Quelle expérience particulière que la lecture de cette bande dessinée !
Si j'ai apprécié le côté pédagogique et historique de cette BD sur le prophète Mahomet, j'ai eu beaucoup de peine à le voir associé aux dessins de Charb.
Pour moi, Charb, c'est Charlie Hebdo, les dessins de presse, le 3ème degré, la provocation... J'ai vécu un décalage dérangeant entre sujet sérieux et documenté d'un côté et style d'illustration humoristique et ironique de l'autre.
Mission accomplie tout de même car j'en ai appris bien plus que prévu sur le grand prophète de l'Islam.
En mémoire des victimes de l'attentat contre le journal Charlie hebdo.
Ils sont morts pour des idées et parce qu'ils faisaient rire.
Vive la liberté de la presse ! Non à la haine !
Aujourd'hui, mercredi 7 janvier 2015, je suis Charlie.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Charb et Zineb ne plaisantent pas avec les valeurs laïques. Alors qu'un observateur indépendant pourrait croire que ces valeurs, sonnantes et trébuchantes, sont plus proches du second terme de leur évolution que du premier, nos deux héritiers des Lumières françaises, pour leur part, n'ont pas perdu la foi dans la vertu pédagogique des devises républicaines.
Déplorant l'ignorance crasse des Français et leur inculture religieuse, nos deux compères se sont fait un devoir de leur narrer par le menu la vie du prophète Mahomet, vénéré par les mahométans, pour combler cette lacune de l'Education nationale. Les confrères de Charb et Zineb, postés à l'avant-garde de la civilisation, apprécieront sûrement ce matériel pédagogique à sa juste valeur :
- Eh, m'sieur, pourquoi il lui a une aussi sale gueule, mon prophète, dans votre bouquin pédagogique ? Ce serait pas un peu raciste, des fois ?
- Mais non, pas du tout, monsieur Charb est un artiste incrédule, dont le parti-pris est de dessiner tout le monde sans exception avec une sale gueule, pour ne pas faire de jaloux. Il est moderne, point à la ligne. Tout comme vous, Oussama, vous vous exprimez à la manière de Louis-Ferdi…, d'un écrivain moderne très connu, cela sans même vous en apercevoir ! Vous aussi vous êtes moderne, Oussama, comme tout le monde.
- Ah non, moi, m'sieur, j'veux pas être comme tout le monde, j'veux être différent !
(...)
(Suite et fin dans le webzine Zébra)
Ceux qui pensaient ricaner sur l'histoire de Mahomet en seront pour leurs frais. Cette BD se veut historique et les références sont sérieuses et nombreuses. le dessin de Charb est juste là pour désacraliser le personnage. Instructif et riche en surprise, j'attends avec impatience la suite !
En lisant la BD, je me rappelle mon père faisant l'éloge de Mahomet au moyen d'une ou deux des histoires racontées. C'est certain que le récit ne nécessite pas de caricature à être bien référencé.
Pour paraphraser Mark Twain, le plus sure moyen de ne plus croire en la Bible, c'est de la lire.
C'est certain qu'une compilation de tels récits gêneraient n'importe quelle croyance.
La théologie quand elle n'est pas bêtement idolâtre s'y emploie mieux encore à mon sens (corpus cristi ou les mots de l'Islam).
[Extraits de l'avant-propos, par Zineb]
Le dessiner, pourquoi le dessiner ? Parce qu'il est inacceptable que des vies soient menacées car une plume, quelque part sur terre, esquisse le turban du prophète. Parce que le caricaturiste qui a fait de l'irrévérence un sacerdoce se soit de repousser les limites de la censure là où elles étranglent la liberté. D'ailleurs, le tome 1 de la vie de Mahomet, publié en hors série de Charlie Hebdo, bien qu'il ait fait couler beaucoup d'encre, n'a pas fait verser une seule goutte de sang. Ceux qui tuent à Islamabad ou à Tripoli au nom du choc des civilisations n'ont pas attendu que l'on profane leur sacré pour faire leur besogne. Alors, pourquoi le pinceau ne colorerait-il pas la barbe du prophète ? [...] Ici, Muhammad n'est pas représenté, il n'est pas caricaturé. Son personnage, le petit bonhomme jaune de Charb, est une métaphore. Soyons sérieux, qui pourrait prétendre que Mahomet était ainsi, sous les traits que lui attribue ce livre ?
[...]
Que celui qui trouve dans le Coran ou la sunna le moindre texte interdisant de représenter Mahomet, ou qui que ce soit d'autre, nous jette la première pierre. Non que nous ayons le souci de nous conformer aux préceptes de l'islam, mais, pour avoir passé au peigne fin ses sources, il s'avère que le tabou le plus tenace de la religion musulmane, celui pour lequel les foules s'insurgent et tant de crimes sont commis, ne se fonde sur rien, dans une religion où seul l'écrit scelle les enseignements d'Allah. D'ailleurs, ce pour quoi on nous vouerait aux flammes de l'enfer, les musulmans chiites le font depuis toujours. Que d'enluminures persanes représentent un Mahomet enturbanné, assis en tailleur et dispensant ses enseignements...
-Que vous arrive-t-il, mon enfant ?
-Que du bien, mère. Deux hommes, de blanc vêtus, vinrent à moi. L'un tenait une cruche en argent, et l'autre une vasque sertie d'émeraude et remplie de glace. Il me prirent, alors que je jouais près de la rivière.... et m'emmenèrent au sommet de la colline. Puis ils me fendirent le corps, du torse jusqu'au pubis, et en extirpèrent une tache noire? Ils le jetèrent en me disant : "nous te débarrassons de la haine et de l'envie". Ensuite, ils lavèrent mon cœur avec de la glace. Je les regardais faire, sans endurer la moindre douleur.
Ainsi, les archanges Gabriel et Michaël prirent une apparence humaine et arrachèrent de ses entrailles cette tache noire qui existe chez tous les hommes et qui est le nœud de l'emprise de Satan sur les créatures terrestres.
Jésus était-il vraiment Juif ?