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Calixthe Beyala (Éditeur scientifique)
EAN : 9782352870265
283 pages
Archipoche (04/04/2007)
3.67/5   74 notes
Résumé :
« Au cours d’un voyage au Nigeria, ma mère, une Blanche, est tombée amoureuse de mon père, David Egbeme, riche exploitant agricole qui possédait un harem et dont elle a accepté de devenir la trente-troisième épouse.
J’ai vécu une enfance heureuse et insouciante derrière les murs du harem, protégée du monde extérieur. Les femmes et les enfants de mon père formaient une grande famille où tout le monde s’aimait et s’entraidait.
Mais, à 16 ans, ma vie s’es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Faire une critique sur une biographie n'est pas chose simple, car ce n'est pas de la fiction et surtout dans un cas où il s'agit d'une femme qui brise le silence, le simple fait d'avoir eu le courage d'écrire son histoire et dénoncer des abus est digne d'éloges. Comment alors poser une critique sur l'histoire, qui n'a pas été le fruit d'un processus créatif, mais biographique? C'est pourquoi je fragmente le tout en trois.

Primo, l'histoire. Il y a beaucoup dire, je tâcherai d'être concise. C'est une histoire en 50 nuances, certaines lumineuses par la bonté des uns, d'autres ténébreuses par la cruauté des autres. Choga a vécu au gré de ses nuances. Sa famille est composé d'un père et de plusieurs mères, sans parler d'innombrables demi-frères et demi-soeurs. Au Nigeria, la polygamie existe et semble être associée grandement au pouvoir et à l'argent. Comme "papa David" est influent et riche, il a plusieurs dizaine d'épouses, dont la 33e est la mère de Choga. Lisa est allemande, entrepreneuse et consacre sa vie à aider les autres, entre autres qualités. Choga nait dans le harem, un espace de vie en quatre murs et sécurisé, supposée protection contre le monde extérieur. Choga nourrissait déjà une maturité et une intelligence peu commune pour une adolescente et cela lui servira une fois adulte. Elle a, en outre, un handicap à la hanche qui la fait boiter. Elle passera un temps hors du harem avec quelque unes de ses mères dans une exploitation financé par l'héritage de sa mère biologique, jusqu'à ce qu'une passation de pouvoir remette cette ferme prolifique entre les mains d''un homme paresseux, égoïste et dont la cruauté n'a d'égal que son éternel besoin de baiser. Choga, de petite fille heureuse, devient la monnaie d'échange dans un jeu de pouvoir entres familles, en devenant l'épouse de cet homme. Maltraitée et fréquemment violée, elle se fait rescapée par ses femmes soudées qui ont constitué sa famille. Mais le mal est fait, elle est enceinte et séropositive. Ce mal qui la ronge est d'ailleurs rendu partout. On y trouvera plusieurs personnages, certains motivés par le désir d'aider la famille et d'autres davantage motivés par leurs besoins personnels.

Deuxio, les thèmes et la culture. Entre les lignes, Choga nous fait le récit de la culture de son pays. certains éléments sont très intéressants et nous dépaysage le temps d'une lecture. Elle nous parle des hommes , dont le père, certes bon, est aussi partisan de la culture de domination masculine et homme de foi à la limite sectaire. C'est là toute l'ambiguïté: entre la religion et la condition de la femme, les liens sont étroits. Choga nous amène beaucoup d'éléments, qu'ils soient sociaux, comportementaux, religieux, historiques ou même géo-sociaux, susceptible de nourrir la réflexion à y faire. Une chose est sure: la femme n'est pas grand chose dans ce pays, sinon la propriété des hommes et des machines à bébés. Elle nous parle aussi des femmes, fortes et unies, malgré certains conflits, solidaires souvent dans la dictature mâle ou au contraire investies dans une guerre de jalousies. Ces groupes de femmes isolées ensemble constituent des micro-systèmes sociaux régis selon certaines règles et respectant certains préceptes qui leur sont parfois propres. de ce point de vue, c'est fascinant. À l'opposé, c,est également malheureux de constater leur manque d'éducation, le manque de considération de la part des hommes à leur égards et le manque de perceptives d'avenir des filles, d'emblée destinées au mariage arrangé. Oui, ce roman est à la fois beau et laid, partagé entre de belles valeurs qui ne vont pas de pair avec de belles libertés. du moins pour les femmes.

Tertio: le roman en lui-même. Un roman bien écrit, qui passe du quotidien tranquille aux conflits ouverts, couvrant une bonne part de la vie de Choga. Donc, ce n'est pas qu'une suite d'horreurs, c'est bel et bien un récit de vie, une biographie. L'écriture est efficace, bien tournée et on est bien partagée entre l'action et la pensée de l'autrice. Choga porte un regard tantôt émotif tantôt objectif et même parfois philosophique sur le monde qui l'entoure. je pense que c'est là une grande richesse dans son récit. Ce n'est pas un récit enlevant, mais il est riche, poignant et intéressant. J'en sors grandis, instruite et bien sur, indignée.

*Je prends le temps de souligner dans ce livre, il est aussi question du sida (VIH) qui, bien que connu des occidentaux, reste un problème en Afrique. Inconnu comme maladie, il est également difficile de le prévenir, car la contraception et la sexualité en général sont des sujets tabous.

Un bon roman, donc, mais surtout une grande histoire.
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Parce que ce livre donne à réfléchir, d'abord à revoir nos manières de pensée, et nous invite à découvrir la réalité d'un Harem, ou en tout cas, de ce qu'il peut représenter, loin des clichés occidentaux. Cette autobiographie poignante nous éloigne de notre quotidien pour nous amener à celle d'une jeune Nigériane. D'abord son enfance heureuse, dans une communauté où certes, un homme règne en maître, mais où c'est surtout le respect et la collaboration qui font oeuvre de chef. Puis l'adolescence, la naissance du corps d'une femme et les devoirs qu'ils lui incombent. Entre la volonté de respecter sa foi et ses pairs, et le désir de liberté tant ancré. On se questionne non seulement sur cette héroïne en plein déchirement, mais aussi (et peut être surtout), sur le comportement de sa mère allemande, élevée "à l'occidental", qui met un mouchoir sur le bien être de sa fille au profit du bon allé de la communauté, et peut être égoïstement, de son bien allé à elle.
En bref, c'est un récit poignant, il accroche jusqu'au bout, nous arrache quelques larmes sans pour autant nous faire entrer dans le pathos. C'est beau, sincère et enrichissant.
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A la mort de sa mère, Choga, jeune maman, reçoit sa demi-soeur allemande. Elle lui raconte la vie de sa mère qui a tout quitté (Allemagne, mari, enfant) pour se retrouver dans un harem au Nigeria, en tant que trente-troisième épouse d'un homme riche. Puis s'ensuit le récit de la naissance de Choga, son enfance protégée, sa vie à la ferme, son mariage forcé.
On apprend beaucoup sur la vie dans un harem et comment la femme peut accepter cette soumission qu'elle offre à l'homme sans se rebeller. Y sont décrits aussi le courage et l'intelligence de Choga qui ne se décourage jamais et tente de se sortir de toutes les situations, tout en protégeant ceux qui l'entourent. Une belle leçon de vie mais à quand la liberté de la femme ?
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Une autobiographie dont la lecture ne laisse pas indifferent, et qui dans mon cas a suscite une certaine revolte: que la mere de la narratrice aie fait le choix de sa vie personnelle, dans ces conditions de polygamie africaine, ne lui laissait pas pour autant le droit de les imposer a sa fille...meme si il lui etait par ailleurs difficile d'echapper a cet engrenage, au respect des lois masculines... Une histoire difficile a comprendre pour l'esprit occidental, alors que tant d'autres femmes se battent et trouvent la voie de la liberte pour l'avenir de leurs enfants...meme si la narratrice finit sur une note d'espoir, elle est victime d'une vie qu'elle n'a pas pu choisir, a quel que moment que ce soit...Un temoignage pour que d'autres enfants ne soient pas les victimes du choix de leurs parents...
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Cela faisait un moment que ce livre était dans ma bibliothèque après que je l'ai trouvé dans une boite à livres, et j'avais essayé de le lire une fois mais je n'avais pas réussi à me concentrer pleinement alors je l'avais arrêté.
Ce mois-ci j'ai réessayé de le lire et je me suis plongée dans le récit de cette femme courageuse qui a vécu beaucoup d'épreuve mais qui s'est toujours relevée.
C'est un récit très dur et j'ai dû mettre ma lecture en pause car c'était une lecture éprouvante. Après quelques jours j'ai repris la lecture et j'ai pu la terminer.
C'est une lecture difficile mais en même temps intéressante car on en apprend un peu sur la culture africaine même si je ne sais pas si ça ce passe comme cela dans toute l'Afrique.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
«Au cours d'un voyage au Nigeria, ma mère, une Blanche, est tombée amoureuse de mon père, David Egbeme, riche exploitant agricole qui possédait un harem et dont elle a accepté de devenir la trente-troisième épouse.

J'ai vécu une enfance heureuse et insouciante derrière les murs du harem, protégée du monde extérieur. Les femmes et les enfants de mon père formaient une grande famille où tout le monde s'aimait et s'entraidait.

Mais, à seize ans, ma vie s'est trouvée bouleversée lorsque mon père, affaibli par la maladie, m'a obligée à me marier. En butte à un homme infidèle et violent, je n'ai plus eu d'autre choix que de fuir avec mon fils. Fuir... mais à quel prix ?»
C. R. E.

Ce livre r l'histoire vraie d'une femme décidée à se battre et à sauver son enfant - s'est vendu à plus de 500 000 exemplaires. Un témoignage qui est aussi un appel au respect des femmes, de leur dignité et de leur intégrité.

«Jamais je n'ai perçu avec autant d'acuité la souffrance et la force morale de la femme noire.»
Calixthe BEYALA

Extrait du livre :
La sœur inconnue

Au harem, sur la table de nuit de ma mère, trônait en permanence la photo d'une petite fille de dix ans. Ce portrait, que maman astiquait avec un soin méticuleux, m'a suivi pendant toute ma jeunesse.
- C'est ta sœur, m'avait-elle un jour appris. Tu peux être fière d'elle.
Les cheveux blonds de Magdalena étaient ornés d'une couronne de fleurs blanches. Des marguerites, m'expliqua ma mère, une variété qui, l'été, en Allemagne, fleurissait en bordure des champs et dans les prés.
Souvent je m'imaginais Magdalena courant sur l'herbe verte et cueillant des marguerites. Il m'est même arrivé de rêver d'elle. J'essayais de l'attraper mais elle était bien plus rapide que moi. Mon désir le plus cher était de faire sa connaissance, de rencontrer enfin cette sœur allemande qui, pour moi, avait toujours été la petite fille de la prairie.
Un jour, une lettre d'elle nous est parvenue. Magda­lena avait franchi le pas et décidé de nous rendre visite. Elle avait joint une photo à son courrier. En la regardant, je découvris une parfaite inconnue. L'enfant aux yeux bleus pleins de curiosité et aux boucles blondes qui lui tombaient délicatement sur les épaules s'était transformée en une femme aux cheveux châtains coupés courts, qui me dévisageait d'un air songeur à tra­vers des lunettes à la monture sévère. Elle avait quarante et un ans et était devenue enseignante. L'angoisse me saisit. Pour la première fois, je venais de réaliser qu'une bonne partie de ma vie était déjà derrière moi : ma propre jeunesse, mon insouciance et même certains de mes espoirs.
Amara, l'amie de ma mère, m'accompagna à l'aéro­port. Nous étions un vendredi saint. Autour de moi les enfants chahutaient, les femmes riaient et les hommes se saluaient avec effusion. Tous ces gens avaient l'air si heureux, comme s'ils venaient de recevoir un cadeau exceptionnel. Et moi je me retrouvais au milieu d'eux, la gorge nouée, tenaillée par la soif et un mal de tête lancinant. Les battements de mon cœur résonnaient dans ma poitrine et je transpirais. Jetant sans arrêt des coups d'œil au cliché que je tenais dans mes mains moites, je sondais la foule que charriait le hall des arrivées. Enfin libérés après huit heures de vol, les voyageurs, radieux, se précipitaient dans les bras de leurs parents ou amis.
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Dans les histoires de papa David qui circulent au sein des familles, il est dit qu'il faut être sûr de soi, pour que Dieu vous aide à réaliser de grandes choses. C'est un précepte qui donne de l'énergie à bien du monde.
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La question n’est pas tant d’avoir de l’argent que de l’utiliser à bon escient.
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