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Marie-Hélène Piwnik (Traducteur)
EAN : 9782367322131
299 pages
Editions Chandeigne (04/03/2021)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Fradique Mendes est un dandy, visionnaire, d'une grande érudition, un brin provocateur et attachant qui vit entre Paris et Lisbonne, en passant par Le Caire, où il côtoie les intellectuels et artistes de son temps : Baudelaire, Leconte de Lisle, Théophile Gautier...
Sa biographie, prétendument écrite après sa mort par son meilleur ami, introduit le livre. Suivent 24 lettres, attribuées à Fradique, qui sont adressées à des personnages réels, contemporains et a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le narrateur, dont on ignore le nom, évoque, un de ses amis, Fradique Mendes, des années 1850 à 1888. Entre Paris et Lisbonne en passant par le Caire, le jeune Fradique, à la fois dandy, curieux intellectuellement, et poète, se frottant tant aux domaines scientifiques comme qu'aux domaines artistiques, connu pour son recueil de poèmes "Les lapidarias", promène son flegme et donne son avis et ses impressions sur tous les sujets. Voyageur et philosophe, il jette sur le monde et sur ses fréquentations un regard tantôt humoristique, tantôt cynique. Rencontrant les poètes et écrivains comme Leconte de Lisle, Théophile Gautier, Baudelaire et même Victor Hugo à Guernesey, il ne se prive pas de critiquer ou remettre en cause la valeur de certains de leurs écrits ou de leurs poèmes. Tantôt extravagant, tantôt défenseur de l'élégance et de la morale, ce Fradique Mendes apparaît comme un caméléon, séduisant son auditoire et dont les nombreuses facettes permettent d'éclairer le monde qu'il traverse.

Entre le portrait dressé par le narrateur qui présente Fradique comme un être curieux de tout, intellectuel, esthète et hédoniste, mettant à profit ses voyages pour multiplier les rencontres, et les lettres écrites par Fradique lui-même sur de multiples sujets rassemblées en deuxième partie du récit, Eça de Queiros s'amuse et décrit dans une biographie imaginaire, et avec énormément d'humour, l'époque et la société dans laquelle son personnage évolue. Il réussit à souligner avec intelligence, les travers de ses semblables, la fatuité des intellectuels, écrivains et artistes, caricaturant les suiveurs qui portent aux nues ce Fradique, décrit plus comme un surhomme - l'alpha et l'oméga de son époque - que comme simple dandy. La vérité du personnage est révélée par la lecture de ses lettres qui montrent sa grande profondeur, son recul et sa lucidité.
Avec la vie extravagante de Fradique Mendes, Eça de Queiros se lance dans la biographie imaginée et presque loufoque, d'un dandy raffiné et éduqué qui traverse la fin du XIXème siècle à la rencontre des artistes, écrivains, à la découverte des grandes orientations technologiques comme le canal de Suez, la construction de la ligne de chemin de fer entre Jaffa et Israël. C'est drôle, intelligent, léger et jubilatoire mais également profond dans la satyre et la caricature, dans le regard porté sur la société de cette fin de XIXème siècle.
Un bijou d'humour et d'intelligence dans la lignée De Maupassant ou Gogol, à découvrir.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
En parlant de la momie de Pentaour, scribe de Ramses.
Il l'avait fait venir de Paris pour l'offrir à une dame de l'ambassade d'Angleterre, Lady Ross, son amie d'Athènes qui, avec entrain et bonheur, collectionnait des antiquités funéraires d'Égypte et d'Assyrie...Mais malgré de sagaces efforts, elle ne parvenait pas à arracher le défunt lettré aux magasins de la douane - où il avait semé le trouble et la fureur. Dès le premier jour, quand Pentaour avait débarqué dans son cercueil enroulé dans des bandelettes, la douane, affolée, prévint la police. Puis, apaisée la suspiscion de quelque crime, une difficulté insurmontable surgit - quel article de la nomenclature tarifaire pouvait-t-on appliquer au cadavre d'un hierogrammate du temps de Ramses ? Lui, Fradique, avait suggéré l'article qui taxe le hareng saur. Et au fond, en effet, qu'est-ce qu'un hareng saur sinon la momie, sans bandelettes et sans inscriptions, d'un hareng qui a vécu ?
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La propriété a toujours été, comme aujourd'hui, de très grande abondance, toute en terres à pain, bien labourée et bien arrosée, fertile, étendue au soleil comme le ventre d'une nymphe antique. Les excellents moines qui y ont habité aimaient pleinement la terre et la vie. C'étaient des gentilhommes qui faisaient leur service dans la milice du Seigneur, comme leurs frères plus âgés faisaient le leur dans la milice du roi et qui, comme eux, profitaient joyeusement des loisirs, des privilèges et de la richesse de leur ordre et de leur caste. Ils venaient à Refaldes, au moment des chaleurs de juillet en carrosse avec des laquais. La cuisine était plus fréquentée que l'église - et tous les jours les chapons doraient sur la broche. Une poussière discrète jetait comme un voile sur la bibliothèque, où seul parfois quelque chanoine perclus de rhumatismes et cloué sur l'oreiller de sa cellule, demandait qu'on lui allât chercher Don Quichotte, ou les Farces de Dona Petronilla. D'époussetée, aérée, bien cataloguée, avec des étiquettes et des indications notées de la main érudite des abbés, il n'y avait que la cave à vins.
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Ton idée de fonder un journal est nocive et exécrable. En lançant, et dans un format copieux, avec télégrammes et chroniques, une autre de "ces feuilles imprimées qui paraissent tous les matins", comme dit l'archevêque de Paris avec une pudique inquiétude, tu vas concourir à ce que dans ton époque et dans ton pays les jugements hâtifs le soient plus encore, la vanité plus exacerbée, et l'intolérance plus dure. Jugements hâtifs, vanité, intolérance - voilà les trois péchés sociaux qui tuent moralement une société ! (...)
Reconnais que c'est incontestablement la presse, qui par sa manière superficielle, imprudente, précipitée de tout affirmer, de tout juger, a enraciné dans notre époque la funeste habitude des jugements hâtifs.
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Carlos Fradique Mendes appartenait à une vieille et riche famille des Açores; il descendait en ligne masculine du navigateur Lopo Mendes, cadet de la maison de Troba, et donataire de l'une des premières capitaineries créées dans les îles au début du XVIè siècle. Son père, homme d'une grande beauté mais de mœurs rustiques, était mort (alors que Carlos marchait encore à quatre pattes) d'un accident à la chasse. Six ans après sa mère, dame si gracieuse, pensive et blonde que cela lui avait valu d'être appelée "Vierge d'Ossian" par un poète de Terceira, mourait à son tour d'une fièvre rapportée de la campagne, où elle s'était bucoliquement promenée par un jour de grand soleil, en chantant et coupant du foin. Carlos se retrouva en compagnie et sous la tutelle de sa grand-mère maternelle, Dona Angelina Fradique, vieille folle érudite et exotique qui collectionnait les oiseaux empaillés, traduisait Klopstock et se disait harcelée en permanence par les "dards de l'amour".
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Le poète de "La mort de Don Juan" et de "Muse en vacances" l'appelait un "Sainte-Beuve relié en Alcide". Et il expliquait ainsi, dans une lettre que je conserve, son apparition en ce monde : "Dieu un jour a pris un bout de Henri Heine, un autre de Chateaubriand, un autre de Brummell, des morceaux enflammés d'aventuriers de la Renaissance, des fragments desséchés de savants de l'Institut de France, a renversé du champagne et de l'encre d'imprimerie par dessus, a pétri tout cela dans ses mains toutes-puissantes, a donné rapidement forme à Fradique et, le lançant sur terre a dit : "Va et habille toi chez Poole".
(Henry Poole étant l'inventeur du smocking)
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