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Wyld tome 1 sur 2
EAN : 9791028110598
624 pages
Bragelonne (16/09/2020)
4.16/5   284 notes
Résumé :
La dernière tournée.

Clay Cooper et ses hommes étaient jadis les meilleurs des meilleurs, la bande de mercenaires la plus crainte et la plus renommée de ce côté-ci des Terres du Wyld – de véritables stars adulées de leurs fans. Pourtant leurs jours de gloire sont loin. Les redoutables guerriers se sont perdus de vue. Ils ont vieilli, se sont épaissis et ont abusé de la bouteille – pas forcément dans cet ordre, d’ailleurs.

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Critiques, Analyses et Avis (86) Voir plus Ajouter une critique
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A tout seigneur tout honneur : merci aux bloggeurs Pat et Apophis aux excellentes critiques de m'avoir mis sur la piste de cette série américaine écrite à l'anglaise ô combien cool et fun ! Certains on parlé de mélange entre GRR Martin et Terry Pratchett, mais en fait on est pile-poil entre David Gemmell et Simon R. Green et c'est bien mieux ainsi ! Par contre je préviens pas avance que ce qui va suivre va être truffé de piques contre la chronique une fois n'est pas coutume pisse-froide voire à côté de la plaque des prétendus connaisseurs de la Fantasy d'Elbakin.net / ten.nikable… Pourquoi avoir confié à Merwin Tonnel qui n'a jamais eu d'atomes crochus avec la fantasy classique le soin de réaliser la critique d'un titre rendant hommage à la fantasy classique : le bon sens aurait dû prévaloir, mais Elbakin.net / ten.nikable n'avait jamais été riche de bon sens. Et on se serait bien passé des sous-entendus méprisants envers les lecteurs populaires, les livres populaire et les éditeurs populaire, en rappelant qu'Elbakin.net / ten.nikable est en froid avec les éditions Bragelonne depuis que leur gourou ne travaille plus pour eux...


Tout commence avec Clay Cooper ancien héros de légende rangé, usé et fatigué (héritage David Gemmell) qui est persuadé d'avoir réussi sa reconversion en père de famille tranquille avec sa femme Ginny et sa jeune fille Tally. C'est alors que son ancien coéquipier et leader Gabe le Magnifique encore plus héros de légende que lui, et encore plus usé et encore plus fatigué que lui (héritage David Gemmell), frappe à sa porte pour le supplier de l'aider… Sa fille adolescente Rose qui a fugué s'est engagée comme mercenaire pour défendre la République de Castia contre la Horde Sauvage, et après le massacre qui s'en s'ensuivit les survivants sont désormais assiégés derrière les murailles de la capitale. Pour Clay elle est morte comme tant d'autres sur le champ de bataille, mais Gabriel soutient mordicus lui qu'elle est encore vivante et qu'il faut la secourir elle et les autres survivants de la bataille pour défendre la cause de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Pour Clay Cooper s'est juste une mission suicide, mais peut-il vraiment enterrer le dernier espoir de celui qui a tout perdu certes mais qui est aussi celui qui lui a permis de tout gagné ? Pire, peut-il abandonner à son sort celui qui naguère l'a sauvé de lui-même ?
S'ensuit une phase de recrutement pour reconstituer l'ancien groupe de Gabe et Clay, alias « Saga » le groupe d'aventuriers le plus puissant de tous les temps (ah j'adore ces histoires de groupes qui se (re)forment), et cela prend mine de rien la moitié du roman. Voici donc « le groupe d'aventuriers assez classique, sans autre trait distinctif que d'être majoritairement de gros bourrins » tel que les présentent les commissaires littéraires d'Elbakin.net / ten.nikable :

Après tout cela ai-je d'expliquer que les prescripteurs d'opinions d'Elbakin.net / ten.nikable sans complètement bidons ?

Une fois les anciens membres de Saga réunis, c'est parti pour une opération de sauvetage sans espoir à savoir traverser le Wyld territoire maudit des créatures sauvages pour arriver à temps au siège de Castia pour affronter à 5 les 100000 monstres de la Horde Sauvage. On retrouve le plaisir le la ligne droite où une péripétie et sa résolution mène à une autre péripétie et sa résolution, et à une époque où moult auteurs se perdent en machinlogies de complots et d'intrigues qui ne mènent à rien c'est plutôt rafraîchissant (les pisse-froid d'Elbakin.net / ten.nikable déblatèrent sur d'affreuses redondances et répétitivités, ennuis et lassivités, mais bons comme ils sont bidons on va les laisser cracher contre le vent… oui mais non, quand il prennent de haut « la simplicité d'une recette de séquence d'aventure dans Wyld », cela relève du mensonge éhonté et je vais vite vous le prouver !). Les membres de Saga qui doivent réapprendre à vivre ensemble avec quelques invités surprises (dont je vous laisse la surprise : ah Kit l'Intuable et son accident de phénix !), sont dans l'obligation de rejoindre urgemment leur destination en traversant les dangers mortels du Wyld avec devant eux les sbires de Lastleaf le maître de la Horde Sauvage et derrière eux les sbires des Némésis qu'ils ont laissées derrière eux (qui leur envoient Sabbatha / Griffalouette la chasseuse de prime ailée et son vaisseau volant appelée L'Étoile Noire)… Ils font bien des rencontres qui mettent leur bravoure à rude épreuve, mais qui mettent aussi en doute leurs convictions : et s'ils avaient tort et que l'apprenti maître du monde et ses alliés avaient raison ? Au bout du bout, s'ils veulent réussir ils doivent accomplir un miracle : c'est ainsi qu'ils parviennent à prendre la Route du Rock et qu'en réunissant toutes les générations ils parviennent à ressusciter l'âme de Woodstock pour un « final countdown » !!!


L'univers de Wyld et son bestiaire rappellent rapidement "Les Royaumes Oubliés", célèbre univers d'Advanced Dungeons & Dragons. Mais là où certains tâcherons des années 80/90 se seraient contentés de peu, Nicholas Eames amènent beaucoup d'originalité :

* Premièrement, le système typiquement rôlistique des groupes d'aventuriers partant en quête pour récolter fortune, gloire et XP est remplacé par le système des « roquebandes »… Les aventuriers en quête sont entièrement dépeints comme des rockstars en tournées avec hordes de fans en délires, managers, imprésarios, et agents de communication appelés « bardes ». Évidemment c'est l'occasion de moult références (Beattles, Rolling Stones, Black Sabbath, Led Zeppelin, AC/DC, Kiss, Metallica, Yoko Ono, Freddie Mercury...), mais aussi l'opposition entre anciennes générations qui mouillaient le maillot lors des concerts (= qui partent en croisades contre les forces du mal), et nouvelles générations qui soignent leur maquillage pour leur clips (= qui se contentent de vaincre en arène des monstres d'élevage)…

* Deuxièmement, contrairement à la plupart des bouquins de fantasy américains témoignant d'un tolkienisme mal digéré (il existe officiellement des ateliers d'écriture qui apprennent à écrire comme JRR Tolkien pour avoir autant de succès que que JRR Tolkien, misère de misère), Nicholas Eames développe un vrai background. Autrefois les Druines quittèrent leur monde mourant pour rejoindre un nouveau monde où il fondèrent leur Dominion avant d'asservir les humains (héritage Michael Moorcock). Ils régnèrent des milliers d'années avant que ne débutent une longue et dure guerre civile, et leur faible fécondité les obligèrent à recourir à des armées d'humains, de monstres ou de golems qui les conduisirent à leur pertes… Les royaumes humains se réunirent en empire pour s'en débarrasser une fois pour toute, mais après le zigouillage du premier empereur pour cause de machisme et de fiscalisme l'humanité à pleine libérée et unifiée se divisa à jamais en multiples royaumes alors que le fils du premier empereur et sa cour traversèrent le Dominion pour fonder la République de Castia… Les Druines qualifiés d'« hommes-lapins » ne sont ainsi pas loin des Melnibonéens (héritage Michael Moorcock) !
Et pour ne rien gâcher Nicholas Eames fait comme Michael J. Sullivan de l'évhémérisme : l'histoire druine est devenue la mythologie puis la religion humaine, et les actions de Saga ont participé à l'une comme à l'autre mais je vous laisse le plaisir de la découverte...

* Troisièmement, et là je marre face aux inquisiteurs culturels qui parlent de basicité, de simplicité et de manichéisme, c'est la manière dont l'auteur remet peu à peu les convictions des personnages donc des lecteurs… Saga est dégoûté et écoeuré face aux nouvelles « roquebandes » massacrant des monstres d'élevage en arène, mais après leur rencontre avec le kobold receleur en deuil de son épouse, la gorgone femme d'affaire confrontée au plafond de verre, le mercenaire homme-araignée boute-en-train, le troll médecin hippie, la dive maltraitée dans son enfance, les barbares contraints pas misère au cannibalisme, l'ettin conteur qui réenchante le monde pour son jumeau aveugle, le vieux druine en quête de rédemption pour son peuple natal, et enfin et surtout Lastleaf le jeune druine et Ashatan la matriarche vouivre en quête de vengeance pour leur peuple d'adoption, ils se demandent si finalement ils ont vraiment défendu une juste cause… Car si Lastlefaf (Elric ou Max Zorin ?) est construit comme un méchant james-bondien, c'est-à-dire intelligent, puissant, vindicatif et charismatique, après tout il ne veut pas rétablir l'empire de ses ancêtres mais défendre la liberté de ceux qu'ils ont crées et ont laissés à leur triste sort, avant d'être génocidés, asservis ou réduits à l'état de sous-citoyens par les humains (oh on se croirait dans "Bestiarius", le Spartacus high fantasy epicness to the max de Masasumi Kakizaki !). Il veut libérer les monstres de la tyrannie des humains, de la même façon que les humains ont voulu se libérer de la tyrannie des Druines.

Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire : peut-être les nouvelles générations réussiront-elles là où les anciennes ont échoués ? Rose de Sang et Nuage Libre seront-il les héros d'un d'un monde nouveau ? Et c'est là que je marre encore face aux inquisiteurs culturels qui parlent de basicité, de simplicité et de manichéisme car après un tome 1 très masculin malgré un sacrée galerie de personnages féminins dont je vous laisse le plaisir de la découverte (ah Jain et les Silk Arrows !), l'auteur a réalisé un tome très féminin malgré une sacrée galerie de personnages masculins dont je vous laisserai le plaisir de la découverte : rendez-vous en VF au mois de janvier 2020 ! Oh oui quoi qu'en disent les pisse-froid il y a un bon public pour cela, et même que ceux qui ont trop lu dans les années 80-90 et qui sont passés à autre chose pourraient bien comme moi y trouver leur compte…

Nicholas Eames nous offre un premier roman bourré d'action et d'humour plein de grande aventure et de grosse déconne (après comme chacun devrait le savoir, il n'y a rien de plus subjectif que l'humour donc on ne peut pas plaire à tout le monde). Évidemment c'est un premier roman, et il manque çà et là de vista pour tout de suite aller concurrencer les cadors et les Grands Anciens, mais en l'état actuel des choses il n'a pas aucunement à rougir de la concurrence.
Je dirais que la phase de recrutement est assez longue et que la phase aventure est toute aussi longue car il y a beaucoup d'exposition, d'explication et que l'auteur cède souvent à son péché mignon du comique de répétition (un concept avec lequel visiblement les critiques d'Elbabin.net / ten.nikable ont beaucoup de mal, mais peut-être ne l'ont pas appris à l'école durant leurs cours de français). Tout ce qu'on fait avec Sabbatha / Griffalouette prend pas mal de place, l'Ettin Gregor / Dane est trop peu exploité pour être validé du coup on aurait pu s'en passer, on aurait pu enlever telle ou telle péripéties pour dynamiser le récit, ce qui nous aurait évité d'utiliser par deux fois le deus ex machina de la roquebande Vanguard venant sauver les fesses de la roquebande Saga avec leur vaisseau volant pile au bon moment…
Cela aurait mérité d'être un peu élagué pour laisser de la place au grand final qui est traité au pas de course : quand Matrick le voleur défie Akatung l'alter ego de Smaug c'est traité complètement hors-champ, et l'ultime bataille n'utilise pas assez de pages pour atteindre les hauts niveaux de l'epicness to the max (belle exposition pour une conclusion hâtive, c'est un peu la malédiction de la SFFF anglaise, et comme l'auteur nord-américain écrit à l'anglaise c'était peut-être écrit part avance).



Pour ceux qui ont déjà lu le livre, finissons par le fameux « mais ceci est une autre histoire » :

Lien : http://www.portesdumultivers..
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Dans l'univers médiéval-fantastique créé par Nicholas Eames (jeune auteur canadien qui publie là son premier roman), quand on s'engage dans la vie trépidante de mercenaire on "forme une roquebande" ; celles-ci ne partent pas en mission mais en tournée, leurs exploits sont suivis par des hordes de fans et leurs contrats négociés par des managers, qui les affublent de noms aussi évocateurs que The Screaming Eagles ou Sisters in Steel ; en plus de l'argent et de la gloire, le sexe, la drogue et l'alcool font partie intégrante du quotidien de ces groupes... On l'aura compris, le concept central du roman repose sur un parallèle entre les compagnies d'aventuriers inhérentes à la Sword & Sorcery et les groupes de rock de notre réalité. Après coup, l'idée paraît tellement évidente qu'on peut s'étonner qu'elle n'ait pas été exploitée auparavant. C'est cet aspect qui, en premier lieu, m'a donné envie de découvrir "Wyld – La mort ou la gloire". Deuxième élément qui m'attirait tout particulièrement : le roman s'attache aux pas d'anciennes vedettes, de vieux héros plus ou moins has been, retournés à une existence bien plus calme que celle qu'ils menaient autrefois. Mais le sorcier Moog, le voleur Matrick, les guerriers Ganelon, Gabe et Clay, devront repartir pour une ultime tournée à travers le redoutable Coeur du Wyld : les cinq mercenaires vont reformer Saga, le groupe qui les a rendus célèbres, afin de sauver la fille de l'un d'entre eux, enfermée dans une cité assiégée par une horde de créatures cauchemardesques...

Au premier degré, la fantasy de Nicholas Eames serait d'un classicisme soporifique, sauf qu'avec ses "papys du rock" l'auteur a trouvé le subtil décalage qui donne à l'ensemble une fraîcheur bienvenue, parvenant à faire de l'inédit avec des ingrédients usés jusqu'à la corde. L'humour est présent du début à la fin du roman sans que l'ensemble tourne pour autant à la pantalonnade. Saga n'est pas la Horde d'Argent du Disque-Monde et ses membres n'ont rien d'une bande de bras cassés : c'est qu'ils en ont encore sous la pédale, les vieux ! Aussi le côté épique est-il au bout du compte bien plus important que le côté parodique ou burlesque. C'est un peu comme une campagne de Donjons & Dragons entre copains : on sort des blagues, on rigole bien, mais trucider des monstres à la chaîne reste une affaire sérieuse. La dynamique de groupe est un aspect essentiel de ce type d'aventure, et pour le coup c'est très réussi. L'auteur a beaucoup d'affection pour ses personnages et celle-ci se transmet aisément au lecteur. On a payé son ticket d'entrée pour le rock et l'humour, on reste jusqu'au bout du spectacle pour la camaraderie. Car ce n'est évidemment pas le suspense que l'on recherche, on se doute dès le départ que nos héros, même fatigués, vont triompher des innombrables obstacles dressés sur leur route ! Pas de surprise, le récit est linéaire : il s'agit d'abord de rassembler les cinq anciens membres de la roquebande, puis de se rendre d'un point A à un point B afin d'accomplir la quête définie dès les premiers chapitres. Une fois que Saga s'est bel et bien reformé, un peu avant la moitié du roman, l'aspect "groupe de rock" très présent au début passe au second plan, cédant le pas à une aventure épique plus traditionnelle à mesure que la compagnie reçoit le renfort de membres sans liens avec la formation d'origine... Mais le rock fait un retour fracassant lors des dernières scènes (la Route du Roque de Kaladar, sorte de Woodstock med-fan, est tout bonnement géniale !) avec un grand finale explosif qui a de quoi scotcher à son fauteuil même le plus blasé des rôlistes et des lecteurs de Fantasy.

Le roman a beau faire près de 600 pages, c'est le genre de pavé finalement très léger, rythmé, facile à lire, qui s'avale tout seul. En bref, il s'agit d'une bonne lecture de divertissement : un qualificatif qui n'a rien de péjoratif, bien au contraire. Certes ce n'est pas avec des romans comme celui-ci que la Fantasy acquerra une "légitimité culturelle", on ne trouvera pas de critique élogieuse de "Wyld" dans les pages de Libé ou de Télérama... et on s'en fiche ! J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture et il semble que ce soit le cas de pas mal de geeks assumés dans mon genre... que demander de plus ? Par le passé, j'ai suffisamment ronchonné contre la politique éditoriale de Bragelonne pour saluer aujourd'hui la pertinence de leur choix. Après tout, si vendre du Goodkind à la tonne leur permet ensuite d'acquérir les droits et de publier de chouettes bouquins comme celui-ci, ça me convient tout à fait ! Merci aux éditions Bragelonne, donc, qui ont proposé cet ouvrage aux utilisateurs de Babelio dans le cadre de Masse Critique.
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La mort ou la gloire est le premier tome de Wyld, une série de Light fantasy particulièrement savoureuse. La light fantasy est une fantasy humoristique qui parodie le plus souvent des genres comme la fantasy épique, l'exemple le plus connu étant Les Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett. Je n'ai pas pour habitude d'en lire, mais Wyld me tentait pas mal et j'en avais eu de bons retours, donc je me suis lancée. Et je n'ai pas été déçue, car ce roman est pour moi un bon coup de coeur !

Si l'on se focalise uniquement sur l'univers et l'intrigue de base du roman, nous avons affaire à quelque chose de très classique. En effet, nous avons là un univers médiéval fantastique typique des romans de fantasy épique : des humains côtoyant magie et créatures ici issues de divers bestiaires fantastiques (celui typique du genre comme des gobelins, dragons, araignées géantes, mais également mythologique comme des centaures, dives, gorgones). Idem pour l'histoire si nous la résumons grossièrement : un groupe de mercenaires qui parcourt le monde, se bat contre des monstres, sauve des personnes en détresses, etc.
Mais Wyld, ce n'est pas que ça.

L'univers des mercenaires est assimilé à celui du rock : les groupes de mercenaires sont appelés des roquebandes, qui sont envoyées en tournées pour se battre contre des monstres, tournées organisées par des managers. Les roquebandes sont ainsi comme des groupes de rock, avec des fans parfois totalement hystériques et des bardes qui les suivent pour chanter leurs exploits (souvent fortement enjolivés). D'ailleurs chaque année a lieu un festival nommé Route du Roque où se réunissent ces fameuses roquebandes. J'ai beaucoup aimé cet aspect du livre, où l'association mercenaire/rock est vraiment bien trouvée et bien développée, jusque dans les moindres détails (comportement des fans et des membres de roquebandes, vocabulaire, etc.), fournissant ainsi un contexte particulièrement original au récit.

Les personnages ne sont pas en reste, à commencer par la roquebande qui constitue les personnages principaux.
L'une des originalités de cette histoire, c'est que nous ne suivons pas là une bande de mercenaires dans la force de l'âge, mais d'anciens mercenaires qui ont bien (et en même temps mal) vieilli. C'est un point que j'ai beaucoup apprécié et qui m'a un peu rappelé le film RED (Retraités Extrêmement Dangereux), car il faut avouer que, bien que ce soit le plus souvent accidentel, nos personnages sont de véritables dangers ambulants dotés d'une chance de cocu.
En fait, nous suivons surtout un personnage en particulier, et les autres personnages principaux viennent se rattacher à lui au fur et à mesure. Clay Cooper vit dans un petit village reculé avec sa femme Ginny et sa fille Tally. Aujourd'hui, il est dans la milice du village, mais autrefois il faisait partie de Saga, une roquebande devenue légende qui s'est séparée il y a dix-neuf ans (si je ne me trompe pas). Sa petite vie tranquille est un jour perturbée par la visite de l'un de ses anciens camarades, Gabriel (ou Gabe), qui lui demande de l'aide pour sauver sa fille Rose. Cette dernière a formé sa propre roquebande et est partie affronter la horde du Coeur du Wyld sous la demande de Castia, ville se trouvant de l'autre côté du Wyld, une immense forêt infestée de monstres. le problème est que l'armée a été mise en déroute et que les survivants ont dû se réfugier à Castia, à présent assiégée par la horde. Si Rose a très peu de chances d'avoir survécu à la bataille, Clay doute fortement qu'ils puissent arriver à temps pour la sauver, si tant est qu'ils parviennent jusqu'à Castia sachant qu'il leur faudra traverser le Wyld. Mais Gabriel souhaite garder espoir, aussi les deux anciens camarades se mettent-ils en route pour reformer leur roquebande.
Très grand et large d'épaule, Clay, surnommé Main Lente car il était toujours le premier à se prendre un coup au cours d'un combat, est le membre du groupe qui a le mieux vieilli et le plus intéressant car plus complexe. Il a vécu un événement particulièrement sombre au traumatisant étant enfant, ce qui a eu un certain impact sur son comportement. En effet, avant sa vie avec Ginny, Clay était un homme qui pouvait se montrer particulièrement violent et sans coeur. Ginny lui a permis de calmer le monstre en lui mais, avec cette nouvelle aventure, il a peur que tout cela ressurgisse. Il montre toutefois un caractère plutôt placide, sauf quand on s'en prend à ses proches, envers lesquels il se montre très protecteur. Ce n'est pas pour rien que la relique qui lui est rattachée est un bouclier nommé Blackheart, du nom d'un féroce Tréant que Clay a autrefois abattu et à partir duquel il a été fabriqué. Clay est aussi celui qui essaie de rester le plus optimiste, du moins en apparence, souvent dans une optique de préserver les autres d'un quelconque désespoir. S'il croit n'avoir jamais eu un très grand rôle au sein de la roquebande, ce sont en général ses décisions que les membres de Saga suivent, même si le leader officiel est Gabe. Et si Clay accepte de suivre Gabe dans cette quête qui a fort peu de chance de réussir, c'est avant tout parce que lui aussi est un père et qu'il serait prêt à tout pour sauver sa propre fille (ce que lui rappelle justement sa petite Tally).
Clay ayant vécu longtemps loin des grandes villes, c'est avec lui que nous découvrons à la fois la vie de mercenaire avant (le travail des roquebandes qui consistait à nettoyer le monde des monstres pour le rendre plus sûr) et son évolution : les roquebandes affrontent à présent des monstres préalablement capturés ou élevés dans des arènes, beaucoup de roquebandes ne sont que de la poudre aux yeux (l'apparence prime, et très peu ont vraiment accompli les exploits dont ils se vantent), etc. C'est à cause de ce laisser-aller que la Horde a pu se reconstituer petit à petit et que le monde, devenu plus sûr grâce aux anciennes roquebandes, retrouve sa dangerosité d'autrefois.

Gabriel, autrefois surnommé Gabe le Magnifique, a très mal vieilli et très mal vécu la séparation du groupe dont il était le leader. Il aura d'ailleurs essayé à plusieurs reprise de convaincre ses anciens camarades de reformer Saga, tentatives qui se sont toujours soldées par un échec. Il nous apparaît au début de l'histoire comme un pauvre vieillard fatigué, usé, mais reprendra du poil de la bête au fur et mesure de l'aventure. Sa femme, une militante anti-violence qui défendait la paix avec les créatures du Wyld (son groupe militant a d'ailleurs fini d'une manière assez savoureuse, pour les cannibales du coin, du moins), l'a quitté pour leur ancien manager. Il ne lui restait donc que sa fille Rose, même s'il s'entendait moins bien avec elle ces derniers temps à cause de son désir d'appartenir à une roquebande comme son père. Mais Gabe ne peut s'en prendre qu'à lui-même, car c'est lui qui lui a donné le goût de l'aventure, qui lui a appris à se battre, à manier l'épée, une des choses que lui reprochait d'ailleurs sa femme. Mais il aime sa fille plus que tout et veut à tout prix la sauver. J'avoue avoir pensé à un moment que ce n'était qu'un stratagème de la part de Gabe pour reformer le groupe, mais ça c'était juste mon esprit tordu qui me jouait des tours. La relique rattachée à Gabe est une épée aux grands pouvoirs nommée Vellichor qui lui a autrefois été confiée par le roi des druines.
Les druines sont un peuple, que l'on pourrait comparer à des elfes (attaché à la nature, très grande longévité, taux de natalité faible, oreilles pointues mais ici comparées à des oreilles de lapin), arrivé dans ce monde il y a des milliers d'années via une faille dimensionnelle faite grâce à Vellichor afin de fuir leur propre monde en perdition. C'est un peuple aujourd'hui quasiment disparu, mais qui s'est autrefois servi des humains comme esclaves et, quand ceux-ci se sont rebellés, ont utilisé les créatures du Wyld pour monter leur armée (la Horde) dans la guerre contre les hommes. Si les druines ont fini par perdre et la Horde par être décimée, les premiers restent une menace planant au-dessus de la tête de nos héros (certains secrets très intéressants vont d'ailleurs être dévoilés), tandis que la seconde est redevenue l'ennemi à abattre.

Je poursuis la liste des membres de notre roquebande dans l'ordre d'apparition avec Moog, le sorcier du groupe. C'est l'un des personnages que j'ai le plus apprécié (après Clay), à la fois pour sa touchante histoire et son caractère totalement frappé (bon ils le sont tous un peu, mais lui a reçu de sacrés coups sur la tête). Moog a une obsession : trouver un remède à la nécrose, une maladie non contagieuse que l'on ne risque d'attraper que si l'on pénètre dans le Wyld. Pourquoi cette obsession ? Tout simplement parce que son compagnon a été atteint de nécrose : c'est à ce moment-là que Moog s'est lancé dans la recherche d'un remède, abandonnant petit à petit son travail au sein de Saga. Malheureusement son compagnon en est mort avant, mais le sorcier a continué ses recherches inlassablement, au point de l'attraper lui-même. Toute sa vie tourne donc autour de cette maladie, et son seul revenu lui vient de la vente de sa Formidable Potion Phallique qui permet de guérir les problèmes d'érection. C'est un personnage excentrique, persuadé de l'existence des ours-hiboux (créatures auxquelles seuls les enfants croient, un peu comme le Père-Noël ou les licornes), et en même temps très érudit. Mais c'est avant tout un personnage pourvu d'une grande sensibilité et d'une innocence touchante, ce qui le rend parfois maladroit (il a tendance à dire les choses dès qu'il y pense, y compris quand il ne faudrait pas). Il trimballe avec lui un sac sans fond dans lequel il peut fourrer tout son bazar, et possède un tas d'objets magiques certes farfelus mais particulièrement efficaces (en général, même si ça n'a pas toujours l'effet escompté), soit fabriqués par lui-même, soit obtenus par le troc.
La science a d'ailleurs un place assez intéressante dans cet univers, bien qu'elle ne soit pas désignée comme telle (la plupart des personnages sont d'ailleurs persuadés qu'il s'agit de magie). Nous sommes certes dans un monde médiéval, mais il y a également une certaine technologie : par exemple il existe des navires, appelés vaisseaux célestes, capables de voler grâce à ce qu'ils appellent des marémoteurs, une technologie se servant de l'électricité statique captée par les voiles. On a donc tout un vocabulaire scientifique inventé (duramantium, gyro, etc.) que l'on découvre le plus souvent à travers les explications de Moog, qui est un peu l'intello du groupe.

Dans la famille Saga, je demande ensuite Matrick. Ancien voleur, aux capacités proches de celle d'un assassin, il est devenu roi d'Agria après avoir épousé la princesse Lilith, que la roquebande avait sauvée lors d'une tournée. Autrefois Matrick était un gros fêtard qui enchaînait les conquêtes et parlait comme un charretier. Mais quand Clay, Gabe et Moog le retrouvent, Matrick s'est empâté, a perdu pas mal de cheveux et semble bien fatigué. Sa situation de roi, qui a l'air idéale de prime abord, est finalement un véritable calvaire pour lui. En effet, non seulement son épouse le fait régulièrement cocu, d'ailleurs aucun de ses cinq enfants n'est de lui, mais en plus elle essaie de le faire assassiner pour régner seule. Ses camarades vont alors devoir monter tout un plan pour l'aider à s'enfuir, et comme leurs plans ne se passent jamais vraiment comme prévu, cela donne des passages assez savoureux. Il entretien une amitié très forte avec Moog, raison pour laquelle celui-ci lui cache sa maladie, et va retrouver petit à petit son caractère d'antan au fur et mesure que les choses vont se compliquer pour eux. La relique qui lui est rattachée est une paire de dagues, Roxy et Grace, appuyant ainsi son rôle de voleur/assassin au sein de la roquebande. Et comme tous ses camarades, vieillesse est synonyme de maladresse, aussi fait-il régulièrement tomber ses dagues dès qu'il commence à faire le malin avec. Mais à l'instar des autres, il reprend le coup de main au fil de l'histoire.
À travers Matrick, nous découvrons le fonctionnement de Grandual, qui regroupe les cinq royaumes (appelés les cinq Cours) situés à l'est du Wyld, ainsi que la source de la menace qui pèse sur Castia. Je ne dévoilerai pas ce point, c'est plus intéressant de le découvrir lors de la lecture. En tout cas la roquebande quasi-reconstituée espérait que les cinq Cours enverraient leurs armées pour aider Castia contre la Horde, cependant nos ex-mercenaires vont vite déchanter et comprendre qu'ils ne devront compter que sur eux-même pour sauver Rose.

C'est ainsi qu'ils partent récupérer le dernier membre de Saga, Ganelon. Celui-là, c'est un peu le barbare du groupe, le grand guerrier bien bourrin qui bousille tout sur son passage. Son cas est un peu particulier, car il n'a pas vieilli comme les autres. En effet, il a eu un conflit avec un prince qui s'en était pris à une amie, conflit qui a fini par la mort dudit prince. La mère de ce dernier a alors fait enfermer Ganelon dans une prison où les prisonniers sont transformés en statues à cause des basilics qui y circulent. Ainsi, pendant dix-neuf ans, Ganelon est resté une statue de pierre, le préservant du vieillissement qu'a connu le reste de la roquebande. C'est avec appréhension que nos quatre compagnons vont tenter de délivrer leur ancien camarade, car ils ont peur de sa réaction, étant donné qu'ils n'ont autrefois rien fait pour l'aider. Contre toute attente, Ganelon, une fois dépétrifié, accepte immédiatement de les suivre pour sauver Rose, ce qui va grandement facilité la tâche de nos héros, Ganelon ayant gardé toute sa puissance, contrairement à eux. Mais s'il n'a eu aucune séquelle physique après ces dix-neuf années à l'état de statue, cela ne signifie pas qu'il n'en a pas souffert psychologiquement. Si tous se sentent coupables de n'avoir rien fait pour l'aider lors de son arrestation, Clay semble le plus touché par son propre acte d'abandon, ayant clairement conscience que ses raisons étaient purement égoïstes. Aussi fera-t-il tout ce qui est en son pouvoir pour toujours le soutenir dans la bataille. Ganelon est un personnage plutôt introverti, pragmatique, avec un humour assez particulier, et capable d'une grande concentration lors des combats qui permet en général au reste de la roquebande de ne pas (trop) paniquer. Il va trouver sa propre relique durant l'aventure (en pillant leur ancien manager), une hache nommée Syrinx qui semble décupler sa puissance, faisant de lui un adversaire extrêmement redoutable.

La troupe ainsi reformée va donc parcourir Grandual et le Wyld pour sauver Rose de la Horde. Durant leur quête, ils vont rencontrer pas mal de personnages tous aussi extravagants les uns que les autres.
Parmi eux, il y a Jain, une jeune voleuse qui parcourt les routes avec ses camarades, les Silk Arrows, une roquebande composée uniquement de femmes. J'ai adoré les diverses rencontres entre elles et les membres de Saga, qui se feront dépouiller à plusieurs reprises par cette troupe assez spéciale. Vêtue un peu n'importe comment (multitudes de couches de vêtements, bijoux volés qui s'accumulent à leurs cous, doigts et bras, etc.), elle manie l'arc à la perfection et dépouille les voyageurs avec politesse. Elle est également d'une grande loyauté, envers ses "soeurs" mais également envers Saga (son père lui racontait souvent leurs exploits) même si elle semble adorer les dépouiller. Il s'agit, selon moi, du personnage féminin le plus intéressant du roman, qui apparaît de manière assez sporadique mais toujours efficace, bien que j'aurais aimé la voir davantage (heureusement nous aurons apparemment le plaisir de la retrouver dans le deuxième tome de la série).
Je continue avec les personnages féminins, le deuxième plus développé étant une dive, une femme ailée dotée d'un grand pouvoir d'attraction qui lui permet de faire faire aux hommes ce qu'elle veut. Griffalouette (hé oui, c'est son nom) est une chasseuse de prime engagée par la reine pour lui rapporter Matrick. Elle va être une sacrée épingle dans le pied de nos héros, car elle n'aura de cesse de les poursuivre et de les combattre pour accomplir sa mission. J'ai trouvé l'histoire de son passé assez intéressante, et l'on sent que cela a eu certaines conséquences sur son choix de vie, sur son caractère implacable. Mais, même si l'on entrevoit quelques failles, j'ai trouvé son côté gros dur parfois trop mis en avant au détriment des complexités de sa personnalité. J'aurais donc aimé en voir plus sur ce personnage, que l'on puisse découvrir plus de la profondeur que nous entrapercevons en elle.
Les autres personnages féminins sont plutôt des sortes de caricatures : la reine qui a plein d'amants et veut tuer son roi pour gouverner, l'ex-femme qui vit avec un homme riche et se drogue, etc. Toutefois, Wyld étant une énorme caricature de l'univers de la fantasy épique, j'ai trouvé que ça servait plutôt bien l'objectif du roman : mêmes les rôles tiers sont parodiés, ils ne sont pas mis de côté.

Nos héros vont également croiser (plus ou moins longtemps) d'autres roquebandes, certaines qu'ils connaissaient avant leur retraite et qui ont continué leur travail de mercenaire, d'autres issues de la nouvelle génération. Mais aussi des êtres fantastiques pas forcément mauvais, notamment un revenant nommé Kit qui joue d'un instrument de musique depuis longtemps disparu et va devenir leur nouveau barde. Un métier bien dangereux que d'être barde au sein d'un roquebande, surtout chez Saga, Clay parlant souvent du fait qu'aucun de leur barde n'a survécu à leurs tournées. Kit étant immortel (son histoire à lui aussi est plutôt pas mal), le problème de mortalité du métier est résolu. Kit est d'ailleurs un ami de Moog, et c'est en fait pour lui que le sorcier a créé la fameuse potion phallique (c'est sûr que quand on est un mort-vivant...).
Nous avons une belle palette de personnages dans ce roman, chacun avec des caractéristiques bien particulières mais toujours intéressantes qui les rendent touchants à leur manière (y compris les vilains). Même pour ceux que l'on voit peu, on sent qu'ils ont été travaillés de sorte à servir l'histoire, chacun étant une pièce du grand puzzle qu'est Wyld.

J'ai énormément aimé ma lecture, le roman me rappelant pas mal l'univers des RPG et du Donjon de Naheulbeuk (à la base un feuilleton audio parodiant justement l'univers des jeux de rôle). Déjà nous avons le groupe qui réunit des personnages de classes différentes (guerrier, barbare, sorcier, voleur, etc.) pour combattre des monstres, ainsi que les tableaux sur lesquels sont affichées les missions et autres réclamations. Comme dans un RPG, plus on avance, plus les monstres sont puissants, plus les personnages deviennent forts : ici nos héros reprennent petit à petit du poil de la bête, retrouvent d'anciens réflexes, tandis que les monstres qu'ils affrontent dans le Wyld vont d'abord des créatures styles gobelins à des monstres plus dangereux comme des géants ou des démons.
On ne s'ennuie jamais dans cette histoire, nos personnages passant d'un problème à un autre, souvent résolus grâce à de gros coups de chances plus qu'à leur agilité. Les scènes d'actions, si elles sont souvent ponctuées d'éléments humoristiques, sont tout de même particulièrement intenses. Il y a également des moments plus calmes, où l'on se focalise davantage sur le passé des personnages, sur leur psychologie et leur amitié. le tout est bien équilibré, tout comme l'humour, toujours présent mais jamais pesant. L'auteur utilise ainsi tous les procédés comiques existants, notamment le comique de répétition, avec par exemple les multiples dépouillages de Jain, ou encore les "c'est compliqué" de Clay lorsqu'il faut expliquer une situation que ses camarades peuvent résumer en une ou deux phrases. L'on pourrait craindre une
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Ce livre me fait de l'oeil depuis un moment, entre autres parce qu'il parle de gens « âgés », ce qui n'est décidément pas le plus courant dans mes lectures pourtant assez éclectiques, et encore moins dans les mondes de l'imaginaire, où j'ai l'impression de me retrouver trop souvent face à des jeunes héros à peine pubères… Cela dit, il aurait pu rester encore un certain temps dans ma PAL, si deux des challenges auxquels je participe n'avaient pas demandé, pour l'un, de lire de la « light fantasy » en ce mois de janvier (ce que je n'avais encore guère fait jusqu'à présent, or janvier est sur le point de se terminer !) et, pour l'autre, de lire de la fantasy cette semaine du 24 au 30 janvier. C'était donc l'occasion de combiner ces deux exigences !

Nous sommes dans un monde assez typique de ce que je conçois comme de la fantasy « classique » - et je précise d'emblée : je ne suis absolument pas spécialiste, je lis relativement peu de fantasy car ce n'est pas mon genre de prédilection, et par ailleurs je n'ai jamais été adepte des jeux de rôle et autres univers de la sorte, qui semblent des références éternelles dès lors qu'on entre de plein pied dans une fantasy de type médiéval. Mais bon, je ne suis pas non plus complètement néophyte, j'ai lu quelques plus ou moins bon livres se réclamant de la fantasy, dont le « Seigneur des Anneaux », qui est à mon sens la valeur la plus sûre et incontestée dans le genre – et je parle bien du livre (avec ses différents tomes), que j'ai lus bien avant que leur succès n'éclate, notamment grâce aux films que, pour ma part, je n'ai pas aimés du tout… mais ceci est une autre histoire !

Bref, je livre mon petit avis qui ne se prétend pas éclairé : à mes yeux, on a ici un univers « classique » (je me répète) de type médiéval plus ou moins en paix, mais jamais pour longtemps, où des poignées d'humains cohabitent avec toute une série d'autres espèces plus ou moins évoluées, partageant même avec certaines la gestion de cités ou autre royaumes – dans lesquels ils ne sont pas forcément au pouvoir et/ou dominants. À l'image d'un moyen-âge un peu obscur qui fascine autant qu'il rebute, c'est un monde sombre où il faut se battre pour (sur)vivre, où tous les travers humains et bestiaux sont exacerbés. Les forêts, dont celle qui nous occupera ici, le Coeur de Wyld, représentent le mal et grouillent de créatures plus improbables les unes que les autres : on dirait que l'auteur s'est amusé à rassembler tout ce qui existait déjà dans la littérature fantastique (au sens large), en ces lieux maudits, en y ajoutant allègrement quelques-unes de son cru.
Pour éviter que de telles bêtes et bestioles s'en prennent aux habitants (non guerriers) des cités, outre quelques rares factions d'armée plus ou moins officielles, plus ou moins rivales, qui n'ont surtout pas l'air très efficaces, la sécurité des cités est assurée par des groupes de mercenaires appelés « roquebandes », généralement composés de quelques guerriers (pour ne pas dire tueurs), d'un magicien qui les assiste et d'un barde qui chante leurs exploits – tout cela se déclinant, en tout ou en partie, également au féminin bien sûr ! Ces roquebandes fonctionnent sur base de contrats, que négocie pour eux un manager, les envoyant à gauche à droite pourfendre l'un ou l'autre monstre… Il y a aussi chaque année la « Route du Roque », une espèce de festival où se retrouvent toutes ces bandes, à boire et à s'(auto)admirer !

Dans ce contexte, la roquebande Saga a été l'une des meilleures et ses exploits sont chantés et connus un peu partout dans ce monde… mais elle a été dissolue 19 ans plus tôt, ses membres ont vieilli (leur âge n'est jamais dit, mais on leur imagine la cinquantaine, voire une petite soixantaine – n'oublions pas que trois d'entre eux sont tout juste pères, et leurs enfants sont, pour les plus âgés, à peine jeunes adultes, ils ne sont donc en rien des « papys » comme j'ai lu ici ou là !) et ont pour la plupart choisi des vies en retrait de leurs exploits passés, d'une façon ou d'une autre. Jusqu'au jour où l'ancien meneur, Gabriel, vient prier Clay, en quelque sorte le sage de la bande, de l'aider à délivrer sa fille Rose, elle-même jeune guerrière, mais prisonnière d'une cité lointaine, assiégée par une horde de monstres dominée par un être apparemment assoiffé de gloire, de sang ou peut-être de revanche… Autant dire que c'est une mission impossible, car les ex-membres de Saga n'ont plus guère de contacts entre eux, et comme dit précédemment, ils sont désormais « vieux », commencent à sentir des douleurs matinales et ce genre de choses que mes presque-50 ans ne peuvent que plussoyer ! et doutent très fort d'être encore capables d'un quelconque exploit… à cinq contre une horde infernale ?? Mais Clay, lui-même père, se laisse attendrir et finit par accepter. Il leur reste donc à reformer la bande – avec Mattrick le guerrier alcoolique devenu roi, Moog le mage aussi imprévisible que fantaisiste, et Ganelon le tueur-né mais emprisonné depuis tout ce temps – et tenter d'aller sauver Rose, car il est impensable de l'abandonner…

Ces quelques mots suffisent à relever ce que de nombreux commentaires ont souligné : Nicholas Eames fait un parallèle saisissant entre le monde du rock, et cet univers médiéval de mercenaires organisés en groupes qui tentent de percer pour obtenir des contrats ! J'ai lu un certain nombre de critiques trouver cela génial… et j'aurais mieux fait de ne pas les lire à l'avance, car j'ai été un peu déçue sur ce point : certes, le vocabulaire s'approche à plus d'une reprise du monde du rock, mais le parallèle s'arrête là ! Il n'est même pas question, réellement, de musique – or, qu'est-ce que le rock sinon de la musique ?-, si ce n'est à travers le batingting de Tik (je vous laisse découvrir ce charmant personnage !) ou, plus généralement, ces bardes qui accompagnent les roquebandes… sauf que Saga n'a jamais pu conserver le moindre barde, justement : ils se sont fait tuer les uns après les autres dans des circonstances parfois très saugrenues, évoquant plutôt le barde à la Assurancetourix, qui fournit une certaine présence, un peu ridicule, mais qui reste très clairement à la périphérie de l'histoire.

En parlant de mots : il est évident que l'auteur joue avec, et j'en ai sans doute loupé plus d'un. Je ne sais comment était écrit « roquebande » dans l'original, mais en tout cas c'est bien trouvé pour la traduction. Cependant, je note au passage que le traducteur (ou l'éditeur ?) n'a pas tout à fait été au bout de son travail, car certains passages, ou tout simplement certains mots auraient mérité une petite « note du traducteur ». Je pense notamment au personnage de Clay : je ne sais pas jusqu'à quel point ce prénom est courant (ou tout simplement existe ?) en anglais, mais je pense que le lecteur francophone lambda ne sait pas forcément que ça signifie « argile »… c'est-à-dire un matériau aux très nombreuses ressources, ce n'est définitivement pas innocent ! Certes, un personnage nommé « Argile » aurait été… bizarre ? mais signaler que son prénom signifie bien quelque chose de solide aurait été un minimum. Plus évident encore : le Coeur de Wyld, on change le y pour le i d'origine et on a alors « sauvage », mais cela n'est dit à aucun moment !
Ou alors, toutes les armes (ou presque) utilisées dans les différents combats portent des noms ; certains semblent intraduisibles (comme les épées Vellichor ou Tamarat), d'autres sont données dans une pseudo-langue mais tout à fait compréhensibles (comme la faux du druine Ombre, que l'on nommera… Umbra), mais le marteau de Clay par exemple, porte un nom qui aurait dû être traduit, ne serait-ce qu'en note de bas de page pour information (mais ne l'est pas) : Wraith, c'est-à-dire le spectre !
Certes, l'anglais est devenu une langue internationale largement répandue, mais je trouve malséant, irrespectueux envers le lecteur francophone, de présupposer que tous connaissent suffisamment cette langue étrangère, et ainsi laisser de côté ceux qui ne la connaissent pas ? comme s'il était obligatoire de connaître l'anglais pour lire une traduction !...

Cependant, malgré cette légère déception par rapport à mon attente d'une vraie ambiance rock, et ce dépit de constater que certains traducteurs ne font pas tout à fait du bon boulot, j'ai été très vite happée par ce monde et ses quelques personnages réellement attachants ! Ils sont cinq personnages principaux, même si Clay est indéniablement la référence principale, pour le lecteur comme pour son groupe. Il est tellement, tout simplement, humain, oscillant entre ce passé de gloire, cette loyauté à ses amis, ses frères même, au sein de cette roquebande d'une part, et l'amour de sa femme et de sa fille d'autre part, femme à qui il a promis en l'épousant de ne plus jamais être ce « monstre » qu'elle voyait en lui quand il faisait partie de Saga… À ses côtés, je n'ai pas tout à fait accroché à Mattrick, dont l'alcoolisme assumé me dérangeait bien un peu, ni à Gabriel qui semblait ne pas trop savoir se décider entre un côté larmoyant et un autre côté « petit chef » tout à coup ultra-décidé ; en revanche, j'ai beaucoup apprécié Moog et son grain de folie qu'on associe si bien à un mage un peu décalé, et la froideur calme, impassible de Ganelon.
À leurs côtés, toute une série de personnages secondaires évoluent, dont un certain nombre seront récurrents, pas forcément humains au sens « technique », mais eux aussi sont tous terriblement animés de ces côtés pervers, calculateurs ou au contraire tendres, attentifs aux autres ou tout simplement joyeux, parfois un peu tout ça à la fois, et qui font tous ensemble ce que j'appelle être « humain », même quand on fait partie d'une autre espèce (toute imaginaire), capable de raison suffisamment proche.

Et tout cela ne dit pas que, même si nos personnages évoluent effectivement dans un monde indéniablement sombre, l'auteur nous gâte de touches d'humour constantes, de petites dédramatisations même dans les situations les plus critiques, de traits légers de la part des uns ou des autres, qui détendent, et qui font même parfois réellement éclater de rire ! C'est un humour sans prise de tête, souvent décalé, discret mais omniprésent tout à la fois. le mage Moog et sa fantaisie est sans conteste leader en la matière, mais on a aussi quelques passages tout à fait savoureux – pour ne citer qu'un exemple : on a une scène assez surréaliste avec des cannibales, j'étais pliée de rire !
J'ajouterai à ça que j'ai bien apprécié les quelques passages narrant les quelques batailles : à nouveau, je ne suis pas spécialiste du genre, mais j'ai lu plus d'une fantasy où les récits de bataille étaient à peine survolés, comme si les auteurs (que je ne citerai pas) ne savaient plus quoi faire à cet instant décisif, préférant les intrigues de cour ou individuelles, mais incapables de rendre les sensations d'un champ de bataille, le goût du sang, l'odeur de la mort. Je trouve que Nicholas Eames relève joliment le défi, alors même que son livre est sensé se situer du côté d'une fantasy « légère » !

Et en effet, c'est une écriture joyeuse, résolument optimiste même dans les moments de doute, qu'elle rend cependant avec une réelle justesse ; une écriture allègre mais grave quand c'est nécessaire, qui mène le lecteur vers son but du début à la fin, qui finit par lui faire croire que « c'est possible » même dans les moments les plus désespérants. Bien entendu, on sait (ou du moins on devine) que tout ça finira bien, car clairement le but de l'auteur n'est pas de nous faire aboutir à un drame, même s'il nous fait passer par plus d'un moment délicat (et c'est peu dire !) ; bien entendu, toute l'histoire est émaillée de (très) nombreux rebondissements, quelques retournements de situation aussi – et si certains apparaissent comme trop « faciles », à la limite du rock-ambolesque, d'autres sont réellement surprenants.

J'ai donc passé un très bon moment de lecture, parfois un chouïa longuet mais vraiment sans que ce soit ennuyeux (après tout, on est presque à 600 pages pour le broché, ce n'est pas rien !), en plongée dans un monde de type fantasy médiévale sombre où nos héros bien attachants ne sont plus des jeunots, mais où l'humour léger et décalé de l'auteur ne cesse de dédramatiser les situations les plus graves sans les éviter pour autant, dans une écriture résolument optimiste même dans les moments de doute, qui sonne juste dans les moments plus graves, et qui joue avec les mots… qui auraient gagné à être un peu mieux traduits !
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Wyld c'est sauvage mais c'est aussi rafraîchissant, drôle et surtout rock !

Clay Cooper et son roqueband sont les meilleurs ! Ses quatre mercenaires passaient leur temps à arpenter les Terres du Wyld en quête d'aventures et de chasses aux monstres. Aujourd'hui à la retraite, chacun tente de vivre sa vie et de créer, avec plus ou moins de succès, une famille tout en tentant de ne pas trop s'approcher de la bouteille. Mais un jour, Gabe, l'ancien charismatique de la bande, sonne à la porte de notre taciturne Clay et l'aventure repart...

Ce premier tome de Wyld transpire l'aventure pure. J'ai apprécié mon voyage avec cette petite bande de mercenaires retraités. En reprenant des codes qui parleront autant aux férus de fantasy qu'aux fanas de MMORPG, Nicholas Eames nous propose une palette de personnage déluré qui parlera à beaucoup de lecteurs ! Avec des dialogues d'un comique qui sait être fin tout en étant souvent en dessous de la ceinture, l'auteur sait nous faire rire tout en nous proposant une ambiance dramatique et un univers politique crédible.

Cette première aventure sur les Terres du Wyld fût une très bonne surprise pour moi et j'ai déjà pris réservation pour la seconde tournée avec un roquebande plus féminin, vivement !
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critiques presse (2)
SciFiUniverse
12 novembre 2019
Un roman de fantasy épique qui sort des sentiers battus, qui allie fun et intrigue construite, mélange les genres et avec un style efficace, raconte une belle histoire d’amitié entre des personnages bourrus mais terriblement attachants.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Elbakin.net
15 octobre 2019
Le roman a pour lui d’être plutôt bien écrit, avec un style assez enlevé qui permet de tourner les pages rapidement. La galerie de personnages, essentiellement masculins, est sympathique à défaut d’être très originale. Mais au bout du compte, il ne s’agit finalement que d’une simple variation sur le thème d’une partie de jeu de rôle racontée.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
— C'est comme ça que ça se passe maintenant. Les gens veulent du frisson. Ils veulent du sang. Ils veulent voir leurs héros en action. Ils ne veulent plus écouter les récits de leurs exploits de la bouche d'un barde qui a sans doute inventé la moitié de l'histoire.

Clay secoua la tête d'un air dubitatif. Les gens ne savaient-ils pas que les histoires – et les légendes auxquelles elles finissaient inévitablement par donner naissance – étaient cent fois plus fascinantes que la réalité ? Les bardes ne servaient guère qu'à se faire massacrer et à raconter des mensonges, mais il fallait bien reconnaître qu'ils le faisaient avec panache. Combien de fois Clay avait-il vu l'un d'eux se planter devant les clients d'une taverne et décrire une escarmouche chaotique, sanglante et terrifiante comme s'il s'agissait de la plus glorieuse bataille ayant jamais opposé des hommes et des monstres ?

Dans leurs histoires, les héros n'avaient jamais mal aux pieds, ils ne succombaient pas à une infection pendant leur sommeil. Dans leurs histoires, un géant blessé à mort s'effondrait sur le sol dans un bruit de tonnerre – alors qu'en réalité, il faisait la même chose qu'un être humain : il hurlait de douleur en se chiant dessus.
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— Pourquoi êtes-vous venus à Kaladar ? demanda Gabriel. Pour exhiber vos peintures faciales ? Vos nouveaux tatouages ? Vos cheveux teints ? Ou êtes-vous venus pour trouver autre chose ? Une roquebande ? Un manager ? La célébrité ? La gloire, peut-être ?
En entendant le mot "gloire", Clay eut l'impression qu'on soufflait sur les braises qui lui brûlaient le ventre. Quelle importance s'il était vieux ? S'il était fatigué ? S'il s'était rassasié plus souvent qu'à son tour en buvant au calice de la victoire et de la renommée ? Un guerrier entendant le mot "gloire" était comme un chien entendant le mot "promenade" : il se mettait aussitôt à remuer la queue.
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Il avait vu de nombreuses armées au cours de sa vie. Il avait vu des milices citoyennes et des marées de civils furieux ou terrorisés. Il avait vu des foules de cent mille personnes lorsque les roquebandes de Grandual se rassemblaient dans les ruines de Kaladar pendant la Route du Roque. Mais il n'avait jamais vu une horde. Jusqu'à ce jour. Il fut saisi de vertige. Sa bouche devint sèche. Le vague espoir de retrouver Rose saine et sauve et de la ramener chez elle ferma les volets, souffla la chandelle et se cacha sous le lit.
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Le navire avait changé le cap dans le seul but de satisfaire la curiosité de ses propriétaires qui semblaient faire partie d'une roquebande. « Les Sept Chanceux » était peint à la proue du vaisseau, mais le « sept » était barré d'une croix, tout comme le « six » qui était en dessous. Le mot « cinq » avait été barbouillé un peu plus bas, mais Clay ne vit que quatre personnes sur le pont. Il était bien possible que les travaux de peinture ne soient pas finis.
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- Pip raconte que tu as tenu la passe de Coldfire pendant trois jours face à un millier de morts vivants.
- J’en ai compté neuf cents quatre-vingt-dix-neuf. Mais bon, on ne va pas chipoter.
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Vidéo de Nicholas Eames
You thought your story was done—but now you need more words! How can you add characters or subplots to your novel once you've written the last scene? These authors have added significant chunks to their novels during the editing process.
Featuring Nicholas Eames, Aparna Verma, Megan E. O'Keefe, Erin M. Evans
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