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EAN : 9782917718070
260 pages
Griffe d'Encre (21/03/2009)
3.45/5   10 notes
Résumé :
Écoutez : le chant des passeurs s’élève dans les nuits de neige.
Observez : une silhouette d’or s’échappe sur les grands boulevards.
Traversez les miroirs brisés ; bravez l’obscurité. Dans le crépuscule des villes amères, la brûlure de la colère est un sortilège de plus ; la magie de la nuit elle-même caresse l’âme des sorcières.
Saisissez les rubans noirs : l’encre trace le chemin à suivre. Sur le pas des enfers, à la lisière des grandes forê... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Elisabeth Ebory a une marque bien à elle, cette étincelle cachée dans les phrases qui amènent immanquablement la révélation : ah, oui, c'est elle - impossible de la confondre avec un(e) autre. Je vois la dame comme une autre possibilité de qui pourrait être Alice et d'une nouvelle façon de représenter son Pays des Merveilles à elle. Et c'est cela, surtout, qui s'est dégagé de ma lecture.

Monde renversé, écriture fragmenté, vision éclatée. Perte des repères, entrée dans l'inhabituel, abandon des normes. Des adjectifs à la place des noms. Des comparaisons improbables. Des alliances impossibles. Des virgules et des points là où ne les attend pas - et c'est ce qui fait toute la force des textes, c'est ce qui fait leur charme. Il est à la fois extrêmement perturbant et infiniment rassurant de trouver les choses là où on ne les attendait pas.

C'est un milieu très particulier qui nous est offert. Un milieu disloqué et invariablement Autre. Il est par conséquent naturel de ne pas concevoir tout à fait les images dépeintes ; on goûte seulement du bout des lèvres cette poésie si différente. Etrangère. Exotique. Comme un alcool nouveau. C'est peut-être ça, le secret : on est un peu ivre et tout danse autour de nous, tout se mélange dans une douce confusion, chaude à en faire tourner la tête. Avec cette même pesanteur légère des jours de forte fièvre. C'est bizarre, mais on le comprend d'une certaine manière. On l'accepte, parce qu'on ne peut faire autrement - et pourtant, quelque part, on en fait le choix. Naturellement. Comme coule une rivière, comme souffle le vent. Chacun avec son langage, sa dialectique. Comme une nouvelle partie d'un bien plus vaste ensemble.
On ne peut qu'accueillir ces mondes étranges les bras ouverts, sans chercher à en saisir le sens, juste en admettant – en admettant des possibles qui jamais ne nous avait effleurés. En consentant à ne pas tout saisir, en consentant à l'étrangeté, l'altérité, la différence. La rupture, aussi bien dans la lecture que dans notre compréhension de l'univers et de ses règles.
Ouvrir ce recueil, c'est accepter d'être perdu(e). Dans autant de mondes que de nouvelles. Ne pas vouloir trouver le chemin du retour. Se laisser aller à errer, à s'enfoncer encore un peu plus dans ce paysage lourd et inconnu. Juste encore un peu. Juste pour voir, un peu plus clair, un peu plus loin.

On se laisse guider sans offrir de résistance, sans se poser de question sur le geste lui-même et presque pas sur les choses étranges que l'on observe en chemin. Comme on se laisserait lentement glisser dans l'eau. Lentement, à la fois avec délice et avec quelque appréhension, parce que les univers aquatiques ont leurs propres lois. Et les mots coulent, pleuvent et tombent. Comme les gouttes de pluie, comme les larmes, comme le sang. Comme l'encre, simplement. L'encre, le Lien. Entre l'auteur et le lecteur. Entre les histoires. Entre les personnages.
C'est une des logiques, une des récurrences qui existent. Notre bouée de sauvetage au milieu de cet océan anonyme. Les rubans d'encre, comme autant de cordes à attraper pour ne pas se perdre pour de bon, pour ne pas se noyer. Cela se traduit notamment par l'emploi régulier de certains mots. Par la tournure reconnaissable de certaines descriptions. Par la répétition de certaines images, de certains personnages. Semblable au bruit de la pluie, qui semble être toujours le même alors que les orages ne se ressemblent pas.
Des fleurs de colère, des rubans noirs, des arbres-étoiles et des fées d'encre. Tout une mythologie éphémère, évanescente, comme un rêve - presque rien, et pourtant... Diffus. Ténu. Tourmenté. Comme un million de pensées qui s'entrechoquent, comme un million de voix qui s'affrontent dans leur propre cacophonie.

De la peinture flamande. du Jérôme Bosch. Quelque chose du "Jardin des délices", juste là. Avec cette même différence entre les volets ouverts et les volets fermés du triptyque - entre le livre fermé (couverture & 4e) et les textes qu'il abrite. Des bizarreries douces, déséquilibrées. Des couleurs qui se mélangent comme dans des tableaux impressionnistes. Et il est rare que l'idée de peinture me vient à ce point pour parler de littérature. Les phrases sont pleines de teintes et de nuances, d'aplats bruts et de dégradés sensibles, colorant les histoires et les mondes au fil des lignes, que les pigments soient d'une palette éclatante ou d'une multitude de gris. du gris et du bleu. D'encre et de nuit. de poussière et de magie. Une ville au nom de printemps. Mais peut-être est-ce la même chose ?
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Tout d'abord, je remercie Babélio et les éditions Griffe d'Encre pour m'avoir permis de lire ce recueil, dans le cadre de Masse Critique.

En lisant la quatrième de couverture, je ne m'attendais absolument pas à cela… À l'orée sombre est un recueil de 13 nouvelles plutôt indépendantes, ayant pour point commun une petite part de mystère et de fantastique.
Je dois avouer que mon opinion sur ce livre est assez mitigée. Autant j'ai été extrêmement touchée par certaines nouvelles, autant d'autres m'ont laissée de marbre… Tout commençait pourtant très bien avec 'Quand il neige…', cette histoire où un père a dessiné des années auparavant et malgré lui l'être qui enlèvera tour à tour ses deux fils. Ensuite, au fil des pages et des histoires, j'ai éprouvé des difficultés à être attentive. le style d'écriture me perdait facilement, et les phrases me semblaient souvent trop courtes… J'imagine que c'était en partie pour rythmer le récit que Élisabeth Ebory a fait cela, mais ça m'a perdue ou agacée certaines fois.
Une nouvelle m'a particulièrement paru bizarre et sordide : ‘La Première Aurore du Nord'. Elle met en scène le malheur d'un jeune enfant forcé à la prostitution par sa mère…
À côté de ça, ‘Rêve', ‘April' et ‘Nuit d'été' m'ont transportée, fait rêver. Ce sont mes préférées. Elles sont plus douces, plus poétiques, plus fluides à mon goût que le reste du livre. Ma préférée étant sans doute ‘April', la ville qui accueille les plus malheureux.
Je suis assez triste de ne pas pouvoir faire d'éloges sur ce livre, mais je ne m'attendais pas du tout à ce style, à cette sorte de poésie. Je pense que je n'étais pas prête à lire ce livre. D'ailleurs, j'espère bien le relire d'ici quelques mois/années pour tenter de m'en faire une autre opinion.

En tout cas, ne vous fiez pas à ma critique pour évincer ce livre de vos potentielles lectures : je suis certaine qu'il peut ravir les plus rêveurs et les poètes !
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Un enfant-fée laissé à l'abandon qui cherche à retrouver les siens… Une jeune fille qui tente le diable… Un peintre et son double, et des cadavres percés de miroirs… Des musiciens, des artistes, des paumés qui aimeraient bien trouver le chemin de Féérie, quelle qu'elle soit. Et le coeur de la nuit, le noir de l'encre humide, toujours. 13 nouvelles de l'entre-deux, du perdu et du jamais trouvé, minuit perpétuel, entre espoir et déconvenue.
Certains de ces textes sont remarquables, d'autres un peu moins et il en est un ou deux qui m'ont complètement laissée sur le bord de la route, au sens où je n'en ai pas compris grand-chose. L'intérêt, peut-être. C'est le propre des recueils, j'imagine, qui évoluent en dents de scie, creux et déliés, histoire qu'on ne perde pas le souffle. D'autant plus qu'ils sont rarement pensés comme un tout, plutôt comme une mosaïque de textes préexistants.
Comment lier des textes épars et leur permettre de communiquer ? le choix ici est celui du motif et de la couleur. Couleur : le bleu nuit, bleu d'encre, bleu de minuit et d'orage qui rebondit d'un texte à l'autre, de temps à autre traversé d'un argent de miroir ou d'un rouge vif pour le contraste, sans trop de nuance il est vrai mais suffisamment évocateur pour poser une ambiance d'un bloc. L'auteur passe un certain temps à touiller sa couleur – un temps certain. Et motifs : quelques souvenirs de contes (un petit chaperon rouge prostitué, un roi des aulnes malmené…), ténus et judicieusement dosés, et surtout le double thème de l'enfant perdu et de l'artiste décalé, très semblable dans leur incapacité total à adhérer au monde, au vrai, au tangible. On trouve donc des enfants-fées et des enfants martyrs, des groupes de rock déchus qui entonnent l'air lointain de Thomas le Rimeur, et tout le monde peu ou prou cherche la reine des fées. Chercher Féérie, autre thème récurrent de la fantasy contemporaine, crever le voile tenu de glamour qui dérobe un continent aux yeux des incroyants. Comme chez Léa Silhol en son temps (l'auteur a visiblement lu Musique de la Frontière), Féerie ici est une ville. Plusieurs nouvelles mettent en scène des errants débarqués à April Country, et c'est un des points qui m'ont laissée sur ma faim. La ville, pourtant centrale dans le recueil, est esquissée, son étrangeté effleurée sans que l'on sache vraiment ce qu'il en retourne – la nouvelle éponyme « April » en est un bon exemple : bien parti, le texte m'a égarée en chemin, et je me suis trouvée dehors avant compris comment j'étais entrée. A priori, j'aime les mystères clos et les non-dits, mais j'ai été un peu déçue… J'imagine, cela dit, que l'auteur garde April en réserve. L'auteur a voulu également imprimer une forme au recueil, découpé en trois temps, mais j'avoue que cette ossature n'est pas très parlante… Si je devais établir un palmarès, je dirais que « Nuit d'été » est mon texte préféré – une femme attend son amant-nuit, incube délicat qui s'évapore au matin, encore un texte qui ne « raconte » rien, décidemment on ne se refait pas. Je retiens aussi « La première aurore du nord », pour son personnage attachant d'adolescent en robe rouge qui tente la Mort au milieu des bois. L'histoire en elle-même m'a semblée moins, disons, cruciale. Et pour finir, « Un soir, comme on embrasse », ou ce qu'il se passe quand la reine de fées attire en son royaume d'anciennes gloires de la musique et tout ce qu'ils traînent dans leur sillage – un changelin, par exemple, ou des espoirs mal enfouis.

À l'orée sombre manie des concepts et des registres classiques de la fantasy contemporaine, d'une certaine frange disons, avec talent. Je regrette néanmoins un style un peu trop visiblement poétique, métaphorique qui n'évite pas toujours l'écueil de l'adjectif de trop, du lyrisme un peu attendu. Il s'agit cela dit d'une écriture assez exigeante – j'imagine peu de compliments aussi déprimants que « ça se lit bien, facilement ». le style d'Ebory, parfois alambiqué (sans être Mallarmé ou René Char, non plus, hein), ne se lit pas facilement, c'est un fait. Je trouve cela très bien, personnellement.
Lien : http://luluoffthebridge.blog..
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Contrairement à ma camarade de blog, je n'ai pas trouvé le recueil transcendant. Elle, elle s'était arrêtée à l'écriture et à la symbolique. Quant à moi, ce qui m'a sauté aux yeux sont les chutes et les thématiques. Même si l'urban fantasy essaie d'innover, j'ai l'impression de revenir aux années 80. Voyage dans le temps qui ne m'a pas réussi parce que j'ai une impression de stagnation et d'absence d'évolution, contrairement aux nouvelles de Mélanie Fazi.
J'ai aussi trouvé dommage de ne pas avoir plus de figures dans ses nouvelles. le thème du double y est toujours présent mais trop souvent sous la même forme, au point d'en devenir lassant parfois. Il reste que son écriture est travaillée d'une manière particulière. On a pas du tout l'impression qu'elle décrit des ambiances parce qu'elle passe par d'autres chemins.

Un livre qui n'est tout simplement pas fait pour moi, mais qui peut en ravir d'autres. Si vous allez sur des salons où Griffe d'encre passe, n'hésitez pas à ouvrir ce recueil avant de l'acheter.
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C'est l'histoire d'une mauvaise rencontre…
Tout était bien parti pour que ce recueil de nouvelles me plaise : j'ai tout de suite eu un coup de coeur pour la couverture, il faut dire que j'adore les images de fées, d'elfes, toutes les illustrations ayant un rapport avec l'imaginaire. La quatrième de couverture a su elle aussi m'envoûter, je l'ai trouvée très poétique et mystérieuse à souhait. Mais voilà, une fois les premières pages passées, j'ai compris que ce recueil d'Elizabeth Ebory n'était pas pour moi.
Le recueil est composé de 13 nouvelles dans lesquelles se côtoient enfants, adolescents, hommes, femmes mais aussi elfes, vampires, monstres et diablotins, dans un monde qui est bien le nôtre mais dont les codes sont momentanément bouleversés. Ces histoires appartenant au genre de la fantasy urbaine m'ont laissée sur la touche et terminer ce recueil a été vraiment très difficile. Je ne peux pas dire que j'ai détesté ce que j'ai lu, je n'ai tout simplement pas compris… je crois que c'est la première fois que cela m'arrive ! Je ne sais pas où l'auteure a voulu emmener ses lecteurs, mais il est clair que je n'ai pas trouvé le chemin menant jusqu'à son univers et ce n'est pas faute d'avoir essayé, jusqu'à la dernière nouvelle. Alors, pas faite pour la fantasy ? Je me le demande… Je me demande aussi s'il ne faut pas être « initié » pour entrer facilement dans ce genre de texte, être habitué à lire de la fantasy. Commencer par ce recueil n'était peut-être pas une bonne idée, j'espère en tout cas que les autres oeuvres du même genre sont moins hermétiques…

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Depuis, je cours au cœur de la grande ville.
J’ai un tout nouveau problème. Un foutu problème. Lequel ? Eh bien, c’est que… je suis l’eau qui stagne, le suis l’alligator qui bave du sang, je suis le pendu aux mains coupées, je suis une invasion de corbeaux, je suis une lame qui coupe, je suis un cri, je suis la mort… Je suis un cauchemar.
Je cours pour échapper à ça.
Cours.
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