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sur 3184 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Patrick Bateman est un golden boy dans les années 80 aux USA. Dans un monde des apparences, où chaque objet a un prix, où l'on n'achète que le meilleur, où chaque rapport sexuel est à hauteur du prix du restaurant dans lequel on dine avant, tout pourrait paraitre lisse et sans saveur, griffé Armani. Mais Patrick a des petits passe-temps bien à lui pour tromper l'ennui et donner un petit peu de piment à sa vie.


Quel livre, non mais quel livre !!! Je ne sais même pas si j'ai détesté ou adoré ! Et il m'aura fallu également pas mal de temps pour comprendre ce que me racontait ce livre. Et pour lui trouver une interprétation qui m'aille bien. A défaut d'autre chose, American Psycho aura testé ma résistance sur le descriptif d'habits, de mobilier, de restaurant, de fil dentaire, de femmes (oui, oui, dans l'esprit de Bateman, toutes ces choses sont de même niveau...), avant de m'horrifier par quelques passages tombant littéralement dans le gore, le porno, la torture la plus extrême. On trouve très peu de ces derniers éléments au départ, ils sont noyés dans les éléments du décor (au sens propre). Ils deviennent par la suite de plus en plus fréquents, au fur et à mesure que le délire de Bateman prend le pas sur sa réalité. du coup, Armani et consort, ça repose !
De nombreuses critiques évoquent American Psycho comme une critique acerbe (certes !) de la société capitaliste, libérale et consumériste, notamment américaine (pour moi, cela renvoie au premier mot du titre). Les personnes qui les ont écrites en parleront beaucoup mieux que moi ! Dans American Psycho, aujourd'hui, moi, je voudrais vous parler du côté Psycho. Et en premier lieu, du désert affectif dans lequel évolue notre héros. le monde tel que Bateman le voit, c'est un monde capitaliste, libéral et consumériste (la différence avec ce que je disais juste avant, c'est que là, je ne parle que du monde tel que le perçoit Bateman, son interprétation propre), dans lequel ce qui compte, c'est ce qui se voit, de préférence le plus cher et le plus clinquant. Tout se juge et se jauge à partir de critères rationnels et quantifiables, aussi bien la cravate que la musique (d'où quelques analyses amusantes de groupes de musique américains dans le livre!). Dans ce monde, ce qui est terrifiant je trouve, c'est l'interchangeabilité des choses, mais surtout des gens, au même titre que les chemises. Les noms sont interchangeables, les personnes, et même ces fameux traders côtoyés quotidiennement (on tuerait sa mère pour obtenir un nouveau portefeuille convoité). Il n'y a qu'à voir toutes ces références à, lors des diners entre collègues dans les restaurants à la mode, "ce ne serait pas untel ?", "ce ne serait pas la femme de celui-ci ?"... Alors les SDF, les prostituées, les petites amies mêmes, les animaux, on s'en cogne. S'il en manque à l'appel, il y en a des dizaine qui prendront la relève. Dans ce monde, Bateman lui aussi est interchangeable et non nécessaire, le statut n'a au final d'importance que sur le moment, et la vie n'a pas beaucoup d'intérêt. On est vivant aujourd'hui, on sera mort demain, quoi !
Bref, Ellis Easton nous fait entrer dans la réalité de Bateman, en nous faisant croire que c'est la réalité tout court. J'ai mis beaucoup de temps à voir cette différence, un peu plus de 500 pages quoi... Et pourtant, les indices trainent et sont semés tout au long du texte... Je me rappelle d'un dialogue entre Bateman et sa petite amie qui le gonfle, et à laquelle il ne répond pas poliment (quelque chose comme "ta gu*" ou "tu m'emm*"). Sauf qu'elle ne l'entend pas. Parce qu'il ne l'a pas vraiment dit, excepté dans sa propre réalité. Batemant navigue constamment entre fantasmes et réalités, une navigation largement facilitée par l'alcool et la drogue. Il est plein de routines, d'idées fixes, méticuleux à l'extrême, obsessionnel pourrait-on dire. Il ne rate jamais la diffusion du Patty Winters Show, au pire, il l'enregistre. Il loue toujours la même cassette vidéo porno. Et il s'éclate toujours en la voyant. Les misérables, chef d'oeuvre de la littérature française, revient tout au long de l'ouvrage, en référence. A se demander qui ils sont, ces Misérables là !
Et puis, quand Bateman tue l'un de ses collègues, ce dernier est pourtant vu plus tard, à Londres. D'ailleurs, quand il se rend à son appartement dont il a conservé les clés, il ne reconnait même plus le bâtiment ! Bref, des indices qui montrent le délire de Bateman, il y en a tout un tas, disséminés dans le texte, au lecteur de les prendre. Ou pas. Parce que le problème, c'est que tout ce qui est écrit parait diablement crédible, horriblement réaliste, toujours dans ce style froid et factuel. Il y a bien quelques moments d'émotion, au plus fort de la folie meurtrière et sadique, lors d'un concert de U2, de façon totalement inattendue, ou lors d'un diner avec sa secrétaire. Mais ces moments-là sont très rares. du coup, American Psycho apparait comme un livre ambigu laissant à chacun sa propre interprétation : fantasme, réalité, mélange des deux.
C'est une parodie poussée jusqu'au bout des travers de la société capitaliste des années 80, une critique sociale horriblement cynique, qui titille la part sombre qui est nous. Bateman y apparait comme un monstre engendré par ce monde, qui cherche en lui-même des limites qu'il ne trouve pas en-dehors, élargissant ainsi le cercle de la torture et de la mise à mort. Mais qu'on se le dise : serial killer ou pas, le business comme le sexe continuent de faire tourner le monde. Et ça, ça fait froid dans le dos ! Impressionnant !
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Bret Easton Ellis dresse ici le tableau de la jeunesse dorée Américaine dans tout son cynisme et son arrogance, dépeinte avec froideur et réalisme comme dans ses précédents ouvrages. Le rendu est puissant.

Le point essentiel de nos personnages est leur apparence dans la société; ils sont superficiels, totalement inconsistant et ne surnagent dans leur monde que grâce aux quantités d'anti-dépresseurs, alcool, drogue et sexe qu'ils consomment quotidiennement. Et c'est dans ce cadre que nous suivons les pérégrinations de notre héros Patrick Bateman qui travaille (il faut vite le dire) à Wall Street et est par ailleurs un dangereux psychopathe! Les quelques longueurs lors des descriptions vestimentaires ou analyses de groupes de musiques sont à mon sens nécessaires à la pleine caractérisation de notre cher Bateman.

Bret Easton Ellis nous montre ici, toujours avec le même brio, jusqu'où cet américanisme infernal peut amener certains individus.

A noter l'excellente et réputée adaptation cinématographique du roman.

Par ailleurs une très bonne traduction d'Alain Defossé.
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American Psycho est le tout premier livre de Ellis que j'ai lu et ce fut une expérience à la fois éprouvante et enthousiasmante. Je n'avais jamais lu rien de tel et j'en ai été abasourdie.
Ellis a un style bien à lui, sa pensée n'est pas linéaire, il ne respecte aucune conventions littéraires à part les siennes et le résultat est saisissant.

Le roman est le discours intérieur d'un yuppie déglingué, un flot discontinu d'absurdités, chargé de descriptions d'une minutie hystérique sur les détails les plus insignifiants du quotidien. On reste 10 pages sur la description d'un costard Armani ou sur la toilette du matin.

C'est un roman obsessionnel qui m'a rendue obsessionnelle. Je n'arrivais pas à m'en détacher pourtant j'ai essayé. Je me revois encore allongée sur mon lit, prise de nausées après la lecture d'une scène de meurtre à la cloueuse électrique, me jurant de ne pas finir ce maudit bouquin et me jetant dessus comme une affamée dès que la nausée fut passée.
J'y pensais tout le temps, j'en ai même rêvé et je n'ai été capable de commencer un autre livre que de nombreuses semaines après avoir fini celui-ci parce que je n'arrivai pas à me le sortir de la tête.

American Psycho m'a fait l'effet d'un lavage de cerveau !
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American Psycho
Traduction : Alain Defossé

Je l'ai relu et, commencé un samedi soir, le livre était terminé au bout de vingt-quatre heures. Or, j'admets n'avoir "zappé" que deux descriptions de vêtements !!!!! - et les dernières scènes de meurtres, j'avoue !!!!! Parce que, à la lumière du temps écoulé, j'ai compris - ou cru comprendre - que ces longues descriptions permettaient aussi à Bateman de se raccrocher à la réalité.
C'est vrai : ce type est complètement fou. Il vit dans un univers schizophrénique absolu, le golden boy d'un côté, le psychopathe de l'autre mais est-il suffisamment courageux pour passer à l'acte ainsi qu'il le dit ? Ne fantasme-t-il pas en fait ? A un certain moment, on se demande comment il peut verser autant de sang dans son appartement sans que sa femme de ménage s'en émeuve (à la fin d'ailleurs, on voit cette brave dame ramasser les journaux poisseux de sang et les mettre dans la poubelle comme si de rien n'était, à tel point que Bateman lui-même se pose des questions ... )
Avec une très grande habileté, Ellis nous suggère que son personnage possède un loft dans un endroit isolé. Soit, mais il tue aussi dans son appartement et, à lire les descriptions aussi minutieuses qu'horrifiantes qu'il nous donne de ses crimes, il est clair que les murs sont éclaboussés par le sang et la cervelle. Alors ?
Alors, Ellis invente l'appartement de Paul Owen - autre golden boy porté disparu et que Bateman prétend avoir liquidé tout en conservant par devers lui ses clefs et son argent. Ce point de chute inattendu va lui permettre de tuer également ailleurs que chez lui. Mais toujours selon le même modus operandi, voilà le hic. Et lorsqu'on met en vente l'appartement d'Owen - eh ! oui ! on finit par le mettre en vente, il fallait s'y attendre - rien, il n'y a rien, pas une seule tache, pas un seul ragot sur ce qui s'y serait passé. Pire, l'agent immobilier - une femme - prend visiblement Bateman, venu badauder, pour un dément qu'il faut ménager mais non dénoncer à la police ...
Celle-ci d'ailleurs n'apparaît jamais. Il y a bien un détective privé venu enquêter sur la soit-disant disparition d'Owen mais il ne fait que passer. Dans les derniers chapitres, on peut croire qu'un chauffeur de taxi anonyme va se substituer à la Némésis urbaine pour régler son compte à Bateman mais, à y regarder de plus près, on se demande si ce dernier n'est pas finalement une victime qui se fait dérober tout son argent et ses objets de valeur par un individu qui joue de sa folie pour le culpabiliser un maximum.
Si la société américaine et le culte du profit sont mis en cause dans cette aliénation d'une personnalité, la famille est aussi montrée du doigt. On ne saura jamais pourquoi Bateman panique lorsqu'on lui suggère que sa coiffure ne pourrait pas être aussi nette qu'il le souhaite mais on constate, là encore à l'extrême fin du roman, que sa mère est elle aussi hantée par la bonne tenue de ses cheveux ...
Un livre à lire, c'est certain mais aussi à relire car une première lecture ne permet pas d'en discerner toutes les richesses. ;o)
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Autant Bret Easton Ellis m'avait profondément ennuyé avec "Moins que zéro", autant il m'a enthousiasmé avec "American Psycho". le style d'écriture qui était le point faible de son premier roman devient le point fort de celui-ci. Ce style lourd et répétitif permet de créer cette atmosphère aseptisée où évolue le narrateur psychopathe. Il n'est qu'un pion qui obéit instinctivement aux règles de vie dictées par le monde de la finance. Plus sa vie s'enfonce dans la monotonie et l'indifférence, plus ses crimes sont cruels et fréquents. Il semble tout simplement prendre dans ses meurtres les libertés que son univers lui a confisquées.
Malgré des descriptions matérielles pesantes, le texte m'a entraîné avec force dans l'esprit malade et confus de Patrick Bateman. Seuls les quelques chapitres décrivant avec moult détails les impressions du narrateur sur les albums d'artistes (Whitney Houston, Génésis...) m'ont paru superflus, mais le tout reste une expérience unique, qui bouleverse les codes et qui m'a marqué au fer rouge!
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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wahou so shocking! âme sensible donc s'abstenir!
On suit l'histoire de Patrick Bateman qui contrairement au super héros lui est super sociopathe. Monsieur entre ses riches soirées mondaines et ses plans cul (sisi on a les détails) s'amuse à zigouillé et à violé (description magnifique des tortures infligées)
Un livre bouleversant sur la nature du genre humain qui ne laisse pas indifférent!
PS ne pas se laisser avoir par le début très lent qui met en place le contexte dans lequel vit le personnage principal la clé bien sûr vient à la fin!
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Je viens de relire American Psycho.
Troisième fois que je le lis, je pense, je ne suis pas sûr. Qu'importe. J'avais oublié à quel point les scènes de violence sont... violentes. C'est vraiment du gros gore qui tâche, toutes les descriptions sont détaillés à l'extrême, comme dans les meilleurs/pires romans du genre.
Je me suis surpris à me sentir choqué, alors que non seulement je l'ai déjà lu, mais que j'ai une certaine expérience du trash dans la littérature et le cinéma. J'imagine que je vieillis.

Sans ces pitreries hardcore, le bouquin serait totalement jubilatoire, car ce croisement entre le Loup de Wall Street et le bûcher des vanités donne une critique acide et hilarante du petit monde cynique des yuppies de Wall street. Vraiment, certrains passages sont à pleurer de rire. Mais sans ces pitreries gore, le bouquin ne serait que jubilatoire et comique. Alors qu'il devient.... beaucoup plus.

Le roman se passe à la fin du mandat de Reagan, qui avait ouvert en grand les vannes du capitalisme le plus sauvage, sous prétexte de relancer l'économie américaine. S'en était suivi une dérégulation totale du marché qui avait profité à une frange mineure de la population, au détriment de tous les autres et de l'ensemble des services publics. Un désastre social que les USA n'en finissent pas de payer.
C'est l'univers de cette infime portion des cols blancs, issue des facs élitistes de la côte est, que Brett Easton Ellis dépeint avec un talent hors pair.
La descrition de leurs vaines routines quotidiennes, de leurs journées creuses, de leur incroyable vacuité, est un pur délice, un elixir littéraire. En ce sens, oui, la description en détail des vêtements qu'ils portent est indispensable.

Ce monde est celui de l'avant 11 septembre, l'avant crise des subprimes et la chute de la banque Lehman brothers, celui de l'absolue domination de Wall street, tel qu'on le voit dans le film d'Oliver Stone. Un monde grand ouvert aux délires des golden boys, tous interchangeables, qui dans le roman ne cessent de se confondre, miroir aux reflets multiples.

Aujourd'hui, le cynisme des annés 80 perdure, mais les codes ont changé. Les créateurs de start-ups et inventeurs mégalos d'IA de la Silicon valley ont pris l'ascendant sur les investisseurs de Manhattan. Mais la psyché qui les construit reste la même.
Plusieurs études (par exemple les chercheurs suisses de l'Université de Saint-Gall) ont démontré que les personnes à très haute réussite sociale, comme les traders, présentaient des traits de personnalité que l'on retrouve chez les psychopathes : absence d'empathie, manipulation, intolérence à la frustration, angoisse narcissique.
(Après tout, si l'on vous révélait demain qu'Elon Musk était un tueur en série, est-ce que vous seriez vraiment surpris ?)

American psycho dépeint une Amérique malade, coupée en deux, dans laquelle l'argent autorise absolument tout. Il est assez fascinant de voir l'adoration confinant a l'idolâtrie que le héros accorde à Donald Trump (rappelons que le roman a été publié en 1991).
Dans une interview, l'auteur avoue avoir eu peur qu'on se rende compte à quel point il avait mis de lui-même en Patrick Bateman. (Car oui, les auteurs sont souvent narcissiques, plus ou moins vaniteux, ne coyez pas ceux qui prétendent le contraire.) Ellis, comme Bateman, avait 26 ans. Comme Bateman, il vivait à Manhattan dans l'immeuble de Tom Cruise et comme Bateman, il n'était pas certain de comprendre le sens de sa réussite et sa place dans le monde.
Étude sociologique, comédie noire, roman (ultra) gore, livre de tueur en série, American Psycho est un livre qui ne peut laisser indifférent.

"Le mal, est-ce une chose que l'on est ? Ou bien est-ce une chose que l'on fait ?"
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Je déguste mon café Malongo bio la Tierra, dans mon pyjama Monoprix à motifs écossais, en écoutant Max Richter sur mon enceinte Bose Soundlike Revolve II et j'achève American Psycho de Bret Easton Ellis dans la collection 10/18. Bien entendu, j'ai une petite pensée pour ma perceuse à percussion Makita. Ce livre ouvre de nouvelles perspectives...

Pas une ride. Je découvre sur le tard la charge sarcastique de Ellis et comprend qu'il est l'inventeur les années 90 : le serial killer, le narrateur non fiable, la folie, l'objectivation, le twist... tout ce que la littérature et le cinéma allait produire pendant dix ans en Amérique. Les dialogues fabuleusement ciselés, vains et superficiels, qui révèlent la vacuité des êtres, entendus et ré-entendus depuis jusqu'à la nausée, il est le premier à les coucher sur le papier.

Avec Donna Tartt qui lui prend la main, on a ce que l'outre-atlantique propose de meilleur et de plus glaçant, même si la première me convient mieux, parle mieux à ma sensibilité, je m'incline devant la maestria du bonhomme.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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Je suis ravie d'avoir eu l'occasion de relire « American Psycho » car j'ai l'impression de l'avoir encore plus apprécié que la première fois. D'avoir été plus attentive à la performance et au génie littéraire de BEE, plus réceptive à l'humour omniprésent (je ne me souvenais pas qu'il était aussi drôle et parfois même hilarant !) mais tout autant horrifiée par les scènes de torture insoutenables (j'avais beau me dire qu'elles étaient trop grand-guignolesques pour être vraies tournant presque au burlesque, j'avais beau comprendre qu'elles étaient des allégories de ce milieu impitoyable et carnassier… des pauses ont été nécessaires tant je les terminais au bord de la nausée). BEE lui-même dit d'ailleurs que son roman est avant tout une « comédie ».
Il est peut-être inutile que je vous rappelle que ce roman culte est le portrait du non moins culte Patrick Bateman, Pat pour les intimes, caricature des yuppies des années 80, golden boy de Wall street au physique parfait, serial-killer à ses heures perdues, ou du moins fortement perturbé et schizophrène en puissance si, comme moi, on penche pour la thèse selon laquelle il fantasme ses meurtres. Pat a une fâcheuse tendance il me semble, à ne pas arriver à distinguer ce qui est réel et ce qui ne l'est pas.
Et plus le récit et le rythme des crimes avancent, parallèlement à sa folie grandissante, plus on doute aussi de leur réalité. Il y a de plus en plus d'indices et d'arguments qui vont dans le sens du fantasme. Certes ils peuvent pour la plupart se réfuter mais il y en a trop et certains irréfutables il me semble, pour ne pas sérieusement douter de la réalité des crimes.
Pour ce qui est de la forme, impossible de ne pas mentionner le fameux « name dropping », procédé que je trouve formidable, ou encore les dialogues (que je trouve brillants) parfois, souvent, sans queue ni tête car personne ne s'écoute vraiment. L'intrigue est mince, mais j'ai encore une fois été hypnotisée par ce texte génial au sens littéral du terme. Et je n'ai pu m'empêcher de chercher à essayer de comprendre la personnalité effrayante mais malgré tout fascinante de Patrick Bateman. BEE nous offre une analyse psychologique vraiment troublante et une satire féroce du monde de la finance (et du capitalisme) en nous immergeant dans ce microcosme de « yuppies » superficiels et imbus d'eux-mêmes qui se ressemblent tous, totalement interchangeables.
« American Psycho » est bien plus qu'un roman culte, il est pour moi un chef-d'oeuvre, souvent malheureusement réduit à ses scènes d'horreur alors qu'il est d'une grande richesse.
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Lu il y a de bien nombreuses années, ce roman ne s'oublie pas. Bret Easton Ellis s'amuse à défigurer des personnages d'élection pour nous faire voir des MONSTRES, échoués au bord de la crise de nerfs parce qu'ils ont délaissé toute forme d'authenticité et d'imperfection pour s'upgrader en fantoches de la mondanité.

Tel est le risque que court quiconque comploterait contre la douceur.
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