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Edwige Lambert (Traducteur)
EAN : 9782742796663
124 pages
Actes Sud (26/02/2011)
3.46/5   12 notes
Résumé :

Le ventre vide mais le corps souple et l'esprit vif, Zaghloul passe son temps à rendre service aux autres sans rien leur demander en échange. Il lui arrive de croiser des étudiants dont les discussions le font réfléchir, de provoquer un notable bigot par des questions inconvenantes, de travailler aussi pour un riche obèse, et de calmer sa faim pendant quelques semaines avant que la mort de son bienfaiteur le renvoie à sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Roman déniché et emprunté ce 18 août 2022 à ma médiathèque.

Je viens de me rendre compte en transcrivant des extraits que ce texte était noté dans " mes curiosités " depuis un bon moment...!
Voilà qui est réparé !

Un texte très sobre mettant en scène une famille très , très pauvre dans un village égyptien ; ceci raconté à travers trois séquences courtes, sans complaisance, teintées d'une sorte d'ironie grinçante , décrivant les aventures et mésaventures du père, Zaghdoul, de la mère, Sakina, et du fils aîné, Zahir...dans des boulots précaires qui les font juste " manger" et échapper momentanément aux emprunts de " pain", aux dettes, et à la FAIM
lancinante, habituelle...!

Ainsi s'explique l'immense perplexité du fils aîné, Zahir, ami du fils de l' instituteur, Abdallah, lorsque ce dernier lui parle de ses trois repas quotidiens. Son ami, terrifié par un père très dur, a toutefois la gentillesse de donner en cachette, à Zahir, de la nourriture !

"Ils étaient souvent ensemble lorsque Abdallah le quittait à midi pour rentrer déjeuner. Au commencement, il en fût surpris: il y avait donc des gens qui mangeaient à heures fixes ?
Il ne posa pourtant aucune question- il n'aimait pas questionner quand il ne comprenait pas, préférant attendre que la réponse vînt d'elle-même. "

Zaghdoul, le père, est une sorte de " Candide", il passe son temps à rendre service aux autres sans rien demander en échange; il aime la compagnie, discuter ou écouter les personnes instruites pour réfléchir sur des sujets inconnus...il est comme déconnecté de la réalité ! Lorsqu'il parvient à trouver un patron, ce n'est jamais pour bien longtemps !...dans ces moments là, sa femme souffle un peu et ils se retrouvent tous les 4; les parents et leurs deux jeunes fils... autour du pain, âprement obtenu !!

Sa femme, Sakina...se débat au quotidien pour calmer la faim de ses enfants...elle jongle, emprunte des galettes de pain à ses voisines; qu'elle rend toujours scrupuleusement; Un jour, Sakina , à bout d'idées, est obligée d'envoyer son fils aîné au four d'Abbas, four subventionné du village; Zahir va aider Abduh, le "mitron, homme bienveillant qui le laisse prendre les résidus brûlés et les brisures des galettes de pain contre le nettoyage du four...Abduh est un homme très compatissant envers l'enfant et le force à prendre le maximum de brisures de pain; ce qui rend enragé son patron.Abduh finira par partir...

"Ce jour là, ils mangèrent à leur faim.Il restait même un peu de pain.Zahir n'était pas peu fier quand ses croûtons furent hissés dans le garde-manger, mais il n'en montra rien"

Ce récit montre une société villageoise avec juste deux sortes de " populations " : celle qui mange à sa faim, et bien plus....de façon outrancière et les autres déshérités, qui se retrouvent quasiment à mendier pour ne pas " mourir de faim", littéralement...

Cette famille, en dépit de son extrême pauvreté garde miraculeusement cohésion, affection , les uns envers les autres, et dignité ...ce qui tient de l'exploit, au vu du dénuement où ils se trouvent, tous les quatre. l''impression de se retrouver dans une sorte de " Cour des miracles..."

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Mohammed El-Bisatie est l'écrivain des petites gens, des marginaux et des miséreux. de ceux qui sont heureux quand ils peuvent faire un repas par jour, aussi frugal soit-il. Dans La faim, il brosse le portrait d'une famille sans ressources, à travers un triptyque qui met en scène, successivement, le père, la mère et le fils. Comme trois courts-métrages qui conviennent parfaitement à son style qui s'épanouit dans les récits bres, lui qui est également un nouvelliste réputé. le roman est sans cesse sous-tendu par une question lancinante, qui est surtout angoissante pour la mère : aurons-nous à manger ce soir ? le père, lui, est un peu absent, comme un homme qui accepte la fatalité. Il sort toutes les nuits et épie les conversations de la rue, entend des mots qu'il ne comprend pas toujours et qui le taraudent longtemps après. le fils, lui, se débrouille, se lie d'amitié avec un mitron qui est "copain" avec le feu. Il y a parfois des jours fastes, quand le chef de famille trouve un emploi au café du village, qu'il quitte cependant très vite parce que les clients ont insulté sa mère. Son épouse, un temps, vient à servir le notable du coin, qui ne tarde pas à mourir. Ces gens-là souffrent, ont souvent des crampes d'estomac, mais ils ne se plaignent pas et refusent la pitié. C'est le propre d'El-Bisatie que de leur garder leur honneur, à travers une écriture criante de réalisme, mais jamais misérabiliste, surtout pas. Il a aussi ce talent des conteurs orientaux, celui d'instiller de la poésie et un humour discret à son récit. A travers ce livre, en filigrane, on sent aussi physiquement la fracture entre les privilégiés, une minorité, et les plus démunis, bien plus nombreux, évidemment. En attendant une révolution populaire, qui sait ? La faim était en lice pour le Goncourt arabe 2009. Amplement mérité eu égard à ses immenses qualités.
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Un roman ou un conte ? Ce livre se situe quelque part en Egypte à une époque contemporaine indéterminée. Nous suivons une pauvre famille dans sa quête pour se nourrir. L'homme travaille par intermittence et change de travail quand il se fait insulter. Sa femme tente tant bien que mal de nourrir sa nombreuse famille. Entre des emprunts à droite à gauche et d'aide à différentes personnes, la famille arrive tant bien que mal à se nourrir tout en conservant sa dignité. C'est beau et triste à la fois. Nous suivons d'abord le père, puis la mère, puis enfin un des fils; Une manière de voir cette population « oubliée » sous des angles différents.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
- L 'éducation est une bonne chose
Sa surprise s'accroît.
- L'éducation ?
- L'instruction, femmes.Les écoles.
- Les écoles ? Ah...
- Les écoles, les universités. Ce soir, les étudiants du village qui vont à l'université étaient en vacances.Ils passaient la soirée au café de l'autre rive.(..)
-Ils disaient qu'on n'est pas supposé travailler tous les jours comme des bœufs. Qu'il faut avoir du temps pour penser.Bon, mais penser à quoi ? Ils ne l'ont pas dit.(...)
-Et naturellement, ça t'a plu ces mots- là, et tu les as compris !
- Ils ont dit beaucoup de choses, comme : " Pourquoi est-ce qu'on vit ? " Et moi je pensais: " On vit parce qu'on vit et c'est tout..." Ils ont dit : " On se marie, on fait des enfants, et alors ? " Moi je me disais : " Qu'est- ce qu'ils veulent de plus ? " Oui, beaucoup de choses.Après ils sont partis, je suis parti aussi et dans ma cervelle, ça bouillonnait, ça bouillonnait...
( p.25)
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Ils étaient souvent ensemble lorsque Abdallah le quittait à midi pour rentrer déjeuner. Au commencement, il en fût surpris: il y avait donc des gens qui mangeaient à heures fixes ?
Il ne posa pourtant aucune question- il n'aimait pas questionner quand il ne comprenait pas, préférant attendre que la réponse vînt d'elle-même.
( p.118)
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(page 112)
Il est assis tout près du feu, il le regarde par l’ouverture du four, il voit les flammes danser et flamber. C’est des potes, le feu et lui. Le feu l’apaise et il apaise le feu. Quand le feu siffle, il se tourne vers luiet il comprend que le feu se plaint à cause d’une souche humide et trop grosse pour brûler, qui provoque une fumée épaisse et étouffe ses flammes, alors il prend une tige de fer et retire la souche toute noire, alors le feu se calme, les flammes recommencent à danser et à chanter en crépitant. Il dit des choses étonnantes, il dit que le feu chante. Je lui ai demandé « Vous avez des enfants, oncle Abduh ? » et lui « Quelle femme voudrait d’un homme que le feu à bouffé à moitié ? » La nuit, il y a juste le feu et lui.
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(page 43)
- Bon, je suis peut être pas très malin, mais je réfléchis. Je me suis dit « Si le Tout-Puissant a envoyé plein de prophètes, un toutes les quelques années, et j’en connais au moins trois, Moïse, Jésus et Mohammed – Qu’Il les bénisse et les ait en sa Sainte garde. Ils ont dit tous les trois qu’il fallait adorer Dieu, mais chacun a prêché ça à sa façon ! Et ceux qui en suivent un prétendent être meilleurs que les autres aux yeux du Seigneur et que les autres sont des menteurs. Mettez tous les croyants ensemble et voila que ça s’empoigne et que ça se tape dessus ! » Alors je me dis »Pourquoi ça ?S’il fallait envoyer un prophète, un seul suffisait ! »
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(page 53 )
Lorsqu’il était tombé malade, quelques années, plus tôt, il était apparu que cela ne les préoccupait guère. Il s’était dit que tous les enfants devenaient ainsi en grandissant, ils avaient de nouveaux centres d’intérêt, espaçaient leurs relations avec leur père. C’était la vie.
Il désirait avec force leur affection, et qu’elle se manifestât d’elle même sans qu’il eût à leur parler.
Ils lui dirent un jour que les temps changeaient, que le monde n’était plus ce qu’il était, que le business était ce qui comptait par-dessus tout, qu’une affaire juteuse pouvait rapporter davantage que cinquante « feddan » ( mesure agraire, environ 4200 m2)
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