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EAN : 9782924898185
142 pages
La Peuplade (07/03/2019)
4.02/5   46 notes
Résumé :
Un homme vit et peint dans ses caravanes tout près de la Sandá, une rivière glaciaire aux confins de l’Islande. L’été s’achève, les tableaux s’entassent dans l’atelier, les visites sont rares et les nuits, de plus en plus froides et tranquilles. Avec en tête la biographie de Chagall ou les lettres de Van Gogh, l’artiste arpente la forêt, s’oubliant dans le courant du temps passé, que viennent interrompre les apparitions irréelles de la femme à l’imperméable rouge. U... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Au bord de la Sandà, je me suis assise et attentive j'ai écouté cette rivière de sable me conter une histoire.
L'histoire d'un homme qui a été mais qui n'est plu… flottant entre deux mondes, entre réalité présente et fantasmée et souvenirs d'une vie.
Un homme qui a trouvé refuge à la lisière de l'unique forêt du pays, un peintre à bout d'inspiration, un peintre à bout de souffle en quête d'apaisement.

Au bord de la Sandà, j'ai été submergée par un jeu de couleurs, un camaïeu de vert, un océan de verdure entre cèdres de Sibérie et bouleaux, mélèzes et peupliers évoquant l'espoir du peintre, d'un peintre déboussolé, dans ce retour aux sources empli de silence et loin de toute agitation afin de retrouver un chemin de vie et la joie de l'acte créatif.

Au bord de la Sandà, je contemple ce tableau, le carré vert du printemps, petit clin d'oeil à Thór Stefánsson, le carré vert au point rouge non pas le carmen de la passion mais le rouge du désir, désir animé par l'énergie vitale, augure d'une idylle inattendue cristallisée dans cet éclat de braise traversant la toile.
Pourtant dans cet océan de verdure, seuls des petits soleils fragmentés, les rodhioles aux fleurs jaunes, diffusent leur lumière, esquissant l'éclosion à la vie que l'hiver avait gardé sous son manteau, pour illuminer cette vision et rayonner tout l'été. Les signes annonciateurs de l'hiver révéleront l'immense solitude de notre peintre...

Au bord de la Sandà de Gyrdir Eliasson ou l'histoire d'un loup solitaire qui rôde dans l'enchevêtrement de sa vie. Au fil des saisons, de deux saisons, l'été et l'automne, comme un dyptique, l'homme au pinceau nous offre un itinéraire visuel, sonore et pictural à travers l'exploration de son monde intérieur, de son imaginaire et l'observation du monde terrestre: un vagabondage que j'ai suivi avec plaisir de Chichkine à Hokusai, d'Alex Katz à Basquiat, de Chagall à Van Gogh …

Une écriture aussi précise que celle d'un naturaliste, fluide comme l'eau qui s'écoule de la Sandà,
Gyrdir Eliasson promène le lecteur au gré des courants et des gués sillonnant entre échappées oniriques et passages réalistes.

Une douce et belle lecture traversée peut-être par une ondine, paisible presque contemplative, un voyage universel et poétique accompagné de l'écho des vibrations telluriques et illustrés d'impressions artistiques.

Au bord de la Sandà c'est être au bord du temps, au bord du songe… une invitation pour essayer d'attraper le vent.
Une pépite islandaise aussi attractive qu'une fraise des bois sur un tapis de mousse.
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Une caravane dans la forêt, paysage insolite en Islande, c'est là que vit et travaille notre Ivan Chichkine ( peintre russe de la forêt, 1832-1898 ) islandais, au bord de la rivière Sandà, une rivière glaciaire aux confins du pays. Un homme qui laisse derrière lui "des années de sable,dénudées et balayées par le vent, comme un désert desséché par un hiver sans pluie."
Dix ans auparavant, il faisait toujours soleil dans sa vie, alors que maintenant il s'efforce à vivre au présent. Fasciné par les arbres, il se ressource à travers la forêt et la peinture naturaliste qu'il peint, mais qui n'a pas l'air de beaucoup le passionner. Il lit des biographies et lettres de peintres célèbres et fait d'étranges rêves....
"Le silence" et "la paix", deux mots qui reviennent souvent dans le texte d'Eliasson, parfois avec une connotation positive, parfois non. Ayant perdu toute croyance en un autre monde en venant s'installer à la lisière de cette forêt, notre Chichkine islandais va pourtant faire l'expérience d'étranges incidents qu'il ne peut expliquer.

Ce livre est une belle promenade en forêt pour qui aime la nature, comme moi.
C'est aussi l'histoire d'un homme condamné volontairement ou involontairement à la solitude à un certain âge, pour qui les arbres de la forêt lui sont plus proche que les gens. C'est triste, un homme qui a deux enfants qu'il ne voit presque plus, voudrait avoir des contacts mais ne fait aucun effort pour, et finit par arriver à ne pouvoir en établir avec qui que ce soit, même avec sa « soi-disant famille », bref un genre de personnage qui m'attire peu dans la vraie vie. Mais ici, j'ai passé un bon moment en sa compagnie, à le suivre dans son quotidien minutieusement détaillé, dans la forêt à contempler les arbres, les oiseaux et à partager ses réflexions et observations intéressantes colorées d'un zeste d'autodérision, sur l'homme et la Vie.

Publié chez un petit éditeur La Peuplade, un livre d'une couverture et mise en page magnifiques, qui en vaut vraiment le détour,surtout que ce n'est que 142 pages.
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J'aime plonger dans l'univers de cet auteur islandais. Même s'il ne s'y passe pas grand chose, il y a la contemplation de la nature, la solitude, la musique et la peinture qui est son métier. Et surtout le fait de vivre seul dans une caravane au pied d'un glacier. Connu grâce à Bookycooky.
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Ce roman contemplatif n'est pas anecdotique dans mon cheminement de lectrice. Il se positionne après deux gros pavés lus dans le temps des Fêtes et sert à me recentrer pour mon début d'année. Il réanime ma passion pour l'art et la création, mon amour de la nature et des randonnées et mon besoin de solitude.
Quel puissant roman de Gyrdir Elíasson qui aborde des thèmes si chers à mon coeur et qui évoque les difficultés contemporaines de participation au jeu social que vit l'artiste s'il veut survivre.

« J'avais une maison que je ne pouvais pas payer et cela m'ôtait tout désir de soulever un pinceau, car je ne pouvais me résoudre à lier d'aucune façon tableaux et revenus. »

Un peintre vit seul dans une caravane, près de la rivière Sandã et il raconte sa routine, son inspiration ou son manque d'inspiration, ses échecs. Il parle très peu de ses réussites, ça semble être un sujet qui ne l'intéresse pas.
La forêt l'inspire, le volcan l'attire.
Il s'isole de plus en plus, de ses voisins, de sa famille, de sa vie…
Il nous décrit un été et un automne.
L'hiver, c'est un peu l'au-delà…

L'auteur nous offre de brillantes réflexions et on sent le fantasmagorique islandais dans ses propos. Il nous propose également de biens belles lectures à faire avec en tête la biographie de Chagall ou les lettres de van Gogh.

« Du chaos quasi onirique sur la toile surgit une silhouette vêtue de rouge. »

Roman bouleversant qui est si bien écrit et traduit. Je me réserve un site de camping au bord de la Sandã l'été prochain, où l'irréel se mêle au réel et le quotidien au futur incertain!
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Un peintre vit et peint dans ses caravanes, au bord d'une rivière glaciaire, en Islande . Il ne cherche pas à frayer avec les estivants et ,quand le camping se vide à la fin de l'été, il reste seul .
Il arpente la forêt, cherchant à rendre la vérité des arbres, épaulé par des écrits de peintres, seulement troublé par l'apparition d'une femme vêtue de rouge.
Ni la visite d'un de ses enfants, ni celle d'un acheteur potentiel de ses tableaux ne semblent le toucher et petit à petit s'affirme une volonté à la fois radicale et paisible: celle de ne plus pouvoir vivre dans une société dont il refuse les valeurs frauduleuses: "Le ciment est lourd, en tout cas, et un joug de béton peut faire couler n'importe qui . J'avais une maison que je ne pouvais pas payer et cela m'ôtait tout désir de soulever un pinceau, car je ne pouvais me résoudre à lier d'aucune façon tableaux et revenus. Ce qui est sans doute une notion totalement dépassée dans la société où nous vivons."
Roman contemplatif et intense, faisant la part belle à la nature, Au bord de la Sandà est un roman doté d'une écriture à la fois précise et poétique, exprimant" la force vitale à l'oeuvre dans la création". Un roman de 142 pages, bruissant de marque-pages. Un roman qui m'a parlé comme rarement et qui file non seulement sur l'étagère des indispensables, mais également sur ma table de chevet, comme un viatique. Un coup de foudre littéraire !
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Après avoir lu tout mon soûl, je fais d’habitude une sortie pour passer à la caravane-atelier, où je reste quelque temps à mélanger des couleurs et à tripoter des pinceaux, sans toutefois tracer plus de quelques lignes sur la toile ou sur une feuille. Il me manque la force intérieure que je possédais avant ; c’est comme si l’esprit et la main ne travaillaient plus ensemble, s’étaient séparés après une longue union, entretenant presque une aversion réciproque. C’est une impression singulière que je ne peux guère relier à des circonstances exétrieures, bien qu’il y ait évidemment un lien avec ce qui m’est arrivé ces deux dernières années. Tout cela n’est pas ce qui compte le plus, c’est l’instant présent qui importe, le fait que je sois ici maintenant. Seul, mais pas forcément abandonné.
Mes caravanes se trouvent dans un village, ou plutôt une agglomération de caravanes parquées dans une cuvette ou un creux au-dessus de la rivière Sandá. Je suis à la périphérie de ce petit village. Entre les roulottes, il y a des bouts de pelouse et des arbres, beaucoup d’arbres, ce qui fait que l’endroit est à l’abri de la plupart des vents. C’est surtout la brise du nord qu’on craint ici au printemps, avec son froid mordant venu du glacier. C’est maintenant le plein été et il y a foule dans les caravanes. Quand je suis arrivé au printemps, c’est à peine si on voyait un seul individu, et je déambulais tout seul au milieu de ces boîtes métalliques qui, à première vue, me faisaient penser à des habitations de Martiens, sorties d’un film américain d’anticipation ou d’une histoire de Ray Bradbuty, à ceci près qu’il y avait plus de végétation autour. Les vastes étendues au-delà de la rivière glaciaire étaient en revanche comparables à l’aspect du quatrième satellite du soleil : pas un brin d’herbe, rien que des nappes de sable rougeâtre à perte de vue.
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....on ne peut guère être soi-même à moins d'avoir quelque interaction avec les autres, aussi contradictoire que cela puisse paraître.
p.21
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La quiétude est une notion composite: elle peut être triste, redoutable, agréable, sublime, solitaire.
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Le murmure de la rivière me parvient avant que je m’endorme. Au-dessus du lit est accroché un autre tableau, qui était là avant moi et que j’ai laissé en place. Il représente un homme sur un radeau descendant un fleuve de la forêt vierge – très mal peint d’ailleurs -, mais j’y ai perçu tout de suite une sorte de force primitive, et cet homme solitaire dans la pénombre, au fil du fleuve, m’est devenu curieusement proche, d’une certaine façon. Je me suis à redouter avec lui chaque soir qu’il y ait en aval des chutes ou des rapides périlleux et j’allais jusqu’à prêter l’oreille dans la nuit, mais n’entendais que le murmure étouffé de la Sandá.
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A présent, des dizaines d'années plus tard, je sors de la caravane le soir, quand j'ai fini de m'évertuer à peindre et je monte dans la forêt. Je prends le sentier en bas du mont des falaises quand un voile bleu-vert tombe sur les arbres au-devant de moi et j'entends le chant des oiseaux s'éteindre peu à peu dans la ramure avant la nuit. Je commence à avoir envie de peindre des arbres, même si je ne pourrai jamais les saisir sur la feuille ou la toile comme le peintre russe Ivan Chichkine, qui a fait surgir la vie ouverte et cachée des arbres à la surface immaculée d'innombrables tableaux, aussi vivants aujourd'hui que lorsqu'il les a peints il y a cent ans. Il a dû se tenir près d'eux pour commencer, il a dû les caresser et conclure un accord secret avec eux.
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Julien Delorme présente la Rentrée de La Peuplade.
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