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Critique de Laurence64


De l'impermanence du monde en quelques pages echenoziennes.
Sylvie a brûlé, avec ses meubles et ses photographies. Fabre, l'époux, peine à dire à son fils qui elle était. "Il s'épuisait à vouloir la décrire toujours plus exactement". "Ca ne se rend pas". Alors le dimanche, père et fils partent en pèlerinage du côté de la rue Dieu pour user leurs yeux à une représentation géante de Sylvie Fabre, peinte sur le flanc d'un immeuble, madone publicitaire en robe bleue vantant un parfum.
Le père s'agace contre le fils. "Regarde un peu ta mère, s'énervait Fabre que ce spectacle mettait en larmes, en rut, selon".

Le temps passe, les villes changent. L'un des immeubles jouxtant celui de la représentation maternelle est détruit. Un nouveau bâtiment le remplace. le square miteux que surplombe l'image unique n'échappe pas à la déréliction. "Son parfum levé par-dessus la charogne, Sylvie Fabre luttait cependant contre son effacement personnel, bravant l'érosion éolienne de toute la force de ses deux dimensions. Paul vit parfois d'un oeil inquiet la pierre de taille chasser le bleu, surgir nue, craquant une maille du vêtement maternel ; quoique tout cela restât très progressif".
De cette déréliction du square inutile découle l'érection d'un nouvel immeuble, murant peu à peu Sylvie. Et la ferveur du fils pour la seule image maternelle va croissant.

Il va s'agir de sauver la Sylvie de pierre puisque la Sylvie de chair se consuma en son temps. Fabre loue un studio dans la nouvelle construction, plan en main. Derrière le mur, il le sait, il le croit, Sylvie irradie. "Selon ses calculs il dormait contre le sourire, suspendu à ses lèvres comme dans un hamac; à son fils il démontra cela sur plans".
Fabre, père et fils, vont gratter la paroi au risque de l'incendie."On gratte, on gratte et puis très vite on respire mal, on sue, il commence à faire terriblement chaud". Chez Echenoz les ruines sont poétiques.

Et si l'image est vouée, elle aussi, à disparaître, j'arrête mes collections Panini.
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