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sur 3218 notes
Le livre dont je vais vous parler aujourd'hui est un roman qui a marqué toute une génération de lecteurs. Depuis plus de vingt ans j'entends parler en des termes passionnés d'un bouquin, parlant d'un serial killer très particulier puisqu'il s'agit d'un golden boy new-yorkais qui se fond parfaitement dans la masse et assassine en toute impunité. Visiblement ce roman, soit on l'aime, soit on le déteste, et comme je suis friande de cette littérature j'ai voulu tenter l'expérience. C'est pourquoi je vous parle maintenant du célébrissime roman de Bret Easton Ellis, American psycho. Et pour ne rien vous cacher, je fais partie de la team de ceux qui sont totalement passés à côté de ce monument littéraire. Je vais tenter d'expliquer pourquoi.

« - Faut-il apporter des fleurs?
- Nooon. Bon Dieu, c'est toi qui la baises, Bateman. Pourquoi devrions-nous apporter des fleurs à Evelyn? Débrouille toi pour avoir la monnaie sur cinquante, dit-il au chauffeur, jetant un coup d'oeil sur les chiffres rouges inscrits au compteur. La vache. C'est les amphés. Désolé d'être aussi nerveux. » p. 16

L'histoire débute au début des années 90, Patrick Bateman a vingt-sept ans, il travaille dans la finance à Manhattan, sort d'une prestigieuse université, habite un immeuble ultra luxueux et ne fréquente que des gens de son milieu. Dans son monde seules les apparences comptent, la marque des vêtements, la situation de son appartement, les lieux à la mode fréquentés servant la meilleure cuisine... le paraître est devenu une raison de vivre pour cette génération de jeunes requins se prenant pour les maîtres du monde. Avec notre recul, nous savons ce qu'il en est advenu une quinzaine d'années après... C'est aussi un milieu de tous les excès, où tout est permis, sexe à outrance pas toujours protégé malgré le sida qui fait des ravages, consommation de drogues et médicaments quasiment à la vue de tous, argent dépensé sans compter pour tout ce qui est tape à l'oeil. Voilà qui provoque d'emblée une forte antipathie de la part du lecteur, c'est le but de l'auteur je pense, puisqu'il dépeint des êtres détestables.

Bateman a donc tout pour être « heureux », mais dans ce monde où tout est consommable, c'est un jeune homme qui développe de grosses angoisses qu'il peine à gérer au quotidien. Il est obnubilé par l'idée de vieillir, par la déchéance corporelle et par le fait de n'être pas reconnu par ses pairs. L'aspect d'une carte de visite qui lui parait plus aboutie que la sienne ou d'un costume plus cher que le sien peut déclencher chez lui une crise de panique qu'il compense par la suite par un accès de rage. Et comme dans son mode de vie c'est no limit… Patrick tue celui qui le dérange, sans même prendre de véritables précautions pour s'en cacher. Personne n'est à l'abri de sa fureur, SDF, prostituées, mais aussi collègues de travail ou relations amoureuses. Mais il y a la disparition de trop et une enquête va finir par mener jusqu'à lui, ce qui va lui pointer du doigt une certaine vulnérabilité et lui faire perdre le contrôle qu'il croit détenir sur tout.

« Il est un peu plus de six heures. Hamlin porte un costume Lubiam, une superbe chemise Burberry's de coton rayé à col ouvert, une cravate de soie Resikeio, et une ceinture Ralph Lauren, Reeves porte un costume croisé à six boutons, Christian Dior, une cravate Clairborne en soie imprimée… » p. 121

Ce roman de Bret Easton Ellis tient autant de la satyre sociale que du roman noir, c'est ce qui a émoussé mon intérêt pour ce texte et très rapidement. L'auteur décrit longuement l'univers de Bateman, dans les moindres détails, et ce qui va toucher au génie pour certains m'a très vite lassée et m'a fait abandonner ma lecture peu après la page 200 de ce livre qui en compte plus de 500. Dès les premières scènes, tout est passé en revue, les vêtements des personnages dans leur intégralité, le menu de chaque restaurant, le décor de chaque pièce, le prix des différents costumes ou objets, le parcours universitaire de chacun. Et je me suis vite ennuyée jusqu'à arriver à un point de non retour. Même si le côté sombre de Bateman est suggéré rapidement dans le roman, il faut attendre près de deux cent pages pour son premier passage à l'acte et ce n'est pas pour autant le début de l'action puisque nous voilà aussitôt repartis vers des passages descriptifs. Cinq pages sur l'histoire du groupe Genesis ont contribué à mon désarroi, même si au demeurant je peux trouver le sujet intéressant.

Quand j'ai évoqué ma lassitude avec certaines personnes, il m'a été répondu que ce roman correspondait à une époque, c'est tout à fait vrai, on retrouve l'ambiance encore légère des années 90. du moins dans un certain milieu qui côtoie pour autant une grande détresse sans en avoir la plus petite conscience. Au contraire, la misère est une verrue qui dérange. En ça je suis d'accord, c'est le roman de la décadence totale, du libéralisme, de la consommation. Les personnages sont totalement antipathiques, je pense que ça m'a apporté une difficulté de lecture supplémentaire puisqu'il n'y en a pas un pour rattraper l'autre.

« Je tend le bras et touche doucement son visage, plein de compassion, murmurant : « Vous vous rendez compte à quel point vous êtes un looser? » Il se met à hocher la tête, impuissant, et je sors un couteau-scie, long et effilé, et, prenant bien soin de ne pas le tuer, j'enfonce la lame… » p. 178

Ceci dit, les quelques scènes plus punchy que j'ai pu lire sont d'une grande violence, le passage à l'acte de Patrick, sa compulsion dans le meurtre et son sentiment de toute puissance extrême bien racontés. Donc je peux comprendre l'engouement suscité par ce livre qui a été écrit il y a maintenant 28 ans. En effet, le lecteur qui apprécie peut quelque part s'attacher à un anti-héros complètement maniaque et compulsif. Ça me rappelle un autre tueur en série mais que j'aimais bien car il avait une âme de justicier qui le rendait sympathique, ce qui ici est bien loin d'être le cas.

Après cet abandon, je me suis dit que j'allais voir le film tourné neuf ans après la sortie du livre. Il est bien réalisé, fidèle à ce que j'ai lu, descriptions en moins. Toutefois juste après la lecture on s'attache aux plans filmés qui mettent bien l'accent sur des détails connus du lecteur. La bande son est également très fidèle à celle suggérée tout au long du livre et très importante pour Bateman qui vit avec son casque audio vissé sur les oreilles. Disons qu'il m'a permis d'aller plus ou moins au bout de l'histoire (j'avais quand même lu les derniers chapitres car je sais que je n'y reviendrai pas).


Voilà pour cette chronique d'abandon, bien sur je suis déçue car j'ai attendu longtemps avant de lire ce roman. Malgré tout je pense avoir saisi le but de l'auteur même si je n'ai pas adhéré à son oeuvre et je salue son talent pour dépeindre un décor dans son intégralité et coller à l'ambiance subtile d'une époque.
Lien : https://leschroniquesdeminui..
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Bret Easton Ellis, dans Lunar Park, décrit Patrick Bateman comme un narrateur non fiable. Cela donne une clé de lecture pour American Psycho dont les scènes de violences sont pour moi le fruit de l'imagination de Bateman. Bateman est un personnage frustré par la réussite de ses semblables fasse à sa relative incompétence et par l'absence de reconnaissance paternelle (chère à l'auteur), paternel auquel il doit pourtant sa position dans sa boîte et donc ses costumes Armani. Bret Easton Ellis décrit le désarroi auquel amène la superficialité des critères de réussite dans les sociétés consuméristes des dernières décennies... et le désarroi n'exclut sans doute pas le passage à l'acte.
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Je pense qu'american psycho, malgré tout ce que l'on en a dit, est un mauvais livre. Alors bien sûr, derrière cette façade rebutante d'ennui, de trash, de gore, de vide, de dépouillement de style, il y a un but, qui est, pour faire bref, de livrer une sorte de critique froide et implacable d'une société de consommation perdue, qui perd spirituellement autant qu'elle amasse matériellement. Okay. Mais pour en arriver à cet ersatz d'intérêt, il faut d'abord s'envoyer un véritable catalogue concernant tout à la fois la musique, le multimédia, les fringues, les compte-rendus de conversations stériles sans queue ni tête entre des protagonistes aussi amorphes que des zombies, des scènes de tortures aussi ennuyeuses que tout le reste mais en plus terriblement trash, des scènes de sexe gores et super soporifiques, et j'en passe.
Alors je comprend pas réellement l'utilité de s'infliger tout ça pour en arriver à la seule conclusion suivante : la société de consommation pervertie l'être humain.
American psycho est un livre qui parle du vide, de la déshumanisation, de l'horreur et de l'ennui. le problème c'est que dans une sorte de mise en abîme ( volontaire je n'en doute pas ) il devient ce dont il parle.
C'est donc malheureusement un livre vide, déshumanisé, horrible et ennuyeux.
À mes yeux en tous cas :)
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Il faut se méfier de ce qu'on lit, le titre peut s'avérer trompeur : Alfred Hitchcock n'a rien à faire dans cet article. Je voulais vous parler aujourd'hui d'un des auteurs contemporains que je préfère, à savoir Bret Easton Ellis.

J'ai découvert sa bibliographie il y a une dizaine d'année maintenant, et chacun de ses ouvrages m'a percutée, que ce soit par sa violence ou ses personnages plus noirs les uns que les autres. "Il y a quelque chose de pourri au royaume du [glamour]". Et je dois avouer avoir une préférence pour American Psycho. le titre déjà, plait par sa généralisation de la folie à l'Amerique entière. Et ensuite le quatrième de couverture, par son résumé du dichotomique du personnage principal : "Patrick Bateman est un de ces yuppies à qui tout semble réussir et qui pense que rien n'est trop beau pour lui. Comme ses collègues de la Chemical Bank, il affiche une ambition sans scrupules, passe son temps à collectionner les signes extérieurs les plus coûteux possible de sa réussite et va sniffer des lignes de coke dans les soirées huppées. À la différence de ses amis, il se livre tout de même à un loisir d'un genre particulier. La nuit, il tue, viole et torture comme ça, pour le plaisir, pour évacuer le stress et être plus performant dans la journée."

J'ai passé plusieurs jours en compagnie du sympathique Patrick, tout en dents blanches et sourire carnassier. Un aspect de gendre idéal carriériste, nouveau riche, qui pourrait en séduire plus d'une. Mais à la nuit tombé le masque tombe et le prédateur est en emoi. Une sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde de l'Upper East Side.

L'intrigue peut paraître convenue, mais c'est son traitement qui vaut le détour. On évolue dans un univers glamour, où le paraître est roi. Les gens sont interchangeables, les prénoms vus comme des accessoires. L'identité parce que l'on paraît plutôt que par qui l'on est. Tous les protagonistes sont semblables, les lieux identiques. Une sorte de labyrinthe dans lequel les âmes damnés ont échoué et ne pourront en sortir vivant. La toute dernière phrase accentue d'ailleurs ce sentiment "sans issue". Glaçant tout simplement.

L'autre fait troublant est que l'on ne sait jamais si nous sommes dans les songes de Bateman ou s'il agit vraiment. En effet, ce dernier vie dans le stupre, la drogue et l'alcool. le doute est donc permis. Ce doute n'est d'ailleurs à mon sens pas assez exploité dans l'adaptation cinématographique que j'ai trouvé moyenne. Christian Bale, quant à lui, à son habitude, excelle.

Je ne saurai que vous conseillez de lire ou relire Brest Easton Ellis, sa vision débridée de l'Amérique contemporaine vaut qu'on s'y intéresse.

Bonne lecture à vous ! 🎈
Lien : http://lesjolismotsdeclem.co..
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American Psycho est la plus parfaite des représentations du consumérisme, du matérialisme, égocentrisme, racisme ( et plein d'autre trucs qui se terminent en isme ) d'une société américaine. D'ailleurs le bouquin nous assomme, pratiquement à chaque page, de noms de marques de fringue, de modèle de chaine hi fi, de télévisions, de radio-cassette, allant même parfois à en expliquer minutieusement le fonctionnement de l'uns ou autre appareils. L'auteur ( ou plutôt Bateman ) décrit l'habillage des personnages systématiquement, à chacune de leur apparition, dans une précision diaboliquement obsessionnelle, nous balançant allégrement à la tronche des noms de couturiers dont vous n'avez surement jamais entendu parler. Faute de pouvoir nous torturer physiquement à l'image de son personnage, l'auteur le fait via cette déferlante vertigineuse de noms et descriptifs qui ponctue les 500 pages ( ou presque ) du bouquin. Les biens matériels sont des organes vitaux pour Patrick Bateman et ses amis ; pas question de sortir sans son Amex Platine, sans sa Rolex, son attaché-case Bottega Veneta à 3000$ ou des chaussettes Armani à 60$ la paire. Dinant dans des restos hors de prix, les rencontres entre Bateman et ses potes plus cons et superficiels les uns que les autres sont entrecoupés de scènes de tortures décrite dans une minutie des plus malsaine. Meurtres de SDF, d'enfants, dégustations de prostituées après les avoir décapitées, trucidage d'un connard de collègue, tout le monde y passe. La folie de Bateman est totale, et pourtant, dans un monde ou tout est remplaçable, que ce soit une Rolex ou un collègue décapité à la hache, à aucun moment de l'histoire, l'entourage de Bateman ne suspecte quoique ce soit de ses activités morbides. Evelyn, McDermott, Tim Price, Paul Owen, tous semblent aveugles même quand notre ami Bateman, au cours d'une conversation dans un resto hors de prix, vient à lâcher de manière incongrue : "J'aime décapiter des filles" et autre trucs du style. Vers la fin du bouquin, beaucoup d'éléments laissent à penser que tout se passe dans l'esprit malade de Bateman ( Paul Owen, son appartement...etc ) malgré tout l'auteur laisse le doute planer. Les derniers chapitres sont d'une certaine mélancolie, Bateman est coincé dans un monde qu'il n'arrive pas à cerner, se demandant qu'elle est sa place dans cette mascarade. Il n'y a vraisemblablement pas de remède au mal de Bateman, et le bouquin se termine sur l'acceptation de sa condition de monstre engendré par le monde. Saviez vous que les hommes des cavernes étaient plus musclés que nous ?
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Un livre qui fait froid dans le dos. Un rythme difficile à appréhender au départ. Mais les descriptions sont terrifiantes! Bateman rode la soir et les descriptions de ses folies sont d'une réalité folle. Un classique à lire!
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Une lecture extrêmement difficile de part l'écriture, l'histoire et le personnage. Si j'ai trouvé intéressant d'utiliser un ton uniforme pour décrire tous les aspects de la vie de Bateman afin de montrer son côté sociopathe, le tout devient trop redondant. C'est long, avec des descriptions totalement inutiles (je passerais sur les chapitres sur Whitney Houston, Hewey Lewis ou Genesis, sans intérêt aucun) et même les descriptions des meurtres ne m'ont pas fait sourciller.
J'ai trouvé l'histoire brouillonne, sans réel sens et insipide.
Si le côté vulgaire ne m'a pas dérangée, j'ai par contre trouvé l'écriture horripilante; les descriptions à foison,les dialogues à la limite de l'absurde m'ont ennuyés.
L'idée de base est pourtant très intéressante, mais le traitement du sujet qu'en fait Ellis m'a empêché de rentrer dans l'histoire. Pourtant, entre un sociopathe et une critique sous jacente de l'apparence, le tout sur un ton froid adéquat il y avait matière à créer un récit plus prenant.
Pour une fois, j'en resterai à la version cinématographique et me contenterai d'oublier mon calvaire livresque avec ce roman.
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Je n'ai pas accroché du tout. Je n'ai pas adhéré au style mais me suis accrochée pour le terminer.
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Lorsque j'ai lu American psycho, au début des années quatre-vingt-dix, j'ai fait des cauchemars pendant plusieurs jours. Cela ne m'était jamais arrivé, et cela n'est plus jamais arrivé dans ma vie de grand lecteur.

Autant dire que je mets un avertissement énorme : la lecture de ce roman est réservée, je dis bien réservée, aux adultes, et aux adultes qui ne sont pas facilement impressionnables !

Lire la suite de la critique sur le site le tourne page
Lien : http://www.letournepage.com/..
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Livre très crû, à la limite de l'écoeurement! Dérangeant, c'est un coup de poing dans les côtes. Société délitée, corrompue, perverse et baignée d'ennui et de vacuité.
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