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EAN : 9782721004499
206 pages
Editions des Femmes (24/02/1994)
4.08/5   138 notes
Résumé :
Du côté des petites filles est une analyse, fondée sur de très nombreuses observations qui rendent la lecture agréable et parfois amusante, de la vie de l'enfant selon qu'il est un garçon ou une fille.
Comment l'enfant préexiste-t-il dans le désir de ses parents? Comment est-il déjà conditionné par l'attente de ses parents? Quelle répression lui fait-on subir s'il ne correspond pas aux souhaits des deux parents.
La petite enfance, comment les enfants o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Vendu à 600 000 exemplaires en Italie, 250 000 en France, voici un best seller du féminisme, pionnier dans les années 1970 d'une pensée du genre comme construction sociale.
Le succès de l'ouvrage est certainement dû à la grande vibration du propos. Ce livre est un véritable cri du coeur de l'autrice, qui y transmet ce que son expérience lui a permis d'observer et analyser au cours de sa pratique professionnelle auprès des enfants, des familles, des enseignants.

L'écriture d'Elena Gianini Belotti porte la marque de son indignation, de sa révolte face à des faits sociaux injustes et violents, mais aussi sa profonde empathie envers les enfants. Certaines pages sont terriblement poignantes, donnant à ressentir la violence des conditionnements sociaux, des préjugés subis par ces êtres dont l'autrice décrit avec fougue la vitalité et le potentiel.

On peut reprocher à ce texte sa forme un peu inaboutie, une sorte de compilation d'observations sur différents sujets, qui aurait probablement nécessité une introduction et une conclusion, avec pourquoi pas quelques raisons d'espérer ou pistes d'amélioration des choses... le point final arrive comme un coup de grâce après cette somme d'observations désespérantes, pour certaines datées du contextes de l'époque, mais dont le fond reste malheureusement trop actuel.

Il reste néanmoins passionnant et prenant, à la fois témoignage d'une époque mais également plaidoyer intemporel pour le respect de la dignité de l'enfant. Écrit dans un contexte où, en France, l'autorité de la psychanalyse écrasait tout le domaine intellectuel, l'ouvrage présente également une perspective critique vivifiante, libérée de cette idéologie qui a pu par ses excès justifier des aberrations quant au respect des enfants et des femmes.

Même si depuis sa publication, beaucoup a été dit sur ces sujets, la lecture de cet ouvrage pionnier reste à mon sens incontournable pour qui s'intéresse aux questions de genre dans la petite enfance, mais aussi à la pédagogie Montessori.
L'autrice a effectivement travaillé dans un centre de périnatalité Montessori et son regard sur l'enfant est sensiblement marqué par l'approche de la célèbre médecin et pédagogue italienne. On retrouve sous sa plume une forme de lyrisme proche de celui de L'enfant.

Mais la célébrité du côté des petites filles ne doit pas masquer son autrice. Elena Gianini Belotti est décédée en décembre dernier, laissant derrière elle une oeuvre de femme de lettres, romans et essais, quasiment inconnus en France, même pas traduits. Espérons que les éditeurs s'attachent à faire découvrir ces textes, dans un contexte où le féminisme fait recette éditorialement parlant.
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Essai critique féministe sur l'éducation des petites filles, depuis avant leur naissance.
Hélas encore terriblement d'actualité, sauf le dernier chapitre qui concerne les écoles italiennes en 1972.
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Réelle prise de conscience. Ce livre nous montre comment inconsciemment depuis la naissance, jusqu'à l'enfance, adolescence et vie adulte, nous, parents, enseignants, amis, reproduisons les stéréotypes de la « fille » et du « garçon » alors que rien ne justifie leur différence sociale. Les filles ne sont pas faites pour la vie domestique, elles ne naissent pas non plus douces et prudes. Certaines sont casse-cous, ambitieuses, mais si elles présentent de tels traits, leurs actes seront freinés, dès la naissance, car ils seront vus comme « masculins ».

À lire absolument. Pour ne pas enfermer nos enfants dans des moules qui les frustreront, les feront souffrir et les empêcheront de s'épanouir pleinement.
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Il faut bien le dire, le conditionnent auquel était soumis les enfants (ici en Italie, dans les années 1970, mais on peut se dire que partout ailleurs ça devait être assez semblable). S'il touche les deux sexes, le conditionnement est plus violent pour les petites filles. Il s'agit d'aller contre tous les comportements naturels des enfants, tous sexes confondus : mixité, mouvement, curiosité... pour ne leur laisser que les tâches ménagères et les enfants. Cela crée des femmes repliées, souvent malheureuses et violentes envers elles-mêmes, mais surtout devant toujours être au service de quelqu'un pour exister. Bref, c'est terrifiant. Et l'on s rend compte que les femmes n'en sont pas tout à fait sorties même dans les pays occidentaux, mais au moins on ne dit plus qu'aimer faire les tâches ménagères est naturel pour les femmes, mais le fruit d'un conditionnement social et culturel. Et là, on peut commencer à déconstruire et avancer.
L'auteur est psychologue dans un centre de préparation et d'accompagnement à la maternité des femmes enceintes. Elle a ainsi pu observer des relations mères-filles, ou des institutrices à l'oeuvre. Si son ton est parfois vindicatif (notamment envers le personnel enseignant), elle met le doigt là où ça fait mal, tant dans les écoles que dans l'éducation. Bref, parfois ça décoiffe.

Mais ce n'est pas une fatalité ! Suivez Pénélope Bagieu et ses Culottées ! http://lesculottees.blog.lemonde.fr/
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Pour moi, un des livres fondamentaux, sur la culture européenne, ancrée dans les principes d'éducation entre filles et Garçons. Ce livre est sans doute un point de départ important pour la prise de conscience que les filles sont élevées selon des règles et des principes inconscients de filles, et qu'on reproduit de génération en génération (avec le pendant Garçon évidemment)n, et qu'il n'y a que des différences culturelles et sociales inculquées et donc apprises dès le très jeune âge !
C'est clair, argumenté et bien traduit.
Le thème a été abondamment repris ensuite, mais c'est du niveau de ce qu'écrivaient Benoite Groult et Elisabeth Badinter à la même époque.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Le besoin de cataloguer à tout prix les êtres humains utilise toujours la division élémentaire la plus évidente (le sexe, la race, l’âge, le religion, etc.), celle qui a toujours été admise par une tradition millénaire. La première catégorie, la plus fondamentale, est celle du sexe : elle est une forme de racisme, mais elle a une telle apparence de naturel qu’elle ne permet aucun soupçon sur son injustice et sa fausseté.
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C'est cette liberté qu'on devrait accorder : celle de choisir à partir de ses besoins personnels, singuliers, au lieu d'exiger des enfants qu'ils adhèrent de force à des modèles stéréotypés produits par notre culture, et sacrifient, sans que ce soit dans un but positif des qualités et des énergies humaines précieuses, qui peuvent appartenir indifféremment à l'un ou l'autre sexe.
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« Il est essentiel que la personnalité sociale de chaque individu évolue de manière à correspondre à son sexe biologique, c’est-à-dire que le garçon doit avoir des habitudes de garçons et les filles des habitudes de filles. La normalisation des sexes tend à préparer les enfants à leur rôle de futurs parents. Cette normalisation, bien que biologiquement déterminée de toute évidence, se développe en fonction de comportements indifférenciés de la prime enfance. Par exemple, les garçons apprendront qu’ils n’ont pas à se battre avec leur sœur, mais doivent se battre avec les autres garçons de leur âge s’ils ne veulent pas qu’on les traite de femmelettes. Les filles doivent apprendre qu’une jeune fille comme il faut ne grimpe pas aux arbres, même si les garçons le font ; les garçons doivent comprendre qu’après un certain âge, les hommes ne jouent pas à la poupée, même s’ils y jouaient avant. Les garçons doivent apprendre que les larmes ne sont pas une réaction convenable dans une situation conflictuelle, alors qu’on n’insiste guère pour que les filles renoncent à ce même comportement. Les filles doivent aussi apprendre à croiser les jambes en s’asseyant, alors que de telles précautions ne seront pas nécessaires pour les garçons. Et cette liste pourrait se prolonger à l’infini ; il suffira d’avoir évoqué ces modifications progressives dans les comportements imposés afin de réaliser la normalisation des sexes, modifications qui sont à considérer comme des frustrations plus ou moins grandes. Dans certains cas, chez les adultes, les tendances à se rebeller contre la répression des formes de comportement originel restent encore visibles. » (John Dollard, « Frustration and agression »)
Dollard semble un peu hâtif dans son analyse qui appelle certaines objections : la normalisation des sexes n’a pas pour but de préparer les enfants à leur rôle de futurs parents, mais de préparer les petites filles à leur rôle d’épouse et de mère, et les petits garçons à leur avenir de détenteurs du pouvoir. La normalisation, biologiquement déterminée, ne l’est qu’en fonction de la procréation ; tout le reste est culturel, jusqu’à preuve du contraire.
Dans le bref répertoire relevé par Dollard, il est clair que la balance de la frustration issue de la contrainte à se conformer au modèle sexuel exigé, penche décidément en défaveur des petites filles. Quelle frustration occasionne, par exemple, pour les garçons, le fait de ne pas se battre avec les filles, au regard de la défense absolue d’en venir aux mains ? Si la frustration, comme le soutien Dollard, engendre l’agressivité, les petites filles, bien plus frustrées que les garçons, devraient en développer davantage. Il en est probablement ainsi, à ceci près qu’un obstacle s’ajoute à l’autre puisque même la libre expression de l’agressivité leur est interdite. Leur condition serait insupportable si elles ne trouvaient pas le moyen de l’exprimer par des formes différentes, telles que l’agressivité dirigée contre soi, l’agressivité verbale (insultes, médisance, commérage), ou encore, les réactions somatique négatives, inhibitions, stéréotypes (dont font partie également les jeux ritualisés et contraignants que nous avons examinés), perfectionnisme anxieux et ambivalence.
Mais cela ne suffit pas : en échange de la maîtrise d’elles-mêmes, on offre aux petites filles des compensations extrêmement attrayantes en apparence, mais qui se ramènent à de véritables limitations de la réalisation de soi en tant qu’individu : la valorisation de la beauté, le soin attentif et excessif de l’aspect extérieur, l’encouragement au narcissisme, des possibilités accrues de manifester leur propre émotivité, tout cela manque d’authenticité. Toutes les petites filles restent au fond des rebelles impuissantes, contraintes à calculer à chaque moment s’il vaut mieux se livrer à la rébellion ou se soumettre à la dépendance. Celles qui ont plus de vitalité combattent plus longtemps et douloureusement que les autres, mais le dilemme sera le même toute la vie, à chaque occasion de faire un choix, et les maintiendra en permanence dans un état de désengagement et d’attente.
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On continue à considérer l'enfant comme un petit idiot innocent, perpétuellement étonné et par ce qui se passe autour de lui. "Il est petit, il ne comprend rien de toute manière". Spectateur de la vie, on ne lui permettra pas d'en être le protagoniste tant qu'il n'aura pas atteint l'âge adulte.
Mais l'enfant est une personne sérieuse. C'est un étonnant travailleur, acharné, intatigable, attentif, lucide et précis. Dès l'instant où il vient au monde, c'est un explorateur insatiable, téméraire, curieux, qui se sert de ses sens et de son intelligence comme un scientifique, toute son énergie est tendue vers la connaissance. II essaie et essaie à nouveau, échoue et recommence avec une patience infinie, tant qu'il n'atteint pas ce qu'il considère comme la perfection, toujours prêt à s'exposer, à se risquer dans un monde d'adultes fait pour les adultes, alors que ce monde l'entrave au lieu de le favoriser, toujours en butte à la dérision, à la commisération, au paternalisme protecteur ou à l'indifférence, toujours proche du découragement ou de la faillite, toujours conscient de sa propre faiblesse, de son impuissance, toujours aux prises avec des personnes, des objets, des situations difficiles, écrasantes, effrayantes.
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Les personnages féminins des légendes appartiennent à deux catégories fondamentales : les bonnes et incapables, et les malveillantes. "On a calculé que dans les contes de Grimm, 80% des personnages négatifs sont des femmes."
Pour autant qu'on prenne la peine de le chercher, il n'existe pas de personnage féminin intelligent, courageux, actif et loyal. Même les bonnes fées n'ont pas recours à leurs ressources personnelles, mais à un pouvoir magique qui leur a été conféré et qui est positif sans raison logique, de même qu'il est malfaisant pour les sorcières. Un personnage féminin doué de qualités humaines altruistes, qui choisit son comportement courageusement et en tout lucidité, n'existe pas.
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