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sur 1682 notes
Nous devions avoir 10 ou 12 ans. Nos familles venaient toutes d'emménager dans un immeuble neuf du centre-ville de ***** et l'été nous tendait les bras. le chantier de l'immeuble n'avait pas totalement disparu, alors nous avions récupéré quelques matériaux de construction pour monter une cabane branlante. Rapidement, notre bande prit un nom pompeux avec le mot Chevalier dedans. Un chef émergea du lot. Quelqu'un fabriqua même des cartes de membres découpées dans des fiches Bristol à petit carreau et protégées dans des petites pochettes de plastique volées au bureau de son père. le symbole de notre groupe (un aigle) fut dessiné par le moins maladroit d'entre nous (une fille, car à cet age-là, la discrimination se fait entre Lego et Playmobil, pas selon les sexes) sur le sol de la cabane. Des tabous apparurent, dont celui de marcher sur notre aigle, sous peine d'expulsion. Évidemment, il était interdit de parler de notre club à quiconque, pourtant, on recrutait encore un cousin ou un ancien du quartier qui avait connu l'endroit avant la construction de l'immeuble. Comme l'immeuble avait été bâti à l'ombre de la cathédrale de la ville, notre cabane se trouvait fort logiquement coincée à l'arrière de la maison de dieu, dans un coin plutôt sordide que seuls les clodos utilisaient pour uriner. Notre QG était là, adossé à la cathédrale, et on jouait au balon contre le mur épais sans que le sacristain y trouve à y redire. Comme les saints nous surveillaient depuis les vitraux, on faisait gaffe. le club est mort de lui-même à la fin de l'été. On manquait d'une bande rivale pour réellement exister.

Le pendule de Foucault parle de ça (mais pas que). C'est un livre sur les petits garçons qui s'ennuient et qui forment des clubs secrets. Sauf que quand ils grandissent, ces petits garçons continuent de jouer, mais ils ne se contentent pas de lancer des marrons sur les toits des environs ou d'inventer un nouvelle manière secrète de se dire bonjour, ils ont des jouets d'adulte.

Ce livre raconte en fait dans le désordre comment trois hommes travaillant pour une maison d'édition milanaise se mettent, pour de rire, à inventer une conspiration templière. Au départ, c'est un jeu d'esprit, puis ça gonfle, ça enfle et ça gagne en démesure. Car en occultisme, tout est dans tout : dès que l'on invoque les Templiers, les assassins d'Hiram ne sont pas loin, les roses-croix débarquent et le golem de Prague fait parler de lui. Leur petit jeu s'emballe et le Plan, ce petit jeu amusant, prend le pas sur le réel. Car un mensonge, s'il est suffisamment dit et redit, finit par devenir vrai. À force de faire des analogies entre la Torah, le comte de St-Germain, la svastika et Cthulhu (oui, oui, même Cthulhu), une certaine vérité prend forme et leur échappe totalement.

Syncrétisme brésilien, cérémonies druidiques, Agartha, cathares albigeois, derviches tourneurs, Vieux sur la Montagne, frimaçons, Provins... Impossible de lister tous les sujets abordés par Umberto Eco à travers ce roman. Car le Plan inventé par les trois personnages, il couvre l'entierté du spectre de l'hermétisme et de l'occultisme. Et disons que c'est un peu le rayon d'Eco, ce fond de commerce. Alors c'est un festival continu de références sur 650 pages. le Plan avance par petits sauts et comble totalement le conspirationniste qui sommeille chez le lecteur. Jacques de Molay a maudit Philippe le Bel, c'est certain. Les alchimistes avaient prévenu Einstein que le pouvoir nucléaire était trop lourd à porter. Évidemment, que l'enseignement de Jésus est incomplet, il manque au moins deux évangiles. Les références magiques dans l'oeuvre de ce Guillaume Branlelance sont évidentes à qui veut bien lire correctement ses pièces. Vous saviez que les Illuminés de Bavière contrôlent le FMI, non ? Tout est là, il suffit de relier les points entre eux.

Sauf que, ce vieux renard d'Eco, d'une main il donne de l'eau au moulin des croyants de toutes les chapelles occultes, de l'autre il démonte tous ces mythes. Il vous montre comment la numérologie fonctionne même avec les objets de tous les jours, à quel point l'interprétation d'un texte médiéval varie de sens en fonction des attentes du lecteur qui peut y voir un texte anodin ou un message cryptique, qu'il suffit de nier notre appartenance à une secte secrète pour prouver son existence, que les meilleurs secrets sont ceux qui n'existent pas puisque par leur nature même, ils ne sont jamais trahis... le croyant pourra lire le livre en y voyant une apologie à l'hermétisme, l'incrédule y verra une charge furieuse contre le mensonge érigé en savoir.

En plus, le livre parle de l'Italie quittant le fascisme pour aborder des rivages tout aussi sombres. C'est aussi un livre qui montre le fonctionnement magouillard de certaines maisons d'édition qui pratiquent cette arnaque légale qu'est la publication à compte d'auteur. C'est accessoirement un livre qui met aussi de l'avant l'informatique de son temps, avec un programme en Basic pour devenir le nom de dieu (d'ailleurs, la traduction fait datée désormais, le texte par de file, de word processing, de computer... que ce language fait vieillot).

Le pendule de Foucault est un livre qui me dépasse. Il foisonne de références, d'auteurs abscons, d'idéologies dépassées, de rites étranges. À chaque fois que je le relis, j'en sors ébouriffé. C'est une piqûre de rappel contre les Dan Brown de ce monde, les publications des frères Bogdanov et la thèse de sociologie d'Elisabeth Tessier. C'est à la fois l'ultime complot et une ôde à ces petits garçons qui nous étions et qui s'amusaient à mettre du secret sur nos étés d'ennui pour nous donner de l'importance.
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J'ai devore ce qui me semble etre un veritable tour de force.Les ingrédients de nombreux best-sellers sont mis ici a nu.Umberto Ecco a pu grace a sa grande culture monter un plateau de jeu humain,complexes mais lisible;je trouve pour rationaliser deux milles d'ans d'histoire en une seule combinaison.Epoustouflant!Et la lecon sur nos croyances,sur les manipulations et sur ce qui devrait nous rendre davantage prudent face aux theories.Une fois le livre termine,il reste tout de meme un sacre jeu de construction,un portrait de groupes de croyances humaines éclairants et un dernier clin d'oeil en forme de rire umbertien.Une fois depasse le premier chapitre,le recit demarre,on a entre les mains un chef-d'oeuvre.Cette histoire du secret des Templiers qui explique tous les evenements majeurs de tous les siecles de l'histoire humaine a partir de l'existence des Templiers.Le tout est de s'accrocher et de depasser le premier chapitre deroutant surtout si comme moi on est nul en geometrie.On peut juste se laisser bercer par la poesie
A lire
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C'est la 3ème fois que je lis un livre d 'Eco. Livre traduit par Schiffano. Pour vous seuls. La superstition porte malchance. C'est alors que je vis le pendule. Et cela me fait penser à la cathédrale de Strasbourg. La mystérieuse conspiration entre les mesures les plus intemporelles. Artifice destiné à contrecarrer les résistances de la matiere. Infinitésimalement changeant de direction. Pour moi saint Martin des champs c'est Morlaix. le brouillard très lumineux. L'expérience du Numineux ne peut durer longtemps. D'inracontables menaces.Bartholdi. de grands Baals au ventre mou de la Sapience. cadau on ou le fantôme de la raison. Les chevaliers de la vengeance. Os et viscères sans plus de peau, crissants et puants d'organes génitaux Diesel, de vagins à turbine parmi ces manifestations squelettiques. Pousse par les seigneurs du monde. le jeu de chasses monumental. Les miroirs de Lavoisier qu'ils soient concaves ou convexes sont un théâtre catoptrique. Insoutenable masque en cuire de protection, pour les expériences de calcination. Si tu voulais étudier la théorie cinétique. La fermentation putride encore du vin. Alambic calva qu'est-ce j'ai pu entendre de chose cachée dans le minuscule clepsydre. L'homunculus a dimension de gnome. le prépuce de Hermès Trimegiste au marteau de patissier.long et mince pour frapper dès le début. Fiât Lux. Jour, nuit Torquemada de l'imprimerie. Shimokitazawa comme les homoncules cristallin des vasques. Construire la Sorbonne rabelaisienne.avec le regard triste des semaphore sous la pluie. Je n'avais qu'une référence fort pâle et marginale. Tous des maiakovski et pas un Jivago. Demiurge, le précis de decomposition de cioran, l'oxymorique jacopo. Sur son sycophante, la mascagna j'étais un homme appelé cheval. Les vaincus de la république de Salo. le chevalier Kadosch unheimlich. le Bahia de tous les saints de Jorge amado. On aurait dit Jupien avec Charlus de Proust.
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Après le très grand bonheur lié à la lecture du « Nom de la rose », c'est avec enthousiasme que j'attaque ce « Pendule de Foucault »…

Les Templiers sont ils définitivement dissous dans les brumes de l'Histoire ? Si l'on en croit Umberto Eco, et surtout le narrateur Causabon, pas vraiment. Vingt ans avant le célèbre « Da Vinci code » de Dan Brown, Umberto Eco en maître es sociétés secrètes, ésotérisme, occultisme, montre la voie… Où plutôt la dissimule derrière une série de digressions érudites, pour arriver à la Grande Oeuvre : le Plan, une conspiration destinée à dominer le monde, imaginée par Causabon et ses deux acolytes, Jacopo Belbo et Diotallevi, à moins que ce ne soit par Agliè alias Comte de Saint-Germain
A moins également que l'histoire ne soit pas une invention de « Chiches Capons », mais bel et bien la réalité.

Portée en arrière plan par une étude pointue sur la symbolique mystique et occulte, « le pendule de Foucault » est une oeuvre foisonnante peut-être difficile d'accès aux esprits par trop cartésiens… Si le rapport signifiant signifié vous préoccupe… Foncez doucement dans ce pavé d'érudition sans trop vous préoccuper de l'intrigue (un peu mince à vrai dire) et laissez vous porter par l'ambiance étrange voulue par Umberto Eco.
Un petit bémol tout de même, propre à modérer l'enthousiasme du départ : voici un ouvrage dont la lecture nécessite parfois un petit effort ...
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Je remercie Nathalou93 pour cette pioche de Novembre, ma dernière de 2018. J'ai acheté ce livre récemment via un groupe facebook. le résumé m'a intéressé, j'aime beaucoup ce qui a trait à l'ésotérisme. J'ai déjà essayé de lire Umberto Eco dans ma jeunesse avec le Nom de la Rose mais je n'avais pas accroché à son style et je n'avais pas retenté depuis.

Euh, comment dire ? Dès les premières lignes, le style me rebute : des phrases à rallonge, des maths et de la physique. Je saute donc allègrement des morceaux de phrases. Où est donc l'ésotérisme et l'occultisme dont parle le résumé ? J'ai essayé d'en lire un peu plus mais je n'ai finalement pas pu. Malgré une histoire qui semblait intéressante, je n'arrive tout simplement pas à lire ce roman. Je ne supporte pas ce style ampoulé avec des phrases à rallonge pour ne pas dire grand-chose. le début m'avait paru bien car ça partait de suite sur les chapeaux de roues mais j'ai très vite déchanté.

Comme vous l'aurez compris, ce roman a été une grosse déception, j'ai abandonné à même pas 20 pages tant l'explication du fonctionnement du pendule de Foucault me paraissait complètement incompréhensible. J'en ai encore un de lui dans ma pal que je viens d'acheter dans un lot, le cimetière de Prague. Je verrais bien s'il est du même acabit. Sinon tant pis pour moi mais j'aurais bien aimé arriver à en lire un en entier. J'avais également abandonné le Nom de la Rose à l'époque, un de mes tout premiers abandons, alors que j'avais adoré le film avec Sean Connery. Si vous êtes amateurs de romans ésotériques avec des phrases à rallonge (ou pas d'ailleurs), je vous conseille de découvrir ce roman pour vous en faire votre propre idée. Pour ma part, je ne vais pas tenter tout de suite le dernier Umberto Eco en ma possession.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Casaubon, étudiant italien de la fin des années 60, rédige sa thèse sur les Templiers. Il fait la connaissance dans la brasserie du coin de Jacopo Belbo, qui travaille pour les éditions Garamond : et chez les éditeurs, la foule d'écrivains qui ont des « révélations » à faire sur les chevaliers ne diminue jamais. À force d'entendre les élucubrations de tous ces illuminés, les deux amis décident de refaire l'histoire du monde en y mêlant tous les savoirs ésotériques possibles et imaginables.

Si je suis tombé sous le charme d'Eco pendant le premier quart du livre, dans l'ambiance italienne post-mai 68, je me suis complètement noyé dans toutes les théories du complot qui s'enchaînent à n'en plus finir : Templiers, franc-maçonnerie, rose-croix, kabbale, protocoles des sages de Sion, jésuites, le graal, Stonehenge, l'alchimie, théorie de la Terre creuse, druides celtiques, … Tout ça finit par donner le vertige, d'autant plus que chacune des théories est donnée dans les détails avec toutes les spéculations qui les relient aux autres.

J'ai rapidement atteint le point de saturation : l'ésotérisme, même si c'est pour s'en moquer, même en décortiquant les mécanismes qui font qu'une foule de gens puissent adhérer à ces théories, ça m'en... nuie profondément.
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Perdu, assommé, noyé dans cette logorrhée littéraire.

La quatrième de couverture m'avait interpellée, fait envie. J'avais lu, il y a longtemps, « le nom de la rose ». J'avais été emballé par l'enquête et le film avec Sean Connery n'avait qu'amplifié mon enthousiasme.
En toute logique, « le pendule de Foucault » devait me plaire.

Je suis vraiment désolé, confus, gêné même … mais j'abdique. J'ai tenu jusqu'à la page 150.

Les allusions mathématiques, les démonstrations de numérologie autour de 6 et de 9, la richesse du vocabulaire qu'il faudrait rechercher constamment le sens des mots dans le dictionnaire, la longueur des phrases qu'il faut relire plusieurs fois pour bien en saisir le sens et du coup lâcher le fil de l'intrigue, tout ça fait que j'ai perdu l'enthousiasme.

Dans « Amadeus » de Milos Foreman, l'empereur d'Autriche Francois Joseph dit à Mozart à propos de son opéra : Très bien, Monsieur Mozart, mais il y a … trop de notes ».
Oserais-je pousser le bouchon en disant : « Très bien, Monsieur Eco, mais il y a… trop de mots »

Bien sûr cela n'engage que moi qui ne suis qu'un petit lecteur lambda de campagne.
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(Posté par erreur en citation ... merci d'excuser la confusion)
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La recette de ce livre est donnée par l'auteur lui même dans un des chapitres c'est dire la confiance que celui-ci a en la perspicacité du lecteur !

Un peu comme Nougaro expliquait que pour faire vendre sa musique, il avait été obligé, sacrifiant à la mode, d'aller à New York pour l'emballer d'une tranche de jambon d'York,
Umberto ECO donne le moyen infaillible de gagner de l'argent à notre époque où l'occultisme connaît un surcroît de côte dans le public tout venant.
Ainsi lorsqu'il met en jeu un éditeur peu scrupuleux prêt à publier des ouvrages de vulgarisation collectant ce qui est le plus accessible au public tout venant, broyant tout cela au mixer et enveloppant le tout dans une forme au goût du jour, c'est exactement ce qu'il fait avec son livre.

Ce livre construit comme le dit ECO "pour les gens qui paient, pas pour les tarentulés du sud" !, où l'auteur rassemble tout ce qui touche à l'incompréhension expliquée dans une époque de raison, de confusion et d'automobiles.

Le pire étant que pour s'en sortir, à la fin du livre, l'auteur ayant monté en mayonnaise une intrigue pour laquelle il n'a aucune réponse à apporter (comme d'ailleurs pour le reste qui en gros n'est qu'une suite de compte rendus de lectures sur tous les thèmes susceptibles éveiller l'intérêt du lecteur), il tente de ridiculiser tous ceux dont il a utilisé les travaux (chez lesquels chacun sait qu'il y a un grand nombre d'exaltés et de fantaisistes mais aussi beaucoup d'hommes de très haute valeur) par une grotesque pirouette finale.

A lire pour tous ceux qui ne savent rien de l'occultisme, ce livre remplace (ou en donne l'illusion) la lecture de tout ce qui a été écrit dans ce domaine,
aussi vrai que
la connaissance de
1 + 1 = 2
remplace l'étude des mathématiques.
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Soyons clairs : Eco est un titan . Cet opus embarque le lecteur dans une histoire aux multiples virages , on se laisse emporter par l'érudition incroyable de l'auteur , par la maitrise évidente de son art .... Rares sont les livres qui élévent réelement le niveau du lecteur . Eco lui y parvient à chaque fois . Incontournable !
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Ce roman est sans doute le meilleur d'Umberto Eco, à la fois le plus érudit des romanciers et le plus romanesque des érudits. C'est un livre très prenant et intriguant, qui est truffé de références historiques (ce qui peut, il est vrai, rebuter dans un permier temps le lecteur) tout en étant divertissant. Il ouvre des perspectives étourdissantes, un peu comme « L'aleph » de Borges. Depuis, Eco a été beaucoup copié (je ne citerai pas de nom mais vous voyez qui je veux dire...)mais heureusement jamais égalé.
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