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Valérie Malfoy (Traducteur)
EAN : 9782264041500
176 pages
10-18 (16/03/2006)
3.71/5   70 notes
Résumé :
A la suite d'un deuil, Gretel Ehrlich, scénariste à Hollywood, part à la recherche d'un lieu où abriter sa douleur. Ce sera le Wyoming. De cette existence au mileu d'une nature presque intacte, en compagnie de bergers et de cow-boys auprès desquels elle va redonner sens à sa vie, est née La Consolation des grands espaces. A la manière de Walden ou la vie dans les bois de Thoreau ou de Pélerinage à Tinker Creek d'Annie Dillard, cette peinture d'une Amérique insoupçon... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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A la suite d'un deuil, Gretel Ehrlich a tout quitté pour s'installer dans le Wyoming. Elle espère y trouver un endroit où son chagrin et sa peine puissent s'exprimer, un endroit où elle pourra se recueillir et se consoler de cette profonde tristesse. Elle devient donc bergère, accompagne les troupeaux, côtoie bergers et cow-boys, parcoure les grandes pleines du Wyoming et du Montana. Plus essai que roman, ce livre offre la possibilité de vivre par procuration quelques instants anodins d'une vie banale de cow-boy ou de berger. Une écriture, une lecture proche de la nature qui m'a totalement immergé dans ces grands espaces, la consolation en moins. Car de la douleur de Gretel, il n'en n'est presque pas question. Au milieu de cet espace, elle ne l'oublie peut-être pas, mais elle revit, tout simplement. Elle découvre une nouvelle façon de vivre au milieu des herbes, à un autre rythme basé sur celui de ses moutons, sur celui des saisons et du chant des oiseaux.

J'aime le silence, ce silence lourd et pesant qui vous enferme dans une profonde solitude. « La Consolation des Grands Espaces » n'est pas une lecture à mettre dans toutes les mains. Certains vont s'ennuyer ferme, bailler aux corneilles devant ce spectacle si barbant en compagnie d'un troupeau de moutons incapable de faire autre chose que brouter ou bêler. Pour ma part, c'est tout le contraire. J'ai envie de découvrir cette vie, de m'échapper de mon urbanisme grisâtre moribond, de m'isoler et me sentir perdu au milieu de la nature, d'arrêter de courir derrière un métro bondé pour préférer courir derrière une brebis. Je rêve du Montana, du Dakota, du Wisconsin, du Wyoming et parfois du Kentucky. J'ai envie de devenir éleveur de bisons mais je pourrais débuter ma reconversion vers une nouvelle « carrière » comme gardien de moutons, histoire d'appréhender ces territoires sauvages au climat si rude et austère.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Journal sans découpage chronologique, « La Consolation des grands espaces » est le récit de la renaissance d'une femme meurtrie par le deuil, frottée à l'âpreté des paysages du Wyoming : « L'espace a un équivalent spirituel et peut guérir ce qui est divisé, pesant en nous-mêmes ». Des considérations générales, sociologiques, historiques, des anecdotes extraites du quotidien émaillent le discours intérieur de la narratrice. Loin des clichés, elles sont destinées à rendre compte du vécu, des comportements, de l'atmosphère et de l'essence du Wyoming. « Ce qui pour les Indiens représentait une source de vie était le cauchemar des fermiers qui étaient arrivés encombrés de leurs familles et de leurs traditions pour s'implanter dans ce pays pratiquement inhabitable. Les énormes distances, la pénurie en eau et en arbres ainsi que la solitude leur infligeaient des souffrances auxquelles ils n'étaient pas préparés. » Les grands espaces désertiques imprègnent et modèlent les esprits. Les saisons modifient les façons d'être : « Pendant le solstice d'hiver, il fait -34°… nos liens avec nos voisins ne peuvent plus être négligés car c'est une question de vie ou de mort ».
Ce petit livre de 172 pages ne se dévore pas d'une traite. Il se sirote, les yeux voyageurs, à l'image de la femme photographiée en couverture. Les courts chapitres ont des intitulés laconiques ou sibyllins : « Autres vies ; Des hommes ; Orage, champ de maïs et wapiti… » le récit est surtout composé de comptes-rendus. Parfois, l'écriture prolonge l'anecdote et ouvre sur une brève réflexion philosophique avec une portée poétique : « Observé avec intensité, le monde se transforme » ; « Dans la nature, il n'y a ni récompense ni châtiment, seulement des conséquences ». Récit de vie, de limbe et de renaissance, il y a peu de place laissée aux autres auteurs mais cela n'exclut nullement la profondeur de la pensée et la portée du témoignage.
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Vu le titre, je m'attendais à un livre davantage axé sur le rapport homme-nature, davantage d'introspection, de sensibilité peut-être, de paysages... Au lieu de cela, l'auteur raconte, à travers sa vie dans le Wyoming, où elle est partie à la suite d'un deuil, une succession de petites situations, elle décrit des personnes vivant comme des cowboys, des interactions entre bergers, etc...
Ce n'est pas du tout un récit de solitude, pas très descriptif non plus, c'est plutôt un instantané de la vie des agriculteurs (cowboys, bergers, etc...) dans les années 80 au Wyoming. Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais, donc j'ai trouvé cela un peu superficiel et j'ai été déçue.
Néanmoins, quelques passages sont passionnants : la description et l'explication d'un concours de rodéo notamment est vraiment précise et fascinante.
Sinon, une lecture en demi-teinte pour moi.
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La Consolation des grands espaces est plus un essai (bien que Gretel Ehrlich n'essaie pas, elle fait !) qu'un roman, le témoignage d'un mode de vie plutôt qu'une fiction.
Elle parle de son entourage et de son environnement avec tellement d'empathie et de bienveillance qu'elle nous laisserait croire que le côté râpeux des vieux endurcis est d'une douceur infinie.
Elle nous laisserait penser que le froid et les averses prolongées sont d'une telle pureté que c'est vraiment quelque chose à vivre.
Elle décrit et notre esprit vagabonde derrière elle.
La consolation des grands espaces est vraiment un titre merveilleux et dit exactement ce que le livre contient.
Peu importe le pourquoi de sa vie au Wyoming, l'image qu'elle nous en donne est une consolation en soi, la lecture en est apaisement.
A lire dehors, les cheveux au vent, pieds nus. Interrompre sa lecture pour regarder la campagne infinie. Un petit bouquet de sauge peut être utile pour s'imprégner des parfums qu'on lit.
Ce n'est pas indispensable bien entendu.
Une bonne tasse de thé et un vieux canapé peuvent parfaitement faire l'affaire, du moment que les images nous remplissent la tête !
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Dans ce récit faussement simple d'apparence, Gretel Ehrlich raconte son installation au Wyoming après un deuil. Elle nous fait découvrir ces grands espaces très faiblement peuplés, et particulièrement la vie des bergers et des cow-boys. Quelques cow girls aussi. Ce n'est pas la petite maison dans la prairie, il peut y faire très, mais vraiment très froid, la solitude n'est pas un vain mot, mais au final Gretel Erhlich donnera un nouveau sens à sa vie.



La nature a évidemment sa place dans cette histoire, pourrait-il en être autrement ? Mais jamais on ne s'attarde sur les descriptions.



"La nuit, au clair de lune, le pays est rayé d'argent- une crête, un rivière, un liseré de verdure qui s'étend jusque dans la montagne, puis le vaste ciel. Un matin, j'ai vu une lune toute ronde à l'ouest, juste au moment où le soleil se levait. Et tandis que je chevauchais à travers un pré, je me suis sentie suspendue entre ces deux astres, dans un équilibre précaire."

"En sortant de l'étable, nous vîmes une aurore boréale. On eut dit de la poudre tombée d'un visage de femme. Rouge à joues et ombres à paupière bleue veinaient les flèches de lumière blanche qui fusaient et vibraient, associant les couleurs -comme s'associent les destins- avant de s'effacer."



Mais ce qui est surtout remarquable et que je retiendrai, c'est le beau portrait des rudes habitants de la contrée, qui ont su conquérir le coeur de l'auteur.



"Parce que ces hommes travaillent avec des animaux, pas des machines ni des numéros, parce qu'ils vivent en plein air dans des paysages d'une beauté torrentielle, parce qu'ils sont assignés à un lieu et un quotidien embellis par d'impressionnants impondérables, parce que des veaux naissent et meurent dans leurs mains, parce qu'ils vont dans la montagne comme des pèlerins pour connaître le secret des wapitis, leur force est aussi de la douceur, leur dureté, une rare délicatesse."



Mille petites notations "vraies" émaillent le récit, qui propose aussi un reportage sur le rodéo ou des cérémonies indiennes ancestrales dans un monde moderne cependant.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
J’ai passé des heures dans un pick-up qui montait à un campement, à l’aube, sans qu’aucune parole ne soit échangée ; j’ai connu des repas où les seuls mots prononcées étaient : « Merci, m’dame » marmonnés à la fin du dîner. Le silence est profond. Plutôt que des paroles, c’était un regard que l’on partage. Observé avec intensité, le monde se transforme. Le paysage fourmille de détails, et sur le fond de ce décor, le moindre geste se détache avec une précision presque douloureuse. L’atmosphère entre les gens est tendue. Les jours se déroulent, baignés de leur propre musique. Les nuits deviennent hallucinations, les rêves des prémonitions.
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Nous avons tendance à le nier, et pourtant malgré toute notre richesse, nous ne nous reconnaissons plus dans nos biens matériels. Il suffit de regarder nos maisons pour constater que nous construisons "contre" l'espace, de même que nous buvons "contre" la souffrance et la solitude. Nous "remplissons" l'espace comme si c'était une coquille vide, avec des choses dont l'opacité nous empêche de voir ce qui est déjà là.
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Le mutisme de l'animal a les qualités purifiantes de l'espace : nous délaissons nos séduisantes spéculations intellectuelles par lesquelles nous mesurons l'ampleur de nos misères pour réagir dans des situations d'urgence. L'animal nous rattache au présent ; à ce que nous sommes à cet instant précis, pas à notre passé ni à ce que nous valons aux yeux de notre banquier. Ce qui apparait clairement à l'animal, ce ne sont pas les fioritures qui étoffent notre curriculum vitae affectif, mais ce qui en nous est le fleuve et le lit : agressivité, peur, insécurité, bonheur ou sérénité. Parce qu'ils ont la capacité de déchiffrer nos tics et odeurs, nous leur sommes transparents et, ainsi exposés, nous sommes enfin nous-mêmes.
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Nous autres Américains, nous aimons ajouter, remplir, comme si ce que nous avons, ce que nous sommes n'était pas suffisant. Nous avons tendance à le nier, et pourtant malgré toute notre richesse, nous ne nous reconnaissons plus dans nos biens matériels. Il suffit de regarder nos maisons pour constater que nous construisons contre l'espace, de même que nous buvons contre la souffrance et la solitude. Nous remplissons l'espace comme si c'était une coquille vide, avec des choses dont l'opacité nous empêche de voir ce qui est déjà là.
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L'automne nous enseigne que tout accomplissement est aussi une mort; que la maturité est une forme de déliquescence. Les saules, à force de rester près de l'eau, commencent à rouiller. Les feuilles sont des verbes qui conjuguent les saisons.
Aujourd'hui, le ciel est une hostie. Placée sur ma langue, c'est une plénitude qui s'est déjà désintégrée. Dessous, elle fait battre mon coeur si fort que tout mon être se tend vers les splendeurs de l'hiver. A présent, je sais la fragilité à laquelle cette saison aspire. Sa vulnérabilité ne peut plus être corrompue. La mort est sa pureté, sa douce boue. La ribambelle d'orages qui défilent à travers le Wyoming, tels des éléphants se tenant par la trompe, faiblit et pleure jusqu'au silence.
Plus de soleil, plus de vent, ni de chutes de neige. Les chasseurs sont partis; les oies des neiges se dandinent dans les champs. Déjà, les wapitis sortent des montagnes pour gagner les refuges où ils seront nourris. Leurs grands bois tomberont bientôt comme on décroche les lustres d'une salle de bal. Sans eux, la lumière de ces jours d'automne, baignés de ce que Tennyson appelle "une parodie de soleil", aura totalement disparu.
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