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EAN : 9782851974532
206 pages
L'Herne (17/05/2013)
2.75/5   8 notes
Résumé :
Les routes de l’Inde est un roman d’aventures au quotidien. Les aventures de l’esprit et de la chair survenues de 1928 à 1931, à Calcutta, à un jeune Roumain venu y étudier le sanskrit et la philosophie indienne. S’il ne néglige pas son travail, il ne dédaigne pas non plus les plaisirs. Il raconte ses amours et celles de ses amis, expose des pensées contradictoires avec une sincérité qui exclut la pudeur. Des notes de journal telles qu’elles se présentaient alors so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Entre 1928-1931, le très jeune Mircea Eliade réside à Calcutta, doté d'une maigre bourse, pour apprendre le sanskrit et la philosophie indienne. Ce livre est constitué d'une version très écourtée du journal intime que l'auteur tient à cette époque, pour se détendre de ses longues journées d'étude ainsi que de la rédaction d'une oeuvre romanesque naissante, et pour épancher ses humeurs fortement dépressives.
Contrairement aux attentes légitimement suscitées par les deux titres successifs de l'ouvrage – Journal des Indes et Les Routes de l'Inde – Eliade décide de supprimer de cette version publiée la substance qui eût été sans doute la plus intéressante : ses impressions du pays et du milieu social qu'il découvre, le journal de l'avancement de ses travaux, ses voyages en Inde, les échanges avec ses maîtres et autres personnages importants (la rencontre avec le grand poète Tagore est lamentablement réduite aux moindres termes), la situation politique particulièrement tendue de ce pays qui commence à lutter pour son indépendance. Hélas, à part un Intermède d'un quinzaine de pages sur ce dernier point, entre le Deuxième et le Troisième cahier, lequel est formé de notes extrêmement synthétiques sur des personnes et événements, sans aucune réflexion ni commentaire, le livre porte les marques des coupures de tout ce matériau d'une grande valeur.
Que reste-t-il donc ? Principalement deux choses. le quotidien de ses relations sociales et surtout sentimentales avec les jeunes filles qui gravitent autour de la pension de Mme P. chez qui l'auteur habite, et les états d'esprit qu'il traverse au cours de ces années de surmenage studieux. Les deux sont caractérisées par une profonde insatisfaction, allant par moments jusqu'à la haine de soi. le jeune homme se lamente de tout ce qui est prosaïque dans ces relations, de sa manière de passer tout le temps soustrait au travail intellectuel, et pourtant s'y vautre en alternant remords et concupiscence. Son défaut d'acceptation de soi et de ses actes mêlé d'un égotisme exorbitant, qui n'est sans doute pas sans rapport avec l'âge, il le qualifie d'humiliation, à la fois de soi-même et des autres, en particulier des jeunes filles avec lesquelles il a des relations. Avide d'ascétisme, qui est aussi son sujet de recherche, il considère ses écarts comme autant de « chutes », de dégradations, de « vulgarités », il donne de lui-même une image de gros fumeur, buveur, volubile et séducteur qui est peut-être surtout une représentation auto-dénigrante du jeune myope sociopathe.
Pourtant certains fragments sonnent particulièrement justes pour qui a eu une expérience de jeunesse semblable – long séjour d'études poussées dans un pays étranger éloigné de ses origines. Je pense surtout aux pages où sourdent les sentiments de nostalgie, d'être un étranger aux autres et à soi et les interrogations sur sa place là où l'on se trouve. En dérivent aussi plusieurs observations d'une grande acuité sur l'environnement en voie d'être découvert, l'entourage mixte dans lequel on peut évoluer, et même d'ordre plus général qui méritent d'être méditées au fil des pages.
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Merci à Babelio et aux éditions de L'Herne pour cet envoi.
Voici une version expurgée, par l'auteur, du journal qu'il a tenu en Inde, pendant sa formation d'indianiste (1929-1931, approximativement).
Bon, je ne sais pas trop à quoi je m'attendais. Sans doute à ce qu'il parle de ces découvertes, de sa thèse : mais tout ce qui concerne cette partie a été supprimé. Il en reste des états d'âmes, quelques rencontres marquantes (dont Tagore, le grand poète), mais aussi des amitiés liées à ses études et à sa pension. Il est d'ailleurs assez méprisant envers ses hôtes et globalement envers tous les Anglo-indiens, qu'il juge stupides, vulgaires et racistes. Être un futur grand intellectuel n'empêche pas pas le misogynie et le machisme (il précise dans la préface qu'il a depuis changé certaines de ses opinions et qu'il ne se reconnait plus dans ce jeune homme) Je m'attendais également à plus de descriptions de l'Inde et de ses habitants. La partie que je trouve la plus intéressante est celle sur la révolution civile de 1930, premier sursaut indépendantiste réprimé dans le sang (indépendance qu'il soutient) Quelques réflexions intéressantes sur le travail de sa mémoire, sur son travail (un peu quand même) et ses aspirations contraires (écrire des romans et se consacrer corps et âme à la recherche scientifique. Il fera les deux.
Lecture mitigée donc. A réserver (je pense) aux lecteurs d'Eliade.
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Merci à l'éditeur pour ce livre reçu à l'occasion de masse critique.
J'ai demandé l'envoi de ce livre car je suis une "folle de l'Inde". Je pensais donc découvrir où redécouvrir ce pays qui me fascine. En fait, ce récit-journal d'une tranche de vie de l'auteur aurait pû se dérouler dans n'importe quel pays. Mon attente a donc été déçue, et je n'ai pas "accroché" plus que cela.
J'ai vainement recherché l'Inde mystérieuse, exotique, foisonnante et fascinante...et j'ai donc trouvé les états d'âme de l'auteur de peu d'intérêt...
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Dans ce texte de jeunesse, il raconte ses années de 1928 à 1931, à Calcutta, alors qu'il y est venu pour étudier le sanskrit et les religions.

J'avoue que j'ai un peu peiné dans ma lecture, tout d'abord de part les circonstances mais également parce que ce texte ne traite pas vraiment de l'Inde, le titre français est d'ailleurs trompeur à mon sens. Certes l'auteur est installé en Inde pour ses études mais il raconte surtout son quotidien de jeune étudiant et écrivain.

Ses interrogations, ses doutes, ses relations amicales et amoureuses… Tout cela est surtout au programme de ce texte, que j'ai trouvé au final assez répétitif (ses histoires d'amour m'ont lassée et je ne me suis pas vraiment intéressée aux personnes qu'il rencontre).

Alors il y a heureusement la rencontre avec le grand poète indien Tagore qui est passionnante (mais trop courte) et puis il y a aussi le fait que l'auteur lui même a mis à jour ce texte longtemps après et qu'il le commente entre crochets. J'ai trouvé le procédé intéressant, il nous permet de vraiment suivre de près les interrogations qu'un auteur se pose.
Lien : http://delphinesbooksandmore..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il suffit de 10 minutes passés auprès du poète [Tagore] pour être persuadé que le monde sera infiniment plus pauvre, plus stupide, plus triste après sa mort. Il possède comme nul autre le don de vous faire toucher du doigt l'immensité de sa vie et de son âme. Ses livres vous semblent soudain plus beaux qu'ils ne le sont ; vous tenez alors sa sagesse pour un sommet de a pensée humaine. Tous ceux qui l'aiment (et surtout toutes les femmes) sont obsédés par l'idée de sa mort. Pour eux le monde ne peut pas être connu sans sa magnifique présence humaine.
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5. « Je me demande si l'heure n'est pas venue de nous émanciper de la primauté de la connaissance par l'intelligence, par le pur esprit ; si nous ne devons pas tenter d'accéder à une connaissance globale, organique, fournie par nos passions, nos enthousiasmes, nos péchés, notre sommeil. Que peuvent encore nous apprendre l'intelligence et la raison ? Des vérités de plus en plus abstraites (telle la physique moderne), de plus en plus symboliques, de plus en plus éloignées de l'homme et de la vie. C'est un sentier battu, trop battu. » (p. 187)
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3. « Je constate seulement que cet amour de la vulgarité est extrêmement fort. Qu'il bannit efficacement de la vie tout schéma abstrait, tout danger d'une quelconque "perfection" terrestre. Je trouve dans mon journal d'incessantes lamentations concernant cette "perte de temps". Le Dr Stella Kramrish alimentait diaboliquement la résistance à la vulgarité. Cette demoiselle intelligente estimait que les intellectuels devaient préférer la vulgarité de leur classe, c'est-à-dire la leur. Rien de plus monstrueux ni de plus hybride que cette hérésie. Des poètes et des érudits qui s'efforcent d'être mal élevés, mufles, vulgaires, c'est le spectacle le plus déprimant du monde moderne. » (p. 83)
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Je comprenais à nouveau que le danger ne résidait pas dans ces petits écarts passagers, mais dans la résistance involontaire de tout mon être. Le conflit que je créais et alimentais artificiellement me déprimait et me consumait -le conflit entre l'austérité du travail que je m'impose depuis tant d'années et la tentation coupable d'écrire un nouveau roman, celui-ci signifiant encore du temps perdu, encore une interruption dans le collationnement des testes du Subbashita. Or tout ce qui est moral et amant parfait en moi résiste à cet accouplement passager. Il est vraiment dantesque, mon amour du travail inutile et aveugle.
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2. « Je suis un jeune homme que la nature a pourvu de tout ce qu'il fallait pour en faire un parfait raté. Comment expliquer autrement mes qualités d'érudit, ma passion de la lecture, mon désir si vif de tout connaître et tout comprendre, et, à côté, mon refus organique de tout effort prolongé, mes instincts "poétiques", c'est-à-dire gratuits, nocifs ? Ainsi, après chaque évasion, après chaque excentricité, l'homme de science se réveille en moi et je me mets à déplorer le temps perdu, l'inutilité du vagabondage, etc. Cela durera jusqu'à la fin de ma vie, jusqu'à ma ruine définitive... » (p. 66)
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