D'un talent authentique à la création d'une histoire, tout le chemin de réalisation d'un auteur est passionnant.
Les traumatismes de l'enfance peuvent -ils créer des personnages troublants pour différents genres littéraires et surtout pour les thrillers psychologiques ?
En quoi un quelque chose de l'enfance ou d'ailleurs, d'un lointain imperceptible et indicible peuvent-ils amener à une telle densité de l'histoire ? C'est ce que
Yolande EGYED nous offre dans son thriller «
Tuez-moi mais ne me haïssez pas. »
Adelaïde, une Lady à la retraite, tueuse en série ne dit rien dans la salle d'interrogatoire du commissariat central de Nice
Dans «
Tuez-moi mais ne me haïssez pas », on entre dans la noirceur de l'âme où tout semble être silence. Un silence pesant.
On entend la rage silencieuse d'un mal éteint peut-être trop vite.
Elle tue c'est certain. D'ailleurs Adélaïde ne nie rien du tout.
Une seule explication dévoilera l'âme du personnage. La découvrir ne sera pas une mince affaire. Car tout naît il y a longtemps dans l'enfance. Une question subsistera : La rage, la colère sont-elles des mobiles de mise à mort ?
Les traumatismes de l'enfance mènent-ils à la rage ? Serions-nous destinés, en fonction de notre environnement affectif et des expériences vécues, à des pulsions incontrôlables avec lesquelles il faut apprendre à vivre ou non?
Certains enfants grandiront dans la résilience, le coeur en alerte. Ils apprendront avec les autres et certainement avec de l'amour. D'autres grandiront la rage au ventre. Tout leur sera insupportable ou presque. Coeur déguisé, pulsion obsessionnelle ou rage parfois calfeutrées, ils finiront par dévoiler la noirceur de l'âme face à ceux qui ne sauront rien, ceux qui seront bêtes, ceux qui seront victimes ou bourreaux.
Les thrillers psychologiques ont cette immédiateté d'écriture où le personnage doit être crédible dans ses crimes. Ils sont à la fois si profondément humains même dans la mort inacceptable, impardonnable et en même temps si repoussants.
Si dans son thriller,
Yolande Egyed pose l'état d'un personnage honnête en apparence, il n'en demeure pas moins qu'un thriller s'écrit avec le goût des tripes du tueur sans savoir jusqu'où cela mènera. On perçoit la saveur de l'auteur dans des ingrédients allant jusqu'à l'amer, le détestable ou l'aimable.
Comment écrit-on un thriller qui fonctionne ?
Écrire un thriller qui fonctionne c'est s'assurer que la peur va dominer tout au long de l'histoire. C'est faire en sorte que le personnage tueur devienne le héros pour qui le lecteur sentira une empathie. Des émotions, des frissons, des surprises et une dose bien existentielle est la clé d'un thriller réussi.
« Et si jamais… »
C'est le noyau de la narration du point A jusqu'au point Z. On se fonde sur une situation et non une histoire. L'écrivain imagine une scène et ainsi tout découle. Et si jamais il se passait cela ensuite. C'est ça la réalité. C'est un mode de construction qui détourne les règles narratives.
Le récit crée alors une texture, une densité particulièrement réelle. On entre dans l'impression sensorielle avec les personnages.
Et c'est alors qu'au travers d'une phrase : « On doit bien mourir de quelque chose. »
dite par un des personnages de l'histoire de
Yolande Egyed, qu'Adélaïde ira jusqu'à l'extrême.
Déclaration fracassante qui va ramener Adélaïde au coeur d'un mal, au coeur d'une problématique d'enfance, d'adulte et surtout d'une âme noire au vent de l'oubli, au vent d'une véracité devant l'inspecteur qui sera bouleversante