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Critique de Sachenka


La révolution égyptienne a fait couler beaucoup d'encre. Déjà, à l'époque, je me doutais ne connaître qu'une infime partie de ce qui s'y déroulait, de ses causes et de ses conséquences. J'avais suivi les nouvelles, ce qui se passait au Caire, ce qu'on racontait sur les réseaux sociaux. Les grandes lignes, quoi ! Mais très peu sur les destins individuels brisés par l'oppression. J'avais une vague idée de la corruption qui régnait en Égypte, des abus de la police ou de l'armée. Lesquels ? Je n'aurais pu le dire. Un peu de torture, sans doute. Eh bien, les choses étaient bien pires que ce qu'il me semblait. L'auteur Alaa El Aswany a mis des mots sur tout ça en replongeant dans ces événements avec son roman J'ai couru vers le Nil. Les Égyptiens qui manifestaient sur la place Tahir, qui y campaient, ce n'était qu'une partie seulement de ce grand mouvement. Il y a un autre côté à ces images presque festives, celui des êtres humains bafoués, au bord du désespoir, opprimés, torturés… tués Et El Aswany décrit tout, en long et en large. Des ouvriers privés de leurs revenus, d'autres de leur travail ; un étudiant en médecin abattu à bout portant par un soldat ; une jeune enseignante malmenée par son supérieur et ses collègues parce qu'elle refuse de porter le voile ; des jeunes filles soumises à des tests de virginité au commissariat, devant des hommes. Quelle cruauté ! Ceux qui démontre de la sympathie ou qui viennent en aide aux manifestant subissent la pression des membres de leur famille, des voisins, des autorités religieuses pour les forcer à abandonner la lutte. Ouf ! Ce roman fut difficile, plus que je ne l'aurais cru. Les rares moments joyeux étaient souvent suivis d'autres, sombres. Les fols espoirs vite envolés. Même quand Hosni Moubarak démissione, les cris de joies ne résonnent guère longtemps. Ils s'évanouissent quand tous se rendent compte que l'élite est toujours en place et que rien n'a changé. Pire, il y a une campagne de désinformation visant à manipuler les foules pour saquer l'héritage de la révolution. Puis l'injustice continue. El Aswany livre un roman choc, réaliste, un cri du coeur pour quiconque aime l'Égypte et espère que les choses changent vraiment… un jour.
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