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3,36

sur 572 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Féroce et jubilatoire, cette vie de Gérard Fulmard, montre que l'on peut être un consultant apte à tout et donc bon à rien, avoir la chance de se dispenser de loyer grâce à la chute providentielle d'un engin spatial soviétique sur un centre commercial d'Auteuil qui satellise son propriétaire puis se recycler, à l'insu de son plein gré, dans le service d'ordre d'un parti politique.

Mouvement difficile à identifier ce FPI. Certes le mandat à Belfort fait penser au « Ché », (Chevénement) seul homme politique contemporain à être ressuscité, mais, en même temps, la suite évoqué davantage « l'andouille de Vire » (Strirn) qui payait des figurants pour remplir ses meetings, et, à vrai dire, il est à craindre que chaque parti soit envisageable depuis que les convictions ont disparu.

Quoi qu'il en soit toute ressemblance serait purement fortuite, dirait l'auteur, et le scénario, qui tient du pastiche littéraire, a le mérite de nous balader dans le Paris huppé de la rue Erlanger, de nous en livrer ses mystères et de nous peindre subtilement et cruellement la vanité de notre époque. La « scène de crime » à Auteuil nous vaut notamment une mémorable et savoureuse parodie des chaines d'information en continu.

Faisant penser à Modiano, les instantanés et les failles (le Bic en panne), les personnages tel le docteur Bardot, ces pages broient du noir avec humour, ironie, et talent, car l'auteur écrit avec une variété de styles, un luxe de vocabulaire, un rythme haletant qui font oublier la minceur de l'intrigue et le vide des personnages.

Cette source effervescente de bonne humeur, pouvant être mise dans toutes les mains, nous révèle un anti héros totalement méconnu dans un contexte de décadence que nous ne connaissons que trop.
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L'anti-héros est tendance. Gérard Fulmard, avec son nom qui, à une lettre près, évoque un oiseau de mer gris et terne s'inscrit sans conteste dans ce club peu envié des losers, des perdants, souvent assortis d'une propension à se construire des châteaux en Espagne.

La scène inaugurale ne manque pas d'originalité, de l'inédit à ce jour, mais tout à fait plausible, compte tenu de la colonisation de l'espace qui entoure notre planète par d'innombrables déchets technologiques. Gérard Fulmard y voit un point positif : son propriétaire est décédé, un peu de répit pour régler son loyer…

Ce que l'on sait de sa vie passée, peu de choses, hormis qu'il fut steward, licencié pour faute.
Ne rêvons pas sur son physique, les années ont peu à peu étoffé une silhouette qui fût peut être un jour longiligne. « Je ressemble à n'importe qui en moins bien ». Au moins de ce point de vue, il ne s'illusionne pas .

Il habitue une rue triste, seul. Et décide donc de reprendre le contrôle de son destin : il crée sa propre entreprise, aussi peu spécialisée que possible : le Cabinet Fulmard Assistance, au sein duquel il se promeut détective.

De fil en aiguille, le suivi psychiatrique dont il bénéficie, (sans choix personnel, puisque c'est une injonction suite aux débordements de conduite en plein vol) l'amène à fréquenter de drôles de personnages. Et à découvrir les manoeuvres tactiques d'un petit parti politique, peu influant par le nombre mais remarquable par ses excès.

Gérard Fulmard, anchois au milieu des requins…

C'est presqu'un roman d'espionnage que nous propose là Jean Echenoz, toujours dans ce style particulier, fait de sobriété et de précision; toujours en décalage avec le propos.

Malgré le peu d'empathie que suscite le personnage, il est difficile de ne pas avoir envie de savoir ce qui va lui arriver. le milieu politique décrit ne fait pas rêver non plus, mais malgré tout, le roman se parcourt avec plaisir. D'autant que l'humour, assez grinçant, agrémente cette partition d'une symphonie lugubre.

Inconditionnelle de l'auteur, j'ai apprécié cet opus, mêmes ce n'est pas mon préféré.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Bienvenue en Echenozie !

Cette fois, l'auteur s'empare du genre polar, mais à sa manière, très personnelle , rien que pour le plaisir d'en détourner les codes. Il y a bien un détective privé, une disparition mystérieuse qui pourrait s'avérer un meurtre, et un marigot d'hommes et femmes politiques prêts à toutes les combines pour s'emparer du pouvoir interne au sein de leur parti.

Clairement passe ton tour si tu veux un polar conventionnel "suspense – rebondissements – dénouement surprenant". La trame enquête est une célébration de la cassure, de l'ellipse et de la digression. Cet art du zigzag totalement maitrisé – et souvent jubilatoire – te fait côtoyer pendant quelques pages un boulon géant issu d'un satellite soviétique obsolète qui s'écrase sur Paris, un Mike Brant défenestré et même un cannibale japonais ... autant de détails ou d'informations que le lecteur appréhende sans trop savoir comment les classer dans la hiérarchie des péripéties. C'est son style qui embarque le lecteur dans une intrigue complètement farfelue - ou pas, on peut ne pas adhérer au style Echenoz.

Car oui, Echenoz est un styliste de haute volée, un formidable fabriquant de phrases. Chacune est un bonheur. Chaque phrase possède sa propre histoire, avec ses changements de registre de langue ou d'échelle, avec son art prononcé de la ponctuation pour cadencer les ruptures narratives internes . Les mots fondent dans la bouche comme des gourmandises.

Et quel humour ! Tout est cocasserie, on rit beaucoup. Notamment dans la présentation des nombreux personnages, qui donne lieu à une galerie de portraits truculents, à commencer par celui de Gérard Fulmard, le narrateur, antihéros désoeuvré et dérisoire, improvisé détective privé : « je ressemble à n'importe qui en moins bien. Taille au-dessous de la moyenne et poids au-dessus, physionomie sans grâce, études bornées à un brevet, vie sociale et revenus proche de rien, famille réduite à plus personne, je dispose de fort peu d'atouts, peu d'avantages ni de moyens. Encore heureux que j'aie pu rependre ces deux pièces et demie après le décès de ma mère, elles étaient locativement les siennes et je n'ai pas changé les meubles. »

J'ai adoré les noms attribués aux personnages ainsi que leurs descriptions
, Luigi Pannone, Nicole Tourneur, Cédric Ballestertous, Guillaume Flax, Francis Delahouère ( assistant de Joël Chanelle «  aspect sphéroïdal voisin de celui-ci mais en version effilochée, imprécise, mal rangée. Sa cravate dépasse derrière le col de sa chemise, ses cheveux sont rétifs et ses vêtements, même neufs, paraissent élimés aux extrémités, il ressemble au portrait de Chanelle exécuté par un enfant psychotique. » ), les frères Apollodore et Ermosthène Nguyen, Dorothée Lopez ( «  ce genre de femmes un peu mûres qu'on doit croiser dans des soirées dont je me fais une idée lointaine et qui, coupe de champagne en main, voix de fumeuse et bas fumés, décolleté abyssal et rouge à lèvres extraterritorial, doivent laisser distraitement glisser une bretelle de leur robe en citant Plekhanov du bout de leur grosse langue rose et, en pareil cas, le mécanisme est immanquable : je dois regarder ailleurs sinon je bande. »

Un roman délicieux et drolatique à savourer pour ses extraordinaires qualités d'écriture. Le souvenir en sera sans doute fugace, mais peu importe, le plaisir est là.

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Ne me dites pas que vous n'en avez pas entendu parler ! La plupart des magazines consacrent au moins une page à Jean Echenoz et à son dernier roman, Vie de Gérard Fulmard. On crie au génie… Alors, véritable chef-d'oeuvre ou coup de communication ?

Ecrivain atypique, ne recherchant pas spécialement l'exposition médiatique, Jean Echenoz est très apprécié dans une certaine élite littéraire. Au cours des vingt dernières années, ses oeuvres ont été saluées par des prix éminents, mais relativement confidentiels. le prix Goncourt lui avait été attribué en 1999 pour son roman Je m'en vais. En remontant plus loin dans le temps, on trouve aussi un prix Médicis (1983).

Son écriture est volontairement minimaliste. Les ellipses aménagées dans ses narrations confèrent à ses fictions une ambiance étrange, une absence apparente de sens, un je-ne-sais-quoi de surréel. Une particularité qui pourrait évoquer Patrick Modiano, chez qui l'essentiel d'un récit se situe aussi au-delà de l'histoire racontée. Mais chez Echenoz, et notamment dans Vie de Gérard Fulmard, pas d'introspection, pas de quête personnelle, pas d'interrogation spirituelle, juste le constat désinvolte de l'absurdité du monde, la démonstration ironique de la vacuité des choses humaines.

Une absurdité qui se retrouve dans l'incongruité des situations décrites tout au long du livre. Une vacuité partagée par tous les personnages : que des tocards, des losers, dont les projets ne peuvent qu'échouer, à commencer par Gérard Fulmard, le personnage principal ! Et les autres personnages, des politicards minables, membres d'un parti populiste, ne valent guère mieux. La médiocrité des personnages est un point commun avec Michel Houellebecq, mais alors que celui-ci prend un plaisir provocateur à en disséquer tous les aspects, Jean Echenoz reste au niveau de la suggestion floue. Avec le risque de se répéter et d'en affaiblir l'effet de dérision.

Peut-on parler d'intrigue dans Vie de Gérard Fulmard ? Au vu des nombreuses digressions qui se succèdent et qui m'ont à chaque fois embarqué, je me suis posé la question, même si l'auteur a l'habitude de déclarer que l'intrigue est un mal nécessaire du roman. Oui, il y a le fil d'une intrigue, un fil bien mince, une vague intrigue de roman policier dans la tradition des anciennes séries noires. Un polar, donc, à moins qu'il ne s'agisse d'un pastiche de polar. Mais peu importe.

L'écriture est exceptionnelle. Comme Houellebecq, Echenoz a une telle maîtrise de la langue, de la syntaxe et du vocabulaire qu'il est capable de s'abstraire des règles littéraires courantes et d'oser toutes les fantaisies, comme mêler dialogues et narration, ou changer de narrateur au beau milieu d'une phrase, ou encore insérer des mots rares dans une assertion d'une banalité affligeante.

Pourquoi Jean Echenoz écrit-il ? Pour le plaisir d'écrire, tout simplement. Et si on le lisait pour le plaisir de lire, tout simplement ? Car les deux cents et quelques pages du livre se lisent avec jubilation. C'est déjà ça. Pourquoi se priver du plaisir instantané d'une lecture sans arrière-pensées ? de là à parler de chef-d'oeuvre…

Que me restera-t-il de Vie de Gérard Fulmard un mois après tourné la dernière page ? Juste que j'aurais pris beaucoup de plaisir à lire un roman dont je ne me souviendrai plus très bien de quoi il y était question.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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"Lu en audio", avec la voix de Dominique Pinon qui est excellente dans cet exercice de style.
Ce petit livre est en effet sans prétention, plutôt axé sur l'esthétique de la narration. Son mérite principal : faire sourire.
On peut y voir nombre d'allusions à quelques sujets d'actualité au sens sociétal mais à petites touches, presque impressionnistes.
Bref, c'est un divertissement littéraire.
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Il y a des auteurs que l'on reconnaît à la première ligne lue, et Echenoz en fait clairement partie.
Peu d'auteurs décriraient un steward comme une personne dont la qualité principale est la livraison dans de bonnes conditions de plateaux repas en haute altitude. Jean Echenoz si.
Plonger dans un livre de Jean Echenoz, c'est se perdre dans un tourbillon de tournures toutes plus fortes , intuitives, allons y poussons à géniales, les unes que les autres. Dans une langue très riche , les mots sont au service de notre divertissement et avouons le de notre bonheur de lecture.
Mais un livre , c'est avant tout une histoire . Alors quand Jean Echenoz nous narre l'histoire d'un marchand de chaussures Tchèque amené à être un des plus grands coureurs de tous les temps (courir), on s'envole.
Quand il nous narre les aventures de Gérard Fulmard, on se marre bien certes mais pas sur que dans quelques mois , on soit capable de se souvenir de quoi ce Fulmard était bien capable , si ce n'est se balader à haute altitude avec des plateaux repas .
Et finalement, je risque de mélanger un peu avec les grandes blondes ou envoyée spéciale dont la trame me semble ressembler à ce que je viens de lire.
Et puis, et j'ai déjà eu ce sentiment même s'il n'est pas trop prégnant ici, Echenoz me fait penser à un coureur de marathon qui peut enquiller les bornes à 4 minutes par kilomètres mais qui décide de se les faire en 3'55. Résultat, une impression de fluidité , de vitesse , de force sur 90% du parcours et 10 derniers pourcents que l'on finit comme l'on peut. le style est toujours là, mais c'est plus saccadé...

Alors ce Fulmard ? Une brêle . Bon à rien ou à pas grand chose , il se fait embobiner par un parti de tocards , parti politique aux relents vaguement nauséabonds et crédité de 2% aux élections récentes. Ce livre nous narre les aventures de Fulmard et des politiciens, une histoire digne d'un bon Jacky Schwartzmann.
Le principal intérêt du livre , outre cette écriture éblouissante, est sans doute dans les à cotés de l'histoire : Descriptions croustillantes des personnages , anecdotes , digressions de l'auteur...

Vous l'avez compris, pour moi, lire Jean Echenoz , c'est comme s'abandonner dans une grosse bulle, où l'on sait que l'on va s'épanouir et profiter de chaque tournure. La couleur , le sens de la bulle, faut pas trop y faire attention.

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Ah, la prose d'Echenoz ! L'anti-héros, Gérard Fulmard est une sorte de Pierre Richard entraîné dans des évènements qui le dépassent. Les choses se font à son insu, souvent à son détriment, mais sans jamais l'atteindre, comme dans un dessin animé. Même pas mort ! Il est là le ressort narratif, moqueur et bondissant, dans le contraste entre un personnage maladroit et des circonstances dramatiques, d'une improbable gravité (la chute d'une météorite sur un supermarché, le décès d'une pin-up croquée par un requin blanc suite à l'égratignure de son doigt). L'auteur s'amuse, dialogue parfois avec le lecteur, se distancie de son récit pour en allonger le sarcasme. le roman d'Echenoz est un bonheur de lecture parce que sa langue est belle et sophistiquée, que son observation des petits riens du quotidien est jouissive (excellence des litotes et des euphémismes), que sa satire de notre société est irrésistible et que ses descriptions des personnages ou des décors relèvent du grand art (Exemple : « Rassurante autant que majestueuse, non moins autoritaire que bienveillante, la moustache de Franck Terrail ne relève pas de l'assertorique mais de l'apodictique »). On ricane, on apprend des mots nouveaux, on émarge les aphorismes. Cela fait oublier l'obsolescence du sujet (luttes intestines dans un parti politique), l'absurdité des situations et la légèreté de l'intrigue. Voilà un texte qui, signé par un inconnu, serait immédiatement recalé : confusion des personnages, manque de crédibilité, inconsistance de certains personnages secondaires, et j'en passe. Oui mais voilà, c'est Jean Échenoz, et c'est un virtuose. Alors qu'importe, pour la beauté de son style, on le suivrait au bout de ses délires.
Bilan : 🌹🌹
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L'envoyé spécial

Satire du milieu politique sous forme de polar déjanté, la «Vie de Gérard Fulmard» permet à nouveau à Jean Echenoz de casser les codes et de nous régaler avec un anti-héros dépassé par les événements.

S'il n'est pas question de parler de «génie du lieu» pour une rue propice aux faits divers en tout genre, on peut toutefois dire que la rue Erlanger, sise dans le XVIe arrondissement de Paris, a enflammé l'imagination de Jean Echenoz. C'est ainsi que la Vie de Gérard Fulmard s'inscrit dans une série impressionnante. Il n'avait pas un an quand sa mère a failli être victime collatérale du suicide de Mike Brant. Quand le chanteur s'est jeté dans le vide, elle se rendait du marché et, à quelques minutes près, aurait pu être heurté par ce corps devenu projectile. Quelques années plus tard, à quelques mètres de là, sa mère a également vu un étudiant japonais chargé de deux lourdes valises et découvrira quelques jours plus tard qu'elles contenaient les restes du corps de Renée Hartevelt qu'il avait assassinée avant de la découper, «en avait entreposé sept kilos dans le réfrigérateur et, deux jours durant, en avait préparé la plupart selon différents modes de cuisson pour s'en nourrir, l'accompagnant à l'occasion de petits pois».
Quand s'ouvre le roman Gérard Fulmard vit seul rue Erlanger, après le décès de sa mère, et peut poursuivre cette chronique effrayante. Car en revenant du centre commercial voisin, il échappe de peu à la chute d'un vieux satellite russe qui pulvérise le bâtiment. Parmi les victimes se trouve le propriétaire de son appartement, lui offrant ainsi l'occasion de sursoir provisoirement au paiement de son loyer. Comme il a perdu son emploi de steward, cela l'arrange plutôt. D'autant que ses finances sont inversement proportionnelles à son poids. D'un côté le calme plat, de l'autre une surcharge pondérale. Mais Gérard a une idée, il va créer son entreprise. Après avoir un peu tâtonné, il trouve l'inspiration en passant devant un cabinet de détectives et publie cette annonce: «Cabinet Fulmard Assistance, Renseignements & Recherches, Litiges & Recouvrements, Promptitude & Discrétion». Comme on peut l'imaginer, les clients ne se bousculent pas, si ce n'est un énergumène décidé à le piéger. Aussi quand il est approché par un responsable de la FPI (Fédération populaire indépendante), un parti politique qui rêve de jouer les premiers plans, il se laisse entraîner dans ce qui va se révéler une bien sombre affaire, car Nicole Tourneur, une «figure notable de cette sphère», a été enlevée.
Gérard, qui trouve Nicole «pas mal dans le genre de son âge, catégorie mature», va aller de surprises en surprises.
Jean Echenoz, dont on sait au moins depuis Envoyée spéciale, qu'il aime jouer avec les codes, nous offre ici un vrai-faux polar mâtiné de combines politiques où tous les coups sont permis et où le pire devient de plus en plus sûr. le lecteur, à l'image de Gérard Fulmard, va être ballotté par les rebondissements de cette affaire tortueuse qui va créer un joli désordre. En «aiguisant les convoitises et chauffant les rivalités», la situation va vite dégénérer et nous offrir une satire qui pourrait bien sonner comme un avertissement !


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Si on est fan de J.Echenoz, on se précipite sur les Edts de Minuit dès qu'un roman paraît, et c'est mon cas, sauf que...
la vie de Gérard Fulmard est occultée par des digressions sans trop de consistance et s'il se trouve embringué dans les magouilles d'un parti politique telles qu'on les imagine bien d'ailleurs, il m'a semblé trop en retrait , comme un personnage secondaire, alors qu'il est l'anti-héros par excellence, tel que les aime J.Echenoz.
Parce que ce Gérard , rondouillard, terne, sans boulot, que la poisse poursuit plutôt est tout de même digne d'intérêt. Ce que lui accorde Echenoz certes, mais pas assez à mon goût.
En revanche, l'écriture et le vocabulaire de l'auteur irradient toujours, jeux de mots et litotes passent en feu d'artifice,une vraie gourmandise. C'est pour cela que j'attendrai le prochain Echenoz.
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« Je ressemble à n'importe qui en moins bien. Taille au-dessous de la moyenne et poids au-dessus, physionomie sans grâce, études bornées à un brevet, vie sociale et revenus proches de rien, famille réduite à plus personne. »

C'est vrai qu'il n'est guère sympathique ce Fulmard. Il s'est fait virer de son emploi de personnel navigant commercial (steward) à cause d'une faute lourde, dont nous ignorerons la nature, si lourde en tout cas qu'elle l'a conduit à être condamné à de la prison avec sursis. Et à une obligation de soins psy.

Il va deux fois par mois consulter un certain Bardot, à qui il ne ment « qu'une fois sur trois ». Il est persuadé que le psy s'en fiche, de ce qu'il peut bien raconter, et il n'a pas entièrement tort. On peut tout de même penser à la fin du roman qu'il aurait mieux valu qu'il l'ignore encore davantage…

Gérard veut se reconvertir : il se positionne sur un créneau de détective privé qui ne dit pas son nom. Bardot, lui, magouille dans un micro-parti politique, le FPI (Fédération Populaire Indépendante), qui se situe « des droites aux gauche les plus diverses non sans quelques détours par le centre ».

Son leader vieillissant, Franck Terrail, n'est plus guère fringant mais a conservé une sorte d'aura que n'ont pas ses dauphins, qui seraient plutôt du genre requins prêts à le croquer. Il bave devant sa belle-fille, et le hasard faisant bien les choses, sa compagne disparaît.

A cause de Bardot, Gérard Fulmard va être contraint d'effectuer des basses besognes pour le compte des affreux du F.P.I.

Jean Echenoz poursuit ici dans la veine de « Envoyée spéciale », son précédent roman. Intrigues policières échevelées, humour dévastateur et style exemplaire en sont les ingrédients principaux. Il y multiplie les clins d'oeil au lecteur, à la Diderot de « Jacques le fataliste et son maître ». Une dernière remarque : on ne lit jamais assez attentivement les titres des romans. Ici c'est le cas.
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