Attention les yeux ! Rarement un sous-titre de livre aura été aussi pertinent. "Exquis et dérangeant", voilà une bien belle manière de décrire ces illustrations.
Le livre est découpé, comme un cadavre, suivant les parties du corps concernées, et non par période, style ou technique. Une façon parfaite de comparer la large variété d'approche des sujets, de la plus réaliste à la plus fantaisiste.
Chaque planche est accompagnée d'un commentaire plus ou moins succinct. de nombreuses anecdotes sur l'histoire de la médecine - et de ce que l'on appelle aujourd'hui la médecine légale - ou des mœurs parsèment les pages. Édifiantes, effrayantes ou plus rarement amusantes.
Les pages d'introductions (générale et de chaque partie) sont remarquables, tout en étant économes en mots, remettant dans leurs contextes ces illustrations, issues d'une période sans rayons X où la dissection était le seul moyen de connaître le fonctionnement et l'organisation du corps - ce qui sera appelé l'anatomie.
Si la majorité de l'ouvrage se concentre sur l'occident, quelques pages présentent des œuvres chinoises, persanes ou japonaises.
Il y a parmi ces tableaux et dessins des visions assez horribles, voire insoutenables. D'autres, dans leur naïveté, leur esthétisme ou leur symbolisme sont bien plus inoffensifs. Mais il y aura évidemment autant de ressentis que d'yeux à se poser sur ces pages.
Un livre "exquis et dérangeant", un très bel objet à avoir dans votre bibliothèque... Si vous l'osez !
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Claude Bernard, personnage éminent dans son domaine, contribua à rendre la médecine plus scientifique et plus objective. Beaucoup de ses découvertes reposaient sur la vivisection. Après leur divorce, son épouse se mit à militer contre cette pratique. Cependant, à sa mort, Bernard fut le premier scientifique en France à faire l'objet de funérailles nationales. (96)
À la différence de la plupart des atlas anatomiques de l'époque, qui insistaient sur les différences entre les races pour démontrer une illusoire supériorité des Blancs, celui de [John] Maclise inclut des corps noirs sans autre but que de détailler l'anatomie ordinaire. Les planches représentant des hommes noirs furent supprimées des éditions nord-américaines, où l'esclavage était légal et où l'idée de l'égalité entre Noirs et Blancs restait problématique. (199)
Il fallut attendre les années 1850 pour qu'un médecin hongrois, Ignac Semmelweis, établisse une corrélation entre le lavage des mains et le taux de mortalité des femmes qui accouchaient. Parce qu'il n'avait pas de théorie scientifique pour l'expliquer, en dehors d'un vague concept de "particules cadavériques", on ne le prit pas au sérieux. (123)
Nous avons tous un corps, et l'habiter est une expérience profondément ambivalente. Il est à la fois moi, et autre que moi, intime et familier, et pourtant d'un mystère insondable. Source d'angoisse, il suscite aussi le désir, la peur et une fascination intense. (7)
À la Renaissance, l'anatomie devint une science populaire, et la dissection se répandit à la fois chez les artistes et les anatomistes. Elle se pratiquait en général sur les cadavres de condamnés à mort. Elle ne passait pas seulement pour une indignité ou un châtiment final, mais aussi pour une manière de transformer des crimes en connaissances, pour le bien commun. (47)
Walter Potter's Curious World of Taxidermy, Pat Morris & Joanna Ebenstein
Welcome to Victorian taxidermist Walter Potter's fantasy world of rabbit schoolchildren, cigar-smoking squirrels and exemplary feline etiquette in Walter Potter's Curious World of Taxidermy...
Walter Potter (1835--1918), a British country taxidermist of no great expertise, built anthropomorphic taxidermy tableaux that became famous icons of Victorian whimsy, including his masterpiece The Death & Burial of Cock Robin. His tiny museum in Bramber, Sussex, was crammed full of multi-legged kittens, two-headed lambs, and a bewildering assortment of curios. Potter's inspired and beguiling tableaux found many fans in the contemporary art world: it was reported that a £1M bid by Damien Hirst to keep the collection intact was refused when the museum finally closed. Here, perhaps for the last time, many important pieces from the collection are showcased and celebrated with new photographs of Potter's best-loved works. Darkly witty and affecting, Walter Potter's Curious World of Taxidermy makes a charming, whimsical (and yes, slightly morbid) gift.
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