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EAN : 9782918767671
160 pages
Asphalte (09/02/2017)
3.83/5   30 notes
Résumé :
Rejetée par ses parents après la diffusion d’une vidéo intime, Janalice, quatorze ans, est envoyée chez sa tante, dans le centre-ville de Belém. L’adolescente va se familiariser avec la faune interlope de ses rues : vendeurs à la sauvette, toxicomanes et maquereaux. Mais sa beauté attire rapidement la convoitise et Janalice finit par se faire kidnapper en pleine rue.
Amadeu, un flic à la retraite, s’empare de l’affaire par amitié pour le père de la jeune fil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Pssica signifie malédiction. C'est effectivement ce qui arrive à Janalice qui va connaître l'enfer à cause d'une vidéo postée sur les réseaux sociaux, une vidéo dans laquelle on la voit faire une fellation à son petit ami. Ses parents en ayant connaissance, l'envoit chez sa tante, mais elle va se faire enlever. C'est ensuite un enchaînement de violence où la prostitution infantile et la traite des blanches règnent.
Le style est très particulier, les phrases sont courtes, sans aucune fioriture, aucun mot de trop. La langue est souvent crue, les scènes également. C'est un roman dur, on ne peut s'accrocher à personne, on ne s'attache à personne, c'est une lecture brutale.
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Résolument orientées vers les auteurs hispaniques, la maison d'édition Asphalte nous a permis de découvrir des auteurs détonants comme l'espagnol Carlos Zanón (J'ai été Johnny Thunder), le chilien Boris Quercia (Les Rues de Santiago - Tant de Chiens) et le brésilien Edyr Augusto qui a pris l'habitude de situer ses romans dans l'état du Pará où il vit. Trop de sorties, trop de nouveautés et autres mauvaises excuses, il aura fallu attendre le quatrième opus de l'auteur, intitulé Pssica, pour que je découvre l'univers extrêmement violent d'Augusto Edyr qui dépeint la corruption qui gangrène cette région où règne un climat de déshérence sociale laissant la place à des situations d'une insoutenable abjection.

Après avoir filmé leurs ébats, le petit ami de Janilice a décidé de diffuser la vidéo qui se retrouve sur tous les portables des camarades d'école de la jeune fille. Un scandale que ses parents ont de la peine à supporter, raison pour laquelle ils expédient la belle adolescente, à peine âgée de 14 ans, chez sa tante à Belém. Mais la colère fait rapidement place au désarroi lorsqu'ils apprennent que Janilice s'est fait kidnapper dans la rue, en plein jour. Aux portes de la région amazonienne, l'événement est loin d'être isolé. Les forçats de la jungle sont avides de chairs fraîches qui alimentent les bordels. Ne pouvant compter sur les autorités locales corrompues, le père de Janilice supplie Amadeu, un flic retraité, de se lancer à la recherche de la jeune fille. de Belém à Cayenne, débute alors un périple halluciné aux confins de la jungle amazonienne dans laquelle on croise des pirates du fleuve barbares, des garimpeiros brutaux et des macros cruels qui végètent dans un environnement où la vie humaine n'a que bien peu de prix.

Ce qu'il y a de déroutant avec un romans comme Pssica, c'est que l'auteur ne s'embarrasse d'aucune fioriture aussi bien dans le texte que dans sa mise en forme à l'instar des dialogues qui s'enchaînent sans le moindre saut de page en procurant ainsi une sensation de fulgurance encore bien plus intense pour un ouvrage dépourvu du moindre temps mort. Afin d'achever le lecteur, il faut prendre en compte le fait que Pssica est exempt de toute espèce de transition et se dispense de descriptifs servant à magnifier un environnement pourtant peu ordinaire, dans lequel évoluent des personnages aux destinées plus qu'aléatoires. On se retrouve ainsi avec un texte au travers duquel émane une violence quotidienne, d'une rare cruauté puisqu'elle touche particulièrement des enfants asservis à la concupiscence d'adultes dépourvus du moindre scrupule. Âpres et sans fard, les sévices que dépeint Edyr Augusto suscitent un sentiment de malaise parce qu'ils s'inscrivent dans un réalisme qui fait frémir. Mais loin d'être esthétique ou complaisante, la crudité des scène ne fait que souligner la thématique abordée par l'auteur en dépeignant la corruption institutionnalisée dans une région où l'absence de règles et de contrôles qu'ils soient formels ou informels ne font que renforcer ce sentiment de sauvagerie qui règne tout au long d'un récit sans concession. Ainsi les actes brutaux, qui s'enchaînent tout au long de cet ouvrage à l'écriture sèche et dépouillée, ne deviennent plus qu'une espèce de résultante mettant en lumière cet univers sans foi ni loi où l'expression « loi de la jungle » s'éloigne de son sens figuratif pour prendre une dimension plus littérale.

Avec Pssica, nous suivons donc le parcours de Janilice dont le destin prend la forme d'une espèce de malédiction (Pssica) donnant ainsi son titre au roman. Comme une colonne vertébrale dramatique, les péripéties de la jeune adolescente, soumise aux affres des viols à répétition, de la prostitution forcée et dont la tragique beauté va attiser toutes les convoitises, révèlent les sombres desseins des autres protagonistes du roman qui, tour à tour, semblent comme envoûtés à la simple vue de cette jeune fille au charme ravageur. C'est un peu le cas pour Amadeu, cet ancien flic qui s'engage sans grande conviction dans un périple aux résultats incertains, mais dont les recherches vont virer à l'obsession à mesure qu'il remonte les travées du fleuve qui s'enfonce dans la jungle. Ancien militaire angolais, Manoel Toreirhos pensait avoir trouvé refuge au fin fond de cette forêt équatoriale jusqu'à ce qu'il croise le chemin de Preá, membre d'une bande de pirates qui sévissent dans l'estuaire. Une escalade de vengeances poussent les deux hommes à se confronter dans une succession de règlements de comptes qui virent aux carnages en laissant sur le carreau un bon nombre de leurs compères respectifs. Dans ce monde cruel où chacun rend justice à sa manière, les destins s'entremêlent au gré de rebondissements dont les circonstances aussi brutales qu'abruptes remettent en cause tous les parcours des différents acteurs du roman.

A l'image d'une fièvre malsaine, qui brouille l'esprit, Pssica ensorcellera le lecteur pour l'emmener dans cet univers de violence qui agit comme une véritable catharsis afin d'offrir une possibilité de rédemption qui se révélera bien aléatoire. Puissant, troublant et déroutant.



Edyr Augusto : Pssica (Pssica). Editions Asphaltes 2017. Traduit du portugais (Brésil) par Diniz Galhos.

A lire en écoutant : Até o Fim de Madame Saatan. Album : 11 Anos Naas Missào. Doutromundo Musica 2011.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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J'avais été enchanté, effaré par Nid de vipères, un roman court et violent, autopsiant la société brésilienne et la corruption généralisée, à travers une histoire de vengeance terrible. Et si l'histoire était marquante, le style si particulier fut pour moi une révélation. Pssica (qui veut dire Malédiction), pour moi, va encore plus loin, et fait plus mal.
Janalice est une collégienne comme les autres. Et pourtant, ce jour là est pour elle comme l'ouverture d'une porte vers l'enfer. Sa beauté, sa couleur de peau blanche en font une des vedettes du lycée. Quand elle est convoquée par la directrice, c'est pour apprendre que son petit ami Fenque a filmé leurs ébats sexuels et les a mis sur un réseau dit social.
La directrice lui demande de partir et de revenir avec ses parents. Quand elle arrive chez elle, elle en parle à sa mère, qui est effondrée. La réaction du père est plus extrême, il lui demande de partir de la maison et il la jette dehors. Elle trouve refuge chez une amie, et essaie de tourner la page. Mais en se promenant dans la rue, elle est enlevée dans une camionnette par deux hommes. le père de Janalice a des remords. Il fait appel à Amadeu, un policier à la retraite, pour retrouver sa fille.
On va suivre aussi beaucoup d'autres personnages dans ce roman. Manoel Tourinhos a fui son pays d'origine l'Angola quand la révolution a éclaté et a rejoint l'île de Marajo, où il ouvre un commerce avec sa femme Ana Maura. Une bande de délinquants débarque et tue atrocement sa femme. Prea a pris la suite de son père à la tête du gang de tueurs. Leur activité va du vol au meurtre, du trafic de drogue à la corruption. Prea est un des exemples de chefs de gangs dans un milieu ultra-violent.
Comme je l'ai dit pour le précédent roman, le style du roman est particulier, complètement personnel. Là où dans le précédent roman, le lecteur devait emboiter les pièces pour construire l'histoire, on se retrouve ici avec une histoire plutôt linéaire ou plutôt plusieurs histoires en parallèle. Et dans ce cas là, son style fait mouche. Les phrases sont courtes et frappent le lecteur. Les dialogues ne sont pas séparés, ils sont inclus dans un même paragraphe, et le lecteur n'a aucune difficulté à s'y retrouver. En fait, on a plutôt l'impression que Edyr Augusto nous prend la tête entre ses mains et nous la secoue bien fort.
Car la situation est proprement hallucinante, voire déprimante, nous montrant des gens communs aux mains de tueurs qui n'ont aucune limite. Les scènes sont éloquentes, l'auteur ne nous cachant rien. Il faut s'attendre à des scènes crues et être préparé à ce voyage en enfer. Car les victimes vont s'amonceler et le lecteur n'en sortira pas indemne. Si on peut qualifier ce roman de roman noir, c'est aussi et surtout un roman de dénonciation.
Car à travers la galerie de personnages, tous personnage principal de l'histoire à un moment donné, Edyr Augusto livre un témoignage éloquent sur l'état de son pays, aux mains de tueurs sans états d'âmes, inhumains jusqu'au bout des ongles, de tous les trafics qui nourrissent ces gangs, de l'argent qui va remplir les poches des politiciens. Et la morale, dans tout cela ? J'ai bien peur qu'elle ait été enterrée avant le début de ce roman.
Avec ce roman, Edyr Augusto va encore plus loin dans la dénonciation et la dérive de son pays. Il ne met pas de gants, et ne nous épargne rien. C'est un roman fort, un roman coup de poing, qui mérite d'avoir un large écho pour que son message porte. C'est un roman dur, apre, dans lequel on ne trouvera aucune rédemption, aucun espoir, aucun avenir. Et peut-être faut-il que l'on se prenne des claques dans la figure pour nous en rendre compte ? Vous l'avez compris, il faut absolument lire ce roman hallucinant.
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La pssica, c'est la malédiction. Et c'est peu dire que les personnages que met en scène Edyr Augusto dans ce roman sont maudits. Janalice, collégienne envoyée vivre chez sa tante, à Belém, après que ses parents ont découvert qu'une vidéo intime la mettant en scène avec son petit ami a été diffusée sur les réseaux sociaux, est enlevée et tombe entre les mains de trafiquants d'humains. Manoel Tourinhos, a fui l'Angola et a refait sa vie sur une île du delta de l'Amazone jusqu'à ce que des pirates décident de braquer son commerce et mutilent et tuent sa femme. Preá monte dans la hiérarchie des pirates du delta, mais dans un monde de prédateurs, il est compliqué de garder sa place et son statut. Amadeu quant à lui, est un policier à la retraite, ami du père de Janalice. Pour rendre service il va enquêter sans grande conviction au départ sur sa disparition… jusqu'à ce que son désir de la retrouver finisse par devenir une obsession, au risque de se perdre lui-même.
Comme Edyr Augusto, qui, dès les premières lignes, lance son roman bille en tête, nous n'irons pas par quatre chemins : Pssica est un livre d'une violence extrême, sans temps mort, souvent dérangeant et, si l'on peut regretter une dernière partie sans doute trop vite expédiée, dont la relative brièveté (138 pages auxquelles est adjointe une postface perspicace de Daniel Galera) renforce encore le caractère débridé : « un récit qui ne se donne même pas la peine de démarrer avant d'accélérer » dit à raison Galera. Pour autant, comme dans les précédents romans d'Edyr Augusto, aussi inconfortable soit-elle, la violence de Pssica n'est ni gratuite, ni une manière de voyeurisme et elle tient autant aux actes décrits qu'à l'écriture en rafale de l'auteur.
De tout cela il ressort, comme de Belém, Moscow et Nid de vipères, une description sans fard de la violence sociale qui règne là. de la manière dont la corruption qui gangrène monde politique et administration a fini par imposer un nouvel ordre social que la population a dû se résigner à accepter car, là où l'État n'est plus présent, c'est ce nouvel ordre qui semble assurer aux yeux des gens un semblant d'espoir d'avoir quelque chose sur la table le lendemain. Augusto, sans se faire lénifiant, par la simple et crue description des avanies qui s'abattent sur ses personnages, laisse deviner les ressorts de cet état de fait, la précarité de l'équilibre qui se met en place et la manière dont tout peut basculer l'espace d'un instant. Et encore une fois il montre comment ce sont les plus pauvres et les femmes qui paient le plus lourd tribut, simples marchandises dans monde totalement dérégularisé dont profite par ailleurs le riche voisin. Les pages consacrées à la Guyane française sont d'ailleurs tout aussi violentes que celles qui se déroulent au Brésil et, là encore, représentent une charge salutaire.
Une fois encore Edyr Augusto impressionne par la brutalité de son écriture et la rage qui émane de ses histoires. Féroce et engagé, Pssica vous laisse groggy.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Pssica, qui veut dire "Malédiction" est un roman noir âpre, violent, trash, dérangeant, sans édulcorants, sans une once d'espoir, vu la société dépeinte dans ces lignes.

Une société miséreuse, en déshérence, laissée pour compte, livrée à elle-même et aux mains des bandits en tout genre qui gangrènent toute la région, tout le pays (Brésil).

Corruption, racket, enlèvements, prostitutions de mineures, drogues, viols, vols avec violences extrêmes, actes de barbarie gratuite… Tel est le quotidien vécu par certains ou le job des autres.

Je vous avoue que face à la violence de certaines scènes, j'ai été dérangée, mal à l'aise… le genre de roman totalement déconseillé aux personnes sensibles puisque même moi j'ai eu la sensation d'étouffement durant certaines passages assez trash.

C'est abject, à la limite de l'insoutenable. Deux récits horribles sur la noirceur humaine comme on aimerait qu'il n'es existe pas.

Un récit concerne la pédophilie couplé à la traite des femmes (oui, il y en a qui trinquent sévère, dans ces pages) et un autre sur une histoire de vengeance et de grande piraterie (et pas de ceux qui Tipiak des films !).

Le style de l'auteur est résolument sans fioritures puisqu'il ne s'embarrasse pas de nous ajouter des tirets cadratins devant les dialogues, ni de guillemets. Rien ! Que dalle ! Tout s'enchaîne à la volée, dialogues, actions, narration… Ce qui donne une impression de joyeux bordel et le tout m'a fait perdre le fil plusieurs fois.

Récit brut de décoffrage, la narration aussi, le tout balancé dans ta gueule avec la délicatesse d'une truelle qu'on te balancerait sur la tronche.

Les personnages sont eux aussi sculptés au couteau, à la serpe, sans trop de détails, brut de décoffrage eux aussi, comme tout le reste, avec des salopards de fils de pute dont on aimerait planter une balle dans la nuque.

Le genre de mec mauvais comme une teigne, qui tue, qui vole, qui viole, qui pirate son concurrent, mais qui pique sa crise quand ce dernier lui rend la monnaie de sa pièce. Et puis qui tombe amoureux tel un gamin.

Un roman noir que l'on lit sans respirer, avec la nausée au bord des lèvres. Un roman que je coterai mal car si l'atmosphère plombée était réussie, le style foutraque m'a plus que déstabilisé et à fortement entravé ma lecture.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Manoel Tourinhos est angolais. Blanc. Il a été militaire. S’est distingué comme tireur d’élite. La révolution a éclaté. Ses parents ont été assassinés. Il s’est enfui au Portugal. Et de là, il est parti pour le Brésil. Belém. A trouvé du travail dans un supermarché. Avec comme objectif de devenir gérant. C’était l’anniversaire de la mère d’un collègue. Il était invité. À Curralinho, sur l’île de Marajó. Des bateaux font la liaison. Ça va te plaire. La fête battait son plein. Il a dansé avec toutes les filles. Ana Maura lui a beaucoup plu, superbe, seize ans, dix de moins que lui. Fais bien attention. C’est ma sœur. Ma sœur unique. Avec la sœur d’un collègue, quoi ! Retour à Belém. Un jour férié. On repart pour Curralinho ? Allez. Elle le bombarde de questions. L’appelle Portuga. Le Portos. Je ne suis pas portugais, merde, je suis angolais. Oh, le grossier personnage ! Pardon. Ana Maura. Des heures à discuter au bord du fleuve. C’est déjà l’heure de rentrer ? Reviens vite.promis. Sur le bateau, il a dit à son ami qu’il voulait épouser sa soeur. D’accord. Si elle est d’accord, elle aussi. Et si elle ne veut pas ? Elle voudra, bien sûr qu’elle voudra ! Tu es très confiant. Ana Maura a accepté. Ils ne se sont plus lâchés. Ont arrêté une date de mariage. L’évêque de Breves est venu. Juan Lacuona, un Chilien. Manoel a pris une semaine de congés. Rien que du bonheur. Il lui a parlé de l’avenir. Qu’il deviendrait gérant. La maison louée. Le mobilier à acheter. Les enfants qu’ils auraient. À l’heure de quitter Marajó, des pleurs à n’en plus finir. Est-ce que sa cousine pouvait venir vivre avec eux ? Histoire qu’Ana Maura ne se sente pas seule dans une ville si grande. Ils ont emménagé. Ana Maura, un peu plus triste chaque jour. Sa mère qui lui manquait. Je peux lui rendre visite, ce week-end ? Allons-y ensemble. Au moment de repartir pour Belém, une nouvelle tornade de pleurs. Manoel s’est décidé. Reste à Marajó. Le temps de m’occuper de tout et je viens te rejoindre, on habitera ici. Plutôt ça que de voir ma femme triste à ce point. Il avait déjà compris qu’il manquait un grand magasin dans le coin, proposant de bons produits. Il a posé sa démission. Est parti sans rien demander au patron. Il a abandonné la maison. S’est débarrassé des meubles. Un mois plus tard, il est arrivé à Curralinho pour s’y installer. Son beau-père l’a aidé. Il a acheté un terrain au bord du fleuve. A construit une maison. Au rez-de-chaussée, le magasin et le stock. À l’étage, l’appartement. Manoel, c’est quoi ça ? Des armes. Et pourquoi est-ce que tu as ça ? Je les ai ramenées d’Angola. Ça date de mon passage dans l’armée. Et tu comptes faire quoi avec, tirer sur les gens dehors ? Pour l’amour du ciel, débarrasse-toi de ça. Je vais les mettre en lieu sûr, mon amour. Ne t’inquiète pas. Le temps a passé. Le couple charmait tout le monde. Toute l’île venait faire ses emplettes au magasin. Des ardoises au mur. Vous paierez plus tard. Le magasin, tout le monde l’appelait Chez le Portuga. La première grossesse qui se fait attendre. Patience. Ils ont vécu l’un pour l’autre. Vingt ans de bonheur. On a commencé à parler de la menace des ratos d’água, ces pirates de l’estuaire de l’Amazone. Leurs victimes s’épanchaient au comptoir du magasin. Et vous savez quoi ? Il a repris les armes. Fusil et revolver. Ça n’a pas plu à Ana Maura. C’est juste au cas où. Il les a nettoyées et huilées précautionneusement. Dieu fasse qu’il ne nous arrive rien, mais tu sais bien, dans le coin, il n’y a pas de loi.
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Ç’aurait dû être une journée de cours normale. Mais, en arrivant au collège, Janalice a compris que quelque chose clochait. Bien sûr, quand elle traverse la cour, ce n’est jamais sans provoquer un certain frisson, à cause de la taille de sa jupe. Mais là, c’était plus que cela. Dans la salle de classe, des chuchotements et des rires. Qu’est-ce qui se passe, s’irrite la professeure, et quelqu’un se lève. Lui passe un téléphone portable. La professeure porte la main à sa bouche. Sort. Fais voir le portable ? Janalice regarde la vidéo : elle en train de faire un longue fellation à son petit copain, Fenque, qui filme en faisant des gros plans sur ses organes sexuels. La professeure revient. La directrice l’accompagne. Elle demande à Janalice de partir. De rentrer chez elle. De revenir avec ses parents. Et en retraversant la cour, cette fois-ci, l’adolescente entend clairement la débauche de moqueries.
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Un long couloir. Des chambres minuscules, fétides. Une puanteur de transpiration, de linge sale et de sexe. Un lit. Ils baisent.
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Lizete a participé à une émission télé où des gens tentent de retrouver des proches disparus. Elle est venue avec une photo et un agrandissement. Quand son tour est venu, elle a éclaté en sanglots. Reviens ma chérie. Ton père est désespéré. rentre à la maison. Appelle-nous, Parle-nous.
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On vend des jeunes filles. Il y a même des parents qui vendent leurs hijas pour avoir de quoi se nourrir. Ils les vendent cinq cents réais, au beau milieu de la calle. Il y a des niños qui louent leurs corps trois réais, au vu et au su de tout le monde, comme ça. Mais ce n’est pas le pire. Des maires, des élus, des chefs d’entreprise ont créé un réseau. Ils payent des fortunes pour déflorer des vierges ! Quelle horreur !
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Video de Edyr Augusto (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edyr Augusto
L'auteur brésilien Edyr Augusto explore au fil de ses romans les turpitudes de Belém, la capitale amazonienne. Colin Niel a créé une série policière située en Guyane, autour du personnage du capitaine Anato, un gendarme noir-marron à la recherche de ses origines. Dialogue d'un continent à un autre autour d'un territoire au coeur des enjeux contemporains.Avec : Colin Niel (France) et Edyr Augusto (Brésil, en visioconférence depuis le Brésil)
En partenariat avec l'Ambassade de France au Brésil et l'Alliance française de Belém
Présenté par Gladys Marivat
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