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3,94

sur 845 notes
Mon avis sur ce livre est mitigé.
Il est très intéressant de connaître la vie d'un sportif de haut niveau en Tchécoslovaquie, du temps du rideau de fer. La lecture est très agréable, sans difficultés et l'on découvre le palmarès impressionnant d'Emile Zapotek.
Mais je suis resté sur ma faim car quand je lis un ouvrage sur un sportif et particulièrement un coureur, j'aime sentir le ressenti de celui-ci pendant l'effort, souffrir avec celui-ci, lire des impressions sur lesquelles je ne sais pas mettre des mots même si je les ai eues. Et dans ce roman, il n'y a pas cette intimité.
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Jean Echenoz avec ce roman "Courir" nous fait découvrir avec notre tête mais aussi nos tripes le bonheur euphorisant que procure la course à pied.
C'est à travers l'exemple d'Emil Zatopek, athlète des années 50, surnommé, à l'époque, la locomotive et considéré comme une machine à courir ultra-performante qu'il nous distille ces sensations grisantes.
A le lire, une envie irrépressible de chausser mes "running" et d'abandonner cet écran me saisit, pour partir sur les chemins à la recherche d'un second souffle !
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Il y a un curieux contraste entre la course disloquée et douloureuse de la « locomotive tchèque » et le style léger aérien et subtil dans lequel Jean Échenoz déroule, dans "Courir" la litanie inépuisables des exploits de Zatopek, détenteur de quatre titres olympiques et de dix-huit records du monde. Héros légendaire et pourtant modeste :

« I was not talented enough to run and smile at the same time (je n'avais pas assez de talent pour courir et sourire en même temps)» .

Bon camarade aussi : en 1966, lors d'une visite du champion australien Ron Clarke, qui n'avait pu obtenir le titre olympique, il lui offrit sa médaille d'or du 10 000 mètres, obtenue en 1952 à Helsinki. A vrai dire, il ne savait plus que faire des médailles.

Récit à double rideau, comme souvent avec Echenoz. Pendant que l'athlète halète autour du stade, en fond de scène se déroulent des événement tragiques : occupation du pays par les nazis, mise en coupe réglée du pays par le régime communiste. Pour avoir trop humé les parfums du Printemps de Prague, le héros de la Révolution sera, pour l'exemple, relégué au ramassage des ordures et à l'extraction de l'uranium dans les mines de Bohème.

Cette biographie romancée, très réussie, est à la course à pied ce que le "Ravel" du même auteur est à la musique. Un vrai bonheur de lecture.

Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Voici l'histoire de l'homme qui va courir le plus vite sur la Terre.
N'importe comment, avec aucun style, en grimaçant atrocement, mais bon.
Il a fallu un peu insister pour qu'il s'y mette (doux, rêveur, souriant, le sport c'est pas son truc), mais à certaines injonctions dans le Prague des années 40, on obéit. Et il y prend goût. Se met à courir tout le temps, de plus en plus vite, toujours sans aucun style, mais avec une seul objectif : tester et dépasser ses propres limites, comprendre comment marche la machine humaine. On l'appelera ‘La Locomotive' d'ailleurs. Et il sera traité par la Tchécoslovaquie comme une machine à gagner des médailles et à battre des records, interdit bien souvent d'aller courir ailleurs.
Courir, c'est l'histoire d'Emile Zatopek, avec en arrière-plan historique un petit précis de la Tchécoslovaquie depuis l'invasion Allemande jusqu'au Printemps de Prague, c'est une histoire émouvante et surprenante, à laquelle colle parfaitement la langue maîtrisée, précise, fluide d'Echenoz .
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C'est le même que Ravel, mais avec un short à la place du piano.
Belle petite forme dans la précision de l'énumération et du factuel. Disparition des lourdes béquilles usuelles et ordinaires (la psychologie, les oripeaux divers et avariés du roman…). Abstraction vers le blanc avec toujours de l'ironie dans le fond, au-dessus et derrière. Non style qui forme style...
Nonobstant ces flottantes considérations et même s'il est toujours d'un commerce agréable Echenoz commence à atteindre les limites de ses vies non minuscules. le bord est bientôt là, le précipice tout autant et il faudra bientôt trouver une couturière matinale bien à même de façonner un ourlet de bonne facture afin d'éviter une fâcheuse chute vers les sombres ténèbres de l'ennui vespéral.
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Brillant.

L'histoire d'Émile, coureur émérite, qui a le malheur d'être tchécoslovaque, dans un pays sous la tutelle de l'URSS.

Une critique acide mais drôle du communisme.

Une fiction qui fait malgré tout froid dans le dos au regard des tensions russo-ukrainiennes actuelles...
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C'était mon premier Echenoz, et j'ai été séduite par le style léger, alerte, faussement décontracté. Je me suis laissée embarquer avec plaisir dans la vie d'Emile Zatopek, comme un enfant à qui l'on raconte une histoire extraordinaire. J'ai passé une lecture agréable, si ce n'est une petite sensation de répétition au milieu, et une fin, qui m'a, je dois le dire, laisser sur ma faim. Trop brutale à mon goût, par rapport aux pléthores de détails qui avaient été donnés tout le long du récit. Très belle histoire néanmoins.
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Dans un style très personnel, Echenoz déroule le parcours improbable de celui qui domina sans contestation la course de fond et de demi-fond, des années d'après guerre jusqu'au milieu des années 60.
Le ton est factuel, bienveillant, teinté d'admiration cachée derrière un humour en demi-teinte, jamais méprisant pour l'homme exceptionnel que fut Zatopek mais sans complaisance pour le totalitarisme qui régla son destin et exploita sans pitié son courage...

Exceptionnel Zatopek c'est le mot, car il fallait une faculté d'adaptation hors-norme pour tenir la distance plus d'une décennie au sommet de l'Olympe sportive dans le contexte des années 50/60 , dans le dénuement d'un petit pays du bloc de l'est pendant l'installation de la guerre froide !

Le seul petit reproche que je fais à ce portrait qui se lit d'un seul souffle, c'est qu'il se termine brutalement sur le déclin de ce sportif exemplaire, sans aborder la fin de sa vie, la reconnaissance de ses pairs et de son pays.
Dommage, un peu.
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choisi un peu par hasard, j'ai découvert un petit roman extraordinaire sur un homme extraordinaire, Emile Zatopek. L'homme qui fut le plus rapide du monde. Qui s'entraina sans entraineur par choix et qui devint une légende. L'écriture du romancier est comme le champion, vive, alerte, efficace. Lorsque le mot Fin s'inscrit sur la dernière page, le lecteur a vraiment l'impression d'avoir couru après Emile. Un vrai régal!
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La vie d'Émile Zatopek, spécialiste tchécoslovaque des courses de fond de
5000 m au marathon, du milieu du 20ème siècle
Appelé l« la locomotive tchèque ».

Livre passionnant à double titre : la découverte de Zatopek et celle du contexte géopolitique.

Un sportif qui n'aime pas, et ne pratique pas le sport.
A 19 ans, il est obligé de prendre le départ d'une course par son patron, dans l'usine de chaussures où il travaille. Il renâcle car il fait jamais de sport, mais gagne avec tellement de facilité que l'entraîneur du club local d'athlétisme l'invite à rejoindre sa structure.

Une absence totale de style chez Zatopek
« Émile, on dirait qu'il creuse ou qu'il se creuse, comme en transe ou comme un terrassier. Loin des canons académiques et de tout souci d'élégance, Émile progresse de façon lourde, heurtée, torturée, tout en à-coups. Il ne cache pas la violence de son effort qui se lit sur son visage crispé, tétanisé, grimaçant, continument tordu par un rictus pénible à voir.(…) Il donne en course, l'apparence d'un boxeur en train de lutter contre son ombre et tout son corps semble être une mécanique détraquée, disloquée, douloureuse, sauf l'harmonie de ses jambes qui mordent et mâchent la piste avec voracité. »

Un bourreau d'entrainement (l'équivalent d'un marathon, au quotidien)
« Un jour, on calculera que rien, qu'en s'entraînant, Émile aura couru trois fois le tour de la terre. Faire marcher la machine, l'améliorer sans cesse et lui extorquer des résultats, il n'y a que ça qui compte, et sans doute, est-ce pour ça que, franchement, il n'est pas beau à voir. »

Le seul athlète à avoir obtenu trois médailles d'or en demi-fond et en fond lors des mêmes Jeux olympiques, à Helsinki (1952)

Il n'est pas indifférent aux conditions de vie de son pays :
« Prague, où, des années là, tout le monde a peur, tout le temps, de tout le monde et de tous, partout. Dans l'intérêt supérieur du parti, la grande affaire est maintenant d'épurer, démanteler, écraser, liquider les éléments hostiles. »

Colonel dans l'armée tchécoslovaque, il occupe ensuite d'importantes fonctions au ministère de la Défense. Profondément patriote, il manifeste publiquement son indignation devant l'intervention des troupes soviétiques qui mettent fin à l'expérience démocratique du « printemps de Prague » (1968). Il est alors radié de l'armée et doit travailler dans une mine d'uranium.

Une volonté de socialisme à visage humain de janvier à aout 1968 de la part d'Alexander Dubcek
« Dubcek voudrait une nouvelle étiquette, de démocratie socialiste cette fois, ce dont on ne se soucie guère à 1ère vue, mais il déclare aussi que le pays doit pratiquer une ouverture européenne. (…) Mais Dubcek ne s'en tient pas là. le voilà qui se met à prendre des mesures qu'on n'aurait pas osé imaginer. Suppression de la censure. Tolérance religieuse. Réhabilitation des anciens dirigeants condamnés lors des grands procès de Prague. Libération d'auteurs emprisonnés pour délit d'opinion. Liberté pour tout le monde de voyager à l'étranger. Rétablissement de la légalité et du droit. (…) Cela dure un peu moins d'un an cependant que, de son côté, la soeur ainée s'impatiente de plus en plus. Jusqu'à ce que l'impatience se transforme en colère, la colère en exaspération. Jusqu'à, douze après Melbourne, une nuit d'aout à Prague. »

J'aime beaucoup l'écriture aussi. Elle est simple, juste, riche et correspond en même temps à la personnalité de Zatopek.
Un récit passionnant et instructif.
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