Mircea Eliade nous montre que la différence fondamentale entre l'homme "archaïque" et l'homme "moderne" se situe dans le fait que le premier répudie l'histoire, le second la réconforte pour la dominer : dans le paradigme "ancien", chaque acte au niveau microcosmique n'est qu'un calque différé d'un idéal archétypique (au sens platonicien), et les différents rites de mariage, de guerre, ... ne sont que les reflets, dans le monde sublunaire, d'événements cosmiques (création du monde, ...), et donc l'homme "archaïque" ne "créé" rien, il réitère ; cela introduit de facto une conception cyclique de l'histoire, qui est une "angoisse".
L'homme "moderne" (ou post-hégélien), lui, est dans la linéarité : suggérée par le christianisme, affirmée par les Lumières et définitivement promue par les "évolutionnistes", ce nouveau rapport au temps, dans l'ordre horizontal, pousse l'homme contre la nature, et fomente une perpétuelle "contre-histoire", puisque l'homme ne se conforme plus à son ordre (cosmos), mais affirme sa propre individualité contre - et non plus "dans" - l'ordre naturel, dénudé du lien à la transcendance (chaos).
Là où l'homme archaïque exorcise l'histoire par la répétition d'archétypes essentiels cloitrés dans l'instant éternel, l'homme moderne - prométhéen et influencé par le christianisme d'après l'auteur - se veut "démiurge" de son destin ; tous deux, à leurs manières, ont su répondre aux impératifs de l'histoire.
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