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3,99

sur 1459 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a des livres dont on entend parler...et puis qu'on ne lit pas. Et puis un jour ce livre on l'a en main, presque par hasard...
L'immeuble Yacoubian on le découvre dans son ensemble et peu à peu les personnages qui y vivent. Premier étage... 2e ... 3 e... Et tout en haut, sur les toits, dans de petites constructions les pauvres...
On est en Égypte, au Caire dans les années 1930. Corruption, sexe, politique et montée de l'islamisme sont au coeur de ce roman. Tout s'achète...
Cette histoire nous entraîne dans un univers qui nous dépasse, comment peut-on prier sans cesse, invoquer la parole d'Allah et s'affranchir de certaines règles..
Des personnages qui se croisent, se rencontrent, mentent, magouillent... Des étudiants qui font des mauvais choix car ils ne rêvent que de vengeance après des rêves brisés.
Poussez la porte de cet immeuble, vous découvrirez des hommes qui nous touchent, révulsent ou inquiètent.
Et les femmes ? Leur vie n'est certes pas enviable..
Un roman effrayant, fort et terriblement actuel.
J'y ai beaucoup appris, je ne l'oublierai pas de sitôt cet immeuble dont j'ai mis du temps à pousser la porte.
Même s'il m'a bouleversée je ne regrette pas cette découverte. Une histoire très forte.
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105 Babéliotes ont déjà poussé les portes de cette époque charnière faisant grincer les gonds de la destinée des habitants Cariotes de l'immeuble Yacoubian.
Au seuil de modifications politiques et sociales majeures, la terrasse de cet immeuble imposant cristallise tous les courants de cette Egypte fracturée et corrompue.
Alaa El-Aswany a su transformer de simples mots en émotions que nous ressentons aussi profondément que notre sensibilité et notre compréhension d'européen puissent le faire :
Accepter les rapports dominants-dominés.
Valider le comportement à « géométrie variable » pour l'homosexuel banni ou adulé suivant sa position sociale ou son capital sympathie.
Accepter que toute jeune femme se fasse harceler dès son premier emploi par un patron adipeux ou un vieux beau sur le retour.
Admettre qu'un fils de concierge, parce que recalé à l'école de police devienne islamiste humilié par l'administration pervertie.
Cette fresque relate les frasques de toute une génération plus intéressée par l'argent, les femmes et le pouvoir.
« Il n'y a pas de bienfaits, tout le monde agit dans son intérêt.»
Cet immeuble et ses habitants sont le parfait exemple d'une Egypte sûrement trop européanisée, glissant vers un islamisme difficile à maîtriser.
« La cause de la décadence du pays c'est l'absence de démocratie. S'il y avait un véritable régime démocratique, l'Egypte serait une grande puissance.»
Mais laissons là les grands mots, nous y pallierons avec les rêves.
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Une vision de l'Egypte à la fois désabusée, cynique, et pleine de compassion. On partage la vie des personnages comme s'il s'agissait d'un autre monde. Et pourtant ces personnages sont proches, vivants et attachants, mais la société les a rendu fous au point que que l'on ne sait plus si on doit les plaindre ou les blâmer. L'auteur rend à merveille ces destins, la permanente confrontation entre idéal et réalité, les arrangements avec la religion, la dictature, et surtout le délabrement de la société égyptienne. le tout est décrit avec tant de talent que l'on ne s'ennuie pas une seconde et que le livre se lit d'un trait.
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Dans cet immeuble reflétant avec une telle réalité la société cairote, il y a le vieux Zaki Dessouki, fils du pacha déchu, amateur de femmes et chez qui la jeune Boussaïna se sentira enfin respectée, il y a le journaliste Hatem Rachid vivant difficilement son homosexualité avec un jeune soldat, il y a Taha, exclu de l'école des officiers suite à sa condition de fils du concierge et poussé dans les bras du djihad, il y a Soad, deuxième épouse secrète du corrompu hadj Azzam et qui se battra pour garder son enfant...

La révolte de Soad face au cheikh Samman est extraordinaire de même que les discours d'exhortation au djihad.

L'écriture est belle, classique, simple et pleine de pudeur. Puissent les autres oeuvres d'Aswany autant me combler....avec la permission de Dieu!
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Tout d'abord merci à Machaloubrun pour cette jolie découverte puis merci à Alaa El Aswany pour les youyous. Oui, oui, pour les youyous, ceux qui égayent les dernières pages, voyez-vous j'en avais sérieusement besoin...

Voilà donc l'histoire de l'immeuble Yacoubian, au coeur du Caire et au tournant du millénaire ; en ses murs vivent tous les protagonistes du roman, des appartements bourgeois aux cabanes pauvres de la terrasse. Là se croisent le fils du concierge, sa petite amie un peu trop jolie, un journaliste homosexuel, un vieil aristo en mal d'affection, un homme d'affaire peu honnête, sa seconde femme...

En nous contant une tranche de vie des différents habitants l'auteur dresse un portrait de la société égyptienne : inégalité et discriminations sociales, corruption, brutalité policière, homosexualité interdite et brimée, lubricité, misère sexuelle, cruelle condition des femmes, montée de l'islamisme. Il ne nous épargne rien. Sans complaisance, mais surtout sans juger, il expose les turpitudes des plus riches, les souffrances des plus faibles.

Chacun s'attachera à un personnage en particulier. Personnellement c'est le jeune Taha qui m'a le plus touchée. Taha, le fils du concierge, il n'est rien, il n'est le fils de personne... mais Taha a réussi son bac brillamment et rêve d'un avenir meilleur. Il postule à l'école des officiers de police. Sauf que le fils de personne ne rejoint pas les rangs d'une telle institution, même s'il en est capable, s'il ne démérite pas. Injustice, inégalité des chances, ascenseur social inexistant, un moins que rien n'a pas ce genre d'ambition. Alors certains sauront écouter son désarroi, le guider sur un chemin où sa naissance n'est pas un frein à ses ambitions... Au premier prêche pour le djihad, il est déjà conquis à la cause. Il est si perdu ce môme, j'aimerais tant qu 'Alaa El Aswany lui écrive un avenir... Je tourne les pages sans vraiment y croire et ironie de la vie, des hasards des lectures, son destin trouve une résonance bien cruelle dans l'actualité. La veille du 7 janvier 2015, je lisais l'appel au Djihad du cheikh. le 7 janvier... et je laisse le livre de côté, presque une semaine je crois. Puis je tourne à nouveau ses pages et je comprends que Taha est perdu qu'il aura son martyre . Je continue pourtant d'espérer qu'au détour d'une ligne quelqu'un lui tendra la main, le sauvera, lui et ceux qui seront de l'autre côté de son arme... C'est dans cet état d'esprit que je finis le livre. Bien sûr ceux qui l'ont lu comprendront pourquoi les youyous du dernier chapitre étaient les bienvenus.

Quel roman, quel écrivain ! Vous avez compris, je suis conquise, oui, je recommande sa lecture à 300 % !! Il est riche et puissant ce livre !! Les autres destins, eux aussi brillamment contés, et dont j'aurais pu vous parler, ne manquent pas d'intérêt c'est vrai, en particulier celui des femmes... Mais voyez-vous c'est pour Taha que j'ai tremblé...

PS : écrit en février 2015, je voulais me laisser le temps de la réflexion ou plutôt celui de la raison...Mais en fait je publie tel quel...
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Construit en plein cœur du Caire dans les années 1930, vestige d’une splendeur révolue, l’immeuble Yacoubian constitue un creuset socioculturel très représentatif de l’Égypte du XXI ° siècle naissant. Dans son escalier se croisent ou s’ignorent Taha, le fils du concierge, qui rêve de devenir policier ; Hatem, le journaliste homosexuel ; le vieil aristocrate Zaki, perdu dans ses souvenirs ; Azzam, l’affairiste louche aussi bigot que lubrique ; la belle et pauvre Boussaïna, qui voudrait travailler sans avoir à subir la convoitise d’un patron...

Ecrit quelques années avant la chute de Moubarak, ce récit est un véritable témoignage pour comprendre les événements survenus en Égypte et notamment la montée de l’intégrisme religieux. Mais c’est surtout un magnifique roman social. On songe bien évidemment au « ventre de Paris » d’Emile Zola tant tout est ici décrit avec talent, les parfums, les bruits et les couleurs du Caire, la sensualité des femmes arabes, les caractères des personnages. Un livre haut en couleur qui vous accroche dès la première page.

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Au coeur d'un quartier bourgeois du Caire qui a perdu de son prestige depuis l'assassinat du président Sadate, l'immeuble Yacoubian est le refuge de personnages hauts en couleurs.
Ils se partagent les logements selon leurs catégories sociales et leurs revenus : aux nouveaux riches et anciens aristocrates les appartements immenses au charme désuet et bourgeois, aux pauvres les cabanes de métal de 2 mètres sur 2 sur la terrasse de l'immeuble. En plein cagnard égyptien ceux-ci courent après les magouilles pour gagner quelques livres supplémentaires alors que les premiers font la même chose mais dans la torpeur modérée de leurs appartements chics et pour quelques milliers de livres.
Du jeune étudiant pauvre qui rêve de rentrer dans la police, à la jeune égyptienne dont la beauté attise la convoitise des hommes en passant par l'ancien aristocrate dont le train de vie a basculé avec l'assassinat de Sadate, tous vivent en contradiction avec leurs propres valeurs, leurs religions et leurs familles, coincés entre des traditions séculaires et un mode de vie qu'ils rêvent occidental.
Sorti en 2006, L'immeuble Yacoubian nous éclaire sur les raisons de la chute de Moubarak, ce « Grand Homme » jamais cité, mais dont l'ombre plane sur les magouilles et la corruption décrites dans le livre.
Loin de l'image décrite par les romans de Christian Jacq, on découvre ici une Egypte inconnue où chacun se bat avec ses propres armes pour vivre mieux.

Lien : http://memelesoiesaimentsali..
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Première lecture de 2021 et une première belle découverte. L'immeuble Yacoubian est un roman choral acerbe sur la société égyptienne contemporaine au travers d'une fresque bigarrée d'habitants de cet immeuble situé au centre du Caire juste à côté de la rue Soliman Pacha.
L'auteur a bien connu ce bâtiment construit dans les années 1930, un temps où la ville était encore très européenne. Il y avait son cabinet dentaire au tournant du XXIè siècle.
Tout les sujets y passent: la religion, la corruption, la condition de la femme, l'opulence et la misère, la politique,la charia, la police, le djihad, l'homosexualité, l'avortement. le texte est aiguisé au couteau, décapant et même teinté d'humour. Une lecture captivante où on a vraiment envie de connaitre le sort des protagonistes.
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A travers les histoires entremêlées d'habitants d'un immeuble du Caire, El Aswany livre une vision sans fard de la société égyptienne et le plus important sans porter de jugement, passant avec une égale aisance d'un point de vue à l'autre ,aussi radicalement différents soient ils les uns des autres.

La constat final est tout de même celui d'un fort message politique avec une population volontairement laissée dans la pauvreté et l'ignorance dans un pays autrefois prospère et influencé par les lumières de l'Europe puis socialisé sous Nasser, devenu faussement démocratique par la suite avec un régime très militarisé et subissant une forte poussée islamique depuis.

A ce titre les désirs d'immigration en Occident ou dans les Pays du Golfe émis par les personnages sont très révélateurs des aspirations de la jeunesse.

Pourtant « l'Immeuble Yacoubian » n'est pas un livre misérabiliste ou triste, El Aswany parvient à distiller une émotion quasi constante et à nous attacher presque viscéralement aux personnages.

Le style clair et brillant insuffle un formidable souffle de vie au roman qui fait qu'on le dévore avec un plaisir incroyable.
Alors oui on peut lire « L'Immeuble Yacoubian » dans l'idée de comprendre l'Egypte d'aujourd'hui et de pénétrer sa société mais on peut tout simplement lire « L'Immeuble Yacoubian » pour découvrir un véritable bijou de la littérature car il appartient au genre de livre qu'on oublie tout simplement jamais.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Bienvenu dans l'Immeuble Yacoubian vestige d'une Egypte au passé résolu.
Les riches propriétaires ont depuis longtemps désertés les lieux faisant place à une population plus modeste.
Au travers le portrait de quelques un de ses habitants, l'auteur nous dresse le portrait d'un pays qui se désagrège.
La corruption, l'affairisme cohabitent avec la prostitution et l'intégrisme religieux.
J'ai été touché par le destin tragique du jeune Taha. Son rêve d'intégrer la police lui est refusé à cause de ses origines modestes.
Ce refus va briser sa vie et l'entrainer vers un Islam radical où il laissera sa vie.
Que dire d'Hatem, homosexuel dans une société qui lui interdit de vivre son amour au grand jour.
Seule Boussaina parviendra à s'élever grace à son mariage avec Zaki le viel aristocrate.
Ce livre m'a particulièrement ému, il décrit parfaitement une société jadis prospère et florissante qui aujourd'hui lutte face à ses démons pour garder sa dignité.
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