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Marc Fumaroli (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070373475
352 pages
Gallimard (22/01/1982)
3.33/5   12 notes
Résumé :
Elevée par un père familier avec les philosophes du XVIIIe siècle, Mme Gervaisais est, au début du livre, une femme instruite, d'un esprit bien équilibré. S'étant rendue à Rome avec son jeune fils, elle se convertit au catholicisme après la guérison quasi miraculeuse de l'enfant, et, tombant dès lors en une sorte de dévotion mystique, se livre tout entière au Père Zibilla, qui la torture, l'humilie, la détache de toute affection humaine. Elle en est arrivée à une so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ecrit par les frères Goncourt, je m'attendais à ce que ce roman soit un texte naturaliste, voire social. Or, il pourrait avoir été écrit au début du XIX ème siècle, par un auteur romantique. En effet, de nombreuses pages sont consacrées à la description de Rome, de ses ruines, de ses églises et de ses oeuvres d'art. Cela permet des réflexions sur l'écoulement du temps, la fragilité des civilisations, la puissance de Rome et sa chute, la grandeur du christianisme, la beauté des arts antiques et baroques. On peut retrouver de telles idées chez Mme de Staël, George Sand, Alexandre Dumas... Je pense ainsi au portrait du Colisée au clair de lune, classique semble-t-il du « Grand tour » des jeunes gens du grand monde aux XVIII ème et XIX ème siècles, présente dans le Comte de Monte-Cristo comme ici. Autre thématique qui est fréquente chez les écrivains romantiques, la toute-puissance de la Compagnie de Jésus : les Jésuites sont présentés comme un ordre secret qui a pour objectif de diriger le monde avec ses espions présents partout ; c'est ce que l'on trouve chez plusieurs feuilletonistes du XIX ème siècle comme Dumas, Sue...
C'est ensuite le portrait d'une femme, d'une veuve qui se replie sur son amour maternel. Là encore, ce n'est pas très original. Ce qui l'est d'avantage, c'est que le portrait de Mme Gervaisais est un portrait tout intellectuel et moral – à peine son âge ou sa couleur de cheveux sont-ils évoqués. Et c'est le portrait d'une philosophe, qui a cultivé sa raison, son esprit critique, et même son esprit voltairien - dans le sens d'athéisme. Elle est exceptionnelle pour son temps, trop intelligente et cultivée, une femme à part, ce qui déplaît à son mari jaloux. C'est un esprit fort, inhabituel chez une femme du XIX ème siècle.
Cependant, celle-ci se convertit et devient une dévote fanatique devenue complètement dépendante de son confesseur. En termes actuels, on dirait qu'elle sombre dans une dépression, ce qui en fait une proie pour un manipulateur, un pervers narcissique qui l'entraîne dans sa secte. Il est assez effrayant d'assister à son effondrement, surtout celui de sa conscience et de son intelligence, jusqu'à son amour maternel qui est annihilé.
De belles descriptions, mais bien trop longues avec des successions de listes - listes des églises, listes des dignitaires ecclésiastiques, listes des statues..., un rythme très - très - lent avec un temps dominant qui est l'imparfait, et des situations parfois caricaturales. A ne pas lire comme un roman naturaliste, mais comme un roman romantique anachronique.
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4ème de couverture du Folio Gallimard
Rome, la Ville sainte avec ses innombrables églises ténébreuses et étincelantes comme des grottes illuminées, la Ville solaire avec la vie grouillante de son peuple, l'enchantement de ses jardins, de ses fresques, de ses ruines, tout cela revit dans Madame Gervaisais, le dernier roman écrit par les frères Goncourt avant la mort du plus jeune, Jules, en 1870. Admirable témoignage sur la capitale du Baroque, ce roman est aussi un portrait de femme, dans la lignée des héroïnes douloureuses de la peinture, du roman et du théâtre fin-de-siècle. En organisant la rencontre entre la féminité ecclésiastique de Rome et la féminité parisienne de Mme Gervaisais, les Goncourt ont découvert la formule que Barrès rendra célèbre : du sang, de la volupté et de la mort.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans son sommeil du matin, Mme Gervaisais sentit sur son visage une lumière et une chaleur. C'était comme un doux éblouissement qui aurait chatouillé, dans leur nuit, ses paupières fermées.
Elle ouvrit les yeux : elle avait sur elle un rayon glissant d'une persienne mal fermée et frappant en plein sur son oreiller.
Elle sortit de son lit, heureuse de ce réveil nouveau dans le plaisir de vivre, auquel les maussades matins de Paris habituent si peu les existences parisiennes ; et jetant un peignoir sur ses épaules, ouvrant la fenêtre toute grande, elle se mit à contempler le ciel d'un beau jour de Rome : un ciel bleu, où elle crut voir la promesse d'un éternel beau temps ; un ciel bleu, de ce bleu léger, doux et laiteux, que donne la gouache à un ciel d'aquarelle ; un ciel immensément bleu, sans un nuage, sans un flocon, sans une tache ; un ciel profond, transparent et qui montait comme de l'azur à l'éther ; un ciel qui avait la clarté cristalline des cieux qui regardent de l'eau, la limpidité de l'infini flottant sur une mer du Midi ; ce ciel romain auquel le voisinage de la Méditerranée et toutes les causes inconnues de la félicité d'un ciel font garder, toute la journée, la jeunesse, la fraîcheur et l'éveil de son matin.
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« Quarante scudi ?
– Oui, signora.
– Cela fait, n’est-ce pas, en monnaie de France, deux cents francs ?
– Deux cents francs ?... fit la Romaine qui montrait l’appartement à l’étrangère : elle parut chercher, compter dans sa tête.
– Oui, oui... deux cents francs. Mais la signora n’a pas bien vu... » Et, jetant son châle brusquement sur un lit défait, elle se mit à marcher de chambre en chambre, avec de vives ondulations de taille, en parlant avec la volubilité d’une padrona de chambres meublées : « Voyez-vous, ils sont partis ce matin... Une famille anglaise... des gens malpropres, qui jetaient de l’eau partout... Tout est en désordre... On n’a pas eu le temps de rien ranger... »
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Vidéo de Edmond de Goncourt
« Je serai poète, écrivain, dramaturge. D'une façon ou d'une autre, je serai célèbre, quitte à avoir mauvaise réputation. » Oscar Wilde (1854-1900) était un homme de parole : il fut poète, écrivain et dramaturge, il eut une mauvaise réputation et il est célèbre. […] le jeune Wilde, élève brillant, entre au Trinity College de Dublin avec une bourse […] et suit des études classiques : histoire ancienne, philosophie et littérature. Il commence à voyager et découvre l'Italie et la Grèce. […] Il s'installe à Londres et fréquente les milieux élégants intellectuels. […] Il se fabrique une image d'esthète : […] ses tenues vestimentaires de dandy font fureur… Oscar Wilde est à la mode. […] il fait une tournée de conférences sur « l'esthétisme » aux États-Unis, avant de séjourner à Paris où il rencontre Hugo (1802-1885), Daudet (1840-1897), Zola (1840-1902), Edmond de Goncourt (1822-1896) (qui le décrit comme « un individu de sexe douteux »), Verlaine (1844-1896), et les peintres Pissarro (1830-1903), Degas (1834-1917) et Jacques-Émile Blanche (1861-1942). […] […] Un second voyage à Paris lui permet de rencontrer Mallarmé (1842-1898), Pierre Louÿs (1870-1925), Marcel Schwob (1867-1905) et André Gide (1869-1951). Juillet 1891 marque le début d'une liaison qui ne se terminera qu'à la mort De Wilde : Alfred Bruce Douglas (1870-1945), « Bosie », vient d'entrer dans sa vie. […] Accusé de sodomie, Wilde […] est arrêté et jugé, […] déclaré coupable d' « actes indécents » et condamné à la peine maximale : deux ans de travaux forcés. […] Wilde séjourne dans plusieurs prisons […]. Au bout de quelques mois, son état de santé lui vaut d'être dispensé de travaux forcés proprement dits. Ne pouvant payer les frais de justice du procès […], il est condamné pour banqueroute et ses biens sont vendus aux enchères. […] En 1900, un abcès dentaire dégénère en méningite et Oscar Wilde meurt le 30 novembre après avoir reçu, à sa demande, l'absolution d'un prêtre catholique. le convoi funèbre est composé de quelques artistes anglais et français, dont Pierre Louÿs ; Wilde est enterré au cimetière de Bagneux. Ses restes seront transférés au Père-Lachaise en 1909. » (Dominique Jean dans Oscar Wilde, Maximes et autres textes, Éditions Gallimard, 2017)
« […] Les aphorismes traduits ici ont été publiés en 1904, quatre ans après la mort de leur auteur, par Arthur L. Humphreys, qui s'appuyait sur un recueil « analogue » qu'il avait lui-même publié en 1895 sous le titre Oscariana : Epigrams. […] le recueil de 1904 s'intitulait simplement Sebastian Melmoth, Oscar Wilde n'étant mentionné qu'entre crochets. […] Cet ensemble donne un aperçu de la pensée et de l'esprit De Wilde, et si les aphorismes sont parfois contradictoire, ils n'en sont pas moins - précisément - le reflet exact de sa personnalité. Wilde, en public, offrait un tel feu d'artifice de mots d'esprit et de paradoxes que le poète Yeats (1865-1939) a dit qu'il donnait l'impression de les avoir préparés à l'avance […]. » (Bernard Hoepffner)
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Références bibliographiques : Oscar Wilde, Aphorismes, traduits par Bernard Hoepffner, Éditions Mille et une nuits, 1995
Oscar Wilde, Pensées, mots d'esprit, paradoxes, traduits par Alain Blanc, Éditions V
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