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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre d'horreur. Une série Z. Un grand livre de littérature générale. Un manifeste. Un magazine Vogue. Un thriller. Un rêve. Un cauchemar. Une grosse blague.
Mais surtout un véritable tour de force, un chef-d'oeuvre contemporain. Un monument, aussi exubérant dans son approche et sa forme que profond dans son fond. Et c'est très, très peu de le dire.
Une déflagration.
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Alors que Bret Easton Ellis s'attaque, dans Glamorama, aux mêmes thèmes que dans American Psycho -le règne de l'apparence, la superficialité des relations humaines, la célébrité et tout ce qu'elle a d'inhumain- le traitement n'est pas le même.

Dans American Psycho, les conséquences d'un mode de vie individualiste à l'extrême débordaient sous forme d'agressivité mais la violence restait toutefois confinée au microcosme des personnages. Dans Glamorama, la violence s'est fait terrorisme. Personne n'est épargné. de la minute à l'autre, les campus remplis d'étudiants joviaux se transforment en champ de guerre, les passagers d'un avion –mode de transport représentatif de la classe jeune et dynamique des Etats-Unis- révèlent tout ce qu'ils ont de plus larvaire, de plus méprisant, lorsqu'ils se battent contre la mort alors que leur avion s'écrase au sol.
Que ce soit dans les grandes catastrophes ou dans les évènements les plus anodins d'une vie, la menace gronde toujours…

« Je fonce au premier étage de nouveau, à une vitesse inquiétante, me débattant dans la foule, trop de gens qui passent, trop de visages indistincts, que des profils, des gens qui me tendent des fleurs, des gens en train de parler sur leur portable, tous formant une masse ivre en mouvement, et je traverse l'obscurité complètement éveillé et les gens ne font que défiler dans la pénombre, constamment en route vers autre chose. »

Il en résulte une ambiance de malaise plus diffuse que dans American Psycho. En tant que lecteur, on se sent soi-même pris au piège. Cela ressemble à une conspiration. C'est finalement très actuel…

« […] il y a des plateaux de minuscules crackers tartinés d'autruche, de l'opossum sur des brochettes en bambou, des têtes de crevettes enroulées dans de la vigne, d'énormes assiettes de tentacules disposées sur des bouquets de persil, mais je ne peux rien avaler et je suis à la recherche d'un sofa en cuir sur lequel m'effondrer parce que je suis incapable de dire si les gens ne s'intéressent vraiment à rien comme ils en ont l'air ou s'ils s'ennuient à mort tout simplement. Quoiqu'il en soit –c'est contagieux. Les gens passent leur temps à chasser les mouches quand ils ne sont pas trop occupés à murmurer ou à se cacher. Je me contente de dire « Hi ». Je suis les instructions. C'est vraiment une fête alarmante et chaque invité est un monstre. C'est aussi un miroir. »

Le dégoût de l'humanité transparaît derrière chaque page écrite par Bret Easton Ellis. Un tel mépris, une telle joie à détruire les hommes, pourraient finir par lasser. Mais ici ce n'est pas le cas. L'humanité est décrite dans son aspect le plus répugnant. Rien n'est bon à en tirer. le nihilisme de Bret Easton Ellis est dangereusement contagieux, et les scènes d'hécatombe deviennent une victoire du bien sur le mal. Qui aurait envie de laisser vivre une humanité telle que celle décrite dans Glamorama ?

Autre particularité de Glamorama : les comportements de chacun semblent être ordonnés par un grand maître ultime. Figure divine ? Peu probable, à moins que les réalisateurs, metteurs en scène et autres techniciens du spectacle ne soient les incarnations d'une nouvelle religion polythéiste qui s'empare des hommes comme des comédiens d'un nouveau film. Leurs bouches prononcent des répliques dont ils ont à peine conscience, leurs gestes sont écrits à l'avance, rien n'est laissé au hasard. Complètement lobotomisés, les personnages agissent, courent, parlent, se déplacent, dans une absurdité d'autant plus criante qu'ils n'en comprennent pas le sens.
Là encore, le malaise s'accentue.


« Ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai remarqué la présence de l'équipe de cinéma, y compris celle de Felix, le directeur de la photographie, bien qu'aucun d'entre eux n'ait semblé bouleversé, et puis un petit pan de brouillard a commencé à s'éloigner et j'ai compris que peut-être aucun d'entre eux ne savait rien à propos de Sam Ho et de ce qui lui était arrivé, la façon monstrueuse dont il était mort, comment sa main s'était contractée misérablement, le tatouage du mot ESCLAVE devenant flou à cause de l'intensité du tremblement de tout son corps. […]
Quelqu'un m'avait donné un autre verre de champagne et quelqu'un d'autre avait allumé ma cigarette qui pendait à mes lèvres depuis une demi-heure et je m'étais aperçu que ce que je pensais de moins en moins, c'était « Mais peut-être que c'est moi qui ai raison et eux qui ont tort » parce que j'étais docile, docile. »

Pour apprécier Glamorama, il faut apprécier le style de Bret Easton Ellis. Encore une fois, il s'agit d'un roman long, qui prend son temps pour planter le décor et pour laisser les personnages se mouvoir dans le vide sur quelques dizaines/centaines de pages.
On retrouve toujours les mêmes énumérations de noms, de prénoms, de marques, de vêtements, d'objets de décoration, passages d'une futilité d'autant plus criante qu'ils sont souvent accolés à des paragraphes d'une cruauté froide. Que l'on passe du rire jaune à la terreur la plus glaciale, le malaise ne disparaît jamais.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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GLAMORAMA de BRET EASTON ELLIS
New York. Victor, beau gosse, mannequin, est à la veille de l'inauguration d'une boîte hyper branchée, il en fait le tour avec son associé, Damien. Leur DJ est introuvable, les paparazzi les pourchassent, le téléphone sonne sans discontinuer. Tout le monde s'appelle baby, tout sonne faux comme ces taches dont on ne sait plus si elles font partie du design ou si c'est simplement sale. Victor s'éclipse un moment avec Alison, la copine de Damien qui bien sûr ne sait rien, bien que la rumeur soit devenu insistante. La copine de Victor c'est Chloé, top model, mais elle semble excédée par sa consommation de cocaïne, d'herbe et de Xanax. La relation est devenue distante. La rumeur colporte également que Victor doit ouvrir, pour son propre compte une autre boîte. Damien furieux frappe Victor qui a un autre problème à gérer, une photo de lui compromettante avec une (très) jeune fille.
Une étrange proposition émanant d'un inconnu avec 300000$ à la clef va lui permettre de quitter New York devenu malsain pour lui. On lui demande de retrouver à Londres une jeune femme, qu'il a connu à Camden où il a étudié, et de la ramener à New York. L'aventure va prendre une tournure étrange…
Si le début du livre est du Ellis pur jus, naming en masse, alcool, drogue, adultères et autres, il introduit quelques éléments troublants qui vont aller en s'accentuant. Victor a toujours froid, il reçoit des fax menaçants auxquels il parait ne rien comprendre, il y a du givre sur les vitres de son appartement ou dans ses chambres d'hôtels, il semble filmé en permanence, interagir avec le réalisateur ou croiser des gens qui disent l'avoir vu quelque part alors qu'il prétend n'y avoir jamais été. C'est en tout cas un très bon livre, dans la lignée de ce qu'il fait le mieux avec en plus cette incertitude permanente, réalité, fiction, rêve, film, ou autre. Un ovni littéraire, un des plus complexes à appréhender qui ravira les fans et, bien sûr, ne convaincra pas plus ses opposants. Victor est un de ses plus beaux personnages avec son Bateman qu'il rencontre d'ailleurs sur un bateau, petit clin d'oeil.
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Glamorama c'est une fois encore une énorme claque de la part de ce génie de Bret Easton Ellis. C'est l'histoire d'un type Victor Ward, parce que Victor Johnson son vrai nom le rapprocherait trop de son sénateur de père, qui vit une première semaine terrible : il doit ouvrir une boite, il jongle entre sa petite amie, Chloé, sa maitresse Alison, son coup de foudre du moment Lauren, il doit cacher à son employeur Damien qu'il ouvre une autre boite à son compte, il se fait discret sur son porte feuille qui se vide de plus en plus et il doit surtout trouver un DJ à la dernière minute pour sa soirée ou cela va virer au cauchemar. Et puis vient La crise, cette crise si chère aux yeux de l'auteur qui embarque son personnage dans une folie monstrueuse.
Ici, Ellis ne fait pas tuer la totalité des prostitués par Patrick, il fait accepter à Victor de partir retrouver une ancienne petite amie, Jamie Fields et qu'il doit la ramener en échange d'une belle somme d'argent.
Quand Victor rencontre Jamie, c'est le début d'un tournage irréel et absurde sur des complots, des tortures, des poseurs de bombes, des photos et des vidéos truquées et sur des imposteurs.

L'histoire n'est pas aussi crue et décharnée qu'à pu l'être American Psycho malgré quelques scènes toutes aussi macabres. Toutefois, Ellis garde son style à lui, le seul qui réussisse à nous embarquer dans une histoire proche de l'imaginaire, du sadisme ou l'absurdité totale est de rigueur.

À apprécier à sa juste et grande valeur
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Oui Bret Easton Ellis c'est alambiqué… bourré de descriptions pour tout et rien… mais chaque mot… chaque détail, même les plus infimes ont un sens pour le personnage principal.

Patrick Bateman dans American Psycho, ne jure que par l'apparence, d'où la profusion des marques, fringues, hi-fi, produits de beauté… Victor Ward notre « héros » quant à lui se donne de l'importance par les gens qu'il fréquente… d'où les énumérations quasi pathologiques de noms de stars qu'il croise dans une soirée, un restaurant ou simplement dans la rue.

Victor veut percer… laisser une trace. Victor se trouve irrésistible, sublime mais aucunement ne se trouve ridicule et pourtant il l'est aux yeux de beaucoup voir de tous. J'ai d'ailleurs trouvé moi même que ce personnage était vraiment détestable mais dans le bon sens du terme… passionnément détestable…

Qui est Victor ? Un mannequin pourri par le show-business ? Arrogeant, prétentieux et puant ? Un petit con ? Un fou ? Ou est-il simplement le reflet de cette société écoeurante qui se profile à l'aube du 21e siècle ?

Ce 4ème livre de Bret Easton Ellis est déroutant, bien plus que l'avait été pour moi American Psycho. Tout aussi cru et violent (si ce n'est d'avantage) il est l'expression de l'horreur quasi visionnaire de ce que notre monde va devenir. Drogues, adultères, sexe à outrance, cultes de l'image, terrorisme, manipulations politiques, voilà ce que pointe du doigt ce roman, comme un état des lieux plus que lamentable et sordide de l'humanité avant l'apocalypse finale filmée en grand angle et diffusée sur toutes les chaînes en Prime Time.

Du très grand Bret Easton Ellis, passionnant et flippant car ça a déjà commencé…
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Glamorama est à ce jour le roman le plus long de Bret Easton Ellis, le plus difficile d'accès mais également le plus ambitieux selon moi. Malgré un début très lent, accumulant les noms de stars et les marques, Ellis nous emporte dans une histoire très passionnante et controversée. Une fin sublime !
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Un livre étonnant et atypique, du pur Ellis, mais selon moi, pas son meilleur.

L'histoire débute par la découverte d'un héros très déplaisant, pompeux et sûr de lui, mannequin qui veut briller pour autre chose que sa belle gueule, bien qu'il n'ait finalement qu'elle a proposé.

Des flirts au milieu du strass, un ton ironique à souhait, une vie débridée et finalement vide. Tel est le début du roman.

Mais c'est mal connaître Ellis que de penser qu'il va s'arrêter là. Attention, pénétrer son monde psychédélique. Après un descriptif globalement long de la vie de Victor, nous le suivons de galas, boîtes de nuit américaines, sur un bateau en partance pour l'Europe. Et là, nous plongeons dans l'univers complètement barré de l'auteur. Que se passe-t-il ? Terrorisme, sexe, trahison, monde des mannequins devenus fous. Personnellement, j'ai perdu le fil, mais je me suis bizarrement accrochée, parce que je ne pouvais pas en avoir tant lu sans connaître la fin. Mais quelle étrangeté !

Le livre explose de partout, au sens propre comme au sens littéral. Mais si le début peut paraître long et ennuyeux, la suite du roman l'est moins, alors même qu'on plonge dans le bizarre et le flou le plus total.

Ce roman est inclassable, comme beaucoup des livres d'Ellis. Sa plume est toujours acérée et juste, et même poétique parfois. Il manie l'ironie et le cinglant avec tant de brio. N'empêche que ce livre me laisse un goût surprenant. Je suis incapable de dire si je l'ai aimé ou détesté, s'il m'a ennuyé ou attiré. Je l'ai tout de même lu en peu de temps, cela me semble un point positif.

Je vous laisse juge :)
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Quel livre ,quelle couverture .... une description parfaite du mileu de la mode et du paraitre à lire par toutes les fashion victimes.
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