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EAN : 9782889010783
330 pages
Antipodes (20/10/2012)
3/5   1 notes
Résumé :
La question religieuse revient au cœur de nos sociétés sécularisées qui ne savent pas bien comment y faire face ni même comment l'interpréter, après qu'on a pensé pouvoir la renvoyer à la seule dimension privée de la conviction subjective.

Pluralité de traditions dans la manière d’organiser le vivre-ensemble ; désinstitutionnalisation des traditions héritées ; nouvelles affirmations identitaires ; sectes et nouveaux mouvements religieux ; religiosité ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
On a pu croire un moment que la société moderne avait réussi à détacher les liens qui raccrochaient la structure politique à la sphère divine. On croit qu'on sait se torcher le cul tout seul depuis des années et un jour, on se retrouve en plein centre-ville avec le cul maculé de merde, sans avoir rien vu faire. Les gens derrière nous rigolent.


Différents spécialistes ont été conviés, sous l'égide de Pierre Gisel, pour traiter des liens entre la société civile, le politique et le religieux à l'époque moderne. Plusieurs parties structurent cet ouvrage.


Sans surprise, on nous inflige d'abord par un développement historique avec les débuts de l'ère moderne, au 16e siècle.
- Communauté, conscience, confession : En Suisse romande, la coexistence de différentes confessions religieuses a mené à la création des « Plus » qui obligent à penser et reformuler les relations entre décision collective et conviction personnelle et formes concurrentes d'appartenance.
- Tolérance ou coexistence ? : Comment le concept de tolérance a-t-il évolué en lien avec l'avènement d'une philosophie positiviste ? Autrefois péjoratif, le concept est devenu aujourd'hui la condition nécessaire de coexistence moderne.


Aux 19e et aux 20e siècles, le politique exerce une suprématie croissante sur le religieux :
- L'école et la religion : Retour sur la règle de laïcité dans l'enseignement scolaire. Aujourd'hui, comment conserver ce principe tout en permettant l'intégration des musulmans ?
- Reconnaissance des cultes « reconnus » : Quel est le rôle joué par l'Etat dans ce processus de reconnaissance qui articule culture démocratique née de la Révolution et affirmation du pouvoir de l'Etat centralisé ?
- Voile et burqa en France : Evolution de la législation autour du voile et du burqa, et pourquoi la France apparaît comme un cas particulier face aux pays anglo-saxons.


Venons-en à notre époque. Comment ça se passe en-dehors de l'Europe ?
- Les révolutions arabes et le mouvement vert en Iran : Ces phénomènes sont interprétés selon l'hypothèse de l'émergence d'une nouvelle forme de religiosité dans le monde arabe, d'une nouvelle manière de se positionner face à l'héritage musulman.
- le religieux et le politique en Afrique musulmane francophone : Cerner le rôle rempli par les identités religieuses dans les clivages et conflits politiques internes en Côte d'Ivoire et au Sénégal.
- Etat juif et démocratique : Quelle est la place du judaïsme dans l'identité de l'Etat ? Comment s'articulent nation et religion dans cette tradition ? Ces questions proposent trois alternatives qu'on se propose ici de discuter : Israël doit-il devenir « l'Etat de tous ses citoyens » ? Un « Etat juif » ? Doit-il rester un Etat « juif et démocratique » ?
- Les religions autochtones/indigènes : Ne nous gaussons pas de la Terre-Mère, elle cache des revendications identitaires, religieuses, sociopolitiques et économiques solides. le rapport au monde des religions indigènes peut nous dire ce qui constitue la caractéristique centrale de la nôtre.
- Transformer la société civile ? : Autour d'un essai de Ruth Benedict, réflexion sur le discours anthropologique et sa difficulté inhérente à se défaire de ses propres habitudes de pensée.


Enfin, le plus coriace et le plus délicat se déploie en dernière partie. Dans le vif du sujet, on aborde les liens entre société civile et religion à notre époque, en Occident :
- Islam, religion et sécularité : Alors que le christianisme est affecté par le processus de sécularisation, quelles sont les transformations qui affectent l'islam dans la modernité occidentale ?
- Politiser les évangéliques par le mandat culturel : L'évangélisme, ça nous fait un peu rire en Europe mais aux Etats-Unis, ses liens avec la droite chrétienne sont puissants. Quels sont les sources, les usages et les effets de la théologie politique dans ce contexte ?
- La postérité de la théologie politique chez Giorgio Agamben et Daniel Bensaïd : Merci Freud, tu nous permets de postuler un retour du refoulé religieux (Lacan appelle ça « forclusion ») dans les contestations théorico-politiques de la mondialisation libérale, que représentent les auteurs cités. Ces thématiques de la transcendance et du séculier sont surplombées par Carl Schmitt et Walter Benjamin dans la gauche radicale. Si vous les connaissiez pas, vous les connaîtrez un peu mieux.
- de quoi le retour du motif religieux est-il le nom ?


Ce dernier chapitre étend la réflexion autour de cette hypothèse : « Il y a « retour » de motifs religieux parce qu'il y a de l'inintégré –humain- au coeur des sécularisations ». Nous n'aurions pas pu dire mieux, c'est un peu là où voulait en venir tout le bouquin.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
En fait, dans la relation entre individu, le groupe religieux et l’Etat, ce dernier apparaît en France comme protecteur de l’individu contre toute forme de pression venant d’un groupe religieux. C’est le contraire aux Etats-Unis où, dans un autre contexte historique, le groupe religieux est perçu par l’individu comme une protection contre toute intrusion de l’Etat.
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Il y a « retour » de motifs religieux parce qu’il y a de l’inintégré –humain- au cœur des sécularisations. […] C’est que la modernité a une propension quasi native à l’homogénéisation, à dénier ce qui est, pour l’humain, en excès, ce qui le dépasse ou est irréductible à sa raison spontanée (universelle ?) dont les indépassables et très larges différences qui font l’humain ou au travers desquelles se fait l’humain.
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La pensée moderne du politique reproduit la structure de la théologie […] chrétienne, ce qui peut lui permettre, dans un contexte de […] désenchantement du monde, d’en reprendre le rôle architectonique.

[Kervégan, Modernités et sécularisation]
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Dans la démocratie, le peuple est souverain ; dans le judaïsme traditionnel, il est soumis. […]
Le sionisme a été véritablement une prise de distance d’avec le judaïsme : il s’est construit sur l’affirmation de la primauté de la souveraineté du peuple sur la loi révélée.
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Au moment où la société s’interprète elle-même comme « séculière », elle peut comprendre la culture comme religion sécularisée. Et, au moment où la religion s’interprète elle-même comme « culture », elle peut interpréter la sécularité comme société culturelle.
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