Citations sur Envoyée spéciale (99)
Rien n'est ennuyeux comme les récits de rêve. Même s'ils ont l'air à premiere vue drôles, inventifs ou prémonitoires, leur prétention de film à grand spectacle est illusoire, leurs scénarios ne tiennent pas debout.
On sait d'ailleurs trop peu qu'au cimetière de Passy, loin du siècle et des projecteurs, les pensionnaires donnent régulièrement un spectacle de fin d'année soutenu par une distribution remarquable : Fernandel, François Périer, Jean Servais, avec Réjane et Pearl White dans les rôles féminins. La qualité de l’œuvre est garantie par les talents d'autres défunts : scénario de Tristan Bernard et Henry Bernstein sur une idée d'Octave Mirbeau, dialogues de Jean Giraudoux, décors de Robert Mallet-Srevens, costumes de Jean Patou, musique de Claude Debussy. Le rideau de scène est d’Édouard Manet, la mise en scène de Jean-Louis Barrault. Le livret de cet ouvrage est disponible chez Arthème Fayard. On l'ignore en général.
L'un des grands défauts du sommeil, outre qu'il fait perdre un temps fou, étant qu'il ne sent pas très bon.
Prenez par exemple Patrick Hernandez, qui n'a rien fait de toute sa vie que Born to Be Alive - écrit en dix minutes, enregistré en deux jours, refusé d'abord par tous les producteurs puis, devenu succès intercontinental dont les royautés lui ont permis de se la couler douce tout le reste de son existence.
Qu'elles soient de douleur, d'émotion, de joie voire de deuil, les larmes ont en effet du bon. Peu importe au fond ce dont elles témoignent, tant elles soulagent et tant, s'écoulant de nos yeux, c'est tout le corps qu'elles apaisent.
Car Gang Un-ok s'exprimait dans un français parfait, ce qui nous arrange bien car nous évite la présence d'interprètes, personnages secondaires encombrants sinon témoins gênants sont nous ne saurions que faire ensuite.
Il se souvient quant à lui, voici trente ans, qu'il a d'abord été brutalisé au début de sa détention quand il a rechigné à devenir un serviteur sexuel : on lui a fracturé un genou contre un lavabo pour lui fournir une idée adéquate du panorama, pour qu'il s'imprègne bien de la culture ambiante, puis tout est allé mieux dès qu'il a mis ses orifices à la disposition d'un protecteur, puis de plusieurs protecteurs, puis d'un nombre indéterminé de clients de ces protecteurs à qui ceux-ci ont loué Clément Pognel à la demi-heure. Et comme à tous il donnait pleine satisfaction, on a voulu le garder, s'assurer de ses services le plus longtemps possible, de sorte qu'à chaque perspective de libération anticipée pour bonne conduite on lui a créé toute sorte d'embrouilles afin que Pognel, accomplissant sa peine jusqu'à son terme, on puisse profiter un maximum.
Je veux une femme, a proféré le général. C'est une femme qu'il me faut, n'est-ce pas.
Vous n'êtes pas le seul dans ce cas, lui a souri Paul Objat. Épargnez-moi ces réflexions, Objat, s'est raidi le général, je ne plaisante pas là-dessus. Un peu de tenue, bon Dieu. Le sourire d'Objat s'est dissous : Je vous prie de m'excuser, mon général. N'en parlons plus, a dit le gradé, réfléchissons. (...)
Une femme, a-t-il répété à voix basse, se parlant à lui-même. Une femme, a-t-il haussé le ton, mais pas seulement. Surtout pas une stagiaire comme on en trouve partout. Quelqu'un d'absolument étranger aux réseaux, voyez-vous ? Pas tout à fait, a dû admettre Objat. Eh bien une innocente, quoi, a résumé le général. Qui ne comprend rien à rien, qui fait ce qu'on lui dit de faire et qui ne pose pas de questions. Plutôt jolie, si c'est possible.
Cela fait beaucoup de critères, a fait valoir Objat, ça ne va pas être facile à trouver. Je sais, a reconnu le général.
Et pas un mot à qui que ce soit, bien sûr, scande le commanditaire. Je ne dis jamais rien à personne, prétend Lessertisseur. Une tombe, à côté de moi, c'est une pochette-surprise.
........puis il essaie avec prudence de se souvenir de ses rêves, soulagé de ne s’en rappeler aucun. Et tant mieux, vraiment, car rien n’est ennuyeux comme les récits de rêve. Même s’ils ont l’air à première vue drôles, inventifs ou prémonitoires, leur prétention de film à grand spectacle est illusoire, leurs scénarios ne tiennent pas debout : voudrait-on les tourner que leur production coûterait une fortune en casting, figurants, construction de décors, déplacements d’équipes et location de matériel – quand bien même de nos jours, grâce aux effets spéciaux, on peut faire beaucoup de choses en réduisant les coûts –, tout cela pour une audience à coup sûr nulle, sans retour sur investissement. Mauvaise idée. À de nombreux égards, le rêve est une arnaque.