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EAN : 9782743626969
408 pages
Payot et Rivages (05/02/2014)
3.67/5   18 notes
Résumé :
Un mystérieux assassin supprime les uns après les autres des blancs qui avaient perpétré des années auparavantun massacre contre des militants anti-apartheid.
Après plus de 15 ans d’absence, le 4e volume des enquêtes de Yudel Gordon, psychiatre rattaché aux services de l’autorité policère sud-africaine.
Les 3 autres volumes de la série, tous en collection Rivages/Noir, sont : La nuit divisée (1993), Coin perdu pour mourir (1994), Le cercle fermé (1996... >Voir plus
Que lire après La tuerie d'octobreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Après le Mali et le Kenya, j'ai décidé de poser mes valises dans l'Afrique du Sud post-apartheid.

Chouette, l'apartheid est mort ! Tout va bien, alors ? Ben non, pas vraiment. Certaines mauvaises idées de meurent jamais..

L'Afrique du Sud tourne sur trois pattes et les Township sont toujours un enfer sur terre. Même si les Blancs ont moins de pouvoir, le racisme ambiant a encore de beaux jours devant lui et si certains Noirs ont accédé à des postes, il en reste encore beaucoup qui crèvent à petits feux dans les quartiers miséreux.

Abigail Bukula est l'illustration des Noirs qui ont réussi à gravir les échelons et cette petite bonne femme a un courage monstre, une personnalité fouillée et bien des secrets cachés en elle.

C'est elle qui a survécu au raid, visant des militants anti-apartheid, il y a 20 ans, (en 1985) grâce à un soldat, Leon Lourens. de ce qui s'est passé durant le raid, nous ne le saurons que petit à petit, afin de ménager le suspense.

Si vous cherchez du trépidant, oubliez ce roman. L'enquête n'a rien d'un 24h/chrono, même si elle vous tient en haleine car l'heure tourne, on se rapproche de la date fatidique et il ne faut pas traîner en route.

En fait, l'enquête sert plus à mettre la lumière sur les dysfonctionnements de la société sud africaine et ses vieux démons de l'apartheid qui ne sont pas encore tout à fait mort.

Dans ce roman noir, tout est centré sur les personnages, fouillés, psychologiquement aboutis, dont un récurent : Yudel Gordon (que j'ai découvert ayant commencé par le dernier), juif et ancien psychiatre des prisons ayant fait carrière sous l'apartheid.

Ici, les gens qui ont fait carrière sous l'apartheid ne sont pas tous des salauds de la pire espèce, que du contraire. Les personnages sont bien plus fins et plus complexe que ça. Tourmentés, aussi, d'avoir travaillé sous l'ancien régime.

A contrario, les héros sous l'apartheid ne sont pas toujours des chevaliers purs et bons, certains ont même tout du psychopathe sanguinaire. Pire, certains de ces assassins ont même été récompensé en accédant à des hautes fonctions.

La situation politique du pays fournissait à certains une raison « moralement acceptable » de tuer. Et rien n'a changé sous le soleil. Puisqu'on ne fait pas d'omelettes sans casser d'oeufs, on ne change pas un pays sans que des innocents trinquent méchamment.

Sans jamais sombrer dans la surenchère, juste avec quelques situations bien décrites ou des dialogues qui font mouches, l'auteur arrive à nous décrire une Afrique du Sud qui se cherche encore, ses fêlures, ses dysfonctionnements, sa misère dans les Township et le racisme qui est toujours présent dans l'esprit de certains.

L'enquête est bien menée, les personnages, à la psychologie fouillée, m'ont entrainé dans une Afrique du Sud qui a mal et l'auteur m'a subjugué avec sa plume simple, mais efficace, perfide aussi, et qui a fait mouche sans sombrer dans le grandiloquent ou le n'importe nawak.

Un roman noir "coup de poing" et un final "coup de pied dans le cul".

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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C'est parfois délicat pour un auteur de reprendre son personnage des années plus tard. Force est de reconnaître que Wessel Ebersohn s'en est très bien sorti. le livre est intéressant à plusieurs titres : l'évolution du psychiatre de prison Yudel Gordon montre bien en parallèle l'évolution de l'Afrique du Sud post-apartheid.

Yudel, vieillissant, même à son humble niveau de psychiatre des prisons, a été mis sur la touche car considéré comme un acteur de cet ordre raciste. D'emblée, les rapports de force semblent inversés.
D'ailleurs, le héros principal est plutôt une héroïne, Abigail Bukula, une femme noire : difficile de faire plus symbolique pour démontrer les changements de la société, ou du moins cette volonté de changement.

Par petites touches, Ebersohn vous fait bien comprendre que derrière les apparences, derrière les adaptations, la fin de l'Apartheid est loin d'avoir réglé les problèmes de l'Afrique du Sud. Si des cadres des opposants d'hier ont pu grimper l'échelle sociale, la plupart des Noirs d'Afrique du Sud n'ont connu guère de changements, et côté Blancs, la rancoeur n'est pas répartie pareille en fonction des pertes… ou des gains.
Le pouvoir et le profit, cela n'a pas de couleur, mais cela ne se partage toujours pas. Il y a une constante dans tous les rapports de cette société : la violence. On la sent encore plus présente que dans les livres d'Ebersohn durant l'Apartheid. A cette époque, les camps sont nettement définis, la violence est tranchée. Désormais, elle frappe de tout côté.
Et c'est là que ça devient intéressant : que faire d'un tueur en série qui a oeuvré pour vôtre cause et qui, même si vous avez remporté la victoire, continue son travail… Pour connaître la réponse, demandez à Yudel Gordon.
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Une nuit d'octobre 1985, un commando sud-africain fait un raid au Lesotho contre des militants anti-apartheid. Parmi ces derniers, Abigail Bukula, 15 ans, voit sa vie épargnée grâce à l'intervention d'un jeune membre du commando, Leon Lourens. Vingt ans plus tard Abigail est devenue une haute fonctionnaire de la nouvelle « nation arc-en-ciel » et est abordée par un Leon Lourens cherchant sa protection. En effet, lui dit-il, voilà plusieurs années que, à la date anniversaire du raid, des anciens membres du commando sont assassinés et Leon sent que son tour arrive. Obligée par la dette dont elle se sent redevable à l'égard de celui qui lui a sauvé la vie jadis, Abigail décide de se renseigner, soulevant au passage des souvenirs qu'elle aurait voulu effacer et remuant un passé que bien peu de monde, dans un pays où seule l'amnistie des anciens crimes a permis d'avancer, a envie de voir ressurgir.

Trente ans après La nuit divisée et plus de vingt ans après le cercle fermé, Wessel Ebersohn exhume Yudel Gordon, son héros juif, psychiatre des prisons ayant fait carrière sous l'apartheid, qui va devoir ici venir épauler Abigail Bukula.
Sorte d'anachronisme vivant dans un pays qu'il continue de peiner à comprendre, Gordon s'il demeure un personnage important et surtout toujours aussi complexe, tient ici avant tout un rôle d'adjuvant, Abigail étant la véritable figure centrale de la tuerie d'octobre. Toutefois, la confrontation de ces deux personnages, chacun portant ses propres fêlures mais représentant clairement deux époques plus que deux générations, est ce qui fait l'intérêt du roman et lui confère son épaisseur ; bien plus en tout cas que le portrait un peu vite expédié et déjà vu et bien vu dans les premiers romans de Deon Meyer ou dans ceux de Louis-Ferdinand Despreez, de la société sud-africaine post-apartheid que l'on pourrait s'attendre à trouver.
Fil rouge du roman sur lequel vient se greffer la relation entre Abigail et Yudel, l'enquête autour des morts du commando se révèle de facture classique, certes, mais efficace et permet à Wessel Ebersohn de broder sur le thème déjà rencontré dans La nuit divisée de la manière dont le bien et le mal peuvent se mêler lorsqu'il s'agit d'engagement, les bons, pas plus que les mauvais ne se trouvant forcément du côté attendu du manche et les salauds pouvant servir des idéaux louables.

Tout cela donne au final un roman qui n'a sans doute pas la force que pouvait avoir le saisissant La nuit divisée, mais qui se révèle être un thriller à la fois efficace et intelligent, fut-il sans grande surprise. Une lecture des plus agréables en tout cas.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Un constat sans concession de l'Afrique du Sud d'aujourd'hui

Wessel Ebersohn fait partie de ces écrivains qui ont longtemps été censurés dans leur propre pays. Son premier roman paru en 1979, le terrifiant Coin perdu pour mourir, lui a valu de sérieux ennuis avec la justice sud-africaine, car c'était une critique implacable et lucide du système de l'apartheid, encore en place à cette époque.
Son second roman La nuit divisée, paru en 1981, raconte le combat d'un psychiatre pour faire emprisonner à perpétuité un épicier raciste, qui fait exprès de laisser son magasin ouvert la nuit pour pouvoir abattre des personnes de couleur.
Puis l'apartheid disparaît officiellement en 1994, avec la tenue des premières élections nationales et non raciales au suffrage universel. Nelson Mandela devient le premier président sud-africain noir. C'est la victoire du célèbre ANC (African National Congress).

La tuerie d'octobre a été publié en 2011, mais l'histoire se passe en 2005, soit onze ans après la fin de l'apartheid. L'occasion pour l'écrivain de dresser un premier bilan lucide et sans concession de cette nouvelle Afrique du Sud. le terrifiant système d'oppression a disparu, mais le nouveau gouvernement a encore du pain sur la planche, aucun doute là-dessus.
L'écart entre les riches et les pauvres s'est creusé, et il y a toujours un fort taux de criminalité, qui oblige les classes aisées à se barricader derrière des barbelés. Et les bidonvilles, les tristement célèbres "townships", ne désemplissent pas.

Sur le fond, La tuerie d'octobre est un passionnant thriller politique écrit par un grand écrivain de polars. On retrouve dans ce roman le personnage fétiche de Wessel Ebersohn, le psychiatre Yudel Gordon. Celui-ci traque un redoutable tueur qui supprime les uns après les autres des militaires de l'ancien gouvernement qui avaient perpétré en octobre 1985 un massacre contre des militants anti-apartheid. Avec dans le lot bien sûr des civils innocents!

Sur la forme, Ebersohn est un conteur hors pair, un grand meneur d'intrigues, capable de tenir son lecteur en haleine jusqu'à la fin. le style est simple, nature, sans gras, sans longueurs. Les personnages sont fouillés et attachants. Bref un polar d'atmopshère réussi avec un message clair: le dicton "du passé faisons table rase" ne va pas de soi dans un pays où le spectre de l'apartheid est toujours présent dans les têtes.

Lien : http://www.conseilspolarsdep..
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Wessel Ebersohn est un écrivain peu bavard : on avait été pas mal secoués par son roman d'il y a trente ans, c'était La nuit divisée, lu il y a deux ans. On n'avait pas lu le bouquin d'il y a vingt ans [Le cercle fermé] et c'est donc avec impatience qu'on a pris le vol suivant (2011) pour l'Afrique du Sud : La tuerie d'octobre.
On retrouve avec plaisir Yudel, le psychologue juif qui travaille pour les institutions pénitentiaires (et y'a du boulot là-bas !) et qui, de temps à autre, mène ses propres investigations.
Bien sûr, l'Afrique du Sud a changé depuis l'apartheid et le polar précédent et ce bouquin est encore une occasion de découvrir la toute jeune nation arc-en-ciel qui peine à trouver ses marques.
Mais avouons que notre grande attente (trop grande ?) a été fortement déçue par ce nouvel épisode des enquêtes de Yudel Gordon.
Ce bouquin ressemble bien à un ouvrage de commande où un serial-killer se retrouve maquillé en political-killer (ou vice-versa). L'Afrique du Sud n'est là que pour le décor et tous les standards et clichés sont au rendez-vous (comme cette scène de l'auditorium que l'on dirait spécialement commandée par Hollywood).
Même l'ami Yudel marque le pas et laisse la vedette à une jeune black ambitieuse, symbole de la nouvelle société noire au pouvoir, une haut-fonctionnaire en pleine ascension sociale et politique dans le nouvel organigramme de la nouvelle nation : un personnage vraiment trop 'cliché' pour qu'on s'y attache plus que quelques pages.
L'intrigue débutait pourtant sur de bonnes bases : il y a vingt ans (en 1985) les raids commandos étaient fréquents pour éliminer les agitateurs et 'terroristes' noirs, même au-delà des frontières légales. Ces exactions ont forcément laissé des blessures que certains voudraient rouvrir et des cicatrices que d'autres souhaiteraient oublier. Aujourd'hui en 2005, un mystérieux personnage (ancien mercenaire ou nouvel assassin ?) semble vouloir éliminer les acteurs de l'un de ces raids meurtriers.
Mais bien vite l'intrigue sud-africaine se transforme en une chasse à l'homme digne des thrillers les plus classiques. On ne s'ennuie pas vraiment mais tout cela n'est pas à la hauteur des attentes qui étaient les nôtres.
Ce billet sera donc en forme de rappel, histoire de vous inciter à la lecture de l'ancien et excellent ouvrage de Wessel Ebersohn qu'était La nuit divisée !
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/s..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[...] Après un silence, il ouvrit à nouveau la bouche pour parler, sans succès. Enfin, il réussit à demander : “Vous vous rappelez le raid de Maseru ?”
[…] “Écrivez : 21 octobre 1985. C’est noté ?” Johanna hocha la tête, mais Abigail répéta malgré tout. “Cette nuit-là, une unité des Forces armées sud-africaines est entrée au Lesotho et a effectué un raid dans une maison de l’ANC près de Maseru. Les soldats ont tué douze personnes et ramené les prisonniers - au nombre de six, je crois - en Afrique du Sud. La nuit suivante, le 22 octobre, nous nous sommes échappés des cellules de la police à Ficksburg.”
[…] Que s’est-il passé à Ficksburg que l’on ne peut toujours pas évoquer après toutes ces années ? Car vous êtes encore en train de le fuir. Combien de fois par le passé avez-vous refusé de le voir ?
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— Vous voyez, Yudel. À Maseru, j'ai été sauvée par un homme bon qui défendait une mauvaise cause, et le lendemain, j'ai été délivrée par un homme mauvais qui se battait pour une bonne cause.
— Rien n'est jamais simple dans la vie.
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— Ah oui, encore une chose… Vous n’avez pas encore d’associé noir ?
— Non, répondit Yudel. Je n’ai pas d’associé du tout.
Le directeur parut réfléchir. « Je sais que vous n’en avez pas besoin mais ce sera peut-être préférable, pour négocier certains contrats. Je vais annoncer que vous êtes en négociation avec plusieurs psychologues noirs. »
page 83
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Simon Mkhari, par exemple, avait brûlé vive une femme de soixante ans, coupable d'avoir acheté de quoi manger dans une épicerie tenue par un Blanc, contrevenant ainsi aux ordres de boycott.
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De l'avis de Yudel, ce n'était qu'un opportuniste à qui la situation politique du pays fournissait une raison moralement acceptable de tuer.
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