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sur 412 notes
Roman classique par excellence, sans doute le plus connu de l'auteur, et considéré par les Britanniques comme son plus grand succès, "Middlemarch" se définit d'abord comme un roman social. Sous-titré "Etude de la vie de province", le roman entremêle plusieurs trames de vies particulières, issues de l'aristocratie, de la bourgeoisie, de la "middle class" et de la plèbe, jusqu'à constituer une toile serrée, unie, résistante, imperméable, inusable, bref, une oeuvre de grande qualité.

A travers les parcours et relations de Dorothée et Will, de Célia et James, de Mary et Fred, et de Rosemonde et Tertius, c'est tout un pan de la société anglaise de la première moitié du XIXème siècle qui s'offre au lecteur, dans ses contrastes moraux et sociaux. C'est une période charnière dans la politique, les mentalités et les progrès et qui bouscule un schéma profondément ancré dans un sol où poussent néanmoins, irrésistibles, de jeunes et modernes aspirations, celles d'une génération mal à l'aise dans le terreau de ses aïeux.

George Eliot est une femme de lettres qui eut une vie peu commune ; tout d'abord elle se consacra à la presse et à l'écriture - domaines dans lesquels les femmes ont eu bien de la peine à se ménager une place à la force des coudes -, ensuite par ses choix privés - elle vécut notamment hors mariage avec un homme marié pendant de longues années -, enfin par la modernité de sa pensée. Ainsi, je vois dans "Middlemarch" une ode à la femme. Si pour moi Rosemonde est directement inspirée d'Emma Bovary, et Célia et Mary des soeurs Bennett, il n'en va pas de même de Dorothée, l'héroïne principale, dont la forte personnalité, les idées neuves, les projets d'entreprises, le libre-arbitre, les cas de conscience forcent véritablement l'admiration.

"Middlemarch" se veut également un hommage à toutes ces forces invisibles et individuelles qui, à un moment donné et sur des enjeux sans importance nationale, se sont positionnées à contre-courant et ont permis que "les choses bougent".

"Sa nature, débordante comme cette rivière dont Cyrus brisa la force, se répandit en canaux qui n'eurent pas de grands noms sur cette terre. Mais l'influence des vertus de son être agit profondément sur ceux qui l'entouraient : car le bien croissant de la terre dépend en partie d'actes non historiques ; et si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu'elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes que personne ne visite plus."

Oui, "Middlemarch" est sans conteste un chef-d'oeuvre qu'il est permis à chaque lecteur de découvrir s'il parvient à franchir l'écueil des cent premières pages, particulièrement ardues et rédigées dans un style peu accessible mais qui heureusement s'allège par la suite. Pour cette raison, je comprends très bien les lecteurs qui abandonnent leur lecture - j'ai moi-même parfois renoncé à comprendre certaines phrases au sens desquelles je restais hermétique malgré plusieurs relectures. Mais mon conseil est de persévérer et de découvrir l'oeuvre de cet auteur qui n'a rien à envier à Jane Austen, à Charlotte Brontë et à Elizabeth Gaskell.

"Middlemarch" restera dans ma mémoire comme un grand roman foisonnant, une chronique riche en caractères et en personnalités ; enfin, magistralement construit, de telle sorte qu'on ne peut s'étonner de lui voir accoler l'étiquette d'archétype du roman classique.


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Je suis gâtée en ce moment avec mes découvertes littéraires !! Je me suis encore une fois régalée avec Middlemarch de George Eliot, pavé de plus de 1000 pages, fantastique histoire d'un petit village d'Angleterre où les destins de plusieurs habitants vont se croiser et où, dès les premières pages, nous nous embarquons dans une formidable aventure !
Le roman se focalise entre autres sur plusieurs couples : celui de Dorothea Brooke et de M.Casaubon, ecclésiastique ennuyeux, puis celui de Dorothea et Will Ladislaw que l'on suit durant toute l'histoire ; le mariage malheureux de Tertius Lydgate, médecin ambitieux mais touchant, avec Rosamond Vincy, vulgaire jeune femme désirant susciter l'admiration de tous ses voisins ; enfin, le couple Fred Vincy / Mary Garth, que j'ai le plus apprécié...
En outre, les personnages sont tous plus intéressants les uns que les autres, offrant une diversité de caractères parmi les individus que le lecteur a la chance de rencontrer...Personnellement, j'ai préféré le personnage de Dorothea Brooke, tellement attachante à travers ses choix, les moments difficiles de son existence, sa générosité envers le médecin Lydgate par exemple, et enfin, l'accès au bonheur à la fin du roman...J'ai également beaucoup aimé l'ensemble des personnages masculins, notamment M.Lydgate, Will Ladislaw ou encore Fred Vincy.

Enfin, George Eliot nous dépeint la société de son époque jusque dans le moindre détail, ce qui nous permet de participer à certaines discussions animées, ou encore de prendre part aux scandales bouleversant le village et ses environs...

Ainsi, j'ai adoré ce merveilleux roman de George Eliot, qui, malgré quelques imperfections (cependant très rares) est bien évidemment l'un des plus grands de la littérature anglaise. J'aimerai conclure ma critique par une citation de Viriginia Woolf au sujet de l'auteure qui figure dans la préface du livre, simplement pour vous donner une avant-goût du talent de cette romancière d'exception : «L'issue fut triomphale pour elle, quel qu'ait pu être le destin de ses créatures ; et quand nous nous rappelons tout ce qu'elle a osé, tout ce qu'elle a accompli, la façon dont, malgré tous les obstacles qui jouaient contre elle (le sexe, la santé, les conventions), elle a cherché toujours plus de savoir, toujours plus de liberté jusqu'au jour où le corps, accablé par son double fardeau, s'effondra, épuisé, nous devons poser sur sa tombe toutes les brassées de lauriers et de roses que nous possédons.»

A lire absolument !!
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Middlemarch, c'est un roman victorien de 1100 pages, écrit assez petit avec des chapitres denses et de belles phrases bien travaillées, pleines de finesse, d'intelligence et d'ironie et surtout des mots qui ont nécessité plus d'une fois le recours au dictionnaire (vous connaissiez l'adjectif « étique » qui signifie « très maigre » ou la « morbidesse » qui désigne une personne gracieuse et molle à la fois ? bah moi, j'ai appris plein de mots nouveaux !).

Mais Middlemarch, c'est avant tout une description fouillée de la société anglaise du 19 ème siècle, avec ses codes, ses luttes de pouvoir au sein d'un village et ses histoires de coeur.

L'auteur décortique ses personnages minutieusement, elle nous parle de leurs rêves, de leurs espoirs, de leurs envies, de leurs choix de vie, et elle nous montre à quel point chacun s'illusionne au sujet de l'amour, de la vie conjugale et de sa place dans la société.
Nous allons ainsi suivre le quotidien de Dorothea Brook, une noble jeune femme qui aspire à se marier avec un homme qu'elle puisse admirer, quel que soit son âge ou son aspect physique… Cette demoiselle semble sincère mais elle se révèle en réalité assez fatigante avec ses prétentions et sa fausse modestie.
Il y a aussi le nouveau docteur, Tertius Lydgate, qui lui, va tomber amoureux d'une jeune beauté, qu'il trouve délicate, réservée, bref, la quintessence de la future épouse…mais que les hommes sont bêtes parfois !
Et puis, il y a aussi le maire, le banquier Bulstrode, le pasteur Farebrother, des parents désireux de trouver des époux pour leurs filles et toute une ribambelle d'hommes et de femmes honorables et plus ou moins bienveillants, honnêtes, avides de pouvoir, d'amour, de reconnaissance…

L'auteur s'amuse visiblement beaucoup à l'idée de voir ses personnages tomber de haut, se perdre, se rendre compte de leurs erreurs et s'en mordre les doigts et même le bras tout entier pour certains.
J'ai adoré l'écriture de George Eliot, mais il faut du temps et beaucoup de concentration pour lire ce roman social et psychologique qui ne se laisse pas apprivoiser facilement.
Mais franchement, ça valait le coup !
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Middlemarch a beau n'être qu'une petite ville de province, elle devient le monde entier sous la plume de George Eliott. En effet, il y a tout dans ce livre : amour sincère et illusion d'amour; honneur et orgueil; ambitions, soucis d'argent et compromissions; secrets de famille et petits arrangements qu'on fait avec sa conscience; mariages heureux et malheureux; grandes âmes un peu ridicules à force d'intransigeance, mais aussi benêts se donnant de grands airs, coquettes superficielles, bigots hypocrites, et heureusement quelques personnages juste sympathiques ! Tout cela sans grande histoire hors du commun, juste le récit de vies quotidiennes, mais avec une finesse dans l'analyse psychologique des caractères et des motivations et une ironie mordante, joyeuse et remarquablement moderne qui rendent la lecture incroyablement plaisante.

Certes, c'est très long, parfois abscons tant il y a de destins entremêlés et de personnages secondaires, et écrit dans un style un peu ampoulé. Donc on peut, comme moi, passer 4 mois à cette lecture, pauses et reprises comprises, et encore 3 semaines pour la critique. Mais franchement c'est très bon ! Ça vaut donc le coup de s'accrocher, ne serait-ce que pour reconnaître ensuite toutes les Rosamond, Casaubon et autres ... qu'on a autour de nous, ainsi heureusement que les Celia, les Garth et les Farebrother. En fait, George Eliott réussit à fustiger les travers humains, petits ou grands, sans verser dans le pessimisme ou le cynisme. Ainsi sa façon d'égratigner les relations de couple, des raisons parfois aberrantes du choix d'un compagnon jusqu'à la grande facilité pour un mari de rendre sa femme malheureuse, et réciproquement, avec lucidité, mais surtout humour et tendresse.

Étant données la pléthore de personnages et les analyses en apparté du narrateur, le lecteur est plus dans l'observation que dans l'émotion. Mais quelle jubilation nait de cette observation, tantôt amusée, tantôt intéressée ou admirative ! Middlemarch m'a donné l'impression que George Eliott était quelqu'un d'étonnant, impression confirmée à la lecture du dossier qui raconte sa vie mouvementée avec un homme marié ou explique son choix de ne pas présenter les couples les mieux assortis par souci de ressemblance avec la vraie vie... Je pourrais écrire une critique enthousiaste presque aussi longue que le livre (1100 pages, tout de même) mais vais m'arrêter en disant simplement que je suis prête à retourner à Middlemarch quand vous voulez.
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J'ai noté ce livre depuis longtemps, très longtemps, trop longtemps..... Les 1100 pages du livre m'ont fait hésiter.
Maintenant que je l'ai lu, je me demande pourquoi j'ai autant traîné à le lire. C'est simple : j'ai adoré ce livre, c'est vraiment à ce jour l'un de mes coups de coeur de l'année.
De ce fait j'aimerais trouver les mots pour vous encourager à affronter ce monument de la littérature anglaise du 19e.
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D'abord un style magnifique. Comme c'est joliment écrit ! J'ai savouré chaque phrase. En dépit de l'épaisseur du roman, je n'ai ressenti aucune longueur.
Quant à l'histoire.... Ce roman est sous-titré "Etude de la vie de province". On va s'installer à Middlemarch, ville inventée, petite ville rurale où nous allons croiser différents personnages de différents niveaux sociaux. On va suivre la vie de plusieurs personnages, leurs amours, leurs ambitions, leurs déceptions.... Si vous aimez les études fines, psychologiques, ce livre est fait pour vous. Il prend le temps d'installer plusieurs personnages et les observe dans leur vie, leur quotidien.
L'histoire prend son temps et observe les conséquences de décisions parfois désastreuses. On s'attache aux personnages, on prend le temps de les voir évoluer, aimer, se décourager, réussir ou tout perdre....
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Une mention particulière pour le jeune médecin, un personnage particulièrement attachant. Mais étonnamment c'est sans doute le banquier dont je me souviendrai le plus : il est tout sauf lisse et vraiment intéressant, ou comment le passé peut avoir des conséquences longtemps après....
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C'était le premier roman de George Eliot que je lisais. C'est sûr ce ne sera pas le dernier !
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Je ne connaissais pas l'écrivaine anglaise George Eliot avant d'en entendre parler par Mona Ozouf, historienne et philosophe, à l'occasion d'une émission sur France Culture cet été.
Celle-ci en a reparlé lors de sa venue à la médiathèque de ma commune il y a quelques mois. Elle m'a définitivement convaincu de me jeter dans les pages de cet énorme roman, Middlemarch, 1152 pages avec les notes.
George Eliot, oui c'est une femme, tout comme George Sand. J'ai découvert que c'était une manière pour elle d'exister dans ce milieu culturel très masculin de la société victorienne. Tout comme George Sand, George Eliot avait en effet pris un pseudonyme masculin pour échapper à la condescendance avec laquelle on traitait à l'époque les ouvrages d'auteurs féminins.
J'ai adoré ce roman, je l'ai trouvé prodigieux, ample forcément par le nombre de pages, mais surtout par l'intelligence qui s'en dégage, traversant les personnages, leurs sentiments, leurs chemins...
Middlemarch est une ville anglaise, inventée par l'auteure, mais qui se situerait dans les Midlands, le récit se déroule de 1829 à 1832, avec pour toile de fond la société anglaise de cette de la première moitié du dix-neuvième siècle, de l'aristocratie aux classes les plus populaires en passant par la bourgeoisie et la classe moyenne. C'est une fresque complète qui nous donne à voir l'ensemble des pans de cette société victorienne.
Ce sont plusieurs histoires qui se croisent, en particulier les intrigues sentimentales tourmentées autour de trois couples... Le décor social et moral tient compte de l'époque, y compris dans l'expression de ces contrastes : la religion, la politique, l'argent, la médecine et puis le mariage...
Middlemarch, c'est un texte habité par l'ambiance conventionnelle de l'époque, et pourtant il s'en dégage quelque chose de moderne qui m'a séduit tout au long de ce récit.
Le mariage et la vie conjugale sont visités par le statut des femmes.
Mais surtout c'est un roman que ne cesse de parler d'amour, avec beaucoup de mélancolie.
J'ai adoré ce foisonnement de personnages à la fois merveilleux et tourmentés, tiraillés par leurs destins. Chaque personnage porte sa singularité.
Parmi ceux-ci, nous découvrons l'héroïne de ce roman, Dorothea Brooke, magnifique personnage féminin empli d'idéalisme et de générosité. Très jeune femme épris de lettres, elle va se marier avec un pasteur bien plus âgé qu'elle, Edward Casaubon, elle est éblouie par son érudition. le mariage sera un désastre. Elle s'éprend alors d'amitié pour un jeune homme qui lui apporte un rayon de soleil dans la grisaille de sa vie, Will Ladislaw. Or, Edward Casaubon en est jaloux et va inscrire un codicille infamant dans son testament, prévoyant que sa femme héritera bien de sa fortune sauf si elle décide d'épouser Will Ladislaw...
J'ai aimé cette manière de l'auteure de tenter, par la voie romanesque, de revisiter le thème de l'amour, ses zones insoupçonnées, au travers de l'étroitesse des vies des personnages, de leurs tourments, de leurs soucis. J'ai aimé sa manière de nous inviter avec délicatesse à entrer dans l'intériorité des personnages de son roman, faire entendre leur coeur battre, tenter de leur apporter un peu de cette lumière nécessaire à éclairer leurs questions, leurs attentes, parfois leurs désillusions.
La vie conjugale est un enfermement, nous dit George Eliot. Son écriture tente de délivrer les héros de leurs tourments, de leurs soucis. Elle y réussit si l'on accepte de penser qu'une vie sans éclat peut cependant être éprise d'essentiel. Parfois, des vies qui ne font pas de bruit, presque invisibles, ignorées aux yeux des autres, peuvent être fécondes... C'est la petite musique de Middlemarch.
Cette fresque est marquée du sceau de la beauté, beauté intellectuelle, beauté morale, beauté esthétique aussi. Ici, les personnages principaux sont beaux, touchés par des destins singuliers, mais ils ne restent jamais enfermés dans leurs points de départs. Cette beauté morale est mise en relief face au caractère vil de certains être croisés. Il y a des conversions, de belles métamorphoses et parfois Dorothea y contribue. C'est un livre qui parle aussi d'amitié, d'empathie et de paroles bienfaisantes, même si parfois l'ironie et la cruauté s'invitent dans les pages... Ce qui est beau ici, c'est la générosité contagieuse de Dorothea.
C'est aussi un livre profondément féministe.
Je referme ce livre ample, ou plutôt cette odyssée dans l'âme humaine, à la façon anglaise, à la manière de George Eliot, à la manière qu'a Dorothea d'aimer les autres avec confiance et humilité. Ah, j'oubliais de vous signaler la très belle préface de Virginia Woolf, c'est déjà le signe d'une magnifique invitation...
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Olala ! j'ai mis plus d'un mois à terminer ce roman de plus 1000 pages que j'ai trouvé par moments interminable…
C'est à l'occasion du challenge BBC que je me suis mise à la lecture de ce livre. Même si je connaissais le nom de George Elliot, je n'avais cependant jamais envisagé de me lancer dans la découverte de son oeuvre, je ne sais d'ailleurs pas trop pourquoi.
Oserais-je le dire ? Je me suis ennuyée par moments lors de la lecture de ce qu'il faut bien qualifier de pavé, je dirais même plus, de très gros pavé…. Peut-être que ce n'était pas le bon moment pour moi d'entamer cette lecture, étant encore sous le charme de la Foire aux vanités de Thackeray et cherchant peut-être inconsciemment une analogie de style et surtout de l'ironie assez féroce de auteur… Donc, oui, je le reconnais, j'ai avancé dans ma lecture à la vitesse d'une limace sous neuroleptiques, ce qui n'est pas peu dire pour ma part, lisant habituellement assez vite, je dois le reconnaitre…
Cependant, difficile de ne pas être intéressée par les destins de certains des personnages de cette histoire. Il faut d'ailleurs dire qu'il en foisonne des personnages et j'ai plus particulièrement été attirée par le destin de Dorothée, jeune femme résolument moderne et celui de Tertius Lydgate, jeune médecin dont la vie et l'avenir seront clairement en lien avec ses choix matrimoniaux. Ce ne sont certes pas les seuls personnages qui méritent que l'on s'attarde sur leur histoire.
Une lecture en demi-teinte donc pour ma part, même si je reconnais clairement à l'auteur une très belle plume….



Challenge BBC
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"Ayez pitié de l'être accablé; cette souffrance vagabonde
Peut nous rendre visite, à vous et à moi."
Parmi les nombreuses épigraphes qui jalonnent cette vaste fresque provinciale, en voici une que chacun des habitants de Middlemarch mis en avant dans le roman pourrait prendre à son compte, aussi vrai que tous subissent tour à tour coup du sort ou du destin : qui pour un mariage malheureux, qui pour une filiation difficile, qui pour un passé qui le rattrape.
Et pourtant les êtres forts ne manquent pas dans ce petit village aux moeurs corsetés de Middlemarch, à commencer par la pure Dorothea, mal mariée au poussiéreux et pervers savant Casaubon, et dont la beauté lumineuse éclaire en creux celle de la sombre et égotiste Rosamond, qui elle-même fera le malheur du fougueux Lysgate, médecin hors normes que le corps social conservateur de Middlemarch n'aura de cesse de chercher à rejeter. Entre ces eux femmes, Ladislaw le mal-né cristallisera toutes leurs espérances décues, avant de parvenir à sortir par le haut.
Ajoutons un banquier véreux, des aristocrates accrochés à leurs conservatismes, une ridicule tentative de carrière politique lamentablement avortée par l'un d'eux : George Eliot se fait plaisir à croquer avec une ironie mordante ce petit monde étroit où les grandes âmes peinent à se déployer, tout en couvant ses personnages d'une plume pleine de verve, d'empathie et de hauteur de vue, avec une tendresse particulière pour la famille Garth qui, positionnée moins haut dans l'échelle sociale du village, échappe aux carcans moraux qui régissent la vie des autres.
J'ai pris un immense plaisir à dévorer en trois jours, canicule aidant, ce gros roman à l'intrigue simple mais palpitante et à plonger dans l'analyse ciselée comme une dentelle de l'évolution de chaque personnage en prise avec son époque et ses sentiments. Magnifique classique!
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Se déroulant dans les années 1831 à 1832, dans la petite ville fictive de Middlemarch, le roman met en scène plusieurs intrigues sentimentales autour de deux personnages phares, Dorothea, une belle jeune fille pétrie d'intellect et d'idéalisme, qui aspire à se rendre utile aux autres, et Lydgate, un jeune médecin cherchant à imposer ses idées progressistes, qui tous deux vont se fourvoyer dans leurs choix amoureux. Autour d'eux gravitent de nombreux personnages secondaires qui représentent toute la société que l'on peut trouver dans une petite ville de province de l'époque : forte représentation des ecclésiastiques avec pasteurs et vicaires, métayers, régisseurs, banquier, maire, institutrice, jeunes filles à marier et vieilles filles charitables etc. Leur évolution est passionnante et l'intrication de leurs destins nous tient en haleine jusqu'à la fin du roman.

J'ai aussi beaucoup aimé la profondeur et la justesse des analyses psychologiques menées par la romancière pour expliquer le cheminement intime des pensées qui guident les actes de ses personnages. On ne trouve plus dans la littérature d'aujourd'hui une telle richesse d'analyse dans les portraits et cette exploration que George Eliot fait de la psyché est réellement impressionnante.

Outre les intrigues sentimentales et déboires financiers ou professionnels de tout ce microcosme, le roman contient une forte dimension historique puisqu'il se déroule à une période charnière de l'histoire de l'Angleterre, à un moment où de nombreuses réformes se mettent en place : révolution industrielle qui s'applique même dans les provinces avec l'arrivée du rail, progrès scientifiques que l'on perçoit avec le personnage de Lydgate, qui entend bien appliquer une médecine débarrassée de tout charlatanisme et secouer les mentalités en modernisant l'hôpital, réforme politique qui voit s'affronter whigs et tories...

Middlemarch est dense, riche de thématiques diverses et l'on comprend sans peine qu'il soit considéré comme le chef d'oeuvre de George Eliot. Pourtant, même si je l'ai beaucoup aimé, je lui préfère le Moulin sur la Floss, sans doute moins ambitieux et plus mélodramatique mais dont les personnages m'ont bien plus touchée.

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Dorothéa et Celia sont orphelines. Elles vivent à Middlemarch chez leur oncle, l'étourdi M. Brooke.
Dorothéa entière, généreuse, pleine d'idéaux, pense trouver en M. Casaubon, le mari parfait pour elle, même si le triste sire, de près de 30 ans son ainé, n'a rien pour plaire.
Très vite elle s'aperçoit qu'elle s'est trompée, que son mari ne fait rien pour l'impliquer dans sa grande tâche, un recueil qui synthétiserait toutes les mythologie. D'ailleurs, s'avouera-t-elle que la grande tâche en question n'aboutira jamais, qu'elle est vaine ?
Celia, quant à elle, accepte d'épouser Sir James Chattam que Dorothéa avait repoussé. Elle vit heureuse et s'inquiète beaucoup du sort de sa soeur qu'elle voit vite s'étioler aux côtés du triste bonhomme Casaubon.
Au même moment, s'installe à Middlemarch, le Dc Lydgate. Ambitieux, moderne, il s'attire très vite des rancunes par ses principes, ses méthodes qui vont à l'encontre des habitudes de soins traditionnelles.
Quand il tombe amoureux de la belle mais superficielle Rosamund on devine qu'il va souffrir. Son épouse ne pense qu'aux fanfreluches, aux diners, à s'élever dans la société et très vite le ménage adopte un train de vie bien au-dessus de ses moyens.
Il reste un couple à suivre.
Fred Vincy, le frère de Rosamund, est amoureux de Mary Garth. Si la jeune femme est qualifiée de « pas très jolie » elle a indéniablement de la séduction car Fred après des paris risqués, gagés par le bon M. Garth, craint de l'avoir perdue à jamais et voit d'un mauvais oeil le révérend Farebrother sous son charme.
Comment vont se dénouer toutes ces histoires auxquelles il faut ajouter la présence si gênante aux yeux du sinistre Casaubon de son jeune cousin, le beau Will Ladislaw, subjugué par la beauté de Dorothéa ?
Les langues vont bon train à Middlemarch. Tout le monde commente les évènements, le mode de vie adopté par les uns, les choix fait par les autres. Chacun prend parti.
Voici un roman que je voulais lire depuis un temps certain.
Je dois bien admettre que j'ai eu bien du mal à entrer dans cette petite société middlemarchienne. L'intrigue est très longue à être posée. Certains passages du début sont bien longs.
Lu dans la cadre d'une lecture commune, je dois avouer que les encouragements et l'enthousiasme de certaines, et oui que des femmes, m'ont motivé à poursuivre… et grand bien m'en a pris car ce roman est d'une grande richesse de style, de psychologie des personnages. Tous sont fouillés à l'extrême.
Certains sont détestables à souhait. Les égoïstes d'abord avec Casaubon bien sûr mais aussi l'inconstante Rosamund et son aplomb à n'en faire qu'à sa tête.
Le banquier Bulstrode m'a particulièrement répugné. Que la religion soit son pilier, grand bien lui fasse. Qu'il passe son temps à faire la morale et à juger leurs moeurs de ses voisins : voilà qui est fréquent. Mais les révélations sur les origines de sa fortune m'ont fait apprécier son déshonneur.
D'autres sont très attachants. Si Dorothéa m'a semblé un peu trop « sainte » pour me plaire vraiment, Lydgate un peu trop rigide, j'ai eu un attachement particulier pour Fred et Mary, pour Will, mais en fait ce sont surtout des personnages « secondaires » qui ont eu ma faveur. M. Brooke et ses tics de langage, ses résumés à l'emporte-pièce, la bonté et la modestie de M. Garth, le couple Cadwallader…
Une oeuvre séduisante par son côté so british, suranné.
Merci à @Gaphanie à @Thrinecis à @Qu_est_ce_je_lis à @Bidule62 à @Ptitmousse et à @Pas-chacha de m'avoir accompagnée dans cette lecture.
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