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3,45

sur 33 notes
Récit très sombre au coeur de la folie, envahissante, douloureuse, dramatique et inexorable.

Douleur intime, pour cet être éternellement en marge, depuis l'enfance et tout au long de sa vie. Avec la conscience aiguë de ce qui le submerge sans pouvoir contrôler quoi que ce soit. Les hallucinations l'enferment dans un monde où la violence et la haine sont la seule réplique, inutile.

Douleur pour les autres, les parents, témoins et victimes impuissantes des errances délétères de leur fils. Coupables de l'avoir mis au monde, condamnés à subir jusqu'à la mort les écarts de conduite qui les laissent sur la paille.

Les voix se succèdent et celle de la nièce vient apporter un peu de lumière à travers cet héritage lourd de conséquences.La collecte et le déchiffrage des innombrables notes laissées après son décès est une tâche énorme, mais aussi un hommage à celui qui fut à la fois victime et bourreau.

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Entre le jeune homme frustré mû par des forces irrépressibles et contradictoires et celui que l'on découvre quelques années plus tard, , Sol Elias déroule un récit d'une étonnante sensibilité. Un roman quelque peu perturbant voire inconfortable pour ceux qui ne sont pas à l'aise avec les textes dans lesquels l'omniprésence du ressenti compose une toile chaotique.
Il faut dire aussi que derrière le personnage de Manuel qui occupe pratiquement tout le récit, Sol Elias raconte la schizophrénie. Pas celle pervertie par l'univers médiatique et entretenue par l'imagination collective, mais celle qui empêche Manuel, assiégé par des pensées parasites et dissonances émotionnelles, de s'aimer et d'aimer les autres.
Au fil de ses introspections et de ses délires, c'est une succession de frasques et une longue errance ; un chemin recouvert d'un sentiment de colère, d'impuissance et de solitude qui colle aux semelles du jeune homme comme à celles de l'entourage familial. Avec la lucidité constante dont fait preuve Manuel sur son état, on guette une guérison ? Un apaisement ? un sursaut ? mais témoin d'une maladie imprévisible on ne sait pas trop quoi espérer au fil du roman qui a quelque chose d'absolutiste. La langue du narrateur aussi coupante qu'un rasoir suscite un léger trouble, un vague sentiment d'incompréhension tout comme elle laisse des crevasses béantes au sein de la famille, personne n'est épargné ou presque...seule la relation avec la petite Soledad semble offrir du réconfort et du répit. Mais jusqu'à quand ?

Loin des fictions qui décortiquent des vies énigmatiques, démystifient ce qui nous échappe ou se donnent pour mission de donner de l'ordre au chaos, Tête de tambour affirme une écriture tout en sensation.Les pensées s'insinuent partout, débordent des failles que les personnages n'essaient guère de dissimuler. On n'a pas affaire à un récit qui impose réellement un lien, il suggère tout au plus des peurs et des manques qui taraudent les personnages de nature à les rendre distants ou solidaires. Mais il reste essentiellement à la surface de la maladie, là où scintille un style tranchant, incisif, à vif.
Si la plume est habile, l'encre n'est pas indélébile, ce roman qui pèse un peu comme une chape de plomb risque d'être oublié très vite.
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Comment aborder un tel roman ? Sol Elias relate une histoire impressionnante par la justesse de l'écriture, la construction efficace, des chapitres courts qui donnent de la tension, une angoisse sourde face à la description du quotidien du malade : la schizophrénie.

Anaël, gamin perturbé par trop d'émotions d'abord, un environnement familial étouffant avec une mère-louve ultra-protectrice et un père laborieux, pétri de principes, exclu de cette relation trop fusionnelle à son goût. le récit nous est relaté de l'enfance à sa mort prématurée.

Une adolescence rendue plus difficile encore par ses relations compliquées à la mère. La vie à la marge, Anaël qui devient Manuel, entre lucidités et étrangetés des situations perçues au travers de la maladie. Tout est décrit de manière que le lecteur comprenne mieux les effets de la maladie puis d'une psychiatrie abrutissante sur le malade.

On sent la frustration de Manuel face à la maladie, son souhait de vivre une vie de "normale" : une femme, un appartement, un chien... son impuissance à canaliser la violence de ses réactions, son enfermement dans la maladie, son isolement, sa marginalité, ses petits suicides. Une vie entre pensées cohérentes et incohérentes, destructrice pour lui, ses proches.

Jusqu'à transférer à Soledad, sa nièce, son questionnement, ses petits papiers, héritage à décrypter. Il y est question d'hérédité génétique, de celle de l'histoire à porter. de poésie et de violence qui s'apaise auprès de cette petite-nièce qui le trouve excentrique, différent, avec lequel elle rit beaucoup. Sol ne juge pas, "elle n'a pas encore le regard lavé" !

Il est également question du poids à porter pour les familles, de la culpabilité de ceux dits "normaux" qui vivent dans l'ombre des malades comme Ana-Sol, la petite soeur.

Ce roman est captivant par le biais choisi pour parler d'une maladie terrible avec humanité, une intensité qui vous empêche de décrocher d'une histoire dérangeante. La différence fait peur, si peu qu'elle soit habitée de sentiments violents, irrépressibles. L'écriture de l'auteure est puissante, aimante pour le personnage, enveloppante pour le lecteur, accompagne Manuel jusqu'à l'épilogue de son histoire tragique. Un premier roman perturbant, fascinant tout à la fois, pour désapprendre à juger peut-être...
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Mister Manuel et Monster Schiz

Avec «Tête de tambour» Sol Elias nous propose un premier roman aussi original que dérangeant, en se mettant dans la peau de Manuel, jeune homme souffrant de schizophrénie.

Au hasard des lectures, il arrive de croiser fortuitement un même thème, alors même que ce dernier n'est que peu traité dans la littérature contemporaine. Après On n'efface pas les souvenirs de Sophie Renouard dans lequel une famille est victime d'une schizophrène, voici une manière bien différente, mais tout aussi intéressante, d'aborder ce grave «trouble dissociatif de l'identité».
Quand s'ouvre ce roman, Manuel est en pleine crise d'adolescence. Il doit affronter son père qui ne comprend pas qu'il passe son temps à ne rien faire, même pas à aider sa mère aux tâches ménagères et qui passe son temps à le houspiller plus ou moins sévèrement, suivant ses humeurs. Mais il affronte aussi sa mère qui a choisi à l'inverse, de couver son petit. Cette Maman, surnommée Bonnie Cyclamen, «parce qu'elle avait le coeur si bon et que ses paupières ressemblaient au cyclamen qu'on avait dans le salon» va tout autant subir les foudres de son fils, bien décidé à leur faire payer le prix pour l'avoir mis au monde: «Je serais la croix à porter sur leurs épaules d'hommes pour toute une vie d'homme. Ils ne m'avaient pas tué quand ils avaient vu mon visage cyanosé de bébé tenu pour mort à la sortie du ventre de la mère, ni petit quand on pensait que j'avais une tumeur au cerveau tant j'avais la tête grosse de migraines, ni adolescent quand j'avais l'impression qu'un autre respirait dans mes hanches, ni plus tard, quand les doctes docteurs avaient décrété en choeur que j'avais "des troubles relevant indubitablement de la psychiatrie".»
C'est à un long chemin de croix que nous convie Sol Elias. Un parcours d'autant plus impressionnant qu'il nous est raconté par Manuel lui-même, luttant contre ses démons et les laissant l'emporter, se révoltant contre le verdict des médecins – «La schizophrénie vous a coupé en deux, comme la hache du bûcheron le tronc du chêne» – et leur donnant raison lorsqu'il exploite sans vergogne ses parents, leur soutirant leurs économies.
Passant d'un centre psychiatrique à l'autre et d'une sortie à l'autre, de moments d'exaltation vite rattrapés par de nouvelles crises, il va comprendre qu'il ne peut rien contre ce mal qui le ronge: «La schizophrénie avait gagné la partie sur la vie. Elle avait tout raflé: le rêve, la création, l'amour, l'amitié.»
En lieu et place, il aura gagné la violence, la rancoeur, la douleur et la souffrance. Entraîné dans cette spirale infernale, le lecteur partage cette impuissance, ce malaise, que ni les virées avec son copain, ni même la rencontre avec Anahé, une mauricienne qui a émigré avec sa mère et son enfant, ne pourront contrecarrer.
Le post-it qu'il colle au-dessus de son bureau: «On se suicide pour échapper à la pression de la vie, pour se soustraire aux exigences minuscules et aux parades familiales de l'existence» montre sa résignation. «Il ne lui reste qu'à devenir encore plus fou qu'il ne l'est déjà, qu'à se mortifier, se scarifier pour dire sa haine de lui-même et à se retourner contre ceux qui l'enchaînent et le regardent impuissants – les médecins, les parents, les autres patients. (…) Alors il devient Monster Schiz. »
Passera-t-il à l'acte, effrayé par celui qu'il est en train de devenir? Je vous laisse le découvrir et réfléchir sur le traitement que l'on réserve à ces malades.

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**

Manuel est schizophrène. Quand le diagnostic tombe, sa vie est déjà compliquée. Ses relations avec son entourage sont difficiles, tendues et parfois violentes. D'hôpital psychiatrique en institut spécialisé, Manuel va suivre un parcours chaotique et sa haine pour sa famille ne sera que grandissante...

Ma chronique sera brève.... J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'univers de Sol Elias. Non que son écriture m'ait gênée, mais la construction du roman m'a parfois paru floue, les idées mélangées et les liens entre les personnages compliquées.

Il est certes difficile d'aborder un tel sujet. Sol Elias l'attaque de front et nous fait partager le long chemin de Manuel. Ses pensées, ses obsessions, ses sentiments violents... Tout est à vif dans ce roman !

J'ai apprécié de découvrir ce roman grâce aux 68 premières fois mais j'ai bien peur qu'il ne me marque pas...
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Un premier roman que j'ai du mal à définir…. Certains passages étaient à mon goût, ou plutôt, par rapport à mes habitudes de lecture, trop chaotiques pour me plaire. Et pourtant, après réflexion, et après avoir avalé la deuxième partie du livre sans pouvoir le reposer, je me dis que ce chaos, ce tumulte mental, était nécessaire pour que le lecteur puisse frôler l'intérieur, le fonctionnement de l'esprit d'un homme souffrant de schizophrénie.
Cette confusion, et surtout, ces délires douloureux, je les sais bien réels. J'ai un cousin qui en souffre. Et l'évolution d'Anaël / Manuel a été sur le papier, la même que mon cousin. Déjà différent à l'enfance, dans les réactions, les manies et le lien très fort à la mère. Puis l'adolescence et les conduites à l'extrême, les fuites, les difficultés relationnelles. Et enfin, vers la trentaine, le diagnostic posé, la souffrance qui alterne avec le soulagement pour la famille. Mais aussi pour cette dernière les questionnements : pourquoi ? Qu'a-t-on loupé ? Est-ce héréditaire ? Et l'aveu d'un quotidien devenu un enfer. Un schizophrène n'est pas adapté à la société telle qu'on la connaît. Sol Elias a eu ce don de le faire clairement comprendre à son lecteur. Il aimerait être comme tout le monde mais il n'y arrive pas. Il ne s'adapte pas au monde du travail, n'arrive pas à maintenir une relation amoureuse et son sentiment d'être inutile le pousse à tous les extrêmes, y compris la tentative de suicide.
Pour un premier roman, c'est un exercice qui a dû être difficile que de rédiger un roman polyphonique où s'expriment les voix d'Anaël, de Manuel, son double et de Soledad, sa nièce.
Un talent qui gagne à être suivi.

Lu dans le cadre des 68 premières fois.
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Impressionnant premier roman!
Grâce à une très belle écriture et une grande maîtrise de la langue, Sol Elias m'a emportée dans une histoire au goût amer mais oh combien passionnante.
La "tête de tambour" est celle de Manuel déclaré schizophrène à l'âge adulte dans laquelle cogne une douleur permanente qui déforme la réalité sans que cela soit visible de l'extérieur. Ce qui se voit ce sont les conséquences de cette descente aux enfers dans laquelle il entraîne toute sa famille.
Manuel devient Anaël, son double malade qui parle de ce qui se passe dans sa tête où résonne le reproche de ne pas être comme les autres, incapable d'aimer, incapable de travailler...
La violence d'abord verbale est omniprésente et seule sa nièce, la petite Soledad semble procurer un peu d'amour à cet oncle coincé dans ses cauchemars. Mais qu'il est difficile de porter cette filiation sans qu'elle la dévore.
Pour raconter cette histoire Sol Elias va utiliser un matériau qui n'est pas le sien, les différentes notes et écrits que son oncle lui a laissés en héritage. Elle va décrypter son écriture incertaine et microscopique car durant des années il a essayé de rédiger Fragments pour une unité, le récit de ses vies, sans jamais conclure ses éparpillements d'écriture.

Alors que ce texte est un roman je dirais que c'est aussi un témoignage sur ce qu'on appelle la folie. J'ai beaucoup aimé la construction du livre qui montre la schizophrénie de points de vue différents.
Elle réussit à se mettre parfaitement dans la peau de son oncle et décrit cette maladie vue de l'intérieur mais aussi vécue par les proches qui ne comprennent pas toujours ce qui se passe. C'est très impressionnant.
D'ailleurs l'épigraphe de Marguerite Duras choisit intelligemment par Sol Élias montre à quel point on porte tous un héritage familial : "Toute première oeuvre est l'histoire d'une vengeance prise sur sa famille."


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Avec Tête de tambour de Sol Élias, j'arrive à ma onzième lecture de cette sélection des 68 premières Fois… Un premier roman terrible, difficile. Pour la première fois, j'étais à deux doigts de renoncer à publier une critique, mais je me refuse à ne pas jouer le jeu car c'est une posture qui ne me ressemble pas…

Il n'est pas facile de parler de la maladie mentale en littérature ; c'est un sujet pour un essai, un témoignage, moins évident pour un roman. Ici, il est question de schizophrénie, thème qui convient sans doute mieux aux thrillers ou aux romans policiers avec le malade dans le rôle de l'assassin psychopathe ou de la victime…
La maladie mentale n'est pas reconnue par l'opinion publique comme une vraie maladie, avec ses symptômes et son côté invalidant. Dans les familles, c'est une honte dont on parle peu, que l'on cache sous d'autres motifs, « le centre et le point zéro de leur monde » … Dans la société, c'est difficilement acceptable et plutôt mal pris en charge et considération : le schizophrène est marginalisé, « inidentifiable », n'a pas d'avenir, presque plus d'humanité.

J'ai d'abord été interpelée par l'épigraphe de Marguerite Duras qui rappelle que « toute première oeuvre est l'histoire d'une vengeance prise sur sa famille », puis j'ai fait le rapprochement entre le personnage de Soledad et le prénom de l'auteure avant de me perdre dans l'écriture polyphonique et la temporalité du récit. Ce livre nous interroge sur le rapport entre psychose, famille, héritage et hérédité mais ne donne aucune clé de lecture ; l'auteure brouille les pistes et les points de vue, mélange les dates et les personnages, égare son lectorat, alterne des descriptions claires de la maladie et des épisodes de complet délire.
J'étais moi-même tellement perdue que j'ai effectué quelques recherches ; ainsi, je suis tombée sur un entretien que Sol Élias avait accordé sur France Culture pour l'émission « Par les temps qui courent » ; ainsi, j'ai mieux compris la complexité de l'échafaudage narratif et mieux « digéré » les passages les plus difficiles et, surtout, j'ai cessé de me demander pourquoi l'auteure infligeait cela à ses lecteurs(trices)… Elle s'est sentie investie d'une mission, celle de donner la parole à son oncle diagnostiqué schizophrène et de lui aménager un espace ou s'exprimer.
La formule consacrée qui dit qu'un livre ne laisse pas indemne prend ici tout son sens… Tête de tambour ne peut pas plaire… Il provoque horreur et pitié, nous plonge dans le tragique au sens classique du terme dans un huis-clos familial où la folie est à la fois vécue, subie, déniée et transmissible… où il faut se l'approprier pour pouvoir aller de l'avant. J'éprouve un profond respect pour Sol Élias, pour le paiement de sa dette, ce tribut dont elle doit s'acquitter.

Je suis sortie de cette lecture complètement sonnée, percutée… C'était sans doute annoncé dans le titre. le cerveau humain se fait caisse de résonnance et support de mémoire.
Je ne mettrai pas d'étoile : dans mon système d'appréciation, ce livre est hors-classement…
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Où commence la folie et comment se termine-t-elle ? Être schizophrène qu'est ce que cela veut dire ? Sol Elias nous entraîne dans un récit tout en sensibilité passant de Anaël à Manuel qui sont une seule et même personne, mais à deux moments différents. Dans sa première partie, l'auteur nous parle de la vie de débauche du héros ainsi que la vie infernale qu'il fait vivre à sa famille.
Dans la deuxième partie, est abordé son internement, le fait qu'il change d'établissement toutes les trois semaines.
Traité de ce sujet n'est pas facile. Diagnostiquer la maladie, faire comprendre au malade qu'il faut qu'il se soigne, jusqu'à la dure réalité de l'enfermement obligatoire. Ce récit est violent, poignant et plein de sensibilité. Sa nièce héritera-telle d'un tel fardeau ?
Cette histoire nous amène à se questionner et à réfléchir sur la schizophrénie.
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Un roman rude, plein de violence, mais surtout de réalisme, sur un sujet très difficile : la schizophrénie. Et Sol Elias choisit la voie romanesque, dans la construction narrative comme dans l'écriture, pour nous parler de cette maladie dont on connaît le nom et c'est à peu près tout. Une histoire, inspirée par une expérience familiale, qui dérange le lecteur et le pousse à se remettre en question.
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