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Critique de Mhfasquel


Ravie de découvrir ce nouvel auteur islandais.
Un voyage en Islande et un voyage intérieur, dans lequel le narrateur n'est pas nommé - non plus que les autres personnages, ce qui renforce le côté universel...
En toile de fond, l'immensité de la mer, infinie, promesse d'inspiration pour un narrateur auteur, qui vit seul dans la maison noire d'un ami, afin d'écrire son roman. Un roman qui, étrangement, rappelle quelque peu sa propre histoire d'amour, puisque son couple et celui de ses personnages semblent désunis et surtout désenchantés.
Solitude amoureuse et aussi solitude de l'écrivain en panne d'inspiration, face à la mer avec vue sur le phare, sur les vagues toujours semblables et toujours différentes, aux couleurs changeantes selon ses humeurs, au gré des saisons.
Le roman est envoûtant. Entre autres parce que la typographie, les découpages, les thématiques fonctionnent en miroir des états d'âme du protagoniste et des couleurs omniprésentes.
En fin d'ouvrage, nous découvrons le prénom du protagoniste, Jonas qui, tel un prophète, nous met en garde contre les dangers et méfaits de nos sociétés : crises environnementales, politiques, sociétales, perte du "savoir-vivre ensemble" et des valeurs communes, dans des paragraphes qui semblent s'opposer en tout. Se confrontent ainsi le monde extérieur et le havre de paix islandais du protagoniste. Deux visions, deux univers aux antipodes, et pourtant deux mondes très sombres : l'un à cause des exactions dont les nouvelles à la radio s'abreuvent, l'autre, moins métaphoriquement, par ses couleurs parmi lesquelles le noir prédomine.
Deux opposés qui se rejoignent dans la solitude, la recherche de sens, les efforts pour se réaliser.
La Fenêtre au sud interroge sur le sens de l'art, sur le sens de la vie. C'est aussi pour moi la chronique d'un romancier en train de disparaître, comme les lettres de son roman inachevé.
Avant de conclure j'aimerais revenir sur la célèbre figure de Jonas, qui apporte, à mon avis, une lueur d'espoir à ces pages tourmentées.
Jonas, le cinquième prophète, est colérique, bouillonnant et surtout désobéissant ! Même pétri de bonnes intentions, il fait tout de travers, regimbe et proteste...
Certes, il sera puni mais ressortira non seulement indemne mais transformé du ventre de la baleine, libéré de ses oeillères. Dans la matrice, il fait noir, comme pour notre héros dans son havre obscur, mais on a des chances de ressurgir de ces endroits avec une vision nouvelle...
Jonas ne comprend rien à la miséricorde (divine, en l'occurrence) mais apprend à découvrir que repentir et prise de conscience peuvent apporter pardon et justice. Il est celui qui annonce une catastrophe qui, finalement, n'a pas lieu, et qui parvient à accoucher d'un autre lui-même, meilleur.
Métaphore de l'écrivain qui arrache son oeuvre du fond de ses entrailles dans le "travail" (de la naissance, ou renaissance), dans la douleur, leçons à entendre pour l'être humain face à la destruction de sa planète.
Beaucoup de grands messages dans ce très beau livre, à découvrir absolument.
Je conclurai avec la citation qui ouvre ce roman : "L'écrivain est celui qui a plus de mal à écrire que les autres."
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