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EAN : 9782864326120
128 pages
Verdier (01/08/2010)
3.68/5   11 notes
Résumé :
(édition numérique)

Un voyage dans le temps et dans l’espace tissant l’expérience concrète – celle de l’apprentissage du tir à l’arc japonais – avec l’introspection individuelle et l’histoire collective. Un récit de voyage qui est aussi une histoire d’amour et une méditation ponctuée par des éclats de rire; un voyage à contresens sur l’île la plus propice aux contresens: le Japon
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Résidant pour un temps au Japon, l'auteur décide de s'initier au tir à l'arc japonais. le chemin sera long.

"Autant qu'une danse, le kyudô est la mise en scène d'un affût, où ce qui est guetté est soi-même- l'invisible que chaque homme porte en lui. On voit s'exprimer dans le tir à l'arc japonais, lorsqu'il est réalisé à un haut niveau, ce quelque chose d'inexprimable qui réside au fond de l'homme- un mystère qui est lié à la beauté, dont le corps qui se meut sur le pas de tir n'est plus qu'un signe, et tout le signe; c'est-à-dire qu'il est le reflet de l'infini, comme l'image de la lune sur l'eau est le simple écho de la lune."

Pas question d'aller trop vite.

"Laisser partir la flèche après avoir répété pendant des mois le geste qui précède cette libération, c'est avoir la sensation d'un infini qui vous éclaire et vous abandonne, pantelant. On éprouve uen force immencse, à portée de main et démesurément éloignée, de la même façon que le reflet de la lune sur l'eau laisse penser qu'on pourrait la toucher. Si l'on essaie, on se noie dans une mare. Il est inutile de tenter de saisir le reflet de la lune; ce que nous voyons est la manifestation réfléchie d'un ordre caché."

Connaissance de soi-même, des liens de cet art du tir à l'arc avec la littérature.

Mais bien d'autres choses encore dans ce livre (bien écrit et fort agréable à lire!). Reviennent des souvenirs d'adolescence et d'âge mur. Les saisons à Kyoto s'écoulent, hiver glacé, été étouffant. Printemps, ohanami, contemplation des fleurs de cerisier. Automne, momijiogari, chasse aux feuilles d'érable, d'un rouge indescriptible.

Des moments de rêve éveillé où les charmes du Japon agissent insidieusement et aussi des passages pleins d'un humour subtil. L'emménagement avec son amie Yuki dans une nouvelle maison et la pendaison de crémaillère, par exemple.

Juste une description pour terminer:
[Les habitants de Kyoto] "accordent par contre la plus grande importance aux uniformes. de l'écolière au chauffeur de taxi, chaque catégorie dispose de son costume; la devise nationale est Deru kugi wa, itareru, 'le clou qui dépasse, on lui tape dessus'. Cette multiplicité d'uniformes entraîne une forme d'exotisme qui fait l'enthousiasme des visiteurs, et peut provoquer un sentiment d'oppression si l'on oublie de se rappeler la part de comique qu'elle recèle. Je ne veux pas parler de la beauté des kimonos, mais de ces vieillards en costumes de généraux qui règlent avec des solennités de stratèges le stationnement des vélos à l'entrée des supermarchés ... de ces quinquagénaires hagards en habits de playmobil dormant debout en faisant semblant de régler la circulation ... ou de ces chauffeurs de taxi arborant des casquettes de commandants de porte-avions qu'ils font descendre jusqu'au solen vous ouvrant la portière.
Si l'on ajoute à ce théâtre ces grappes de gamines hautes comme trois pommes drapées dans de petits costumes marins, trottinant par les rues, furetant sur les quais du métro, s'assemblant autour du baobab d'un distributeur de boissons, les yeux disparaissant sous les bobs aux allures de casques d'exploratrices, le Japon a l'air d'une innocente bande dessinée, accentué encore par l'aspect carton-pâte des habitations."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Lecture qui m'a longtemps laissée un peu perplexe. J'ai butté parfois, au début, dans un certain agacement devant ce que je trouvais un rien alambiqué dans les réflexions du héros, dans ses remémorations, alors que j'aimais beaucoup ce qui tenait (sens et plus encore la souplesse des phrases) à la description du tir à l'arc et de Kyoto. Réaction en partie causée par une antipathie instinctive et bizarre pour lui, qui, me semble-t-il, résultait d'un état d'esprit passager extérieur au livre. Après une interruption, l'ai repris, et suis entrée vraiment dans cette mosaïque, cette quête, dans l'étude du geste, d'équilibre, cette lutte contre les démons occidentaux ou orientaux, compagnons de Yuki et de lui-même (en savourant au passage l'humour léger)
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Trouvé ce titre,

dans un souffle,

dépaysement insulaire,

direction le Japon,

une question de directions,

d'équilibre,

à travers un récit introspectif aux allures de conte, rythmé par les entraînements au dojo, entre cérémonial et solennité,l'art du tir à l'arc comme prétexte et encouragement aux méditations, comme art de vivre même avec quelques notes d'humour..une réussite.
Lien : https://lecturesindelebiles...
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
[Les habitants de Kyoto] "accordent par contre la plus grande importance aux uniformes. De l'écolière au chauffeur de taxi, chaque catégorie dispose de son costume; la devise nationale est Deru kugi wa, itareru, 'le clou qui dépasse, on lui tape dessus'. Cette multiplicité d'uniformes entraîne une forme d'exotisme qui fait l'enthousiasme des visiteurs, et peut provoquer un sentiment d'oppression si l'on oublie de se rappeler la part de comique qu'elle recèle. Je ne veux pas parler de la beauté des kimonos, mais de ces vieillards en costumes de généraux qui règlent avec des solennités de stratèges le stationnement des vélos à l'entrée des supermarchés ... de ces quinquagénaires hagards en habits de playmobil dormant debout en faisant semblant de régler la circulation ... ou de ces chauffeurs de taxi arborant des casquettes de commandants de porte-avions qu'ils font descendre jusqu'au solen vous ouvrant la portière.
Si l'on ajoute à ce théâtre ces grappes de gamines hautes comme trois pommes drapées dans de petits costumes marins, trottinant par les rues, furetant sur les quais du métro, s'assemblant autour du baobab d'un distributeur de boissons, les yeux disparaissant sous les bobs aux allures de casques d'exploratrices, le Japon a l'air d'une innocente bande dessinée, accentué encore par l'aspect carton-pâte des habitations.
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On pourrait croire qu’au pays des bonsaïs la circulation des vélos est organisée aussi méticuleusement que celle de la sève des arbousiers. Elle est soumise à un arbitraire total, qui croît à mesure de l’âge des protagonistes et de l’éloignement de la capitale pour atteindre un paroxysme à Kyôto, chez l’octogénaire, dont la conduite atteint une perfection pareille à celle des vieux calligraphes : débarrassée de toutes les fioritures, libérée de l’attachement à la réalité, elle consiste à tracer son chemin en ligne droite en fonction du but à atteindre sans tenir aucun compte ni des sens interdits, ni des voitures, ni des piétons, ni a fortiori des autres vélos. L’allure de ces obâsans est celle d’un char d’assaut : elles parviennent à donner à leur silhouette minuscule un volume insoupçonné en déployant de part et d’autre de leur destrier de métal leurs coudes et leurs genoux comme des ailerons, et en poussant en avant leurs épaules rachitiques, dans lesquelles elles rentrent des têtes d’oiseaux de proie impassibles. On les voit souvent rouler à contresens sur des artères où déboulent une file de bolides qu’elles ignorent majestueusement. Ponctuellement elles se précipitent sur un piéton ; si celui-ci a le malheur de rester sur le trottoir, elles font mine de s’écraser sur l’avenue, freinent laborieusement quelques mètres plus loin et restent ainsi au milieu de la route, proférant sans même se retourner de vagues malédictions contre l’imprudent.
Leur exemple est suivi très tôt par les écolières les plus inoffensives : elles développent une indifférence au sens de la circulation qui trouve son achèvement à Kyôto, où s’est développé au plus haut point l’art du contresens.
Cet art est condensé dans le tir à l’arc japonais : atrocement simple, puisque l’acte de plier l’arc à l’envers de sa courbure naturelle pour y tendre la corde signe le moment où vous vous enfoncez dans l’envers des choses, et délicieusement compliqué, car vous devrez non pas bander l’arc, mais entrer en son intérieur. Plutôt que d’actionner vos muscles vous devrez utiliser votre souffle et vos os. Votre main gauche tiendra l’arc sans le tenir ; votre main droite qui, dans l’ordre du visible, tire la corde, devra pousser la poignée et votre main gauche qui, objectivement, pousse l’arc, devra « en esprit » tendre la corde. Cet océan de contradictions, qui donnerait des vertiges au loup de mer le plus amariné, est résumé dans la façon dont les flèches sont disposées avant le tir : la première regardant la cible, l’autre visant la direction opposée.
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J'aspirais à la gloire, et elle me répugnait ; je cherchais une forme d'apaisement - j'étais rattrapé par une haine violente ; je détestais la vulgarité, et j'étais capable des pires inconduites ; je méprisais l'argent, mais j'étais las de la dèche.
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Autant qu'une danse, le kyudô est la mise en scène d'un affût, où ce qui est guetté est soi-même- l'invisible que chaque homme porte en lui. On voit s'exprimer dans le tir à l'arc japonais, lorsqu'il est réalisé à un haut niveau, ce quelque chose d'inexprimable qui réside au fond de l'homme- un mystère qui est lié à la beauté, dont le corps qui se meut sur le pas de tir n'est plus qu'un signe, et tout le signe; c'est-à-dire qu'il est le reflet de l'infini, comme l'image de la lune sur l'eau est le simple écho de la lune.
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Cet art est condensé dans le tir à l'arc japonais : atrocement simple, puisque l'acte de plier l'arc à l'envers de sa courbure naturelle pour y tendre la corde signe le moment où vous vous enfoncez dans l'envers des choses, et délicieusement compliqué, car vous devrez non pas bander l'arc, mais entrer en son intérieur.
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Vidéo de Vincent Eggericx
Entretien réalisé par Julia Cordonnier (montage : Agnès Touzeau)
Vincent Eggericx, « L'art du contresens », Verdier, 2010. https://editions-verdier.fr/livre/lart-du-contresens-2/
Quatrième de couverture :
Un voyage dans le temps et dans l'espace tissant l'expérience concrète – celle de l'apprentissage du tir à l'arc japonais – avec l'introspection individuelle et l'histoire collective. Un récit de voyage qui est aussi une histoire d'amour et une méditation ponctuée par des éclats de rire; un voyage à contresens sur l'île la plus propice aux contresens: le Japon.
Site : https://editions-verdier.fr/ Facebook : https://www.facebook.com/EditionsVerdier Twitter : https://twitter.com/EditionsVerdier
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