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EAN : 9782803671151
112 pages
Le Lombard (17/03/2017)
3.99/5   139 notes
Résumé :
Du Salon des Refusés au mouvement des Impressionnistes, de jeune peintre désargenté à grand bourgeois tutoyant les huiles, du mari à l'amant... la vie de Claude Monet fut pour le moins plurielle. Chef de file, à son coeur défendant, d'un mouvement qui bouleversa la vision de la peinture au XIXe siècle, l'homme n'est finalement resté fidèle qu'à une seule quête : celle de la lumière absolue, qui viendrait éclairer toute son oeuvre de sa perfection.
Salva Rubi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. La première parution de l'album date de 2017. Il a été écrit par Salva Rubio (scénariste, écrivain et historien) et peint par Efa (Ricard Fernandez, bédéaste). Il comprend 88 pages de bande dessinée. Il s'ouvre avec une préface rédigée par Hughes Gall, directeur de la Fondation Claude Monet et du musée de Giverny. Il se termine avec un article de 17 pages intitulé le miroir de Monet, l'envers des toiles, montrant de quelles toiles se sont inspirés les auteurs pour certaines cases, avec une reproduction de l'oeuvre et la case correspondante à côté.

Le 10 janvier 1923, dans le cabinet du docteur Charles Coutela, George Clémenceau fait tout son possible pour que Oscar-Claude Monet accepte de subir l'opération de la cataracte, plutôt que de devenir aveugle. Finalement, il s'y résout. Après Clémenceau raccompagne l'artiste en voiture avec chauffeur jusqu'à sa propriété de Giverny. Il aide son ami à se coucher et lui indique qu'il va s'occuper de son cher jardin pendant les trois jours où Monet doit rester couché les yeux bandés. Dans son lit, Monet se souvient de la première fois où il a eu l'impression de vraiment voir. En 1857, peu de temps après la mort de sa mère, il observe Eugène Boudin (1824-1898) en train de peindre sur une plage du Havre. En classe, il se met à dessiner des caricatures qu'il revend ensuite à 20 francs pièce. Un jour il est présenté à Eugène Boudin dont il n'aime pas trop les peintures. Celui-ci l'emmène peindre à Rouelle en bordure du Havre, en plein air, au grand étonnement d'Oscar-Claude qui pensait qu'il allait encore se taper une séance en atelier avec un maître très directif. Boudin et Johan Barthold Jongkind (1819-1891) le convainquent d'aller s'installer à Paris. Sa tante l'aide à convaincre son père. Il commence par fréquenter l'Académie suisse, située quai des Orfèvres. Puis il réalise son service militaire en Algérie au sein du premier régiment de chasseurs d'Afrique. À son retour, il rejoint l'académie du peintre Charles Gleyre (1806-1874), où il côtoie Auguste Renoir (1841-1919), Jean Frédéric Bazille (1841-1870), Alfred Sisley (1839-1899).

Les quatre amis décident de quitter l'atelier de Gleyre et de développer leur propre manière de peindre la nature. Monet a conscience qu'il lui faut commencer à gagner sa vie et il décide de convaincre ses amis de présenter leurs toiles au Salon de peinture et de sculpture, appelé le Salon. Mais en 1863, l'organisation du Salon est perturbée par le refus de 3.000 oeuvres par le jury. À la demande de Napoléon III, il est organisé un Salon des refusés qui accueille les oeuvres de Pissaro, Fantin-Latour, Guillaumin, Jongkind, et Cézanne. Intrigué, Monet s'y rend et son attention est attirée par l'oeuvre la plus scandaleuse : le déjeuner sur l'herbe, d'Édouard Manet (1832-1883). Cela agit comme un déclic pour Monet de voir que l'artiste a laissé des coups de pinceau apparents sur les personnages, que les ombres et les lumières s'opposaient vaillamment, que même si le sujet n'est pas très novateur l'artiste a réalisé un tableau d'extérieur. Les amis peintres profitent de la fermeture de l'atelier de Gleyre en faillite pour se délocaliser et aller peindre à Chailly-en-Bière, près de Fontainebleau.

Oscar-Claude Monet a vécu 86 ans de 1840 à 1926, et a peint de nombreuses toiles durant toute sa vie. Même avec 88 pages, les auteurs ont dû faire des choix. Après l'introduction en 1923, L'histoire débute en 1857 alors que Monet a 17 ans et s'arrête en 1883, soit 26 ans plus tard, les 40 années entre 1883 et 1923 étant évoquées en seulement 2 pages. Ces 26 années correspondent au début d'Oscar-Claude dans le métier d'artiste peintre, jusqu'à ce qu'il s'établisse à Giverny, avec un revenu financier consolidé. En fonction de sa familiarité avec l'artiste, le lecteur découvre ou redécouvre une partie emblématique de son parcours : depuis les premiers cours avec Eugène Boudin (1824-1898), jusqu'à la reconnaissance par le grand public, en traversant de nombreuses années de pauvreté et des années moins mauvaises. Il observe un individu animé par une solide conviction : celle de réaliser des tableaux en extérieur et de peindre la lumière plutôt que des sujets académiques de façon académique. le lecteur fait donc connaissance avec cet homme, sa vocation et d'une manière certaine son entêtement.

Les dessins montrent quelqu'un de sympathique et enjoué, au visage parfois préoccupé quand il est rattrapé par les dettes. Salva Rubio dépeint Oscar-Claude Monet comme une personne menant une vie de bohème, refusant de se laisser dicter sa conduite par des questions d'argent. Il n'hésite donc pas à emprunter à ses amis sans grand espoir qu'il les rembourse un jour (sauf reconnaissance de ses qualités d'artiste, reconnaissance qui ne vient pas), à faire des dettes auprès des commerçants, de son propriétaire, de ses employés, de ses fournisseurs de matériel de peinture, et souvent à la recherche d'un mécène compréhensif. Il est difficile de ressentir de la sympathie pour ce mari et ce père de famille qui fait passer son art avant le bien-être de sa famille. Il est difficile de saisir l'intention des auteurs : ont-ils supposé que la sympathie du lecteur fût tout acquise à Monet parce que la postérité lui a donné raison ? Au contraire, ont-ils voulu montrer l'homme derrière l'artiste, ainsi que les épreuves qu'il a dû traverser, luttant contre l'adversité toutes ces années durant jusqu'à être reconnu à sa juste valeur ?

Indépendamment de ce placement moral déstabilisant, les auteurs savent raconter la vie d'Oscar-Claude Monet sur plusieurs plans. Il y a donc sa vie personnelle qui reprend la rencontre avec Eugène Boudin, Charles Gleyre, Auguste Renoir, Jean Frédéric Bazille, Alfred Sisley, et plus tard bien d'autres impressionnistes, ainsi qu'avec Camille Doncieux (1847-1879, sa première épouse), Alice Hoschedé (1844-1911, sa seconde épouse). Cette facette de sa vie est indissociable de sa vie d'artiste et donc de la naissance du mouvement impressionniste. Efa & Rubio évoquent sa vocation de peindre la lumière, générée par les étincelles que furent Boudin et le tableau le déjeuner sur l'herbe (1863) d'Édouard Manet. Ils recréent également les conditions d'exposition de l'époque, en particulier le Salon et la création du Salon des Refusés. S'il n'est pas familier de ces éléments historiques, le lecteur comprend aisément ce qui se joue, grâce à une narration claire et synthétique. Il note d'autres éléments historiques évoqués ou montrés comme la guerre franco-prussienne de 1870 et la Commune de Paris, ou l'amitié entre Monet et Georges Clémenceau (1841-1929).

Cette dimension du récit, la reconstitution historique, est également nourrie par la narration visuelle, très impressionnante. Efa utilise des couleurs chaudes et douces, très agréables à l'oeil. Il met en oeuvre une technique entre détourage des formes avec un trait encré, et couleur directe, dosant les deux en fonction de la case correspondante. Il représente les personnes avec une approche naturaliste que ce soit pour leur morphologie, leurs tenues vestimentaires ou leurs postures. Dès la première page, le lecteur est impressionné par le niveau de détails : les différents outils professionnels dans le cabinet du docteur Charles Coutela. Ainsi la représentation des différents intérieurs leur donne une forte consistance, une unicité, avec le souci de l'authenticité historique. le lecteur prend un temps pour observer une des galeries du Louvre, puis laisse son regard errer le long des hauts murs sur lesquels sont accrochés les oeuvres présentées au Salon. Tout du long, il découvre des endroits sympathiques : l'intérieur d'un compartiment de train (page 20), l'atelier de Monet dans une soupente (page 32), la pièce unique de son appartement au hameau Saint-Michel (page 38), le café de la Nouvelle Athènes (page 49), le château de Rottembourg (page 59), etc.

Efa se montre tout aussi épatant pour les prises de vue en extérieur. le lecteur remarque vite que l'artiste s'essaie à des effets impressionnistes, dès la page 8 avec l'effet sur soleil sur la chaussée d'une route ombragée bordée d'arbres. En fait, il ne pas en mode impressionniste d'un coup : là aussi il trouve le bon dosage entre des effets impressionnistes et une approche descriptive. Monet travaillant majoritairement en extérieur, le lecteur a tout loisir d'admirer les paysages : la plage du Havre (page 10), une vue prise à Rouelles (page 12), la création du Déjeuner sur l'herbe de Monet (pages 24 & 25), une magnifique fin d'après-midi en banlieue de Ville d'Avray (page 31), le fog sur la Tamise (page 44), le tapis de neige (page 53), le tapis de feuilles d'automne à Montgeron (page 58), etc. Cela culmine avec la découverte sous une lumière quasi magique de Giverny (pages 86 & 87), et par les nymphéas (pages 92 & 93). S'il est familier de l'oeuvre de Monet, le lecteur aura repéré plusieurs clins d'oeil à des toiles célèbres. S'il ne l'est pas, les 17 pages de fin (Le miroir de Monet), permettent au lecteur de découvrir comment les auteurs ont intégré certains de ses tableaux en se les appropriant dans la narration, comment ils parviennent à en respecter l'esprit, sans essayer de les reproduire en plus fade.

Cette bande dessinée remplit son objectif d'évoquer une part de la vie d'Oscar-Claude Monet, un tiers à peu près. le choix effectué par les auteurs peut déstabiliser par la manière de présenter la vocation de l'artiste, sans concession morale. La narration emporte le lecteur dès la première page, à la fois par le flux de pensée de Monet qui apporte sa manière de voir les choses, à la fois par l'extraordinaire narration visuelle qui combine reconstitution détaillée avec impressionnisme de manière naturelle et évidente. En refermant l'ouvrage, le lecteur peut ressentir une forme de manque, à la fois du fait de cet étrange contradiction apparente entre la façon égoïste de se conduire de Monet et ce qu'il accomplit, à la fois parce que sa vie de créateur ne s'arrête pas en 1880 avec la découverte de Giverny, et qu'il a continué à innover (Le pont japonais, 1920-1922). D'un autre côté, les images d'Efa transportent le lecteur dans un monde d'impressions d'une douceur et d'une force remarquable, un incroyable travail de passage vers Monet.
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ET LUX FACTA EST !

Nous sommes en 1923. Un grand et vieux monsieur de la peinture, âgé de 83 ans se fait opérer d'une double cataracte. C'est que ce regard est précieux, l'un des plus révolutionnaires qui fut, au temps de sa jeunesse, mais dont le succès ne s'est jamais démenti depuis.

Ces yeux, ce regard à la recherche de la lumière, de toutes les lumières, ce sont ceux d'Oscar Claude Monet, l'ancien chef de file de ceux qu'un critique imbécile, un certain Leroy dont on ne se souvient plus que pour ce haut fait d'arme, pensant les moquer à bon compte, appellera donc et pour la postérité : Les Impressionnistes !

Alors, tandis que son vieil ami "Le Tigre" le bichonne durant ces quelques jours de repos forcés, Monet se remémore les temps anciens de ses difficiles débuts.

Il se souvient alors de tout, notre génie : de sa conviction d'être fait, depuis tout jeune, pour le dessin puis la peinture, surtout depuis qu'il a rencontré son premier vrai maître, Eugène Boudin. Puis c'est la décision, douloureuse, de ne pas suivre la destinée que lui réservait son père de reprendre la succession de sa boutique à Le Havre. C'est ensuite Paris, et les cours, à l'Académie Suisse d'abord, puis les ennuyeuses leçons dans l'atelier d'un peintre bien trop académique pour ce qu'il a déjà en tête, un dénommé Charles Gleyre. Mais au moins, y rencontrera-t-il plusieurs de ses futurs coreligionnaires et amis fidèles : Renoir, l'ami de toujours, Sisley, un grand timide, Bazille au destin funeste (il mourra sur les champs de bataille de 70') mais qui le soutiendra tant, Pissaro l'anarchiste.

Ce sont des années de bohème où l'argent manque aussi cruellement que la créativité est insatiable. Et puis, il y a le choc : "Le déjeuner sur l'herbe" de son presque homonyme Manet, présenté au Salon de peinture et de sculpture, manifestation Ô! combien académique, mais absolument incontournable pour se faire un nom. Mais l'oeuvre de Manet avait été présentée pour se moquer d'elle et de toutes celles dans son genre, au sein d'un "Salon des refusés"...

L'art de Monet ne sera plus jamais le même et jusque dans les pires moments de dèche intégrale, de doute ou de soucis familiaux, il parviendra toujours à trouver les ressorts pour poursuivre son oeuvre, la chance s'en mêlant aussi pour le sortir des plus mauvais pas.

Il y aura, bien entendu, les premiers succès, la découverte de cette ferme qui deviendra, bien plus tard, ce magnifique musée-jardin de Giverny, et puis, l'âge venant, le souvenir de la disparition de la plupart des premiers amis. Celle de Renoir, surtout.

Il y aura, bien entendu, Camille Dancieux, l'un de ses modèles préférés, avec laquelle il aura une aventure se transformant en première paternité. Le scénariste insiste peu, mais l'on comprend que c'est plus une relation de compagnonnage affectueux et érotique sans être une relation véritablement amoureuse que Monet vit avec celle qui sera pourtant sa première épouse,- d'ailleurs seulement 5 ans après la naissance du premier enfant -. Camille mourra à l'âge de 32 ans (probablement d'un cancer de l'utérus) un an après la naissance du second fils de Monet... Mais Monet était tombé amoureux de celle qui deviendra sa seconde épouse, quelques années auparavant. Épouse d'un mécène bientôt ruiné et avec laquelle il aura aussi un fils presque dans les mêmes moments que celui de Camille ! Alice, c'est son prénom, demeurera sa fidèle compagne jusqu'à sa mort, 15 longues années avant celle du peintre...

... Que nous retrouvons donc, bon pied bon œil, en compagnie du "Père la Victoire", pile sur cette arche rendue célèbre par ses toiles, surplombant ces Nymphéas si sublimes que l'on peut aujourd'hui découvrir et contempler à l'Orangerie.

Ainsi se clôt ce Monet, nomade de la lumière. Un album proposé par les éditions Le Lombard dans une nouvelle collection nommée Contre/Champ, et consacrée à de grands personnages de la philosophie ou de la peinture (du moins, jusqu'à ce jour). Les auteurs, d'origine espagnole, en sont Salva Rubio dont c'est le premier scénario pour la Bande-Dessinée et Efa (Rodriguez, Alter Ego, Kia Ora) pour le dessin.
L'intention était sans doute excellente mais l'ouvrage est, au final, très convenu, d'une originalité moins assurée que probablement souhaitée et si l'on ne regrette pas sa lecture, on se prend à songer qu'un tel peintre méritait peut-être un résultat plus enlevé.
Servi par un dessin d'inégale valeur mais toujours intéressant dans la conception et d'une colorisation très belle - Efa tâche de suivre les différents styles du peintre au long de son existence. C'est parfois très réussi, parfois tellement en deçà de l'original que ça en devient presque gênant - le texte est abrupt, ne parvient jamais à savoir s'il doit se libérer de son modèle ou être respectueux de son histoire - à la manière d'une biographie "autorisée" -, si c'est, comme il se prétend l'être, un "roman graphique" ou une bonne vieille Bande-dessinée, sans la prétention souvent pénible du style précité, misérable cache-sexe au lecteur ayant un peu honte de s'avouer qu'il apprécie en toute humilité ce fameux 9ème art (mais je n’empiéterai pas ici sur l'une des thématiques de prédilection de ce cher Alfaric, dont je partage d'ailleurs globalement l'avis).
On passe ainsi d'un certain didactisme propre à la Bande-dessinée historique ou biographique à des moments plus intimistes et d'une vision se voulant assez personnelle, mais sans jamais parvenir à savoir si les auteurs sont parvenus à se décider pour tel ou tel genre. A moins que la charte graphique de la collection ne permette tout simplement pas le genre de liberté souhaitable...

Quant à la dernière partie, supposément documentaire, elle est inutilement redondante car, là où l'on aurait aimé découvrir de belles reproductions des œuvres originales dont se sont inspirés les auteurs dans une belle mise en avant, ce sont les planches déjà vues au fil de l'album qui prennent presque tout l'espace, au détriment des fac-similés attendus.

Un avis mitigé, donc, mais un moment tout de même fort agréable en compagnie de ce grand maître de la lumière que fut Oscar-Camille Monet.
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Le récit est assez fidèle à cette vie de bohème qu'a vécu l'artiste, mais finalement l'aspect pécunier, et économique est ici un peu redondant, trop insistant, et pas du plus grand intérêt (On dirait que le monde des historiens et biographe d'art est toujours traumatisé d'avoir raté van Gogh de son vivant). Heureusement, le récit, ancré dans l'histoire de l'art est aussi ponctué de quelques réflexions sur la création et la peinture, comment évoquer Monet sans parler de lumière. Cette obsession de la lumière est bien présentée, et on entre bien dans les problématiques chères à cet artiste, lumière naturelle contre lumière artificielle, suprématie de la lumière sur la forme. J'aurais sans doute aimé qu'elles prennent le dessus sur la partie purement économique et c'est sans doute ce que je reproche à ce récit.
Alors je voudrais tout particulièrement souligner le travail graphique d'Efa, tout à fait remarquable, parce que justement, les illustrations sont toujours liées à l'oeuvre de Claude Monet, tout au long du récit, alors que se mesurer à cet énorme artiste jamais égalé est sans doute très périlleux. Efa s'y est risqué, et même si toutes ses vignettes ne sont pas parfaites, je le trouve un peu fébrile dans les dominantes rouges, le soucis de la lumière y est bien présent. Dès les premières pages, en regardant l'utilisation des bleus clairs dans les ombres, je me suis dit que le graphiste n'était pas passé à côté, qu'il avait tout compris. Et suivre le cheminement de cette lumière si spécifique à Claude Monet au fil des pages fut un réel bonheur. le graphiste est allé plus loin que le scénariste dans l'interprétation de l'oeuvre de Monet, avec un respect qui frise avec l'adoration, et cela suffit à faire de cette bande dessinée un superbe réussite.
J'ai dû utiliser 50 fois le mot lumière dans cette critique, mais je ne pense pas avoir abusé, c'est tout à fait normal, si vous voulez trouver un Monet parmi une dizaine de tableaux d'autres artistes, c'est bien simple, c'est celui d'où provient la lumière, si vous allez au Musée d'Orsay, tentez l'expérience.
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Magnifique BD relatant les années de formation et de "vaches maigres" du génie de la peinture qu'a été Claude Monet.
A travers des planches magnifiquement illustrées (je devrais dire peintes), nous avec affectation les divers revers de fortune de cet homme obstiné qui a initié le mouvement impressionniste et révolutionné la peinture.
Je connais bien l'oeuvre de Monet et je connaissais les grandes lignes de sa longue vie mais c'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai découvert les aléas plus domestiques de sa vie qui ont eu, toutefois, des conséquences sur son art et sur sa production.
Certains passages sont très émouvants et la lecture que font les auteurs de certaines informations parvenues jusqu'à nous sont franchement intéressantes.
Bref, une lecture très agréable et édifiante mais qui laisse un gout de trop peu quant Claude Monet arrive à Giverny...alors que nous avons accompagné le peintre dans tous ces doutes, tous ces déboires, voir le reste de sa vie et de ses pertes résumés en une brève course est un peu frustrant...
Le dossier en fin de tome est également très intéressant tant au niveau des références "iconographiques" qu'au niveau des choix narratifs.
Côté dessin, c'est magsitral, le traitement tout en couleurs et en lumières est un bel et vibrant hommage à l'impressionnisme.
Splendide!
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Portrait réussi d'un génie modeste. Monet est l'un de mes piètres préfèrés et j'ai toujours admiré son incroyable modestie et son insatisfaction hallucinante (il n'aurait selon ses biographies jamais vraiment aimé un seul de ses tableaux de sa vie !!)...
J'ai donc sauté sur ce livre avec un grand plaisir. C'est toujours un challenge pour un roman graphique de s'attaquer à un peintre. Surtout que ces derniers peuvent être plus ou moins faciles à rendre. Monet n'est pas Mondrian (que j'adore par ailleurs) et l'on imagine que cela a nécessité un formidable travail. de fait, le livre est vraiment très réussi, il commence par une horrible opération des yeux en compagnie de son ami Clemenceau puis on retrace la vie de ce génie depuis sa rencontre avec Boudin jusqu'à l'affirmation d'un nouveau courant.
C'est très clair, très esthétique, pédagogique aussi. Pour moi qui ait lu la biographie de Monet par Pascal Bonafoux, je dirais presque que dans un temps bien plus court, ce livre finalement fort brillant arrive à faire passer autant de choses ou presque, tout en offrant une vraie introduction visuelle à son oeuvre, dans le court du livre, puis dans une longue postface.
Et tout cela avec parfois une belle émotion, comme lors de la mort tragique de sa femme Camille.
Impressionnant !
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critiques presse (4)
Sceneario
01 juillet 2017
Efa et Rubio peuvent être contents de leur travail. Ils ont dépeint avec brio la vie d’un grand maître, pour notre plus grand plaisir et notre plus grand étonnement.
Lire la critique sur le site : Sceneario
ActuaBD
18 avril 2017
La collection “Contrechamp” du Lombard s’offre sa plus grande réussite populaire et esthétique à ce jour, en mettant en scène la vie du chef de file des Impressionnistes.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BoDoi
07 avril 2017
Une biographie sans surprise, mais tout à fait lumineuse.
Lire la critique sur le site : BoDoi
BDGest
17 mars 2017
Très intéressant, ce livre pourrait être comparé à un opus de la Petite bédéthèque des savoirs sur-vitaminé.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Vous ne pouvez pas savoir, me répondit Monet, combien tout ce que vous venez de dire est véritable. C'est la hantise, la joie, la tourmente de mes journées. A ce point qu'un jour, me trouvant au chevet d'une morte qui m'avait été et m'était toujours chère, je me surpris, les yeux fixés sur la tempe tragique, dans l'acte de chercher machinalement la succession, l'appropriation des dégradations de coloris que la mort venait d'imposer à l'immobile visage. Des tons de bleu, de jaune, de gris, que sais-je ? Voilà où j'en étais venu. Bien naturel le désir de reproduire la dernière image de celle qui allait nous quitter pour toujours. Mais avant même que s'offrit l'idée de fixer des traits auxquels j'étais si profondément attaché, voilà que l'automatisme organique frémit d'abord aux chocs de la couleur, et que les réflexes m'engagent, en dépit de moi-même, dans une opération d'inconscience où se reprend le cours quotidien de ma vie. Ainsi de la bête qui tourne sa meule. Plaignez-moi, mon ami.

[Extrait de "Claude Monnet intime" par George Clémenceau et cité à deux reprises dans cet ouvrage]
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Tu t'es toujours caché, Oscar, sauf de la lumière que tu chéris tant. Tu peux sans doute vivre de la sorte jusqu'à la fin de tes jours, mes tes proches méritent mieux. Tu as beau vivre avec eux depuis des années, comme si tu étais seul. As-tu l'intention de leur imposer ce mode de vie jusqu'à leur mort ? Si c'est le cas, abandonne-les. Ils ne méritent pas d'être traités de la sorte. Mais tu peux tout aussi bien leur rendre ce qu'ils t'ont donné : attention, soutien et amour. Durant toutes ces années, ils ont été les seuls à rester à tes côtés. Ton regard est à ce point perdu ans les paysages, les mers et les rivières que je me demande si tu ne t'es jamais aperçu de la présence de tes proches. Ne crois-tu pas que tu mérites de connaître le succès, ne serait-ce que pour eux ? Laisse tomber les impressionnistes, Oscar. Rejoins-nous et envoie tes meilleures toiles au Salon ! Il est grand temps que tu récoltes ce que tu as semé.
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Alors que j'étais à son chevet, quelques heures avant ses funérailles, une étrange sensation s'est emparée de moi. Je me suis surpris. Je me suis surpris, les yeux fixés sur la tempe tragique dans l'acte de chercher machinalement la succession, l'appropriation des dégradations de coloris que la mort venait d'imposer à l'immobile visage. Des tons de bleu, de jaune, de gris, que sais-je ? Voilà où j'en était venu. Voilà que l'automatisme organique frémit d'abord aux chocs de la couleur et que les réflexes m'engagent en dépit de moi-même, dans une opération d'inconscience. N'était-elle rien de plus à mes yeux ? Ne voyais-je que le faisceau de lumière sur son visage et non pas l'épouse bien-aimée ? Quel genre de monstre serais-je si je la peignais ? Si je ne voyais pas seulement la femme dévouée, la mère de mes fils, la compagne aimante, l'épouse fidèle ? Quel genre de personne peindrait son amour défunt, son épouse, la mère de ses enfants, pour capturer la lumière de l'aube, unique et fugace ? J'étais incapable de pleurer, que ce soit sa mort ou cette obsession qui m'avait mené Dieu sait où ? J'étais devenu une bête tournant sa meule.
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Je pouvais enfin étudier la lumière à ma guise.
Ma touche s'est affinée.
Je ne me focalisais plus sur les formes que je voyais.
Je ne peignais plus le réel, mais la lumière qui s'y reflétait.
Je cessais de me préoccuper des objets à l'intérieur du tableau.
J'étais en quête d'autre chose : des reflets, des éclats, une atmosphère générale.
J'étais en quête d'une impression.
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En déplaçant la focale, en peignant les tableaux de l'artiste et ceux de ses amis d'un point de vue différent, Salva Rubio et Ricard Efa nous font découvrir les œuvres de Monet sous un jour nouveau. A travers un subtil jeu de miroirs, où le peintre et ses œuvres deviennent à leur tour les modèles, ils nous offrent de pénétrer dans cet espace que Monet affectionnait tant, entre le motif et la toile. Sous leurs pinceaux, nous assistons à la naissance d'un peintre.
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Après l'émigration causée par la guerre civile et la production de BD pour l'étranger par le biais d'agences sous le régime franquiste, on assiste depuis la fin du XXe siècle à un phénomène qui peut être considéré comme la troisième grande vague migratoire des auteurs espagnols vers les marchés étrangers, fondamentalement les marchés américains et francophones.
En utilisant différentes sources, tant françaises qu'espagnole (le site BDtheque.com et Bdoubliees.com, le groupe informel PIF, l'association ARC, etc.) l'auteur et chercheur en histoire de l'art Salva Rubio et Félix Lopèz, co-directeur de l'association Tebeosfera, on mené une étude quantitative et qualitative sur l'émigration des auteurs espagnols de bande dessinée en France.
Ils expliquent ici les moyens mis en oeuvre pour réaliser cette étude et en restituent une partie des résultats.
Cette intervention a eu lieu dans le cadre du 2e Symposium Tebeosfera, organisé à l'Institut Cervantes de Paris à l'occasion de l'édition espagnole du 13e SoBD. Organisation Félix Lopès. Interprétation David Rousseau.
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