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EAN : 9782746747371
296 pages
Autrement (26/09/2018)
4.13/5   45 notes
Résumé :
« Quand des Blancs feuillettent un magazine, surfent sur Internet ou zappent à la télévision, il ne leur semble jamais étrange de voir des gens qui leur ressemblent en position d’autorité. Les affirmations positives de la blanchité sont tellement répandues que le Blanc moyen ne les remarque même pas.
Etre blanc, c’est être humain ; être blanc, c’est universel. Je ne le sais que trop, car je ne suis pas blanche. »


Après l’élection de Bar... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Dans cet essai la journaliste britannique noire Reni Eddo-Lodge traite du racisme systémique et du privilège blanc, c'est-à-dire que quand on est blanc on vit sans y penser au quotidien et ceci sans que, bien souvent, les bénéficiaires de ce privilège n'en aient conscience. L'ouvrage commence par une histoire des Noirs au Royaume-Uni depuis la traite esclavagiste jusqu'au Brexit. La façon dont l'apport des personnes non-blanches est occultée dans l'enseignement de l'histoire du pays est pointée. Il y a pourtant depuis 1987 un Black history month (Mois de l'histoire des Noirs) au Royaume-Uni. Je fais le parallèle avec la France où, à ma connaissance, il n'existe pas de telle manifestation et ça me donne envie de lire une histoire des Noirs en France (si ça existe).

Blanc est la couleur par défaut : en littérature, si la couleur d'un personnage n'est pas précisée, c'est qu'il est blanc. S'il est noir, c'est dit. le personnage d'Hermione Granger dans Harry Potter et l'enfant maudit peut-il être joué par une actrice noire ? Ce choix a déclenché une polémique en 2015. de façon très convaincante l'autrice imagine une Hermione métisse, traitée de "Sang-de-bourbe" -de sang impur- par ses camarades.

J'ai été choquée par ce que j'ai lu concernant la prise en charge de la santé mentale : les Noirs sont plus exposés au risque d'être hospitalisés d'office dans un établissement psychiatrique, reçoivent des doses de médicaments anti-psychotiques supérieures à celles de Blancs souffrant des mêmes problèmes de santé, sont hospitalisés plus longtemps et enfin sont diagnostiqués comme séniles à un stade plus tardif. Ces statistiques concernent le Royaume-Uni mais j'imagine aisément qu'on pourrait constater la même chose en France seulement les statistiques ethniques sont interdites dans notre pays. Je suis convaincue que refuser ces statistiques ne permet pas de lutter correctement contre le racisme.

"Choisir de ne pas voir la race n'aide pas à déconstruire les structures racistes ni à améliorer concrètement le sort quotidien des personnes de couleur. Pour démanteler les structures racistes et injustes nous devons voir la race. Nous devons voir qui tire parti de sa couleur de peau, qui est injustement affecté par les stéréotypes négatifs pesant sur la race et à qui reviennent le pouvoir et les privilèges -mérités ou non-, en raison de sa race, de sa classe ou de son sexe. Pour changer le système, il est essentiel de voir la race."

Le racisme est en effet systémique : Reni Eddo-Lodge montre qu'à chaque étape de leur vie les personnes racisées sont victimes de préjugés et stéréotypes qui rendent leur réussite plus difficile ce qui n'est pas le cas des Blancs. C'est pourquoi il n'est pas pertinent de parler de racisme anti-Blancs. L'autrice apporte donc des arguments en faveur de la discrimination positive et contre l'illusion de la méritocratie. Ne devrait-on pas juger les candidats sur leurs seuls mérites ? Comme si seul le talent expliquait le monopole des hommes blancs d'âge mûr aux échelon supérieurs de la plupart des corps de métier.

Reni Eddo-Lodge aborde aussi le sujet de l'intersectionnalité, c'est-à-dire le croisement de deux discriminations , ici racisme et sexisme, qui touchent les femmes noires. Les féministes blanches ne sont pas suffisamment conscientes du privilège blanc et c'est pourquoi il est important pour les féministes noires de pouvoir se réunir entre elles. le même chapitre traite de l'islamophobie : "Que les activistes féministes se gardent de s'allier à des forces politiques qui ne prennent la défense des femmes que quand il s'agit de dénigrer les musulmans", dit-elle car concentrer les accusations de sexisme sur l'islam et les musulmans, se convaincre "que la misogynie n'est qu'un concept importé de l'étranger, cela revient à dire qu'elle n'est pas un problème chez nous."

J'ai beaucoup apprécié la lecture de cet essai que j'ai trouvé d'accès abordable. La réflexion est fouillée mais expliquée par de nombreux exemples concrets. Reni Eddo-Lodge est une femme dynamique qui veut changer le système et dit ce qu'elle a à dire sans se laisser intimider et cela me plaît. Même si les données concernent le Royaume-Uni il me paraît évident que les analyses fonctionnent aussi pour la France.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Un essai intéressant, basé sur un article de blogs et les réactions d'internautes qui ont suivi ; le prologue fait même un retour sur la publication de l'ouvrage et son impact sur les gens. L'ouvrage est écrit d'une manière plutôt "orale", et transmet des idées intéressantes, qui remuent et donnent à réfléchir ; mais c'est parfois basé sur de l'anecdotique et certains passages sont un peu fouillis. L'auteure porte des revendications antiracistes, et explique que les Blancs sont en position de domination et veulent rarement le reconnaître : c'est faire preuve de "color blindness". Elle analyse avec grande justesse la peur d'une planète noire, la misogynie inhérentes au nationalisme blanc, la manière dont le terme multiculturalisme était devenu un gros mot, la victimisation blanche... et démontre que les personnes discriminées cumulent souvent des positions d'infériorité dans ces différents domaines : race, catégorie socio-professionnelle, genre... ces différents domaines sont souvent indissociables. L'auteure aide à prendre conscience de la réalité concrète du privilège blanc, donne des éléments pour percevoir et combattre le racisme, et délivre ainsi un message d'optimisme, malgré tout.
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Voici une lecture fondamentale pour comprendre les rouages du racisme aujourd'hui, dans notre société. Avec des mots et des faits très simples, l'autrice pose les contextes historique, économique et social. A travers des témoignages et des exemples clairs, elle exprime tout haut les souffrances vécues silencieusement par les personnes de couleur et, sans jugement, confronte les Blancs à ce qu'ils refusent de voir, même les plus humains d'entre eux. En effet, Reni Eddo-Lodge aide à prendre conscience de la réalité concrète du privilège blanc, de ses racines et du déni qui l'entoure tel une carapace blindée. Avec beaucoup d'énergie et d'espoir, elle transmet aussi, à travers ces pages, quelques clefs pour amorcer le dialogue et combattre le racisme. Un livre à lire si on veut changer le monde.
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Une seule étoile pour le titre. On ne peut pas faire l'abstraction de ce travail contre productif ... le titre original est : "Why i'm no longer talking to white people about race".
Comment peut on en arriver à la traduction actuelle ? Une traduction littérale aurait été plus efficace. On chercherait à nuire au travail de l'ouvrage qu'on ne ferait pas autrement.
C'est bien beau de crier au scandale quand des polémiques éclatent sur la traduction des oeuvres (notamment pour Amanda Gorman), ce livre est le parfait exemple de ce qu'il ne faut pas faire.

Concernant le livre en lui même, il s'agit d'un excellent travail de structuration de pensée et qui est étayée par des faits historiques au UK. La possibilité d'avoir des statistiques ethniques permet un peu plus d'objectiver les propos de l'autrice.
La similarité des problématiques entre la Grande-Bretagne et la France est saisissante ...racisme, féminisme, lutte des classes ... plusieurs histoires sont analogues et nous permettent de faire le parallèle avec les faits divers français.
Préférez l'oeuvre en anglais si c'est possible.
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LA (mise à) mort de Georges Floyd a mis le feu aux poudres et l'anti-racisme est enfin d'actualité. On parle enfin (*les blancs parlent enfin*) du privilège blanc et cette lecture est une référence en la matière.
Pour information je suis blanche, mais quelqu'un d'important à mes yeux ne l'est pas. C'est cette personne qui a d'abord tenté de m'initier au concept du privilège blanc, et surtout au concept de responsabilité en tant que personne blanche. J'ai eu beaucoup plus de mal à intégrer le deuxième concept cité. Je n'arrivais pas à dissocier la responsabilité de la culpabilité et je refusais de me sentir responsable d'actes racistes alors que je les condamnais fermement depuis mon adolescence. Nos discussions n'aboutissant à rien (teintées de sensibilité et biaisées par notre tendance à nous chamailler) j'ai fait le choix de me renseigner sur les concepts du racisme systémique, du privilège blanc et de la responsabilité. J'ai écouté des podcasts, suivi des comptes Instagram et surtout lu des livres.

Renie Eddo -Lodge a écrit cet essai fatiguée de devoir s'expliquer avec chaque personne blanche souhaitant discuter du racisme. Elle y exprime sa colère, y présente le concept de blanchité et y dénonce le racisme constant (souvent invisible à nos yeux) que subissent encore et toujours les personnes non blanches.
C'est probablement une des lectures qui m'a le plus ouvert les yeux. Je n'ai qu'un conseil, lisez-le, déconstruisez-vous. C'est la force de certains livres, ils peuvent nous rendre meilleurs. (spoiler : j'ai maintenant très bien intégréle concept de responsabilité) 💪💪💪💪
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critiques presse (2)
LaPresse
06 mai 2019
Un livre coup-de-poing qui dénonce le racisme structurel et qui a fait d'elle une voix incontournable dans le débat sur le racisme.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeSoir
28 septembre 2018
Le racisme est un problème de Blancs. Le titre de l’ouvrage (sa traduction en français plutôt) de la journaliste et essayiste Reni Eddo-Lodge annonce la couleur. Sorte de Rokhaya Diallo britannique, l’autrice est une militante féministe et anti-raciste qui n’a pas pour habitude de tenir des propos tièdes.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
 On exige toujours des femmes d’aujourd’hui qu’elles fassent l’effort de franchir le fossé de l’ignorance masculine et qu’elles éduquent les hommes quant à notre existence et quant à nos besoins. C’est là une vieille technique élémentaire de tous les oppresseurs, qui maintiennent les opprimés occupés des intérêts du maître. À présent, on entend dire que c’est aux femmes de couleur, malgré une résistance prodigieuse, d’éduquer les femmes blanches quant à notre existence, nos différences, nos rôles relatifs dans notre survie commune. C’est là une dérivation des énergies et une répétition tragique de la pensée raciste patriarcale. 
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Le racisme structurel, c’est une culture organisationnelle blanche, impénétrable, créée par ces mêmes individus ; quiconque ne s’inscrit pas dans cette culture doit, au choix, s’adapter ou s’attendre à échouer. Le terme structurel est souvent le seul moyen de désigner ce qui est imperceptible : les froncements de sourcils silencieux, les préjugés implicites, les jugements à l’emporte-pièce, sans fondement réel, sur la compétence d’une personne. L’année où j’ai décidé que je ne parlerai plus de race avec des Blancs, l’enquête de la British Social Attitudes* révélait que le nombre d’individus prêts à reconnaître qu’ils étaient racistes avait sensiblement augmenté4. La hausse la plus forte, d’après un article du Guardian, concernait « les travailleurs blancs âgés de 35 à 64 ans, très instruits et gagnant beaucoup d’argent5 ». Voilà à quoi ressemble le racisme structurel. Il ne se limite pas aux a priori personnels, mais comprend également les répercussions collectives des préjugés. Ce type de racisme est susceptible de peser de manière considérable sur les chances de réussite de certains. Il est fort probable, en effet, que ces hommes blancs, éduqués et hautement rémunérés soient des propriétaires, des chefs d’entreprises, des P.-D.G., des chefs d’établissement ou des vice-présidents d’université. Très souvent, ils seront en position d’avoir un impact sur la vie d’autrui.
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La peur d’une planète noire suggère que les personnes de couleur s’approprient injustement des ressources rares, rationnées et pourtant indispensables, et fait croire que l’augmentation du nombre de personnes de couleur à des postes-clés risque de produire un profond retournement de situation.
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Un journal, quelle que soit sa ligne éditoriale, ce n’est jamais que du papier. Sa puissance n’a rien à voir avec celle des médias télévisuels. Et ce sont eux, les médias télévisuels, qui sont gérés par une poignée d’individus et dirigés par de petits groupes d’intérêt voulant tous la même chose, qui ont réellement de l’impact. Oubliez le Daily Mail, ce sont les séries qui façonnent la manière dont les gens pensent.Quand vous dites qu’ils veulent tous la même chose, à quoi faites-vous référence ? Je travaille en effet dans le domaine des médias, et la plupart des gens y sont blancs. Le journalisme britannique compte environ 96 % de Blancs. Les salles de presse sont loin d’être multiculturelles.Non, non, non, c’est vrai, mais c’est encore un exemple de l’hypocrisie de l’élite libérale. Ils veulent bien que la classe ouvrière profite de cette formidable diversité, de l’immigration de masse et des avantages qui l’accompagnent. Mais ils n’en veulent pas pour eux-mêmes, bien entendu. Ni pour leurs enfants. Les Rupert Murdoch de ce monde, ils veulent le pouvoir, ils veulent la richesse, mais ils veulent surtout que personne ne se mette en travers de leur chemin.
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Le blanc est la couleur de la neutralité. Le blanc est la couleur par défaut. Quand nous arrivons au monde, nous trouvons un scénario déjà écrit, qui nous indique quoi penser des étrangers, selon leur couleur de peau, leur accent ou leur statut social : l’humanité tout entière est codée en blanc. La couleur de peau noire, en revanche, est perçue comme « l’autre », celle dont on doit se méfier. Dans l’imaginaire collectif de l’humanité, ceux qui sont identifiés comme des menaces ne sont pas blancs.
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