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Critique de PhilippeCastellain


Première rencontre pour moi avec un écrivain portugais, et on ne peut plus marquante. Messire de Queiroz nous invite là à une promenade. Non pas sur les douces rives du Duros ou parmi les fleurs de Madère ; mais dans un jardin où pousse dru l'un des plus courants et des plus laids sentiments humains : l'hypocrisie.

L'honorable Théodoric Raposo prend la plume pour nous raconter l'histoire de sa vie. Orphelin de père et de mère, il est recueilli par une vieille tante ayant atteint de le stade ultime de la bigoterie… Et fabuleusement riche. Et notre héros est prêt à tout pour capter son argent. Entendre cinq messes par jour, marmonner des patenôtres à s'en faire mal à la bouche et rester agenouillé à s'en faire des calles aux genoux, tonner contre la déchéance et le manque de moralité… Et le soir, rejoindre discrètement sa maîtresse - car le gaillard est un chaud lapin, et la vue d'un jupon suffit à le rendre fou.

Malheureusement, et malgré les prières ardentes qu'il adresse à tous les saints pour hâter son décès, la vieillarde est solidement accrochée à la vie, et songe même à léguer tous ses biens à l'Eglise. Aux grands maux les grands remèdes : pour gagner en sainteté, notre Théodoric entreprend un pèlerinage à Jérusalem ! Pleine d'admiration, sa tante lui demande de lui ramener quelque chose : une relique sainte…

Personne pour sauver l'autre, dans ce livre où le héros est prêt à toutes les lâchetés et tous les mensonges, se fait plumer par des malignes et fréquente de doctes professeurs qui vous fabriquent une authentique couronne d'épine en deux temps-trois mouvements. La fin vient adoucir ce qui, sans cela, passerait pour un manifeste d'agnosticisme et de misanthropie : mieux vaut être ami avec un athée honnête qu'un chrétien hypocrite, et vice-versa. On ne peut qu'approuver.

Un livre absorbant, magnifiquement écrit… Et qui m'a mis profondément mal à l'aise. En tant que croyant, d'une part. Mais aussi en tant que personne humaine. Si brillante est l'écriture qu'elle nous incite à réfléchir sur nous même. Qui peut se prévaloir de n'avoir jamais laissé passer un mot complaisant qu'il ne pensait guère ? de toujours placer ses actions à la hauteur de ses idéaux ? de croire et penser chaque mot qui franchit ses lèvres ? N'en prenez pas plus à votre compte que vous ne voulez ou pouvez vraiment en faire, tel est le second message du livre. Pas évident…
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