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3,52

sur 677 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Lorsqu'on rédige une critique, il est important, me semble-t-il, d'être honnête sur sa posture de lecteur/lectrice et de ne pas oublier voire renier le critère qui a prévalu au choix du livre, si tant est que ce critère en soit bien un et ne relève pas de l'air du temps, l'humeur du jour ou du clin d'oeil que vous aura adressé une couverture chatoyante ou un titre énigmatique, bref tout ce qui rend jubilatoire le fait d'entrer dans une librairie sans trop savoir ce que l'on vient y chercher.
Je sais exactement pour quelle raison j'ai choisi ce livre. Pour l'auteur, son style, sa flamboyance, sa virtuosité. J'ai été hameçonnée par la lecture d'un seul des ses ouvrages, Caprice de la reine, un recueil de nouvelles. Loin de penser qu'il s'agisse d'un art mineur, je considère qu'écrire des textes courts requiert un talent peut-être plus grand encore que pour écrire de manière plus développée, le lien avec l'intrigue, l'empathie avec les personnages pouvant alors supporter quelques bémols, excusables sur la longueur (pas trop tout de même).
Les Editions de Minuit savent qu'elles "tiennent" avec Echénoz, une valeur sûre en matière de style et ont d'ailleurs agrémenté le livre d'un bandeau bleu où apparaît le seul nom de l'auteur au cas où, sur la couverture assez sobre qui caractérise cette maison, celui-ci serait passé inaperçu (mais passons, ne soyons pas mesquine, le bandeau fait office de marque page, ni vexée d'être à ce point une cible "commerciale").
J'ai donc choisi ce livre pour la promesse du style de son auteur et le contrat de confiance (sans vouloir parler comme un SAV) a été parfaitement tenu. D'où me vient alors l'envie de poursuivre avec un "mais" ?
Est-ce à dire que la qualité de l'écriture sur plus de 300 pages n'est peut-être pas complètement suffisante ? La parodie (précisons qu'il s'agit d'une parodie de roman d'espionnage dont je ne dirai quasiment rien, le spoil ruinant ici tout particulièrement l'intérêt de l'intrigue) la parodie donc, peut-elle tenir la distance une fois que l'auteur a livré au lecteur tous ses codes ? Force est de constater que j'ai commencé à m'ennuyer aux environs de la page 200. Revenons d'abord à ce qui ne m'a pas ennuyée, bien au contraire : un vocabulaire pertinent, des phrases qui, même lorsqu'elles sont descriptives, sont virevoltantes, des digressions fabuleuses, des personnages assez loufoques dont l'auteur ne dévoile que partiellement l'identité permettant ainsi au lecteur de déduire progressivement les rôles respectifs des protagonistes. Tout ceci est parfaitement maîtrisé.
Cependant, avançant dans la lecture, j'ai commencé à me lasser de jouer aux devinettes avec les personnages, nombreux, très nombreux. le côté vraiment improbable de la dernière partie de l'intrigue m'a tenue à distance (oui, je sais, c'est une parodie) même si l'auteur anticipe ce côté un peu barré en adoptant dès le début un ton semi-ironique avec son histoire et ses personnages. Voilà pour le "mais". Maintenant, je vais placer un "cependant" pour contrebalancer le "mais". Autant prévenir, si vous vouliez une impression de lecture, entière, tranchée comme on dit, ce n'est pas trop ma marque de fabrique, je prends en effet souvent la liberté de mettre des nuances et des parenthèses.
Cependant, ce qui est particulièrement réussi dans ce livre, c'est que l'auteur joue avec notre complicité et nous invite dans les coulisses du livre. Il nous explique, par exemple, pourquoi il est judicieux qu'un personnage parlant coréen ait fait des études en Suisse ce qui lui permet aussi de maîtriser le français et donc à l'auteur de se passer des interprètes, "personnages secondaires encombrants dont nous ne saurions que faire ensuite". Il explique quel prolongement formidable il aurait pu donner à cette affaire d'espionnage si elle n'avait pas tourné au fiasco.
On l'aura compris, l'auteur s'amuse et, en nous dévoilant le making-of du livre, a la générosité de nous y associer pleinement. Cette parodie ne se limite pas qu'au contenu (le propos) mais joue aussi de son contenant, le processus d'écriture ou l'écrivain lui-même, principe de quasi auto-dérision qui fait du bien alors même que d'autres proposent sans complexe et jusqu'à l'écoeurement du lecteur, l'auto-fiction.

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Le général Burgeaud et Paul mijotent quelque chose, mais quoi ? Toujours est-il que Constance est enlevée et cachée au fin fond de la Creuse. Pas plus émue ou effrayée que ça, elle y entame la lecture du dictionnaire encyclopédique Quillet.
Sans doute parce que je ne lis pas de romans d'espionnage, ce livre m'a laissée de marbre. Bien sûr, le style humoristique de l'auteur est un vrai bonheur, mais les personnages sont inconsistants, et la visite en Corée du Nord caricaturale.
À lire si vous êtes amateur de romans d'espionnage.

Lien : https://dequoilire.com/envoy..
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Je passe sur l'intrigue, fissa : un méli-mélo issu d'un rapt orchestré par une bande de tontons flingueurs sur le déclin, vraies-fausses identités et croisements inopinés de destins en veux-tu, en voilà.

L'essentiel n'est pas là à mes yeux.
L'essentiel est plutôt dans la manière dont l'auteur mêle, emmêle et démêle les fils de cet imbroglio.

Tel un marionnettiste virtuose, Jean Echenoz se délecte des personnages et des situations, s'affranchit des codes du genre (roman d'action ou d'espionnage peu importe), laisse planer son ombre sur le plan du récit, allant même jusqu'à inclure le lecteur dans la narration. Un exemple, parmi tant et tant :
« Nous pensions qu'il n'était pas mauvais que ce phénomène zoologique, trop peu connu à notre avis, soit porté à la connaissance du public. Certes, le public a le droit d'objecter qu'une telle information ne semble être qu'une pure digression, sorte d'amusement didactique permettant d'achever un chapitre en douceur sans aucun lien avec notre récit. À cette réserve, bien entendu recevable, nous répondrons comme tout à l'heure : pour le moment. ».

En agissant de la sorte, son intention est sûrement parodique, la douce ironie qui teinte sa prose s'y accorde même plutôt très bien.

Reste à savoir si cela fonctionne. En ce qui me concerne, je suis dubitatif. Jubilatoire au début, ma lecture s'est peu à peu essoufflée. Une fois le propos de l'auteur intégré, ne restait plus en effet qu'un embrouillamini lassant à force d'être tortueux, associé à l'écriture brillante de Jean Echenoz.
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C'est le sourire aux lèvres que j'ai assisté aux tribulations des personnages de Jean Echenoz dans les premières pages de cette truculente parodie de roman d'espionnage.
Quelle qualité d'écriture, quel choix des mots, des phrases, tout est parfaitement maîtrisé. En prime, l'auteur, pas toujours omniscient, s'amuse avec le lecteur et en fait son complice. C'est ce qui fait le sel de ce roman, bien plus que l'intrigue qui est, somme toute, accessoire.
Cependant, je me suis peu à peu essoufflée. La jubilation a laissé place à la lassitude devant cet imbroglio qui a fini par m'agacer à force d'être ni crédible ni probable mais un peu répétitif.

J'en ressors donc avec un avis mitigé qui ne m'arrêtera pour savourer à nouveau la plume de Jean Echenoz.
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Avec « Envoyée spéciale » Jean Echenoz nous offre un roman d'espionnage complètement loufoque.
Impossible de faire le résumé de l'intrigue, elle part dans tous les sens. Dans ce roman pas de véritable héros. Constance, jeune Parisienne en instance de divorce de Lou Tosk, est enlevée par une bande de « pieds nickelés ». le roman nous entraine de Paris en Creuse et fini en Corée du Nord.
Un peu roman policier, un peu roman d'espionnage, Jean Echenoz joue avec ses personnages, s'adresse avec le lecteur les entrainant dans un récit complètement déjanté. Une vraie réussite !

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Jean Echenoz fait partie de ces grands auteurs français qui ont fait leurs preuves et qui cumulent un grand nombre d'inconditionnels. Il est donc naturel que je m'y intéresse et la sortie de son dernier roman « Envoyée spéciale », une nouvelle fois encensé par la critique, a été le déclic qui m'a décidé à entrer dans son oeuvre.

Dès les premières pages, on est confronté à l'univers loufoque de l'auteur. le lecteur est plongé dans l'univers de l'espionnage et du renseignement français mais à la manière des films d' «OSS 117» ou de la série télévisée « Au service de la France », c'est-à-dire avec un scénario improbable. Les personnages sont tous plus barrés les uns que les autres. Leurs actions et leurs décisions déclenchent des scènes ubuesques. le récit part ainsi dans tous les sens au gré des imbécilités de chacun. Il faut donc laisser son bon sens sur la table de chevet pour se laisser balader par ce délire. C'est ce que j'ai fait et ça a plutôt bien marché sur moi, du moins jusqu'à la moitié de l'aventure.
En effet, je me suis fait plaisir avec la première partie jubilatoire et bien rythmée, dans laquelle Jean Echenoz intercale des digressions particulièrement originales et pleines d'esprit. Cependant dans un second temps, le récit devient moins inventif et traîne en longueur. Il perd en efficacité et je me suis un peu ennuyé comme si l'auteur n'avait plus d'idées pour finir son histoire.

Globalement, je ressors mitigé de cette lecture. J'ai beaucoup aimé le monde et l'humour du début mais beaucoup moins la fin. Par contre j'ai trouvé la plume d'Echenoz vraiment admirable. Avec son style, il sait faire cohabiter truculence et exigence et mérite donc à ce niveau tous les éloges qui lui sont faits.
Il faudra une autre expérience avec cet écrivain pour me convaincre !
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C'est avec "Envoyée spéciale" que je découvre Jean Echenoz. Encore un auteur dont j'ignorais tout, ma culture littéraire a décidément bien des lacunes, et c'est tout d'abord l'originalité farfelue de l'intrigue qui m'a frappée.

Constance, une jeune femme désoeuvrée, est mystérieusement enlevée en plein Paris. Pour la plus grande joie du général qui a commandité le rapt et qui veut rendre un dernier service à la France avant de prendre sa retraite, son mari ne réagit pas à la demande de rançon. Pour la défense de ce musicien en panne d'inspiration (son unique succès date un peu), le mariage n'est pas vraiment au beau fixe. Constance est donc gentiment conditionnée dans un coin reculé de la Creuse. Entourée par des ravisseurs sympathiques, elle vit sa réclusion comme des vacances et finalement, lorsqu'on lui demande de jouer l'espionne en Corée du Nord en séduisant un membre du gouvernement totalitaire, elle se dit que cela va apporter un peu d'action dans sa vie.

Je reconnais que Jean Echenoz a un style d'écriture inimitable. J'ai adoré ses apartés avec le lecteur, ses délires loin de l'intrigue dans lesquels va l'entrainer un seul mot et l'humour de situation que vont apporter des personnages dignes de jouer dans "Les tontons flingueurs". En fait, j'ai beaucoup aimé la première partie de ce livre qui joue la parodie burlesque d'un roman d'espionnage, et puis, je ne sais pas pourquoi, mon enthousiasme a cessé avec l'arrivée de Constance en Corée du Nord. L'amateurisme de tous les participants à cette opération ne m'a plus convaincue. Ma note 12/20 est donc mitigée et reflète malheureusement ma déception finale.
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Jean Echenoz fait partie de ces grands auteurs français qui ont fait leurs preuves et qui récoltent un grand nombre de lauriers et d'inconditionnels.

La sortie de son dernier roman « Envoyée spéciale », une nouvelle fois encensé par la critique, étant au programme de la sélection du Prix Relay ( qui a récemment livré son verdict, on revient dessus très prochainement) était donc l'occasion pour moi d'entrer dans cet univers que je n'avais appréhendé qu'une seule fois avec "Courir " la biographie romancée du coureur tchèque Emil Zátopek, qui ne m'avait pas totalement renversé.

Sauf qu'avec Cet "envoyée spéciale", on est dans un genre totalement différent puisque Echenoz se livre à une parodie du roman d'espionnage un peu à la manière des films d' «OSS 117» : un généra à la retraite , ex responsable des opérations spéciales, s'amuse en effet à continuer à monter des coups pour ne pas s'embêter décide d'envoyer une espionne séduire l'un des plus proches conseillers du dictateur nord-coréen Kim Jong-un afin de déstabiliser le régime.

Et pour cela, il conviendra de s'assurer les services de la belle Constance, l'épouse en cours de divorce d'une ex-célébrité du show-biz, qui se voit soudainement enlevée et passer trois mois avec ses ravisseurs.

Histoire totalement improbable, personnages complètement barrés et hauts en couleurs: Echenoz prend visiblement un malin plaisir à situer son roman dans la tradition de l'absurde et du burlesque personnages de pieds nickelés, des situations ubuesques, des synchronicités qui n'en sont pas vraiment, des digressions

Une intrigue farfelue, qui tient la route du moins dans sa première partie, assez jubilatoire tant Echenoz s'amuse avec le lecteur avec des disgressions et des apartés offertes au lecteur, qui sent ainsi une complicité avec l'auteur toujours agréable.

Bref cette intrigue, entre la parodie de roman d'aventure et pastiche de roman d'espionnage, apparaît assez imaginative et drôle, malheureusement, l'intrigue s'essouffle à mi roman, et l'aspect burlesque et exagéré lasse assez vite et surtout comme souvent dans ce genre de roman, empêhe l'empathie. Dénué d'enjeux dramatique et de crédibilité et usant trop la corde du déjanté, Envoyée Spéciale tourne assez vite à vide, malgré tout le style et la plume de l'auteur..

Bref une demi réussite et une impression que les fans de l'auteur ont défendu avec un peu trop d'enthousiasme un livre qui n'en méritait sans doute pas tant.

Et récemment on signale aussi la parution due la version Audiolib d'Envoyée spéciale (1 Cd Audio ; 6h39 ; Lu Par l'épatant et talenteux Dominique Pinon) pour bien avoir la langue si singulière de Monsieur Echenoz à l'oreille, parfaitement retranscrite ici par Pinon qui semble s'amuser autant que l'auteur à plonger dans les délires de Constance et ses ouailles...
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Construction sympa qui donne l'impression d'être l'assistant d'un metteur en scène. Un travelling ici/couper/une scène là/couper/changement de décor/couper/etc. de plus, Echenoz nous prend le bras pour nous dire ce qu'il pense. Nous suivons Constance qui se fait kidnappée pour une rançon que son mari ne voudra pas verser. Elle est emmenée d'abord dans une ferme, puis dans une éolienne, où elle fait de la chaise longue, lit, cuisine. Tout au long de la lecture je lui ai donné la tête de Mireille Darc dans les Barbouzes. L'intrigue est un peu tirée par les cheveux et beaucoup de personnages. Atypique pour un romancier français, puisque ce style déjanté s'approche d'un Arto Paasilinna.
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Découverte d'Echenoz pour ma part. Et le moins que je puisse dire c'est que son écriture que j'ai trouvé assez distante, m'a laissé un peu au bord du chemin. Je n'ai pas réussi à m'intéresser pleinement au sort des personnages. le ton détaché, ironique qu'il employait constamment, son jeu autour de l'absurde m'ont un peu laissé froide. Même ses adresses aux lecteurs m'ont parue de trop.
On m'avait parlé de ce roman en me disant que c'était un livre humoristique, rigolo. Je n'ai pas ri. Même pas souri en fait. Pourtant j'aime assez l'absurde. Mais là, j'ignore vraiment pourquoi, mais ce n'a pas pris. Dommage. Mais du coup, je pense que je vais réfléchir avant de reprendre un Echenoz, ce qui ne sera pas de sitôt je crois.
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