveau. Si j'étais né aveugle et que j'avais retrouvé la vue grâce à une opération chirurgicale, il m'arriverait la même chose que ce Mike dont Eagleman nous raconte l'histoire:
« Il éprouvait d'incompréhensibles sensations où se mêlaient formes, couleurs et clair obscur. Ses yeux fonctionnaient, mais la vision lui manquait encore. »
Son cerveau doit "apprendre" à voir. le cortex visuel est une machine dont le travail consiste à générer des reproductions du monde.

David Eagleman cite également les travaux de Yarbus et de l'oculométrie, ce que nous voyons dépend de ce que cherchons du regard et nous ignorons le reste. Par exemple, notre vision périphérique est bien pire que ce que notre intuition nous incite à croire. C'est pour ça que la plus importante maxime des pilotes de chasse est "Faites confiance à vos instruments".

Dans le chapitre suivant, nous voyons le travail de la mémoire procédurale et implicite à travers plusieurs expériences dont la manière d'apprendre le sexage des poussins, un secret détenu par les japonais.

Des expériences démontrent que les décisions humaines sont influencées par des associations d'idées inaccessibles à la conscience. Par exemple, si vous avez déjà vu le visage d'une personne en photo, vous jugerez cette personne plus attirante quand vous la verrez ultérieurement en chair et en os, même si nous n'avons aucun souvenir de la photo. C'est l'effet de simple exposition. le cerveau absorbe ce qu'il perçoit sans même y faire attention. Et notre mémoire implicite influence notre vision du monde. Comme dans l'effet de vérité illusoire: vous avez plus de chance de croire qu'une affirmation est vraie si vous l'avez déjà entendu par le passé. p.88. Une simple juxtaposition de concepts peut suffire à induire une association inconsciente et, plus tard, à donner le sentiment que cette juxtaposition est familière et vraie quelque part. C'est là dessus que sont fondées toutes les publicités....L'auteur finit le chapitre en montrant que si le cerveau automatise tout ce que nous apprenons, c'est une question d'économie énergétique. Exemple, Kasparov 20 watts contre Deep Blue, plus de 1000 watts.

Plus loin, nous verrons la différence entre notre Umwelt: la réalité que l'être vivant est capable de percevoir et l'Umgebung: l'environnement général, la vaste réalité du monde. Chaque individu pense que sa propre perception correspond à la réalité du monde tel qu'il est. David Eagleman qui, dans son travail, a étudié les cerveaux et les visions des synesthètes (les mots ont du goût, les jours de la semaine sont en couleur...) montre qu'il existe de nombreuses autres sortes de cerveaux.
Il se penche sur nos instincts préprogrammés, comme le babil si mignon du bébé qui incite à s'occuper de lui, l'importance de la beauté pour les hommes et les femmes qui n'a qu'un but : la reproduction. Nous n'avons pas accès aux processus instinctifs de l'attirance et de la séduction. Les strip-teaseuses gagnent beaucoup plus d'argent sur scène quand elles sont au sommet de leur pic de fertilité, effet mesurable de l'ovulation et de la beauté dans la vie réelle. Nous saurons ensuite pourquoi le campagnol est monogame et pourquoi la vasopressine est la molécule de l'infidélité. Note: l'article de wikipédia est beaucoup moins catégorique que l'auteur.

Qui est le vrai Mel Gibson ? Un antisémite caché ou un alcoolique pathétique ? L'auteur se garde bien de trancher, de juger. Il sait que nous sommes des multitudes. On peut parfois compenser des préjugés racistes par des mécanismes de prise de décision socialement acceptables. le cerveau est une équipe de rivaux, nous expérimentons des dilemmes au quotidien. Une lutte incessante entre les systèmes rationnels et émotionnel. Il prend l'exemple des bulles spéculatives, la tension entre le "je veux ça tout de suite" et la vertu qui est une capacité à résister à la tentation, c'est à dire entre un système cognitif à court terme et un à long terme.

Il nous explique ensuite la différence entre les deux hémisphères du cerveau grâce aux opérations sur le corps calleux des épileptiques qui visaient à empêcher la propagation du signal électrique. Des lésions aux lobes frontaux engendrent des comportements antisociaux.

La biologie est un système constamment redondant qui ne s'arrête pas quand elle a trouvé une solution et qui invente sans cesse de nouvelle variations de circuits. Cela a son utilité dans la maladie, par exemple avec la réserve cognitive (Processus compensatoire : face à l'altération de certaines régions cérébrales due à l'âge ou à la maladie, d'autres réseaux cérébraux prendraient le relais afin que les sujets réalisent la tâche cognitive) qui permet aux Alzheimer qui ont une activité intellectuelle de considérablement moins décliner que les autres. L'auteur décrit d'autres phénomènes comme la vision aveugle, la main étrangère, les systèmes zombies ou l'effet Stroop que nous pouvons tous expérimenter. Ce "test" m'a toujours fasciné, il nous fait sentir en temps réel les efforts d'adaptation de notre cerveau.

Si nous croyons que notre conscience est au centre de notre vie, c'est parce que nous passons notre temps, enfin notre cerveau, à fabriquer des histoires rétrospectives. Il cite le chercheur Michaël Gazzaniga:
« Ces découvertes indiquent que le mécanisme interprétatif de l'hémisphère gauche travaille dur pour donner un sens aux événements. Il recherche constamment un ordre et une raison aux choses, même quand il n'y en a pas- ce qui le conduit à faire régulièrement des erreurs. »
Le cerveau interprète aussi les actions de notre corps et leur invente des récits justificatifs. Des psychologues ont observé que si on serre un crayon entre les dents pendant qu'on lit un texte, celui-ci paraît plus drôle qu'il ne l'est en réalité; c'est parce que son interprétation est influencée par le sourire que l'on a sur le visage.

David Eagleman croît tellement à la biologie et aux progrès des connaissances sur le cerveau qu'il avance des idées neuves concernant la justice. Ses arguments: comme il l'a démontré dans les précédents chapitres, nous contrôlons beaucoup moins de choses que nous le pensons et nous ne sommes pas égaux face aux pulsions. Donc, on ne pourrait pas juger un criminel sans en tenir compte. Et surtout, distinguer, grâce à une échelle de condamnation rationnelle, celui qui risque de récidiver et celui qui a les capacités de se contrôler. Il propose pour les criminels un programme d'entraînement préfrontal basé sur le neurofeedback pour former les lobes frontaux à vaincre les circuits du court-terme, et donc permettre au délinquant de contrôler ses impulsions antisociales. Ce chapitre "Pourquoi la culpabilité est une mauvaise question" est vraiment gonflé et je crois que seul un Américain aurait pu oser ce genre d'idée. Il a raison quand il souligne que ces possibilités révolutionnaires battent en brèche notre besoin instinctif de punir les criminels, de crier vengeance, dont il ne s'exempte pas d'ailleurs. Mais il croit que cela va dans le sens du progrès. Après tout, des schizophrènes ont du être brûlés sur le bûcher au Moyen-âge. Ses idées très progressistes ne me gênent pas mais son optimisme béat devant la biologie me dérange, et pose des problèmes éthiques. Je pense qu'il lui manque une expérience de psychologue dans la vie réelle pour pouvoir formuler ces idées. A débattre...Bref, à mon avis, David Eagleman est un peu trop pragmatique, un peu trop partisan du tout biologique. C'est la limite de son livre. Espérons qu'il apprenne à penser un peu contre lui-même...Ça n'enlève rien à son grand talent de vulgarisateur.

Avant chaque critique, je tire la langue, j'ai l'impression de soulever des haltères avec mes neurones et ce que j'écris me semble lourd et laborieux. Puis je passe à autre chose, le dîner, promener le chien... Et quand je m'y remets, quelques heures après, ça va déjà mieux... Je tire toujours la langue, mais en général, j'ai trouvé une dynamique et l'écriture est plus fluide. Cela veut dire qu'après avoir amorcé mon cerveau "comme une pompe" , "ça" a travaillé dans une zone invisible....Voilà le genre de choses qu'explique ce livre. Avant d'oublier bien sûr et revenir à notre Umwelt...
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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« …il y a autant de connexions dans un seul centimètre cube de matière cérébrale que d'étoiles dans la Voie lactée », écrit David Eagleman, qui dirige un laboratoire de neurosciences à Houston. Dans cet ouvrage, publié en 2011, pas du tout abstrait et d'une lecture fort agréable, l'auteur nous invite à un voyage fascinant dans notre cerveau. À l'aide d'anecdotes, de tests ludiques, de comparaisons et d'exemples tirés de la vie quotidienne, il jette un éclairage original sur le fonctionnement de cet organe, notre expérience réelle du monde, la raison, les émotions, l'inconscient, le libre-arbitre, le sentiment religieux... Résolument matérialiste, le neuroscientifique, né en 1971, fait montre d'un talent de vulgarisation hors du commun, expliquant des phénomènes complexes de façon amusante, sans jamais être pédant ni superficiel. Il instruit en donnant du plaisir. Éblouissant ! - je souscris entièrement à cet avis de Ch. B.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Contrairement à ce que vous supposiez sans doute, vous ne voyez pas le monde dans toute la richesse de ses détails - l'essentiel de ce qui parvient à vos yeux, à dire vrai, vous échappe totalement. Imaginez que vous regardez un court métrage dont l'unique personnage est dans une cuisine, en train de préparer une omelette sur une gazinière. Soudain, la caméra filme durant quelques instants une autre partie de la pièce, tandis que le personnage continue de travailler. Bien sûr, vous remarquerez immédiatement le changement si, la caméra revenant sur notre personnage, celui-ci est joué par un autre acteur - n'est-ce-pas ? Deux tiers des sujets de ce test ne remarquent rien. (expérience : Levin et Simons, « Failure to detect changes to attended objects ».
Voici une autre expérience qui illustre de façon stupéfiante le phénomène de l'aveuglement au changement. Des piétons, dans la rue sont arrêtés au hasard par l'expérimentateur qui leur demande des indications pour aller quelque part . À un moment donné, pendant que chacun de ces sujets d'études involontaires est en train de répondre, des hommes en salopette qui trimballent une porte passent tout à coup, et sans un mot d'excuse, entre les deux interlocuteurs. Profitant de la porte, qui fait écran entre les sujets et lui, l'expérimentateur s'éclipse et cède la place à un collègue. Une fois les hommes en salopettes disparus, c'est donc un nouvel individu qui se tient devant les sujets. La plupart d'entre eux continuent pourtant de parler sans remarquer que leur interlocuteur a changé ! En d'autres termes, leurs cerveaux ne traitent qu'une petite partie des informations qui parviennent à leurs yeux - et ils complètent le tableau avec des suppositions.
Les neuroscientifiques ne furent pas les premiers à découvrir qu'il ne suffit pas de poser les yeux sur une chose pour bien la voir. Les magiciens ont compris ce phénomène depuis longtemps et sont devenus maîtres dans l'art d'en tirer parti. En manipulant notre capacité d'attention comme ils l'entendent, ils réalisent leurs tours de passe-passe sous nos yeux et à notre insu. Leurs actions devraient nous dévoiler le pot aux roses, mais ils n'ont rien à craindre: nos cerveaux ne traitent que des fragments de la scène, pas tout ce qui parvient à nos rétines.
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Les effets de l'ovulation et de la beauté ne sont pas simplement étudiés en laboratoire: ils sont mesurables dans les situations de la vie réelle. Il y a quelques années, des chercheurs du Nouveau-Mexique ont recensé les montants des pourboires touchés par les danseuses des clubs de strip-tease de cet état, puis les ont corrélés aux phases de leur cycle menstruel. Il est apparu qu'à leur pic de fertilité, les danseuses engrangeaient en moyenne soixante-huit dollars de pourboires par heure. Quand elles avaient leurs règles, elles n'empochaient qu'environ trente-cinq dollars. Entre les deux, elles touchaient environ cinquante-deux dollars. Alors que ces femmes faisaient de leur mieux, peut-on supposer, pour séduire leurs clients tout au long du mois, les variations de leur niveau de fertilité étaient signalées à ces hommes pleins de désir par des changements subtils de leur odeur corporelle, de leur peau, de leur ratio taille/hanches, et probablement aussi de la confiance qu'elles avaient en elles-mêmes. Détails intéressant, les strip-teaseuses qui prenaient la pilule avaient des résultats financiers moins bons: elles ne gagnaient que trente-sept dollars de l'heure en moyenne mensuelle (contre cinquante-trois dollars pour leurs collègues qui ne pratiquaient pas cette forme de contraception. La pilule entraîne certains changements hormonaux (et physiques) qui sont le signe de grossesses passées.
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L'expulsion de la Terre du centre de l'univers provoqua un profond malaise dans l'esprit de beaucoup. Notre planète ne pouvant plus être considérée comme le parangon de la création, elle n'était plus qu'un astre comme un autre. Ce défi à l'autorité établie entraîna un bouleversement de notre conception philosophique de l'univers. (...) Les opposants à Galilée accusèrent sa théorie de détrôner l'homme. Et à la ruine des sphères célestes succéda la ruine de l'astronome: en 1633, il fut traîné devant l'Inquisition, brisé psychiquement au fond d'un donjon, puis contraint d'apposer sa signature sur un document par lequel il se rétractait et replaçait la terre au centre du monde.
Comment un génie comme Galilée a-t-il pu se retrouver enchaîné au fond d'un donjon ? De toute évidence, certaines personnes n'appécient pas que notre vision du monde subisse des changements radicaux.
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"Quand un athlète fait une erreur, son entraîneur lui crie souvent : "Réfléchis à ce que tu fais !" C'est ironique, car l'objectif d'un athlète professionnel est au contraire de ne pas réfléchir. Ce qu'il doit faire, c'est investir des milliers d'heures dans l'entraînement pour que les bons gestes lui viennent automatiquement, sans interférence de la conscience. Ses aptitudes doivent se graver dans ses circuits neuronaux. A ce moment-là, c'est sa machinerie inconsciente bien entraînée qui mène la barque rapidement et efficacement quand il est dans l'action."
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Tout circuit qui joue un rôle dans la mémoire, même modestement, est renforcé par le traitement d'un souvenir et participe au débat cognitif. Si cette idée est validée, elle contribuera à résoudre une question troublante pour le jeunes neurologues qui débutent dans le métier: pourquoi les symptômes des patients collent-ils si rarement aux descriptions des livres de cours ? Les livres définissent des catégories bien nettes, tandis que les cerveaux réels réinventent en permanence des stratégies qui se recoupent. En conséquence de quoi les cerveaux réels sont robustes - et résistent aussi aux catégorisations trop anthropocentriques.
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