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EAN : 9782020135474
329 pages
Seuil (03/10/1991)
4.58/5   6 notes
Résumé :
4° de couverture

Paris, mardi 17 octobre 1961. A l'appel du FLN, les algériens de la région parisienne tentent de manifester ce soir contre le couvre-feu. Dans la nuit noire, sous une pluie battante, c'est le
massacre.

Selon la version officielle, rendue publique le lendemain, les affrontements ont fait 2 morts du côté des manifestants et 2 blessés par balle parmi les forces de l'ordre. La thèse est claire : les Algériens étaien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le 17 octobre 1961 au soir, des milliers d'algériens convergent vers le centre de Paris, les Champs-Elysées, Le Quartier latin et Opéra. Ils manifestent de façon pacifique, en famille parfois, pour critiquer le couvre-feu qui ne concerne qu'eux, les algériens (et tous les basanés par la même occasion). Une manifestation organisée par le FLN, encourageant voire obligeant le plus grand monde à y aller, et qui loin d'être naïf, sait bien que la police risque de riposter brutalement. Mais ses dirigeants n'imaginaient pas le degré de violence de la police parisienne, ce soir-là.

Car les policiers se déchainèrent, organisant une véritable ratonnade, avec le soutien du préfet de l'époque, un certain Maurice Papon. Celui-ci ira jusqu'à réquisitionner des bus pour envoyer les manifestants dans des centres de rétention improvisés, ce qui ne s'était plus fait depuis le Veld'hiv en 1942. On est très loin du bilan officiel de 3 morts (dont un par crise cardiaque !). Et cela dans une indifférence quasi générale des médias et de la population française (quand ce n'est pas une approbation bruyante).

Jean-Luc Einaudi retrace avec précision cette page noire de la République française : les prémices (meurtres de policiers et “noyés” algériens retrouvés dans la Seine), une police noyautée par l'OAS, un milieu politique au lourd passé (Papon n'est pas le seul à avoir un parcours trouble), une atmosphère pesante. Et puis heure par heure, l'auteur décrit les événements, avec minutie, des exactions à n'en plus finir (âmes sensibles s'abstenir). Enfin il retrace les jours qui ont suivi, les centres de rétention où les hommes sont abandonnés, blessés ou torturés et la chape de plomb qui très rapidement va s'abattre sur ces faits très graves.

Aujourd'hui, les historiens estiment qu'il y a eu, ce soir-là, entre 150 et 200 morts. Mais au-delà des chiffres, c'est surtout le respect de la vie humaine et de la justice, que les autorités censées les défendre, ont allègrement violé avec une totale impunité. Les archives de ces jours sombres viennent seulement d'être ouvertes aux historiens (2021) et nul doute que d'autres révélations risquent d'apparaître au grand jour. Non pour noircir la République, mais au contraire, pour la défendre contre elle-même et éviter que cela se reproduise avant longtemps. Un livre indispensable sur cette période historique.
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Que notre histoire est lourde à porter !
Et je ne vous parle pas des siècles passés, là où notre culpabilité s'est petit à petit effacée, affadie par l'usure du temps et par notre mémoire limitée.
Que notre histoire est lourde à porter !
Je vous parle d'un temps que beaucoup d'entre nous ont connu, le milieu du siècle précédent, ce moment de notre histoire qui a été si souvent ignoré, notre responsabilité vis à vis de nos colonies, des meurtres qui ont été commis avec pour seule cause le délit de faciès ...
Une rétrospective difficile à supporter, reprenant heure par heure, lieu par lieu, ces enchaînements qui ont aboutis à tant de morts ou de disparus que notre mémoire collective cherche à cacher.
Il faudra encore attendre .... pour que puissent être dévoilées les archives de la préfecture de police concernant le 17 octobre 1961, documents qui ne pourront être dévoilés que soixante ans plus tard ....
Le 17 octobre 2021 .... peut être pourrons nous alors les découvrir et rendre justice à tous ceux qui ont vécu ces jours douloureux .... rappelons nous, soyons vigilants, n'oublions pas d'exiger que la lumière soit faite sur cette triste période .... le 17 octobre 2021.
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Le mardi 17 octobre 1961, la manifestation des algériens de la région parisienne contre le couvre-feu qui leur est imposé, est violemment réprimée par la police. Jean-Einaudi a enquêté sur cette journée et les suivantes qui firent certainement plus de 200 morts.
(...)
Cette enquête, par sa rigueur et l'ampleur de sa reconstitution, libère les paroles et les souvenirs, reconstitue la vérité enfouie et participe à l'entreprise de mémoire collective.

Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le préfet de police, dans le but insensé de démanteler l’organisation du front pour la région parisienne, importé les méthodes de Massu lors de la « bataille d’Alger ». Mais Massu, quand il installait la terreur, prétextait encore la recherche « à tout prix » du renseignement dans une ville en guerre. Avec Papon, nous n’avons plus que le visage nu de la haine raciste. Du ghetto au couvre-feu, des raids de harkis au lynchage organisé, une logique infernale l’a conduit à ce soir du 17 octobre. Alors, froidement, délibérément, il a donné le signal du pogrom, il a couvert la ratonnade : il a lâché ses chiens sur les algériens comme on lache les chiens pour la curée. 
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Dès le lendemain, toute la classe ouvrière aurait du être dans la rue, clamant son horreur d’actes perpétrés en son nom, puisqu’au nom du « peuple français ». Il a bien fallu constater que, là où il y aurait dû y avoir une colère collective, il n’y a eu que témoignages individuels. […] À partir du moment où on accepte que, devant soi, sans que l’on proteste, il soit dit « raton » ou « bicot pour Arabe, on accepte Auschwitz et les fours crématoires. Car on ne fait pas sa part au racisme. Il a sa logique et son engrenage.
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Voici 74 noms de personnes tués par noyade, balles, ou des suites de violences policières, au cours des mois de septembre, octobre, novembre 1961.
Voici aussi 66 noms et l'adresse de deux anonymes, tous disparus, pour la plupart à partir des 17 et 18 octobre 1961.
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Le policier parle de tuer tous les Algériens et de les jeter à la Seine. Mais ce qui est ennuyeux, dit il, c'est qu'il faut encore les y transporter ...
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