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Petit résumé, afin de plonger au coeur du sujet :
Envoyée spéciale, c'est l'histoire de Constance, une femme assez superficielle, qui est enlevée et séquestrée dans
la Creuse sous les ordres du général Bourgeaud, avant d'être envoyée en Corée du Nord y séduire un haut dignitaire. Tout cela parce qu'elle est l'épouse du compositeur Lou Tausk et l'interprète originale de sa chanson Excessive, qui a été un tube à l'international. le roman regorge de révélations et de retournements de situations et foisonne de personnages secondaires, plus ou moins caractérisés, qui se mêlent et s'entremêlent de plus en plus au fil de l'histoire. Ceci posé, concentrons-nous plus précisément sur le contenu du roman.
Ce que je retrouve le plus dans les chroniques dédiées à
Echenoz, c'est la louange du style. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles ce livre et moi, ça n'a pas marché. Parce que s'il y a de beaux passages, rares moments de respiration, de calme dans la frénésie du texte, j'ai aussi vu des facilités d'écriture qui m'ont rapidement dérangée. Parfois, j'ai eu l'impression que l'auteur dégainait d'autant plus facilement marques et patronymes qu'il pouvait ainsi se dispenser de décrire ses personnages, qui tiennent pourtant du stéréotype et peuvent donc être facilement caractérisés.
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J'ai trouvé les personnages peu sympathiques et caricaturaux. Je n'accuse pas l'auteur, car vu la façon dont il nous les présente, c'est complètement fait exprès. Mais si je suis très peu réfractaire aux allusions extra-diégétiques, aux clins d'oeil de narrateur et autres brisures volontaires d'illusions, je dois avouer une faiblesse de lecture : quand des personnages m'agacent, je n'arrive pas à me sentir concernée une seconde, même pour de rire, à ce qui leur arrive. Manque de chance : ni Constance et sa si féminine frivolité,ni Tausk et son orgueil égoïste, ni Pognel et son drame de loyauté, ni les autres n'ont réussi vraiment à me toucher. Encore une fois, je pense que c'est voulu : on nous présente les situations graves avec un ton bien trop léger pour nous enjoindre à les prendre au sérieux. Cependant, lorsque le ton désinvolte est l'occasion de parler séquestration, sévices et autres, j'ai ressenti un certain malaise. Ainsi la relation entre Clément Pognel, récemment sorti de prison où i
l a connu toutes sortes de sévices quotidiens, avec Marie-Odile, quadragénaire au chien tatoué sur le bras, permet-elle de faire passer, sur le ton de la blague, que malgré ses viols à répétition, Pognel se révèle parfait au lit, c'est à dire « extrêmement viril » tandis que Marie-Odile « se [montrait] capable de jouer alternativement au lit les rôles de mère protectrice, de petite fille innocente et de pute imaginative ».
Alors peut-être que cet aspect fondamentalement creux des personnages et leurs affinités avec tous les clichés possibles et imaginables servent la parodie du genre – soit roman-film noir dans la première partie, roman d'espionnage dans la seconde. Mais, maintenant que j'y reviens, je ne trouve pas cela drôle. J'ai essentiellement deux pistes pour m'expliquer ça (et une troisième un peu plus nulle). Commençons par la nulle : ça ne doit pas être mon humour.
(D'autres développements et quelques nuances sur
la chronique du blog)
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