On n'a pas fini d'écrire sur l'ouragan Katrina et pas fini de lire à ce sujet non plus. Ce sujet saisissant renferme de telles situations dramatiques individuelles qu'il ne s'épuisera pas de sitôt.
Dave Eggers a choisi de relater un cas particulier et réel plutôt que la voie de la fiction. C'est le récit de ce qui est arrivé à Abdulrahman
Zeitoun, un entrepreneur originaire de Syrie et à sa famille, qu'il a entrepris de raconter.
Zeitoun, comme l'appellent la plupart de ses amis et connaissances, ne s'est pas trop inquiété de l'annonce de l'ouragan, de telles annonces survenant chaque été à La Nouvelle-Orléans. Il a fait le tour des travaux de construction et rénovation qu'il dirige pour vérifier que tout danger serait évité autant que possible.
Lorsque la menace devient plus précise et que sa femme décide de quitter la ville avec leurs enfants,
Zeitoun s'obstine à rester, et se rend très utile, rendant de nombreux services aux voisins de son quartier inondé. Il profite même de son canoë pour aller voir ses propriétés et habitations en travaux au centre ville. C'est la partie la plus prenante de cette histoire vraie, où à la lecture de certaines scènes, bandes de pillards, chiens morts, hélicoptères aussi bruyants qu'inutiles, communications aléatoires, on se souvient tout à coup avec un frisson qu'il s'agit de la réalité de l'été 2005 et non d'un roman post-apocalyptique. Cela en a pourtant toutes les apparences !
Zeitoun refuse toujours de rejoindre sa femme qui s'inquiète, d'autant plus quand elle finit par ne plus recevoir de nouvelles du tout. Elle remue ciel et terre pour essayer de le retrouver, et pendant ce temps il croupit dans des conditions infernales à la gare routière de la Nouvelle-Orléans transformée en prison.
Du destin de cette immigrant syrien, rien n'est oublié, ni ses jeunes années, ses nombreux frères et soeurs, les circonstances dans lesquelles il est arrivé aux Etats-Unis, a rencontré son épouse.
Dave Eggers a multiplié les entretiens avec cet homme et son entourage, n'a pas cherché à les romancer, quoique bien sûr, sa vision est sans doute influencée par ce qui lui est raconté… Si le plus prenant est la partie où
Zeitoun reste dans la ville envahie par les eaux, la construction du récit fait que l'on ne s'ennuie jamais et qu'il est difficile à lâcher.
Un roman coup de poing sur les années Bush, à lire et à méditer !
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