Daniel Deronda, tome 2

Dans l'oreille de Deronda, cet air n'était pour l'instant que la suite de la prière de Gwendolen

- Je m'appelle Daniel Deronda. Je suis inconnu, mais nullement illustre.

Imaginez le conflit, dans un esprit comme celui de Deronda, qui avait tendance non seulement à ressentir les choses intensément, mais à se poser des questions activement

- Je n'accepterai de vous rien de moins précieux que la fraternité de votre âme.

- Je n'ai jamais connu ma mère. Je ne sais rien d'elle. Je n'ai jamais appelé aucun homme père. Mais je suis convaincu que mon père est anglais.

- C'est un vieux collier que j'aime bien porter. Je l'ai perdu une fois, et quelqu'un me l'a retrouvé.

Leurs phrases banales, leurs critères mesquins, leurs soupçons médiocres, leur ennui vide d'affection peuvent rendre la vie d'un autre aussi peu exaltante qu'une promenade dans un panthéon d'idoles hideuses.

Sa personnalité était trop accueillante, trop prête à concevoir des territoires dépassant sa propre expérience, pour s'arrêter immédiatement à l'explication facile de la "folie" chaque fois qu'une conscience faisait preuve de richesse et de conviction, là où la sienne restait vide.

C'était là un des paradoxes habitues des sentiments : Sir Hugo qui avait paternellement mis en garde Deronda contre de trop grandes manifestations de tendresse dans ses relations avec la jeune épouse, se sentait désormais assez irrité contre lui parce qu'il le soupçonnait de ne pas être tombé amoureux comme il l'aurait dû !

"Ma chère enfant, les garçons sont tellement embêtants - ils seraient insupportables, si on ne leur faisait pas croire qu'ils ont plus de valeur", dit Mme Meyrick, à l'instant même où son fils entrait.